Encore un peu d’espoir? ou pas …

J’ai vu Mr G. aujourd’hui (voir ici, ici et). Je ne l’ai jamais vu aussi souvent, plein de petits maux médicaux, lui qui consultait très peu même quand il avait ses fortes douleurs rénales. Il ne se sent pas bien, mais a lui même conscience que c’est le moral et je n’ai même pas besoin de faire semblant de chercher d’où viennent ses douleurs ou ses vertiges.

D’autant plus les africains décrivent souvent des douleurs, sensations qui sont parfois dures à appréhender, même à comprendre, du genre « ça me fait chaud/lourd/fort partout ».C’est leur version de l’hémichauderie corporelle gauche ou des vertiges/lombalgies/céphalées plus classiques. Et cela est d’autant plus difficile que cela vient souvent d’un solide gaillard qui ne consulte jamais mais qui là est venu spécifiquement. Il y a une vrai plainte derrière, une vrai souffrance, et il est très difficile de leur apporter la réponse adéquate. Il ne faut pas s’arrêter au premier réflexe qui est « je ne comprends rien à ce qu’il raconte et il me fatigue », ni au deuxième qui est de faire ce que l’on sait faire:chercher un problème anatomique sous-jacent, prescrire quelque chose (examen complémentaire, médicament) et classer l’affaire. Il faut déceler le syndrôme d’Ulysse, qui est la manière particulière qu’ont les migrants d’exprimer leur mal-être et essayer de leur apporter la meilleure écoute possible.

Bref, pas facile. Mais en ce qui concerne Mr G., on passe directement au « cherchez pas, c’est le moral qui va pas ». Il attend la réponse de son recours, pour lequel il a, c’est surprenant encore un peu d’espoir, mais sinon il est préparé à repartir au Mali en septembre, quoi qu’il advienne. Sauf qu’en raison des évènements au Mali, son projet bien monté d’ouvrir une pharmacie là-bas, pour lequel il lui manquait seulement de l’argent, et pour lequel je montais dans ma tête un éventuel projet de partenariat, s’est transformé en projet de s’enrôler dans l’armée. Après 20 ans, la France ne lui offre aucun avenir, au Mali, il ne connait personne, mais puisqu’on ne veut pas de lui ici, il ne lui reste que « sa dignité de retourner là où je suis né » et là-bas, le seul endroit où on voudra de lui, c’est de l’armée, être utile…il pourrait même gagner de l’argent…et puis s’il meurre… « bah..c’est pas si grave ».

Voilà, après tant de chemin parcouru, tant de courage, de joie de vivre et d’espoir, où en est Mr G. Moi , je me pose la question d’un traitement antidépresseur, considérant que s’engager dans l’armée Malienne en pleine guerre civile est peut-être un signe de dépression masquée, de désespoir surtout…ou alors c’est peut-être moi qui déprime …

Parler avec Mr G. longuement, entre autre de la situation politique au Mali, m’a fait penser au billet de Farfadoc d’hier, à lire absolument,  que je voulais partager tellement c’est ce que je ressens (et c’est d’ailleurs ce que je disais un peu dans dans ouverture sur le monde).