2 ans 9 mois

Quelqu’un que j’aime vient de me faire remarquer que nous sommes le 17.

J’avais vraiment oublié !

Et en plus ça m’arrange vraiment pas …

Parce que là, je suis très occupée à changer.

Je suis en formation 2 jours en province sur le thème de l‘entretien motivationnel.

C’est fantastique.

J’ai l’impression (et surtout j’espère arriver à cela) qu’il y aura un avant et un après dans ma pratique .

Peut-être que plus tard j’en parlerai plus longuement.

En attendant, je ne peux que vous encourager à faire une formation sur le sujet .

( par exemple chez FMC Action ).

Et du coup, j’ai pas le temps d’écrire ce billet, ah ben si finalement je l’ai fait …

 

Le travail c’est la santé 2! La paperasse pour les nuls

Suite à mon billet d’hier et certaines discussions, je me suis dit que j’allais publier les conseils que je donne à mes internes sur le sujet .

Certaines choses semblent peut-être évidentes mais je me suis mise dans la tête de l’interne et même de la remplaçante voire du médecin installée que j’étais et c’est ce que j’aurai aimé qu’on me dise. Alors si ça peut-être utile à certains internes/remplaçants voire même installés, je me suis dit que je pouvais le publier.

Par contre, si il y a des choses fausses/incomplètes, des choses que j’aurai du mettre, n’hésitez pas à me le dire. Vos remarques et conseils seront les bienvenues

SANTE-ET-TRAVAIL-POUR-LES-NULS  (format word)

SANTE-ET-TRAVAIL-POUR-LES-NULS  (pdf)

PS: ces documents ont été modifiés suite aux remarques dans les commentaires (merci beaucoup) et la mise en page refaite par Gécé (qui a insinué quelle était pourrie mais c’est vrai alors merci!!) puis à nouveau modifiés début juin pour intégrer les remarques judicieuses d’un médecin conseil que je remercie vivement !!

Pour ceux qui ne veulent pas cliquer:

SANTE ET TRAVAIL POUR LES NULS

 

Au niveau de l’assurance Maladie, ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il y a deux branches bien distinctes : la branche maladie et la branche risques professionnels.

Quand on est en accident de travail par exemple, on ne peut jamais passer en invalidité pour le même motif.

 

 

  1. MALADIE

 

–       3 volets : 2 premiers volets pour la sécu, le 3ème pour l’employeur.

Si en ligne : imprimer le 3ème volet et le donner au patient.

–       Durée : Arrêt maladie : 3 ans maximum mais c’est rare que la sécu ne dise rien jusqu’à là.

–       Carence : 3 jours de carence sauf si en rapport avec ALD (ou sauf si reprise inférieure à 48h, dans ce cas faire une prolongation).

–       Indemnités : IJ = 50% du salaire (sous certaines conditions d’heures travaillées et avec un certain plafond ).

Si >3 enfants à charge : IJ 66.6% du salaire à partir du 31ème jour.

  • Reprise : Visite de reprise avec le médecin du travail obligatoire après 30 jours d’arrêt. Après un arrêt de 6 mois, il faut faire un protocole de soins (le même document que pour une demande d’ALD) : on peut y penser tous seuls mais sinon la sécu l’envoie). Si c’est quelqu’un qui ne travaille pas le week-end : arrêter jusqu’au vendredi. Si il reconsulte le lundi, on peut faire une prolongation (et il n’y a donc pas à nouveau 3 jours de carence).
  • -ALD : Quand les patients sont en arrêt de travail en rapport avec une pathologie déjà en ALD, il ne faut pas oublier de rattacher l’arrêt de travail en cochant la petite case « en rapport ».

2 avantages :

-Pour le médecin, on ne lui demandera pas de remplir à nouveau un protocole de soins une fois arrivé à 6 mois d’arrêt de travail.

  • Pour le patient : pas de jours de carence à partir du 2eme arrêt en rapport avec l’ALD dans l’année civile et IJ non imposables.
  • Invalidité : Lors d’un arrêt prolongé, on peut passer en invalidité :

o   Catégorie 1 : 30% du salaire

o   catégorie 2 : 50% du salaire

o   catégorie 3 : nécessité d’une tierce personne dans les actes de la vie quotidienne : 50% du salaire + majoration tierce personne (de 1100 euros)

o   La sécu peut le demander ou le patient ou le médecin traitant : sur papier libre ou formulaire.

 

Concernant l’invalidité, il y a un certain nombre de conditions à remplir :

Condition médicale : il faut une diminution de la capacité de travail ou de gain des 2/3 soit 66% acquise depuis l’immatriculation (s’il existait une pathologie antérieure à l’immatriculation, on doit apporter la preuve que cette dernière s’est aggravée)

Condition administrative : obligation de 12 mois d’immatriculation, obligation d’un nombre minimum d’heures de travail effectif ou assimilé au cours d’une période de référence (800 heures au cours de l’année civile ou au cours des 4 trimestres précédents l’interruption de travail suivie d’invalidité dont 200 heures au cours du premier trimestre (le plus éloigné depuis la date d’interruption de travail))

 

  1. ACCIDENT DE TRAVAIL

 

–       4 volets : 2 premiers volets pour la sécu, le 3ème pour la victime et le 4eme pour l’employeur

–       Quand ? Présomption d’imputabilité si sur le lieu de travail.

–       On peut être en arrêt dans le cadre d’un AT ou en soins tout en continuant à travailler

–       Carence : Pas de jours de carence

–       Indemnités : IJ 60% pendant 28 jours puis 80% après 28j

Prise en charge à 100% des soins médicaux

–       Reprise : Le certificat de reprise est obligatoire.

La visite de reprise est obligatoire après 30 jours également (depuis juillet 2012, ce n’est plus 8 jours)

Quand on fait la reprise, il faut mettre des soins. Quand les soins sont finis, il faut les prolonger ou faire un certificat final = de consolidation.

–       Consolidation : Quand l’état n’est plus évolutif (et non pas quand le patient est guéri : nuance importante dont la méconnaissance fait que les patients ressentent souvent une injustice), la sécu demande souvent la consolidation, c’est-à-dire la fin de l’AT.

A ce moment-là :

o   si séquelles : le patient peut avoir soit une rente soit un capital entre une rente et un capital. Ceux-ci ne sont pas bien élevés en général sauf grosses séquelles (voir ici et ici ).

o   si pas de séquelles : guérison.

Concernant les séquelles d’accident du travail  (précisions bienvenues d’une consoeur          médecin conseil que je remercie grandement)

En fait, les patients touchent une rente mensuelle à partir de 10% d’IPP .

Il faut savoir que ce barème d’indemnisation des AT en droit social est issu du barème destiné à l’indemnisation des soldats de la guerre de 14-18. Il n’a pas été revu depuis des années et n’est donc pas à jour au niveau des données récentes de la science.

Faits marquants : la douleur n’existe pas, la psychiatrie est à peine ébauchée.

Conclusion : les séquelles douloureuses ne sont pas indemnisables en assurance maladie.

Raison pour laquelle souvent, les patients se sentent lésés car il leur est notifié une consolidation avec « séquelles non indemnisables ».

Le barème des maladies professionnelles est un peu plus large puisqu’on doit tenir compte des « séquelles fonctionnelles liées à la douleur ».

 

– Une fois que l’arrêt est consolidé, on peut remplir un formulaire de PROTOCOLE DE     SOINS POST-CONSOLIDATION pour demander la poursuite de la prise en charge des soins médicaux à 100% pour une durée définie par la sécu (par exemple 6 mois)

–       ATTENTION : Le problème, c’est que, une fois l’arrêt consolidé, on ne peut plus arrêter le patient pour ce motif (ni en AT , ni en maladie), sauf en cas de rechute, mais pour cela il faut qu’il y ait un nouvel évènement.

Si le patient n’a toujours pas repris le travail et qu’il considère qu’il ne peut pas le reprendre, il peut faire une contestation dans un délai d’un mois sur papier libre , il y aura une expertise, dans ce cas en attendant, on continue à lui faire des AT mais si l’expertise ne va pas en son sens (ce qui est souvent le cas) , il ne sera pas payé pendant tout ce temps.

On ne peut pas l’arrêter en maladie pour ce même motif.

D’où l’intérêt d’avoir agit en amont pour anticiper le problème pour ne pas en arriver là.

Il y a également la notion «  d’état antérieur » en accident de travail :

Notion importante à comprendre car elle permet parfois de « rattraper » une situation sociale inextricable mais souvent mal comprise par les patients et les médecins.

Un exemple concret :M. X 56 ans ressent une douleur vive lombaire lors d’un effort de soulèvement. Il fait une déclaration d’accident de travail. Les examens complémentaires révèlent des discopathies étagées et de l’arthrose sur tout le rachis lombaire. Au bout de 6 mois d’arrêt en accident de travail, il est toujours très douloureux et il est évident qu’il ne pourra pas reprendre son activité dans le bâtiment et que les espoirs de reconversion à son âge sont nuls.ll peut alors être plus judicieux de consolider l’accident de travail avec « séquelles non indemnisables compte tenu de l’état antérieur » et basculer en arrêt en maladie pour cet état antérieur. Ce qui permet ensuite de basculer en invalidité..Cette démarche est souvent mal comprise : « je n’avais pas mal avant », «  on ne reconnaît pas les séquelles de mon accident » alors qu’elle ne vise qu’à préserver l’intérêt du patient sur le long terme.

–       Cas particulier : la souffrance au travail

J’avais fait une formation où on m’avait dit qu’on peut faire un AT pour des problèmes de souffrance au travail s’il y a eu un évènement (discussion conflictuelle, altercation) significative sur le lieu de travail. Depuis 2012, il y aurait une jurisprudence (non retrouvée), cela peut-être une série d’évènements traumatisants ponctuels. On pourrait noter « stress post-traumatique en relation avec une dégradation des conditions de travail » ou « syndrome anxio-dépréssif réactionnel secondaire à une série d’évènements sur le lieu de travail ».

J’ai essayé plusieurs fois et cela n’est jamais passé en accident de travail. Je ne sais donc pas si c’est un bon conseil ou pas .

De manière générale, sur un arrêt de travail, on peut écrire stress post traumatique, dépression d’épuisement ou syndrôme d’épuisement professionnel, syndrôme anxio-dépressif ou anxiété réactionnelle mais il ne faut JAMAIS écrire harcèlement moral. C’est un terme juridique, un médecin peut être poursuivi pour écrire ça sur un arrêt.

(et ne pas écrire de lettre pour un avocat ou une procédure juridique, éventuellement on fait une lettre pour un spé ou médecin du travail que l’on remet au patient, il en fait ce qu’il en veut ).

En règle générale, il faut toujours écrire sur un arrêt ce que l’on constate et seulement ça et ne pas établir de relation de cause à effet.

 

  1. MALADIE PROFESSIONNELLE

 

C’est compliqué, mais en 2 mots…

–       Une maladie professionnelle est la conséquence de l’exposition plus ou moins prolongée à un risque qui existe lors de l’exercice habituel de la profession.

–       Faire une demande en MP : La demande se fait sur le même formulaire qu’un Accident de travail+ un formulaire vert (que la Sécu envoie au patient) à remplir par le patient avec plein de renseignements

–       Quelles modalités ? Il y a des tableaux. Pour tout ce qui est TMS, c’est le tableau 57.

–       Mêmes règles que l’AT, même formulaire d’ailleurs.

–       ATTENTION : Il faut bien peser les avantages et les inconvénients :

 

o   Avantages :

  • prise en charge à 100% des frais médicaux (intérêt si pas de mutuelles) et pas d’avance de frais,
  • IJ un peu supérieures,
  • accès à un reclassement professionnel,
  • reconnaissance, ce qui a un intérêt psychologique pour le patient,
  • intérêt collectif de déclarer les MP pour faire bouger les choses dans les entreprises,

MAIS…

Bien réfléchir car comme on l’a vu avant, une fois que l’état n’est plus évolutif, consolidation pour la sécu  (plus ou moins rapide ) et après impossibilité de faire un arrêt pour ce motif, impossibilité de passer en invalidité, etc.

Hop ! on déclare une tendinite de l’épaule en MP, on l’arrête de temps en temps pour ce motif quand ça fait trop mal, hop ! un an plus tard la sécu consolide, on ne peut plus l’arrêter pour son épaule, jamais… ni passer en invalidité…

L’intérêt à court terme est des IJ un peu plus élevées, mais peut être délétère au patient à long terme. Notamment pour tout ce qui est TMS.

L’intérêt des MP est, selon moi, l’accès à un reclassement professionnel

 

 

NB : tout ça c’est pour le régime général, c’est pas du tout pareil pour les autres régimes, notamment pour les fonctionnaires. Là ça devient compliqué, en gros ça n’a rien à voir, on fait des demandes sur papier libre, de Congé Longue Durée ou Congé Longue Maladie. Y’a plein de subtilités bien compliquées (par exemple vaut mieux avoir la polio, et pas 2 cancers, mais bon…) Retenir que : 3 mois de salaire à taux plein, après faut passer devant le médecin expert. Si tu veux en savoir plus, fais moi signe.

 

Donc, le plus important c’est…

 

ANTICIPER !

 

Ce qui est donc primordial, c’est d’anticiper le retour au travail.

Pour pas arriver à des situations bloquées et parce qu’on sent bien que le patient va pas pouvoir reprendre.

Il faut aménager le poste en amont ou envisager un reclassement.

Pour ça, il faut faire appel à nos partenaires.

 

LE MEDECIN DU TRAVAIL

 

Et l’incontournable VISITE DE PRE-REPRISE

Quand un patient est en arrêt, on peut (on doit :-)) demander une visite de pré-reprise. Enfin c’est le patient qui le demande, et nous on fait une petite lettre qui explique tout bien, comment peut-on envisager une reprise, un aménagement de poste, un temps-partiel thérapeutique etc.

Quand on arrive à avoir les coordonnées du médecin du travail, et quand celui-ci est bien (c’est vrai que c’est médecin du travail dépendant mais moi pour l’instant je suis bien tombée), c’est vraiment une grande aide.

Il ne faut pas attendre la visite de reprise où le patient reprend sans que rien n’ait été préparé.

 

Le TEMPS PARTIEL THERAPEUTIQUE

 

Le temps-partiel thérapeutique : c’est un ARRET à temps partiel. Donc on fait un arrêt de la durée souhaitée du temps-partiel thérapeutique en notant arrêt à temps partiel.

Pour l’initier : il faut que le patient, la sécu (accord de principe pour 1 mois au moins par chez moi) , et l’employeur soient d’accord et que ce soit réalisable. L’employeur n’est  pas obligé d’accepter.

Le mieux est de prendre un RDV de pré-reprise avec le médecin du travail qui organise le temps partiel thérapeutique avec l’employeur.

Quand c’est organisé, on prévoit la date de reprise et on prolonge l’arrêt de travail du patient en cochant la case « reprise à temps partiel thérapeutique » sur l’arrêt de travail et la date de fin d’arrêt (1 à 3 mois plus tard).

Si on ré-arrête le patient à temps complet, je ne sais pas comment il faut faire officiellement, moi je mets dans le motif « était en temps partiel thérapeutique, arrêt à temps complet à partir de ce jour etc. »

On a l’habitude de parler de mi-temps thérapeutique mais il s’agit de temps partiel thérapeutique : on peut faire 30%, 50%, 80%, etc. par journées/demi-journées, etc. à voir avec l’employeur…

Le temps de travail peut être modifié au fil du temps à la hausse ou à la baisse. Le temps partiel thérapeutique ne se se prescrit plus obligatoirement à la suite d’ un arrêt de travail La dernière mouture du formulaire d’arrêt de travail permet maintenant de le prescrire d’emblée.

 

 

 

L’INAPTITUDE

 

Si on pense que le patient ne pourra pas reprendre à son poste, le médecin du travail peut, le cas échéant, si son état médical l’indique, lancer une procédure d’inaptitude définitive.

(NB : il existe aussi des inaptitudes temporaires, dans ce cas, le médecin du travail déclare le patient inapte temporaire et envoie le patient chez le médecin généraliste pour faire un arrêt de travail).

Concernant la procédure d’inaptitude définitive, elle se passe forcément une fois que la personne n’est plus en arrêt. Il doit y avoir 2 visites de reprise avec le médecin du travail (en gros inaptitude à son poste puis inaptitude à tout poste dans l’entreprise) avec 2 semaines d’intervalle. L’employeur a ensuite un mois pour procéder au licenciement.

 

Pendant ce mois là : soit le motif d’inaptitude est lié à un accident de travail ou MP, et le patient peut demander auprès de la CPAM une indemnité temporaire d’inaptitude, soit ben il a pas de sous pendant un mois…

L’employeur doit dans la mesure du possible proposer un reclassement professionnel/des formations mais cela dépend de l’entreprise et en pratique il y a peu de possibilités sauf dans les grosses entreprises.

 

Une inaptitude ne se fait pas comme ça : il faut un dossier médical solide. Dans le cas d’une pathologie psy, il faut souvent l’avis d’un psy (exemple d’inaptitude que j’ai eu : patiente, stress post traumatique suite à agression à mains armées dans son magasin, n’a jamais pu y retourner, voulait démissionner : inaptitude avec avis psy).

 

Quand les patients se sentent incapable de retourner au travail dans le cadre d’une souffrance au travail, de conflits ou d’un évènement traumatisant et qu’ils disent qu’ils vont démissionner, et quand on pense que c’est justifié et que leur état médical ne leur permet pas de retourner sur leur lieu de travail (il ne s’agit pas évidemment d’encourager quelqu’un qui n’a juste plus envie de faire le travail qu’il fait), il faut les dissuader de démissionner (perte des indemnités de licenciements et ne touchent pas le chômage ), et les adresser au médecin du travail pour évoquer un aménagement de poste ou envisager un licenciement pour inaptitude ou qu’ils demandent à leur employeur une rupture conventionnelle du contrat de travail (touche les indemnités chômage). L’employeur n’est cependant pas obligé.

Le cas échéant, selon les circonstances, conseiller au patient de prendre contact avec les syndicats ou l’inspection du travail ( coordonnées IDF).

Dans les grandes entreprises, il y a aussi parfois des assistantes sociales ou un service juridique qui peut aider et conseiller les patients.

 

SERVICE SOCIAL DE LA SECU

 

Il faut également toujours penser au service social de la sécu qui peut orienter/aider le patient dans ses démarches et peut être un partenaire très important. Les patients sont informés par des informations collectives et ils voient les patients entre 4 et 6 mois d’arrêt.

On peut les contacter au 3646.

 

LA MDPH

 

Et the last but notre least, la MDPH !! (Maison Départementale des Personnes Handicapées)

Le dossier MDPH qui fait si peur quand tu es interne ou remplaçant.

En fait la MDPH est ton amie.

Le truc c’est de savoir ce qu’on demande 😉 En tant que médecin, on remplit le certificat médical mais cela n’a pas de sens si on ne sait pas ce que l’on veut obtenir avec.

Dans le dossier que le patient rempli, il y a plusieurs choses à demander, je vérifie toujours avec eux et leur explique bien ce qu’ils doivent remplir.

 

Avec un dossier MDPH, on peut demander:

–       des aides financières, humaines (AVS) et d’établissements spécialisés pour les enfants handicapés,

–       des cartes d’invalidité ou priorité (pour la caisse du supermarché par exemple) ou des cartes de stationnement (le taux de handicap nécessaire est plus élevé, >80% je crois),

–       un statut de travailleur handicapé (RQTH),

–       +/- demande de reclassement professionnel, de formation ou de travail en ESAT,

–       l’Allocation Adulte Handicapé (AAH),

–       la Prestation Compensatrice de Handicap (PCH ).

 

Du coup, c’est pas du tout la même chose de remplir un dossier pour demande de carte de priorité que pour une RQTH ou une PCH ! Il faut savoir ce qu’on demande.

 

La rédaction du dossier médical doit être soignée et détaillée.

Si on ne connait pas le patient, en tant qu’interne ou remplaçant, il est tout à fait légitime d’attendre le médecin traitant.

Si c’est un renouvellement ou une carte, pas exemple, avec les infos nécessaires, on peut tenter

Ce qu’il faut comprendre, c’est que la branche MDPH est tout à fait indépendante à la branche sécu. Elles sont parallèles et peuvent être complémentaires.

Pour exemples :

Pour un patient qui ne peut plus travailler, on peut demander une invalidité et/ou l’ AAH.

Pour un patient qui ne peut plus rester seul, on peut demander l’invalidité 3ème catégorie avec majoration tierce personne et/ou la PCH.

Par contre, elles ne sont pas cumulatives, et la branche « invalidité » prime sur la branche MDPH.

Des exemples avec des chiffres au hasard :

Un patient peut bénéficier de l’invalidité catégorie 2 et de l’ AAH : la 1ère est de 500€, la 2ème de 600€ : il touchera 500€ de pension d’invalidité et 100€ d’AAH. Ou par exemple : 1800€ de catégorie 3 + MTP et 3000€ de PCH = 1800€ d’invalidité + 1200€ de PCH …

 

En gros, quelque soit le pb, on peut toujours demander des 2 cotés, ça ne coûte rien.

 

La PCH est complètement méconnue pourtant cela peut être magique.

Quelqu’un (de moins de moins de 65 ans bien sûr, tout cela étant pour des personnes en âge de travailler) qui a une perte d’autonomie et a besoin d’aide pour les actes de la vie quotidienne (ex: paraplégie suite à un AVP, maladie neurodégénérative…), la MDPH vient et évalue les besoins humains et techniques et ensuite finance ce qu’il faut. Une fois que la MDPH a accordé la PCH, elle finance tout ce qu’il faut, même si c’est une présence humaine 24/24 et que ça coûte 5000€ !

 

La RQTH enfin qui est ce qui nous intéresse ici

Ce statut permet d’avoir des emplois « handicapés » qui sont obligatoires dans chaque entreprise (genre 5% ou un truc comme ça) mais il n’est pas obligé de le mentionner, si le patient ne veut pas le dire à un employeur, il n’est absolument pas obligé.

Cela permet en outre d’accéder à des formations !! Prise en charge financière de bilans de compétences et de formation rémunérée afin de permettre un reclassement professionnel. Ceci est très important et il faut penser à le proposer à des patients qu’on ne considèrent pas comme « handicapés » mais dont le maintien dans leur poste à moyen terme semble compliqué.

Il ne faut pas hésiter à le demander très précocement, cela peut toujours être utile, car les délais sont longs. Dans le 93, la moyenne de traitement d’un dossier est de 6 mois.

A noter que les décisions de la MDPH sont rétrospectives ( y compris financières).

Pour la RQTH, si le maintien au poste est en jeu il existe une procédure accélérée demandée par le médecin du travail. D’où l’intérêt de la visite de pré-reprise

 

Le dossier MDPH concerne effectivement majoritairement le handicap mais peut concerner aussi la maladie lorsqu’on se doute qu’elle va durer plusieurs mois, notamment dans le cas de l’AAH, si une personne n’a pas de droits aux IJ ou a des IJ très faibles, et dans le cas de la RQTH, car elle est toujours attribuée pour une durée limitée dans le temps (comprise entre 1 et 5 ans en général) et réévaluée.

Ce qu’il faut retenir c’est que la RQTH est à envisager dès que le problème de santé a une conséquence sur l’emploi.

 

Et que la notion de handicap telle qu’elle doit être comprise lors de la rédaction de ce dossier (par les médecins comme par les patients) n’est pas une liste de pathologies, ce n’est pas être en fauteuil roulant non plus, c’est un retentissement fonctionnel . « toute personne qui a du mal à conserver un emploi du fait de problème de santé »

80% des personnes RQTH en France sont atteintes de handicap dit invisible.

 

 

 

 

 

Le travail, c’est la santé…

Lundi – 25 patients – 19 patients en âge de travailler dont 3 femmes au foyer et 1 sans papier.

1 accident de travail.4 arrêts de travail.1 duplicata. 2 refus d’arrêt de travail par les patients

Mr N. jeune diabétique de 27 ans au suivi difficile, ancien militaire, me rapporte qu’il va demander une rupture conventionnelle car son travail de manutentionnaire est trop difficile en raison de son mal de dos suite à une fracture vertébrale après un saut en parachute et à ses nombreuses hypos…

Mme O. 45 ans vient pour son frottis. On discute mais elle est pressée, elle doit retourner au travail. Il est 15h30. Elle est femme de ménage, elle prend le premier RER le matin, fait plus d’une heure  de transport, travaille 3 heures, rentre chez elle, repart à 16h, revient à 21h passée…plus de 4 heures de transport pour 6 heures de travail payés une misère…Elle ne veut jamais d’arrêt.

Mme O.  vient pour sa fille de 2ans qui est constipée. « Elle n’a pas beaucoup mangé ces derniers jours, mon frère a failli mourir, il a été poignardé à son travail.. » Ah oui c’est ptet ça…

M. 17 ans est une ado compliquée dont l’avenir professionnel est plus qu’incertain…Elle est contente, elle a été au mac do,ils lui ont dit qu’ils voulaient bien l’embaucher..

Mme C. 59 ans vient d’être déclarée inapte par le médecin du travail pour une BPCO. Cela la précipite dans la retraite quelques mois plus tôt. Malgré un travail difficile dans la grande distribution, elle est perdue et triste de cette nouvelle. Que va-t-elle faire? La retraite est souvent un cap difficile .

Mr C. 35 ans, est en situation irrégulière. Il parvient à travailler ponctuellement au noir mais son histoire m’attriste et me révolte.

Mme B. 35 ans vient chercher un énième duplicata car la sécu a perdu son arrêt… Sans commentaire…Mme B. vit une histoire très compliquée de souffrance morale au travail à propos de laquelle on pourrait écrire un roman, conflits avec l’employeur, multiples épisodes, burn out, dépression, plaintes, licenciement…

Mme P. 40ans, auxiliaire de vie, a un lumbago, comme d’habitude refuse mon arrêt. Oui, c’est ça mon quotidien, les patients qui refusent mes arrêts…j’en parlais dans « Bande de fainéants »

Mr B. 40 ans, un de mes patients préférés, cuisinier, va littéralement se tuer au travail je pense. Il fait 70 heures par semaine, a de multiples pb médicaux et les seules fois où il a utilisé un de mes arrêts de travail, il a été travailler quand-même (sans être payé donc). Ce n’est pas que du fait de son employeur..Aujourd’hui, on aborde l’idée d’aller voir un psy…

Mme P. travaille dans une chaine discount de la grande distribution ou les conditions de travail sont particulièrement difficiles voire choquantes. Je ne crois pas lui avoir déjà fait d’arrêt de travail… Elle vient d’apprendre une grossesse longtemps désirée et est heureuse même si ce premier trimestre est physiquement très difficile. Pour éviter de porter des charges lourdes, elle a annoncé sa grossesse à sa supérieure qui d’abord s’est mise à pleurer, ensuite l’a raconté à tout le monde et depuis lui fait des réflexions incessantes, lui donne des horaires ou des postes difficiles. Mme P. dynamique et joviale arrive au bord des larmes, dans un état d’anxiété inhabituel, me raconte une altercation qui a été suivie d’une crise d’angoisse avec malaise sur son lieu de travail. Elle voulait tenir mais se sent incapable d’y retourner. Je lui explique que l’on peut déclarer son arrêt en accident de travail. Elle éclate en sanglot et entre deux sanglots me dit « Merci ». C’est un merci qui pour elle signifie que l’on reconnait l’injustice de ce qu’elle vit. Je lui explique l’avantage mais surtout les inconvénients de la déclaration en AT mais elle est sûre d’elle, elle est prête à « lutter »

Mme D. travaille en crèche, son travail lui plait, elle n’a aucun souci sinon de choper plein de microbes…

Une journée ordinaire, prise au hasard, sans tricher, des histoires comme ça, il y en a des tonnes, pas une journée ne se passe sans un accident de travail, sans pathologies liées au travail..c’est  le quotidien.

Quand j’ai débuté ce blog, une de mes motivations, un des sujets dont je voulais vraiment parler, c’était des pathologies liées au travail que je rencontrais au quotidien. C’est un sujet tellement important, tellement permanent qu’à la fois je pourrais écrire un livre entier sur le sujet et qu’en même temps, je ne sais pas comment en parler ici.

Les pathologies liées au travail, plus ou moins directement, c’est le quotidien d’un médecin généraliste.

Mes patients sont ouvriers, femmes de ménage, cadres, secrétaires, instits, profs, beaucoup travaillent à l’aéroport comme bagagistes ou autres avec des horaires décalés, assistantes maternelles, fonctionnaires,soignants, caissières, informaticiens, commerciaux, en recherche d’emploi, travailleurs sans papiers, femmes au foyer (un vrai travail!!)…

Mes patients consultent pour des problèmes cardio-vasculaires, pour des troubles musculo-squelettiques, pour des troubles digestifs, pour des pathologies intercurrentes, des viroses, pour des insomnies, du stress, de la dépression, de la fatigue…

Tous ces maux peuvent être attribués aux emplois ci-dessus.

Ces principaux motifs de consultation que l’on rencontre en médecine générale peuvent tous être plus ou moins liés au travail. Parfois c’est évident, comme une tendinite ou un mal de dos chez quelqu’un qui fait un travail physique, et cela n’est pas simple à prendre en charge pour autant et parfois il faut creuser, comme des maux d’estomac ou de l’insomnie qui sont en fait liées à une souffrance au travail qui parfois nous est confiée spontanément et parfois non. Même quand une pathologie médicale n’est pas liée au travail, comme une gastro par exemple, la question du travail avec la nécessaire justification d’absence pour l’employeur entre forcément dans la consultation.

Comme nous sommes parfois plongés au coeur de l’intimité, nous voilà alors plonger dans un quotidien d’un monde du travail qui nous est totalement inconnu et parfois difficile à appréhender.

Je suis tellement affligée  par les conditions de travail de mes patients,et impressionnée par leur volonté et leur résistance. Je serais incapable de faire la moitié de ce qu’ils font, de ces femmes courageuses qui se lèvent à l’aube pour effectuer des heures de trajet et un travail harassant ou de ces hommes près à tous les efforts et les compromissions pour nourrir leur famille, je suis révoltée par leur condition de travail, par ce qu’ils me racontent des relations avec les employeurs ou les collègues. J’ai entendu tellement d’histoires..

Mais mon rôle n’est pas celui de la compassion mais celui de les accompagner et de les soigner…sauf que ça, ce n’est pas dans les livres de médecine.

Je n’ai pas appris comment gérer médicalement les problèmes physiques liés au travail (notamment les douleurs telles que les tendinites, lombalgies etc que l’on appelle troubles musculo-squelettiques) et je n’ai pas appris à gérer les problèmes de souffrance au travail que l’on appelle RPS (risques psychosociaux). Surtout je n’ai pas appris toutes les subtilités administratives, je n’ai appris comment aider un patient au niveau social et administratif. Je n’y connaissais rien au droit du travail, je ne savais même pas ce que siginifiait le mot « rupture conventionnelle du contrat de travail », je ne savais pas comment intégrer le médecin du travail dans ma démarche de soins, ni comment répondre à nombreuses questions concrètes des patients notamment sur le montant des indemnités, je ne savais pas non plus qu’il existait dans les hôpitaux des services de pathologies professionnelles.

C’est un domaine qui m’intéresse énormément, au delà du fait que sa prévalence rend nécessaire de savoir s’y retrouver. Quelques petites années plus tard, par la force des choses et des situations rencontrées et grâce à des séminaires de formations continues  (du temps où les jours n’étaient pas limités et où l’on était rémunérés:petit clin d’oeil à l’OGC et au rapport de l’IGAS), j’ai l’impression de maitriser le sujet et c’est agréable de sentir que je peux aider mon patient de manière correcte.

Lors d’un séminaire sur accidents de travail et maladies professionnelles, j’ai appris beaucoup de choses qui m’aident au quotidien. Je sais peser les avantages et les inconvénients de faire une déclaration de maladie professionnelle (et j’ai été vraiment surprise de constater que ce n’était pas forcément dans l’intérêt du patient de faire une déclaration de MP). Lors d’un séminaire sur les arrêts maladie et l’invalidité, j’ai appris notamment l’intêret du partenariat avec le médecin du travail et notamment de la visite de pré-reprise. J’ai appris à comprendre quelque chose dans le système infernal des fonctionnaires, je sais gérer correctement un temps partiel thérapeutique. Grâce à des expériences personnelles et avec des patients, je connais maintenant le parcours menant à une inaptitude, les délais, les notions d’indemnités temporaire d’inaptitude, d’allocation tierce personne ou autres gros mots ne me font plus peur, remplir un dossier MDPH ne me fait plus blêmir, au contraire, c’est moi maintenant qui incite les patients à les remplir parce que je sais pourquoi (les mots RQTH ou PCH sont maintenant mes amis). Grâce à un séminaire sur la souffrance au travail, j’ai appris comment savoir la repérer et surtout aider les patients au mieux, j’ai appris que l’on pouvait faire une déclaration en accident de travail pour des évènements ayant conduit à une souffrance morale.

Bref, les pathologies liées au travail sont toujours aussi fréquentes, sont souvent une impasse, je me sans souvent impuissante,les récits de mes patients sont toujours aussi décourageants et révoltants, je souhaite toujours que le monde qui m’entoure change  mais je me sens plus armée pour les aider et les conseiller, c’est déjà ça…

Bon, ça fait longtemps que je voulais parler de ce sujet, je n’ai pas réussi à le faire comme je l’aurai voulu mais en cette journée de fête du travail où pour la première fois de ma vie, je n’ai pas suivi la tradition familiale d’aller acheter du muguet et ça me fend le coeur, où la pluie (et quant à moi la flemme surtout) nous a empêché d’aller à la manif, je voulais un peu vous parler de ces travailleuses et travailleurs que sont mes patients et de cette partie de notre métier…

 

Quelques documents

LE SITE ATOUSANTE: la santé au travail

Le site Souffrance et Travail avec notamment la liste des consultations de pathologies professionnelles

Liste des consultations de pathologies professionnelles d’ile de france

Le site de FMC MA-Form avec plusieurs formations sur le sujet

Le site TravaillerMieux notamment sur les TMS

Guide pratique sur les risques psycho-sociaux en entreprise

Lutter contre la souffrance morale au travail