Les petits ruisseaux …

Pour ceux qui ont réussi à passer à côté des JO du buzz du moment sur la dignité des patients et les blouses d’hôpital, lancé il y a une semaine par le désormais célèbre article de farfadoc (suivi de cet article) qui a fait suite lui-même  à l’article de Leya MK (dignité mes fesses), je ne peux que vous conseillez de lire ces liens.

Pour introduire le sujet, je n’ai pas le talent de Jaddo (mon cul c’est du poulet) (qui en avait d’ailleurs déjà parlé ici il y a longtemps), ni celui de Sous la Blouse (qui en avait d’ailleurs déjà parlé ici il y a longtemps, mais si plusieurs personnes, médecins, kinés, soignants sans se concerter initialement puis ensemble ont ressenti le besoin de parler de ce sujet, c’est que ce n’est pas anodin.

Bien sûr, il y a des sujets plus importants, bien sûr le sujet précis des blouses d’hôpital n’est que la partie visible de l’iceberg de la façon dont les patients sont traités à l’hôpital où même en général. Personnellement, si j’ai beaucoup de rancoeur ou de désillusion façe à la prise en charge de la personne en tant que telle dans le parcours difficile que nous avons vécu mes proches et moi, je n’ai jamais expérimenté la blouse ouverte de l’hôpital en dehors du jour de mon accouchement mais en même temps ce jour là au point où tu en es….mais je pense que ce sont les petits ruisseaux qui font des grandes rivières et que prendre conscience que les patients doivent être traités avec considération est très important! (Surtout que j’y retourne bientôt la mettre ma blouse d’hôpital!)

Alors un grand merci à tous ceux qui ont contribué à ce mouvement…

lisez les liens, ils valent la peine et surtout  signez la pétition en ligne

PS: Discutant à l’instant avec Dr Who: il me signale qu’il faut bien préciser si on parle des blouses des patients ou de celles des infirmières….

« C’est quand-même plus sympa une blouse ouverte quand l’infirmière te demande si tu vas bien le matin »

« Ah vous les médecins, vous ne vous mettez pas à la place des gens! »

Donc bien sûr, il s’agit des blouses de patients….

 

 

 

 

Pourquoi ces rivières…

J’écoute Alain Souchon dans ma voiture. D’un revers de la main, j’efface…

et je pense

à ce patient ce matin:

Mr D.  35 ans, patient de ma collègue que je n’ai jamais vu, qui ne vient pas souvent d’ailleurs. Patient très chic, qui arrive drappé dans sa dignité et m’expose parfaitement dans un langage très élaboré le motif de consultation: clair, concis, il décrit ses crises d’angoisse à merveille .Séparation récente, n’a vu son fils qu’une fois en un mois. Il ne se fait pas passer pour la victime pour autant. Il sent qu’il a besoin d’aide. On sent que cette phrase est déjà énorme pour lui qui a un certain besoin de contrôle et une certaine dignité à garder. Et puis tout à coup, il sanglote…à grosses larmes, et tout le long de la consultation, il pleure, il pleure …

Soudain, ces rivières…

Et il dit « Ca ne se fait pas de pleurer à mon âge. »

Seuls les enfants ont le droit de pleurer?

Ils ne s’en privent eux au moins.

Il y a ceux qui hurlent plus qu’ils ne pleurent, par peur… quand on les vaccine par exemple…

Et il y a ceux qui pleurent avec des vraies larmes…déjà c’est plus émouvant, cela fait un ptit quelque chose quand-même un enfant qui pleure, surtout si c’est à cause de nous, méchant docteur qui est obligé de lui faire mal…

Même les larmes de ma fille qu’on avait enfermée dans le jardin sous la pluie hier soir tellement elle était insupportable m’ont un peu émue …jusqu’à ce qu’on la laisse rentrer! (c’est bon ne jugez pas, il y a un contexte!!)

Quant aux récents sanglots de ma nièce, ils resteront une image douloureuse que je n’oublierai pas.

Il y a les larmes de rage de T. 12 ans, revenant du tribunal où le juge venait de prolonger l’ordonnance de placement de 6 mois alors que lui trouvait que sa mère allait beaucoup mieux (ben oui déjà elle tenait debout).

Et un enfant qui pleure en silence, là ça me fend le coeur..

Comme Z. au foyer de l’ASE où je travaille, la première fois où je l’ai vue, elle ne parlait pas, à 6 ans, elle ne parlait pas. Mais comme, elle avait peur, elle ne disait rien, juste des larmes coulaient silencieusement sur ses joues…Je l’ai revue aujourd’hui, je n’ai eu le droit qu’à des « oui » mais plus de pleurs, même des sourires, et parait-il que maintenant elle parle beaucoup.

Mais les enfants n’ont pas le monopole des pleurs, en tout cas ne devraient pas …

Le cabinet du médecin est un lieu propice pour se laisser aller à ce « vice » affreux qu’est de pleurer…encore pire même que de se plaindre.

Ce que les gens se refusent à faire dans leur vie, parfois ils se l’autorisent chez le médecin.

Parce qu’ils n’en peuvent plus et qu’ils se retiennent tout le temps de craquer…

Alors ils arrivent et ils déballent…comme Mr D., comme Mme A. qui sort de mon bureau de la maison médicale de garde à l’instant. Conductrice de bus, elle a subi une agression verbale violente avec menaces et présente un petit stress post traumatique.Son directeur est gentil, il lui a donné trois jours de congés payés, lui a pris rendez-vous avec une psychologue et lui a dit gentiment: « Lundi, tu reviens ». Lundi, elle est revenue, mais la journée a été très dure, elle était très angoissée, un peu endormie aussi à cause du comprimé que son médecin lui a donné dont elle ne sait plus le nom mais sur la boîte duquel il y a un triangle orange, et elle a un peu grillé deux feu-rouges aussi! Mais elle n’a pas pleuré! Elle a attendue et a tout lâché devant moi!

Souvent, les gens nous livrent ce qui ne va pas dans leur vie et comme souvent leur vie est triste (oui peut-être que ma vision est biaisée mais souvent quand-même leur vie est triste) parfois ils pleurent en même temps, sans s’en rendre compte forcément..  Dès fois même, c’est tellement triste ce qu’ils racontent que j’aurai bien envie de pleurer aussi!

Les larmes de Mme I. me viennent à l’esprit. Son histoire est triste certes mais c’est surtout la façon dont elle essuie les larmes sur sa joue tout en continuant dignement son récit, consultation après consultation, qui restent ancrées dans mon esprit. Elle me raconte comment son mari l’a quitté, une semaine avant le RDV prévu pour finaliser la procédure d’adoption après des années de désir d’enfant, et la façon dont se passe la séparation. Bref, c’est triste, mais que ce soit cette peine là ou une autre, combien de larmes sur les joues de nos patients?

Parfois, ils sont justes fatigués par la vie…

Parfois, ils n’ont même plus de larmes…

Et souvent, ils se l’interdisent…

Pleurer, se laisser aller à se plaindre, se permettre de faire tomber les barrières qui nous aident à tenir, ce n’est pas dans l’air du temps… Alors, on dit que tout va bien, on croit même que tout va bien, et de temps en temps d’un revers de la main, on efface….

Combien de patients dont on sent qu’ils vont mal mais qui n’osent pas, qui n’arrivent pas à ouvrir les vannes et pour lesquels on passe à côté de leur souffrance. (voir ici)

C’est sûr qu’il faut chercher. Aujourd’hui, pour ma première consultation à l’hôpital, on m’ a demandé ma pointure mais pas comment je vivais un tel deuil à ce stade de ma grossesse. (Et ça m’a bien arrangé d’ailleurs!)

Moi aussi, probablement souvent, je ne demande pas…et puis faut avouer que c’est déstabilisant quelqu’un qui se met à pleurer…

Alors voilà, ça se passe partout à toute heure, d’un revers de la main, on efface…

Il y en a une, quand en consultation, elle sent ses larmes monter et qu’on lui tend un paquet de mouchoir, elle s’énerve: « mais non j’en ai pas besoin »…

ah non ça c’est moi … pleurer en cachette, c’est plus rigolo!

et pour ceux qui se posent la question: je fais du 39!

Ça s’passe boul’vard Haussman à cinq heures. Elle sent venir une larme de son coeur. D’un revers de la main elle efface. Des fois on sait pas bien c’qui s’passe.
Pourquoi ces rivières Soudain sur les joues qui coulent. Dans la fourmilière C’est l’Ultra Moderne Solitude.
Ça s’passe à Manhattan dans un coeur .Il sent monter une vague des profondeurs .Pourtant j’ai des amis sans bye-bye .Du soleil un amour du travail.
Pourquoi…
Ça s’passe partout dans l’monde chaque seconde. Des visages tout d’un coup s’inondent. Un revers de la main efface. Des fois on sait pas bien c’qui s’passe.
On a les panoplies les hangars. Les tempos les harmonies les guitares. On danse des étés entiers au soleil Mais la musique est mouillée, pareil.

Pourquoi ces rivières Soudain sur les joues qui coulent. Dans la fourmilière C’est l’Ultra Moderne Solitude

Par surprise

C’était presque une étrangère pour moi…

Pourtant j’ai plus de 30 ans, pourtant je suis médecin…

Mais non, je ne la connaissais pas tant que ça…

Côté personnel, malgré quelques rencontres trop fréquentes à mon goût ces dernières années, je l’avais accueillie avec la résilience adaptée à un phénomène qui est après tout de l’ordre des choses. Elle m’avait fait pleuré certes, bouleversée un peu, mais elle avait parfois été douce et malgré tout, la vie m’avait épargnée longtemps sur ce point.

Je l’ai quand-même trouvée un peu cruelle en s’en prenant à ma grand-mère tant aimée alors que je me trouvais à la maternité!

Encore que, je peux être reconnaissante pour ce moment de grâce d’avoir assisté à la rencontre de ma fille et de son arrière grand-mère (j’ai quand-même dû presque m’enfuir de la maternité avec mon bébé de même pas trois jours, vaincre une panne de voiture par là-dessus mais qu’importe).

Ces rencontres, même si trop fréquentes, ne m’ont pas familiarisé avec elle.

La mort restait une étrangère pour moi!

Pourtant, je suis médecin! Oui mais non…

La première fois que j’ai vu quelqu’un de mort, c’était à l’entrée en deuxième année de médecine: le passage obligé, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, par les dissections. C’était plutôt violent, de mon avis totalement inutile, et finalement assez vite je trouve, on oubliait que l’on parlait d’un être humain. C’était franchement dégoûtant et la seule chose que j’en retiens, c’est de ne jamais mais vraiment jamais donner son corps à la science. 

Ensuite, il y a eu les certificats de décès, quand interne de garde, on nous appelait pour signer le certificat de décès d’un patient la nuit. Pour moi, ils se comptent heureusement sur les doigts de la main. Inutile de dire que personne ne m’avait expliqué ce qu’il fallait faire, ni sur la façon de remplir la paperasse administrative, ni sur la façon dont j’étais censée constater… « Ah ben oui : là il est mort … » Pas besoin d’avoir fait des études de médecine!.. Alors quand on me laissait toute seule, j’attendais 5 minutes et puis je ressortais. J’avais regardé assez longtemps pour voir que oui il était vraiment mort (comme on pourrait dire sur twitter: « ….#PPCS  Il est mort #Diag ») Quand les infirmières restaient avec moi, je tentais quelques gestes très élaborés histoire de faire crédible, genre écouter au stétho pendant un ptit moment…et après quelques minutes d’un air inspiré,je déclarais « il est mort ».

Ça devenait par contre vraiment pas marrant quand il y avait une famille qui attendait Le Médecin pour poser des questions alors que bien sûr le petit interne de garde n’a jamais vu le patient, ni même lu le dossier avant d’être appelé. Cela doit faire aussi parti des « étapes incontournables ».

Ne voyez-pas de manque de respect dans mon récit, plutôt de l’auto-dérision par rapport à mon incompétence face à la situation. 

Depuis que je suis installée, je n’ai fait aucun certificat de décès. Une seule fois, en tant que remplaçante, j’ai été faire un certificat de décès pour un monsieur que je ne connaissais absolument pas. J’y suis allée à reculons en me disant que c’est comme ça qu’on apprend mais bon je n’en menais pas large… Tous les voisins devant la maison…heureusement sa femme avait l’air plutôt de bonne humeur (cela m’a fait pensé à une scène de Friends d’un enterrement où la veuve chante au piano) et m’a bien facilité la tâche! Loin de moi l’idée de la juger, chacun réagit à sa façon, et je suis la première à mon avis à surprendre les gens avec mes blagues pas toujours appropriées.
Et en ce qui concerne les personnes en fin de vie, j’ai eu une formation théorique de qualité mais je n’en ai aucune expérience! Je n’ai pas fait de stage, que ce soit externe ou interne, ni en soins palliatifs, ni en cancérologie, ni en gériatrie. J’ai dû assister de loin en médecine interne à la prise en charge de la fin de vie de deux ou trois patients, à peu près autant aux urgences, bref mon expérience dans le domaine est inexistante et c’est une vraie lacune.

Quand la grand-mère de mon mari est décédée, que son médecin était absent et que, bien évidemment, tout le monde à la maison de retraite savait que j’étais médecin, on me demandait en gros ce qu’il fallait faire, je n’en avais aucune idée! (merci à ma copine de promo qui elle est un super médecin, une vraie quoi, qui fait même des gardes de soins palliatifs, qui m’a conseillé à ce moment là). Quand une infirmière de ma ville m’a appelé pour prendre en charge une fin de vie à domicile, je n’ai pas osé refusé mais j’ai dit que je n’avais absolument pas les compétences requises, que je le ferais si vraiment elle ne trouvait personne mais quel soulagement quand elle m’a dit qu’un autre médecin avait accepté!
Bref, la maladie je connais, je suis même spécialisée dans la maladie compliquée dont on ne meurt pas, mais la mort ça non, je ne connais pas…je ne connais pas les signes avant-coureurs, je ne connais ni l’avant, ni le pendant, ni l’après!
C’est pour ça qu’elle m’a prise par surprise! C’est pour ça que je ne l’ai pas vu venir…et c’est pour ça que je l’ai regardé agir sans rien faire…
J’suis un peu nounouille mais j’ai pas compris. Pourtant, ce n’était objectivement pas une réelle surprise, on nous l’avait même annoncée il y a longtemps! Oui mais voilà, cela n’arrivait jamais, tellement de fois, ça aurait dû arriver, ça a failli arriver et puis non (et pourtant tout le monde y a mis du sien) que j’ai probablement fini par sincèrement croire que ça n’arriverait jamais. On peut appeler ça du déni, de la naïveté, de l’incompétence ou juste du manque de clairvoyance…mais elle m’a pris par surprise…
Sinon, bien sûr, j’aurais fait les choses différemment,
sinon bien sûr, j’aurais dit des choses différentes,
sinon bien-sûr, je l’aurai empêché…une fois de plus…cela ne serait pas arrivé… Mais je n’ai pas vu, pas compris…Si j’avais compris..
Avec des si…
Je sais que j’ai assez de circonstances atténuantes pour ne pas sentir trop coupable (pas trop quoi, juste un peu, de manière adaptée…), mais quand-même…
Il est difficile de ne pas avoir de regrets…
Si j’avais su…ce ne serait pas arrivé maintenant, pas comme ça…la rencontre cette fois ci n’aura pas lieu…
Si j’avais su, j’aurais pu me préparer! Mais peut-on vraiment se préparer à ça?
En tout cas, voilà, maintenant je sais…
Je rejoins le clan des gens, malheureusement très nombreux, qui savent …
Maintenant je sais que de toute façon, on ne peut jamais savoir.
Maintenant je sais que de toute façon, on a toujours des regrets.
Maintenant, je sais la longue et étrange attente du dernier souffle…
Maintenant je sais que je revivrai ces moments terribles…et maintenant je saurai…
Maintenant, je sais comment organiser un enterrement réussi et comment faire pleurer même les plus insensibles …
Maintenant je sais que le soutien des gens que l’on aime est une des choses les plus précieuses…
Maintenant, je comprendrai davantage les personnes, mes patients qui affrontent ce genre d’épreuves.
Maintenant, j’ai plein de questions dans ma tête, des si, des et maintenant, des questions métaphysiques, des questions terre à terre (sur ce qui se passe sous terre),des questions auxquelles je dois répondre …
Maintenant je sais que c’est naïf de croire que la mort est une délivrance, que la maladie et toutes les souffrances qu’elle peut entraîner n’est pas ce qu’il y’a de pire…
Maintenant je sais qu’il n’y a rien de pire que le vide et l’absence…                                  Maintenant, je pense que le pire est à venir…que ce qui est couillon avec la mort, c’est son caractère définitif!
Maintenant, je sais surtout que je ne sais rien…

Maintenant, la mort n’est plus une étrangère …et je dois apprendre à vivre avec elle…

La seule chose que je savais avant et que je sais encore maintenant, c’est que aussi insupportable qu’elle puisse être, il n’y a rien de plus précieux que l’amour d’une mère.

 

 

Un peu de médecine pour une fois

Ceci est un article à visée purement informative, destiné particulièrement aux médecins généralistes, désolé les autres, juste pour faire partager une petite expérience (et pour rester terre à terre, pas d’émotion toussa, c’est plus facile)

J’apprécie tellement le partage d’information de mes confrères sur twitter ou sur leur blog (à noter en particulier le nouveau blog antisèche d’euphorite ) que je voulais juste raconter quelque chose qui a été une petite révolution pour moi et qui apportera peut-être quelque chose à quelqu’un ….

Je suis vraiment une militante de la médecine générale et sans aucunement décrier les pédiâtres que j’aime beaucoup, j’avais quand-même tendance à proclamer que pour le suivi d’un enfant qui n’a aucun problème de santé, un suivi par un généraliste était tout à fait honorable voire même équivalent (voir meilleur même au niveau en tout cas de la disponibilité et du coût). Il ne m’est même pas venu à l’idée de faire suivre ma fille autrement que chez mon médecin généraliste et j’avoue éprouver un certain agacement pour ceux qui vont systématiquement chez le pédiâtre (mais vont quand même chez le généraliste quand le pédiatre n’est pas disponible)

Et au delà de ça, étant donné la démographie médicale, la disparition des pédiatres et la saturation des PMI, le suivi par le médecin généraliste devient souvent inéluctable.

Seulement, malgré une bonne formation je pense en pédiatrie générale, je sentais bien qu’au niveau du suivi des enfants pas malades, j’avais quand-même quelques lacunes en particulier au niveau du dépistage sensoriels ou des troubles de l’apprentissage.

Et pour les examens systématiques par exemple du 9ème mois et du 24 ème mois, notamment quand j’étais remplaçante, je savais pas du tout quoi faire de particulier. Au début, j’étais bien embêtée quand les parents venaient juste pour ça, à part un examen clinique rapide et normal, le poids et la taille, je ne savais pas quoi faire d’autre pour justifier le fait qu’on les ait fait venir exprès. Avec le temps et l’expérience, j’ai appris à poser des questions sur le sommeil, l’alimentation, les troubles relationnels, éducatifs. Mais au niveau des cases dépistage auditif, oculaire, que remplir: « Oui, les tympans sont jolis et ses yeux sont bleus »

Quant aux examens des 3 ans , des 4 ans, des 6 ans …

Le suivi des enfants était essentiellement concentré sur les problèmes somatiques, les vaccins, les problèmes de base, en tout cas, ceux auxquels je savais répondre…mais en ce qui concerne le  dépistage ou la détection de choses dont je ne connaissais même pas l’existence…

Donc honnêtement, sur certains points, un suivi à la PMI ou chez certains pédiatres ( je dis certains parce que la plupart ne font pas différemment ,ni mieux ) était plus complet.

J’en avais conscience sans savoir vraiment comment y remédier.

Et j’ai fait des FMC (c’est top les FMC quand-même) et la lumière fut …

J’ai fait des FMC sur les troubles de l’apprentissage et du développement.( chez MA FORM pour ceux que ça intéresse). J’ai appris plein de mots, qui commençaient par « dys ». Au scrabble maintenant (si j’y jouais), je pourrais placer dyspraxie sur mot compte triple et même que je sais ce que ça veut dire (oui, j’ai un peu honte mais avant je savais pas vraiment ).

J’ai appris a faire des tests de lecture, de langage. Bon , en pratique, je ne les fais pas systématiquement mais ce sont des outils dont je dispose si besoin.

Surtout, j’ai appris comment dépister les troubles visuels et auditifs! Sans faire du grand dépistage bien sûr, mais au moins, maintenant je peux remplir les cases du carnet de santé. Je ne sais pas si ça marche mais au moins j’essaie. Cela m’aurait peut-être évité de passer à côté du diagnostic de surdité d’une petite fille de 2 ans quand j’étais remplaçante, et que je m’étais dit que puisqu’elle était suivie par un ORL, il avait forcément vérifier l’audition (et ben non!).

J’ai acheté une ptite mallette avec des ptites lunettes,le test de lang , un ptit appareil qui s’appelle Sensory Baby Test, qui est validé qui émet des sons à 30 dB graves et aigus (c’est les deux petits trucs à quadrillage noir et blanc sur la photo), et puis des cubes, des petits objets etc…

et hop, quand y’a besoin je la dégaine…

Donc maintenant, quand il y a un examen systématique à faire

D’abord je ne me sens plus mal à l’aise de ne pas savoir vraiment quoi faire, de se sentir obligée de meubler la consultation.

Ensuite, quand je coche: »sait faire une tour de 4 cubes », ce n’est pas simplement parce que oui surement il a l’air dégourdi.Non seulement, je lui fais faire la tour avec les cubes, et en plus je sais pourquoi je le fais voire même ce que ça implique si il n’y arrive pas.

Je suis contente car c’est l’occasion de parler de plein de choses dont on n’a pas l’occasion. Je m’aide d’un questionnaire qu’il suffit de suivre et c’est super parce qu’on découvre des choses que l’on ne soupçonnait pas.

Il faut par contre une consultation dédiée: pas question de remplir à l’occasion d’une rhino ou autre consultation intercurrente. Il faut savoir dire: il va falloir prendre RDV pour la consultation des 9 mois, des 2 ans, des 3 ans, des 4 ans , de fin de GS , des 6 ans  (bon après en fait je sais pas, j’ai pas fait de formation). C’est vrai que cela prend un peu de temps,il faut garder 30 min: je dis: »prenez RDV pour 2 quand vous venez » mais c’est un temps important je pense. En tout cas, moi qui n’ait pas une forte activité, je peux me le permettre. Et puis, ce n’est pas tellement long que ça.

Pour ceux qui pensent que cela est coûteux. La mallette en question est un peu chère mais on peut se débrouiller sans.

Et puis, au niveau des cotations:

À compter du 07/07/2012, il est possible de cumuler MNO+FPE pour les consultations des 8è jour, 9è mois et 24è mois.C(s)+MNO+FPE=33€

on peut également côter:

-dépistage de la surdité avant 3 ans ( valable avec le sensory baby test ) :CDRP002   : 40.23 euros.

-dépistage de la vision binoculaire: (valable pour un  test de lang +examen facile) : BLQP010

donc si on fait les 2 en même temps: dépistage surdité + 1/2 vision (le 2è acte n’est côté qu’à moitié) =52.89 euros

enfin , c’est ce qu’on m’a dit, n’hésitez pas à vérifier, en fait je l’ai jamais côter encore .

Je ne fais aucune pub et je ne touche pas de commissions, mais si ça intéresse quelqu’un: on peut trouver la petite mallette ici.

Au niveau des documents intéressants que je ne peux que vous conseiller:

Guide méthodologique: protocoles d’examens systématique ( URML Bretagne)

Examen du 9 ème mois

Examen du 24 ème mois

Examen des 36 mois

dépistage des troubles de l’audition (santé.gouv)

dépistage des troubles visuels (santé.gouv)

fiche pratique: dépistage visuel en médecine générale

dépistage visuel de l’enfant: CADET

 

 

11 mois

Je continue mon égrénage mensuel du temps qui passe depuis ce blog..

comme ci c’était un point de départ plus important qu’un autre…

comme si c’était un repère…

Alors qu’en fait , je pourrais faire le compte du temps qui passe depuis d’autres point de repère: depuis ma naissance, mes premières règles, mon premier je t’aime, mon concours P1, la rencontre avec mon mari, la naissance de ma fille,mon titre de « Docteur en Médecine », le début de ma grossesse, ou plein d’autres trucs étranges que je célèbre dans ma tête tous les jours …

Je pourrais prendre plein de repères et inconsciemment, c’est ce que je fais au quotidien…

mais en fait,désormais, il y a un autre compte que je fais dans ma tête: aujourd’hui, cela fait 17 jours…

17 jours que la vie continue mais que pourtant il y a un truc qui cloche…

et  quand soudainement cette idée se rappelle brutalement à moi, je pleure et je hurle intérieurement avant de continuer ce que je suis par obligation en train de faire…

j’ai l’impression qu’à chaque fois, une petite partie de moi de plus s’éteint…

bref, j’ai désormais entamé un nouveau compte dans ma tête, et chaque jour que je rajoute pèse lourd et m’effraie, le temps qui passe depuis ces 17 jours m’effraie.

mais aujourd’hui,c ‘est le compte mensuel que j’égrène …

je le fais car

-je sais maintenant qu’il y a au moins une personne qui le 17 du mois se connecte exprès

-c’est mon petit pêché mignon cet article mensuel, une excuse pour raconter un peu ma vie alors que ce blog est censé rester professionnel.Le passage entre le personnel et le professionnel est parfois mince et il est tentant de passer de l’un à l’autre, parfois même sans s’en apercevoir. D’autant plus quand la vie personnelle est remplie de maladie et d’histoires d’hôpitaux, qui pourraient faire d’excellents articles. Je pourrais remplir des pages sur mon découragement face aux médecins, aux hopitaux. Le mot découragement est faible d’ailleurs mais je ne veux pas avoir l’air aigrie et accusatrice. Je pourrais parler du dernier diagnostic que j’ai loupé il y a 17 jours … Je pourrais me servir de ce blog comme d’un éxutoire mais ce n’est pas son rôle, alors j’essaie au maximum de laisser les choses à leur place alors je me contente, en tout cas j’essaie de ce plaisir mensuel.

Et quand j’aurai retrouvé le courage et le goût des choses, je parlerai à nouveau de mon travail que j’aime, même si je l’ai trouvé extrêmement dur cette semaine , dur de faire abstraction …, je parlerai de mes patients que j’aime,( en majorité en tout cas) ,de leurs histoires, de mon département que j’aime, qui m’ a offert ce feu d’artifice ayant pour le thème les femmes et leurs combats, avec en introduction une pensée pour les ouvrières de PSA, et avec des chansons des femmes de tous les pays et un bouquet final sur Aretha Franklin .

Quand j’aurai retrouvé le courage…

et le gôut des choses ….

– En attendant, et c’est là surtout le but de cet article, je voulais en profiter pour dire Merci!

« Merci, c’est gentil » est une phrase que j’ai dite et écrite énormément mais vraiment merci!!

A mes proches qui lisent ceci et qui m’ont apporté énormément de soutien. A tous ceux  qui continuent à m’appeler même si je ne réponds jamais au téléphone. Merci et sachez que même si je ne réponds pas, vos appels me font très plaisir. A Gentil Mari. A mon frère que j’aime et avec qui j’ai marché main dans la main dans cette allée mais surtout depuis des années …

Mais surtout, je voulais remercier dans cet espace soit disant virtuel qui existe depuis presqu’un an tous ceux que je ne considère pas du tout comme virtuels. Depuis près d’un an que je suis sur twitter, j’y ai trouvé plein de choses mais récemment j’y ai trouvé soutien, réconfort et amour sincère et cela m’a beaucoup touché. D’aucuns trouveront ça bizarre, ceux à qui je m’adresse comprennent je pense de quoi je parle et savent que nous formons quelque chose de bien réel et de précieux. Les centaines de message que j’ai reçu dans les moments difficiles ont été une aide réelle et je vous en suis extrèmement reconnaissante, à tel point que je ne sais pas comment exprimer cette reconnaissance!

Et ce n’est tellement pas virtuel qu’un livre avec une dédicace écrite d’une vraie main a (malgré quelques péripéties) atterri dans mes mains 🙂

Donc merci vraiment pour tout ça…

« C’est gentil »

Stop all the clocks

Stop all the clocks, cut off the telephone,
Prevent the dog from barking with a juicy bone,
Silence the pianos and with muffled drum
Bring out the coffin, let the mourners come.

Let aeroplanes circle moaning overhead
Scribbling on the sky the message He Is Dead,
Put crepe bows round the white necks of the public doves,
Let the traffic policemen wear black cotton gloves.

He was my North, my South, my East and West,
My working week and my Sunday rest,
My noon, my midnight, my talk, my song;
I thought that love would last for ever: I was wrong.

The stars are not wanted now: put out every one;
Pack up the moon and dismantle the sun;
Pour away the ocean and sweep up the wood.
For nothing now can ever come to any good.

W.H. AUDEN

10 mois

et quelques jours…

Cette fois ci, j’étais bien décidée à ne pas l’écrire cet article, n’ayant rien à dire. De la même façon que j’avais décidé de lutter contre moi-même et de griller le fameux stop qui ne sert à rien ce soir (pour ceux qui se rappellent ici).

Mais il se trouve qu’une voiture a pris la rue en sens interdit et que en grillant le stop, j’ai failli me la prendre de plein fouet. A 1h du mat, sans un chat dans les rues, c’est tellement improbable que je ne peux faire autrement que d’ y voir un signe de l’univers (qui m’envoie des messages en ce moment oui oui oui!) qui me dit de ne pas lutter contre ce que je suis!

En tout cas, là tout de suite à 2 heures du matin, cette symbolique me parait tellement éclatante que je trouve primordial de partager le constat que comme le dit celle qu’il y a de nombreuses années à la même date (oui c’est ma semaine des célébrations personnelles et des dates anniversaires qui me font un peu disjoncter je crois) j’écoutais chanter au Stade de France : »on ne change pas, on met juste les costumes d’autres sur soi »

enfin moi jme comprends ….

Et en plus, moi qui adore les chiffres ronds, le compteur des visites vient de passer à  100  000! Jsais pas ce que ça représente mais c’est joli!

Y’a-t-il un médecin dans l’avion?

Il y a quelques jours, j’étais dans l’avion et mon mari me signale au loin des jambes en l’air, ce qui n’est pas tout à fait normal, d’un blanc cadavérique louche. Il me dit « faut qu’t’y ailles t’es docteur! » « Je lui dis ça va pas, elle doit faire du yoga… »

Une fois, ils ont vraiment appelé un docteur dans l’avion, je dormais tranquille, il me secoue: « Eh, ils appellent un docteur » « Et alors? » « Ben t’es docteur! » « Ah merde! ».

Après quelques secondes de réflexion dans les brumes de mon sommeil, je me suis dit que ben fallait que j’y aille, je me lève, rattache mon pantalon et me dirige en chausettes à l’avant de l’avion et j’arrive la gueule enfarinée: « Euh jsuis médecin, vous avez appelé un médecin » « Non c’est bon, trois médecins se sont déjà présentés! »

Forcément, vu mon temps de réaction… Cool, je retourne me coucher!

Oui, c’est palpitant comme histoire, ça valait la peine de la raconter. En lisant le titre, vous vous attendiez sûrement à ce que je raconte comment j’avais sauver la vie d’un passager à l’allure de Brad Pitt en lui faisant du bouche à bouche ou comment j’avais remis une épaule luxée en lui donnant des grands coups de guide du routard…mais non!

Il y en a peut-être qui adorent les situations héroiques et qui ont toujours un stylo bille sur eux au cas où ils devraient faire une trachéotomie en urgence mais moi comme je l’ai expliqué ici ce n’est pas mon cas.

Quand je vois un accident au bord d’une autoroute, je me dis « je suis médecin, ne serais-je pas censée m’arrêter? » Mais bon je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus que les pompiers, à part mettre la personne en position latérale de sécurité et appeler les vrais secours…je n’ai même pas eu mon brevet de secouriste…

Et puis au delà de ça( parce que si je voyais quelqu’un se vider de son sang près de moi sans personne pour l’aider, je m’arrêterai quand-même, je ne lui marcherais pas dessus…) je n’imagine même pas la situation d’arriver quelque part et de dire tout fort « poussez-vous, je suis médecin! »

Il y en a peut-être qui adorent dire d’une voix satisfaite « Bonjour, je suis le Docteur X… Je suis médecin! » Moi faut vraiment me mettre le couteau sous la gorge pour que je dise « euh parce qu’en fait jsuis médecin » d’une toute petite voix!

Pourquoi, je ne sais pas , faudrait que j’en parle à ma psy…Déjà parce que d’une part, probablement je n’aime pas les médecins, comme je l’ai déjà dit, c’est une espèce que je n’affectionne pas particulièrement et à laquelle je ne meure pas d’envie de m’identifier, et puis sûrement que je ne veux pas avoir l’air de me vanter… Mais dire ça c’est encore plus prétentieux, comme si il y avait quelque chose de glorieux à être médecin…

Dans la vraie vie, il vaut mieux éviter de le clamer haut et fort, sinon on est tout de suite assailli de questions médicales mais bon ça c’est la fatalité (cf ici) et puis aussi moins peut-être avec mon grand âge, mais dire mon métier était forcément suivi d’un étonnement voire d’une incrédulité parfois limite vexante.

Mais face au corps médical, en tant que patiente ou famille de patiente , j’ai toujours préféré ne pas le dire d’emblée, du genre jsuis médecin moi aussi avec un sourire de complicité , puisqu’on est de la même espèce supérieure, on se comprend.

Je ne me vois surtout pas introduire ça dans la conversation d’emblée, du genre « bonjour, vous pouvez me parler avec des mots compliqués je suis médecin », je ne sais jamais à quel moment le dire. Du coup, ça mène à des situations ridicules où je laisse parler la personne en langage profane et ou à la fin comme moi je glisse des mots un peu plus médicaux , je finis par dire de ma petite voix « ben oui en fait je suis médecin… » (il y a un médecin qui a fait un article racontant comment il expliquait aux urgences l’infarctus à un patient qui en fait était médecin,il me semblait que c’était Jaddo ou dr foulard mais je retrouve pas et ça m’énerve beaucoup beaucoup si quelqu’un peut m’éclairer!!).

Du coup, cette semaine, j’ai emmené ma fille chez l’ORL sans placer dans la conversation que j’étais médecin…heureusement que ma fille n’a pas dit à la fin « mais maman elle sait, elle est docteur! ou « maman elle a essayé de me déboucher les oreilles mais elle a pas réussi »

Quand c’est judicieux, je le dis quand-même mais du coup parfois ça passe mal, surtout quand c’est en tant qu’accompagnant à l’hôpital. « Oui, on sait que vous êtes médecin …. » Cela doit être écrit  partout  « Sa fille est médecin…sous entendu fait chier le monde » pour que les rares personnes qui ne nous connaitraient pas soient au courant!

Et pourtant, j’essaye de ne pas faire chier le monde, j’ai même laisser parfois des situations limites dangereuses pour ne pas avoir l’air d’être « le médecin qui râle », du coup je râle encore moins que la moyenne, y compris lors de mon propre accouchement pour ne surtout pas qu’on dise que je suis prétentieuse ou emmerdeuse mais vraiment souvent j’ai pas le choix, et même en étant le genre de fille qui ce week-end au centre commercial après s’être fait violence pour demander poliment un siège et que alors que je voyais le tabouret, la dame m’a dit qu’elle en avait pas, a été acheté un tabouret à 4 euros pour pouvoir s’asseoir ( la honte cela dit ), je passe sans doute malgré moi pour la chieuse de service!

Cela dit, j’aimerai tellement que les choses se passent bien et ne pas avoir à râler (cf ici). Bref, changeons de sujet, aujourd’hui, je suis dans un grand désarroi et une certaine lassitude face à une expérience de plus au contact de l’hôpital et des médecins en général.

Ceci explique cela sûrement. Quoi qu’il en soit, c’est toujours difficile de trouver la juste place je trouve quand on est médecin. En tout cas, ça l’est pour moi…

Mais de toute façon, c’est pas grave si je ne dis pas que je suis médecin, il y a toujours quelqu’un pour le dire à ma place…

Faire les courses avec ma grand-mère qui dit à tout le monde « Bonjour, c’est ma petite fille, elle est médecin.. » est une vraie partie de plaisir (du coup j’reste dans la voiture quand elle va à la boulangerie).

Quant à mon mari, atteint lui aussi du syndrôme « j’suis fier, ma femme est médecin », il a réussi à le placer par exemple lors de mon échographie de datation pendant que j’étais partie vider ma vessie. Ah lui, il trouve toujours comment amener le sujet! Remarque, c’est un pipi qui m’a fait faire une économie puisque du coup au nom de la sacro-sainte confraternité avec laquelle je ne suis pas tout à fait à l’aise, je n’ai pas payé l’échographie! (Mais mes patients moins à l’aise financièrement, ils le payent eux le dépassement d’honoraire de 24 euros qui est désormais systématique)

Et même que le con, quand je me suis fait virer énergiquement la semaine dernière en anglais/grec du toboggan aquatique semble-t-il interdit aux femmes enceintes (j’ai réussi quand même à faire deux descentes, moi mère indigne qui ait mangé des sushis hier et fait du trampoline avant-hier), il a osé le  » but she is a doctor »..   .euh non pas là non, c’était pas la peine là…

9 mois et une semaine

Personne ne s’est offusqué ni même aperçu de l’absence de célébration mensuelle mais moi ça me travaille et je ne peux pas continuer comme ça, il faut que je l’écrive ce billet inutile et rituel!

Mais que dire ?

9 mois, c’est à la fois très long et très court, toutes les femmes enceintes le savent d’ailleurs.

C’est comme si c’était hier que j’écrivais mes premiers mots sur ce blog. À l’époque, j’étais atteinte d’écrivite aigue, j’étais inspirée contrairement à aujourd’hui. Et en même temps, cela me semble faire une éternité, y’a-t-il eu une vie avant ?

Bref, 9 mois, comme la grossesse, à la fois court et une éternité…

J’en suis à la moitié de la mienne pour l’instant, j’ai  l’impression que ça fait des siècles que je suis enceinte et pourtant il ne se passe rien. Depuis une  semaine ou deux, quand-même ça se voit, alors ça devient plus réel, je peux faire ma blague préférée: repondre  » non je suis grosse » quand on me demande si je suis enceinte! C’est mignon de voir la sollicitude de mes patients , j’ai eu le droit à de nombreux « ah là c’est sûr ce sera un garçon », la forme du ventre toussa… des millénaires de science de la forme du ventre …j’ai presque failli y croire!

Oui aujourd’hui, j’ai su que je devrais faire le deuil du super prénom de garçon qui était trop bien et de la déco de chambre petit prince ( oui nous sommes un peu des obsédés du petit prince mon mari et moi, on en met partout, mon mariage était magnifique, avec des histoires d’apprivoisage,une pièce montée en forme d’avion, des moutons de toute sorte, même en méchoui …) mais en dehors de ça , je suis super contente parce qu’en plus elle a tout qui va bien et que j’ai tant voulu une fille la première fois que c’est logique que j’en ai au moins deux!

Et comme ça, ça prouve si tant est qu’il fallait le prouver, que la forme du ventre c’est niveau de preuve zéro!

PS: et si un jour,dans plein d’années,  elle lit ce qu’il reste de ce blog s’il existe encore, je fais plein de gros bisous à ma toute petite soeur dont ce sera l’anniversaire dans quelques minutes !…

 

Encore un peu d’espoir? ou pas …

J’ai vu Mr G. aujourd’hui (voir ici, ici et). Je ne l’ai jamais vu aussi souvent, plein de petits maux médicaux, lui qui consultait très peu même quand il avait ses fortes douleurs rénales. Il ne se sent pas bien, mais a lui même conscience que c’est le moral et je n’ai même pas besoin de faire semblant de chercher d’où viennent ses douleurs ou ses vertiges.

D’autant plus les africains décrivent souvent des douleurs, sensations qui sont parfois dures à appréhender, même à comprendre, du genre « ça me fait chaud/lourd/fort partout ».C’est leur version de l’hémichauderie corporelle gauche ou des vertiges/lombalgies/céphalées plus classiques. Et cela est d’autant plus difficile que cela vient souvent d’un solide gaillard qui ne consulte jamais mais qui là est venu spécifiquement. Il y a une vrai plainte derrière, une vrai souffrance, et il est très difficile de leur apporter la réponse adéquate. Il ne faut pas s’arrêter au premier réflexe qui est « je ne comprends rien à ce qu’il raconte et il me fatigue », ni au deuxième qui est de faire ce que l’on sait faire:chercher un problème anatomique sous-jacent, prescrire quelque chose (examen complémentaire, médicament) et classer l’affaire. Il faut déceler le syndrôme d’Ulysse, qui est la manière particulière qu’ont les migrants d’exprimer leur mal-être et essayer de leur apporter la meilleure écoute possible.

Bref, pas facile. Mais en ce qui concerne Mr G., on passe directement au « cherchez pas, c’est le moral qui va pas ». Il attend la réponse de son recours, pour lequel il a, c’est surprenant encore un peu d’espoir, mais sinon il est préparé à repartir au Mali en septembre, quoi qu’il advienne. Sauf qu’en raison des évènements au Mali, son projet bien monté d’ouvrir une pharmacie là-bas, pour lequel il lui manquait seulement de l’argent, et pour lequel je montais dans ma tête un éventuel projet de partenariat, s’est transformé en projet de s’enrôler dans l’armée. Après 20 ans, la France ne lui offre aucun avenir, au Mali, il ne connait personne, mais puisqu’on ne veut pas de lui ici, il ne lui reste que « sa dignité de retourner là où je suis né » et là-bas, le seul endroit où on voudra de lui, c’est de l’armée, être utile…il pourrait même gagner de l’argent…et puis s’il meurre… « bah..c’est pas si grave ».

Voilà, après tant de chemin parcouru, tant de courage, de joie de vivre et d’espoir, où en est Mr G. Moi , je me pose la question d’un traitement antidépresseur, considérant que s’engager dans l’armée Malienne en pleine guerre civile est peut-être un signe de dépression masquée, de désespoir surtout…ou alors c’est peut-être moi qui déprime …

Parler avec Mr G. longuement, entre autre de la situation politique au Mali, m’a fait penser au billet de Farfadoc d’hier, à lire absolument,  que je voulais partager tellement c’est ce que je ressens (et c’est d’ailleurs ce que je disais un peu dans dans ouverture sur le monde).