SURPRISE

Alors soyons clairs et je m’en excuse, cela n’a absolument rien à voir avec un article digne d’un blog médical, je raconte juste ma vie, alors qu’on n’est même pas le 17 du mois, je prends de plus en plus de liberté en ce moment!

En étant un peu de mauvaise foi, de la même manière que j’arrive à justifier de prescrire un médicament dans le cadre à 100% (genre, si vous étiez pas diabétique, vous n’auriez pas cette infection pulmonaire: et ça se défend), je pourrais aussi justifier cet article par quelque chose genre, cela parle de la relation entre médecins, de FMC , de la grossesse etc, mais en fait j’ai juste envie de l’écrire et c’est tout.

Par contre, si vous voulez du médical, du vrai, venez faire un tour ici ou ailleurs lundi prochain. Les médecins blogueurs ont préparé leur rentrée! #Teasing #PrivésDeDéserts

Ce week-end, ce n’était pas la grande forme: des choses pas très drôles à faire, tous les petits maux de la grossesse qui s’accumulaient,mon mari qui était de fort mauvaise humeur et qui a passé sa soirée sur son téléphone: il s’est mis à twitter beaucoup d’ailleurs ces derniers temps!!,  un ptit wedding blues…

Oui, comme je fête demain mon anniversaire de mariage, que docmaman se mariait, j’avais une petite nostalgie de mon mariage, il y a 3 ans. Un jour merveilleux avec tous les gens que j’aimais… Faut dire qu’il était top mon mariage: sur le thème du Petit Prince du début à la fin, tellement à fond qu’on a même fait un méchoui ( Décime-moi un mouton) parce que Le Petit Prince est un livre merveilleux que nous aimons beaucoup et qui      représente de nombreux souvenirs. Bref! J’avais le blues, j’avais mal partout et je passais une journée de merde!

Ma boite à bobos et ses médicaments n’étaient que d’une petite aide

 

 

J’étais en plein déménagement de la maison de feu ma mère,et en fin de journée, je repasse chez moi en coup de vent chercher quelque chose que j’avais oublié. Donc forcément, en jogging pourri, toute crado, pas coiffée et enceinte de 8 mois,au meilleur de ma forme quoi, et en arrivant je vois qu’il y a des gens chez moi à travers la porte!

Alors, comme d’abord, j’ai un peu peur et que en plus je soupçonne mon mari de me préparer une surprise, j’envoie mon frère en éclaireur. Oui, parce que petite digression, en plus de 10 ans, mon mari n’a jamais réussi à me faire une surprise, sans le vouloir, je le grille tout le temps.Il a failli réussir pour un week-end à Venise il y a 3 ans, mais il a laissé par inadvertance le guide du routard en évidence.Pourtant, moi qui fouille tout le temps, je fais tout pour pas savoir car j’adore les surprises, donc là, quand j’ai surpris deux ou trois indices qu’il se passait quelque chose, j’ai vite détourner les yeux et reposer son téléphone qui était arrivé dans ma main par inadvertance. Grand bien m’en a pris.C’eût été trop dommage.

Du coup, quand mon frère m’a dit: « Tu peux y aller, ce ne sont pas des hostiles », ce fut vraiment une surprise!!

Il y avait, tenez-vous bien dans mon salon et bien : Des Gens!

Plein de gens, que je ne connaissais pas!

Mais comme jsuis hyper intelligente, j’ai compris tout de suite! J’ai aussi tout de suite compris que ces gens étaient dans ma maison pas très bien rangée, que j’étais dans un état pas terrible et que j’avais laissé trainer des trucs qui foutent la honte mais c’est pas grave!

Donc, il y avait dans mon salon mes « twittamis », ceux que j’aimais, ceux que je lisais, ceux qui me soutenaient, ceux que j’admirais, ceux avec qui je partageais des choses au quotidien depuis plus d’un an sans avoir même imaginé les rencontrer un jour!

J’ai du jouer à deviner qui est qui et j’ai été super nulle, à cause de l’émotion toussa! En voyant les badges, je me disais: Oh putain, y’ a machin, oh merde y’ a lui aussi, et elle, et elle! Alors, en raison de l’anonymat, du secret médical, du secret défense et surtout du fait que je n’ai pas demandé leur autorisation, je ne dirai pas qui était là, mais jpeux vous dire qu’il y avait du beau monde et que je suis pas peu fière.

Il a fallu intégrer tout ça rapidement, d’autant plus que l’on m’a annoncé que tout le monde restait pour le week-end, dormait dans mon grenier et tout et tout. Il a fallu que j’arrête de répéter:il y a telle ou telle personne dans mon jardin et que je fasse comme si tout cela était parfaitement normal.

Ma fille était morte de peur, elle hurlait et allait se cacher: « Mais c’est qui ces gens? » « Mais jsais pas ma fille, jles connais pas » « Mais pourquoi ils sont là  »  « Mais je sais pas!! »

Mon mari avait tout organisé, préparé les matelas, à manger pour un régiment , d’autant plus qu’il avait invité tout twitter! D’ailleurs, petite digression, les invitations étaient larges, et à priori ce fut un peu difficile à organiser derrière mon dos, donc si quelqu’un se sent triste de ne pas avoir été invité, ce n’est qu’un zappage sans faire exprès (d’autant qu’il a même invité des gens que je ne connais pas) et il y a bien sûr, beaucoup qui n’ont pas pu venir mais dont la présence m’a manqué.

Bref, j’ai passé un week-end de folie, j’ai dormi trois heures comme quand j’étais jeune et j’ai rien compris à ce qui m’arrivais! Il y avait donc une quinzaine de personnes que je rencontrais pour la première fois et l’on avait l’air de se connaitre depuis toujours.Parce que en plus, à une ou deux exceptions près, mais non jdéconne, parce que sans aucune exception, je n’ai rencontré que des gens formidables et assez extraordinaires, ce qui me fait dire que vraiment y’avait un énorme biais de recrutement.

On a mangé des spécialités de toutes les régions, parce que en plus, ils venaient de loin les bougres ( bon y’en a qui ont laissé volontairement leur belle voiture chez eux ou qui ont fait un voyage en RER groupé à cause de TF1 et de ses reportages sur le 93:-)  et certains ont bien bu aussi! Bref, un week-end aussi agréable que surprenant.

Ah oui, et en plus, c’était pour aucune occasion, mais j’ai eu le droit à plein de joyeux anniversaire ce jour là sur twitter parce que semble-t-il il avait été dit que c’était pour ça (donc merci à ceux qui me l’ont souhaité mais n’oubliez pas de me le souhaiter aussi à la bonne date), mon mari a pour justifier le truc évoqué une baby shower, donc du coup, tout le long du week-end, j’ai eu des cadeaux, des surprises, une carte de non anniversaire, bref du grand n’importe quoi! Je me demande encore pourquoi!! Mais pourquoi!! J’espère que ce n’est pas parce que j’ai raconté un peu trop mes malheurs ces derniers temps! Si c’est le cas et bien je ne regrette pas de l’avoir fait!

En particulier, tout le monde avait préparé une vidéo pour moi: rien que ça. Le thème était de raconter le Petit Prince! Et là, ce fut énorme, énorme d’humour, de talent et d’émotion. Encore une fois,je me dis qu’il y avait un gros biais de recrutement à cette soirée parce que pour qu’il y ait un échantillon avec autant de personnes formidables, c’est statistiquement improbable! Rien que d’y penser, j’ai envie de rire et de pleurer à la fois!

Une des vidéos, avec une mise en scène et un décor époustouflant, m’a fait comprendre que St Exupéry était un visionnaire.

Effectivement  « On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux »

Nous nous sommes connus et appréciés avant même de nous voir, et pour ma part, je n’ai pas été trompée.

Il y a 3 ans, je le disais à mon mariage pour mon mari: Nous nous sommes apprivoisés et il est pour moi unique au monde. Après l’énorme preuve d’amour qu’il vient encore de m’offrir, c’est plus vrai que jamais. Je ne sais pas comment lui exprimer ma reconnaissance et mon amour.

Mais les mots du Renard ont pris une signification nouvelle pour moi: vous tous qui me lisez et surtout vous tous mes twittamis: nous nous sommes apprivoisés et nous avons besoin les uns des autres! Et c’est un grand bonheur!

Même si j’étais triste quand il sont partis..j’y gagne…à cause de la couleur du blé!

La vie nous réserve des surprises, parfois des mauvaises, mais parfois des bonnes!

Et des vraiment étonnantes quand-même!

Et si j’ai un ptit coup de blues: j’ouvre ma boite à bobos: je trouve toutes les bêtises que ces inconnus étranges ont laissé dedans, leurs petits mots et …mon Iphone pour twitter!!

 

 

Je vous fais le cadeau de partager avec vous la magnifique vidéo préparée par deux des participants. Vous pouvez retrouver ces talentueuses photos et bien d’autres sur le magnifique site tout et rien, avec un article sur cette rencontre écrit avec sa sensibilité habituelle!

Prenez-le temps :

Un an

 

Début août,il y a un an . Je suis en vacances. J’ai 30 ans, toutes mes dents…Ma vie est merveilleuse sur certains points, difficiles sur d’autres, comme tout le monde…J’ai l’impression que le côté difficile est plus difficile que la moyenne mais que le côté merveilleux l’est également alors je me dis que ça compense. Je caresse l’idée d’un deuxième enfant mais quelques raisons me font temporiser. Je suis dans une période de ma  vie un peu particulière qui se traduit en pratique par une écrivite aiguë, j’écris beaucoup et je présente une certaine logorrhée que je réserve à quelques personnes proches, les pauvres …Si seulement je pouvais avoir des gens, que je ne connaîtrais pas même mais avec qui je pourrais discuter jour et nuit…Il faudrait inventer un concept dans ce genre…

Côté professionnel, j’aime mon travail et j’ai conscience de la chance que ça représente. J’ai cependant conscience que dans ce choix qui fut le mien, la route est quasi finie, pas de grande carrière en attente, je n’aurai jamais le prix Nobel, aucune rue ne portera mon nom, je serai et je l’ai choisi simplement un médecin généraliste. De rares fois,cela m’attriste quelques secondes mais pas plus: »Passé 30 ans et je sais du moins j’imagine , je n’aurai jamais mon nom dans les magasines » dit Goldmann…

À ce moment, je vis dans l’obscurantisme… Je ne le sais pas alors , je m’en rends compte maintenant. De la même manière que la réplique des visiteurs: « il sait même pas qui est Michel Drucker » moi je ne sais même pas qui est Dominique Dupagne ….

Je suis en Bretagne, c’est joli la Bretagne! J’ai abandonné fille et mari pour faire une promenade au bord de la plage au coucher du soleil.J’éprouve le besoin dans cette période de trouble intérieur de « faire le point au contact des éléments » mais comme Bénabar, « tout ce que j’en conclu, jdois pas être une poète,c’est que ça doit être chiant, très chiant d’être une mouette »

Je suis prise d’une envie irrésistible de me baigner mais il fait nuit et je n’ai pas de maillot… Qu’à cela ne tienne, je pars me battre avec les grosses vagues pendant une grosse demi heure et rentre tard retrouver mon mari inquiet, après avoir traversé tout le centre ville et être passé devant les clients chics du casino et des terrasses des cafés me regardant  d’un drôle d’air, peut être à cause du jean trempé qui me colle aux fesses et du tête shirt mouillé transparent.

Je me sens mieux. Avant de  m’endormir, je vais un peu sur internet, je regarde le blog de Ciloubidouille que j’adore. En dehors de ce blog, de mes mails et de face book, je ne vais pas sur internet. Prise d’une inspiration mystérieuse, peut-être du fait que depuis quelques temps « j’écris » un peu sur mon travail, je tape « blog médecin » sur google et je tombe sur jaddo…

Et c’est le début de la fin de l’obscurantisme.

Je lis tout d’une traite,c’est tout simplement génialissime, elle fait partie de ces personnes qui ont le génie de l’écriture (dans lesquelles j’inclue mon amie Louise et dr who) et en plus, elle raconte des choses dans lesquelles je me reconnais totalement…Grâce aux liens, je découvre Fluorette, Borée…

Ils parlent tous de twitter… Je n’en connais que le nom, je ne sais même pas en quoi ça consiste…Cela éveille ma curiosité, et surtout vu que je suis devenue fan, je comprends que jaddo en personne et les autres « parlent » sur twitter.

Je m’inscris, j’essaye de comprendre comment ça fonctionne…Je passe une heure à essayer de prendre la coque de mon IPhone en photo histoire d’avoir un avatar et je réfléchis un dizième de secondes, malheur à moi, pour me trouver un pseudo.Tout ça avec un IPhone et un réseau tout pourri…

Et alors je comprends petit à  petit comment ça marche. En fait, c’est affreux twitter…y’a plein de gens qui parlent entre eux, qui sont drôles et spirituels et on n’en fait pas parti… Ça me rappelle l’adolescence et je twitte un truc dans le genre, c’est retweeté (j’apprends des nouveaux mots tous les jours) et je ne sais pas comment, Jaddo m’envoie un tweet de bienvenue. C’est l’intronisation!

Je suis dans la voiture, allant de la Bretagne en Normandie, je crie à mon mari « Jaddo m’a dit Bonjour, Jaddo m’a dit Bonjour! Comme une enfant… Ce soir là, mon téléphone ne cesse de vibrer. Et forcément,  quand Jaddo dit bonjour à quelqu’un, il y a un afflux de followers et de fil en aiguille, je deviens une twittos.

C’est le début de la fin…

Je rentre alors dans un monde parallèle et découvre toute la richesse de la blogosphère médicale. Et puisque j’écris déjà, je me laisse séduire par l’idée d’avoir un blog moi aussi. Je me demande ce que je pourrais avoir à dire d’intéressant et surtout je me dit que ça fait très copieuse quand-même… Mais je suis dans une période logorrhéique, je ne peux pas m’en empêcher. Je ne sais encore pas aujourd’hui comment j’ai réussi à construire le blog, toute seule, grâce à des tutoriels, des forums. Il y avait toujours un truc qui clochait, qui ne marchait pas, j’y ai passé deux jours, ou plutôt deux nuits.. Je me revois à 4 heures du mat  aller voir ma mère chez qui je dormais en pleurant parce que j’avais modifié un truc et que tout avait planté…Et je n’ai toujours pas réussi à mettre une photo au bon format pour la page d’accueil et puis surtout je  n’ai pas trouvé LA photo (à bon entendeur). Bref, ce fut infernal mais j’ai vaincu. Et le 17 août , j’ai lancé mon blog!

 

Un an plus tard… Je suis en vacances… Encore, mais c’est un peu la période en même temps, entre temps, j’ai travaillé. Je suis sur un transat au bord de la mer. L’année dernière j’en caressais l’idée, cette année je caresse mon ventre arrondi…enfin plus qu’arrondi, et puis qui bouge tout seul, comme si y avait un alien à l’intérieur…en même temps c’est un peu ça! Je n’ai plus vraiment d’écrivite aiguë (pendant cette semaine de vacances, je me surprends même à apprécier d’être éloignée de toute communication (pas totalement bien sûr) et j’expérimente le fait nouveau et étrange  de ne pas être obligée d’avoir mon téléphone toujours auprès de moi)  mais je me force à écrire car c’est quand-même une grande commémoration que celle ci. Je passe d’excellentes vacances, même si je me serais reposée davantage en restant au travail. Nous ne saurons décidément jamais passer des vacances à rien faire! Cet après midi plage sera le seul de la semaine qui a été bien remplie de visites, ballades, pas une seconde de répit, il y a trop de choses à faire. Bon, j’en peux plus en vrai, en plus ça grimpe, il fait chaud, j’ai mal partout et j’ai envie de faire pipi tout le temps…mais ces vacances au pied des remparts de Carcassonne resteront un excellent souvenir. Je me dis encore une fois que j’ai beaucoup de chance d’avoir tout ce que j’ai…Je ne peux même plus prétendre avec des côtés vraiment difficiles maintenant. Seulement, quand je pense qu’elle aurait aimé tel objet ou tel endroit, ou qu’elle n’aura jamais la chance de voir ou te faire telle ou telle chose, je me souviens que je n’ai plus ma maman pour aller pleurer à 4 h du matin  ou dire que je viens de voir le bébé de mon amie d’enfance, qu’on a fait la chambre du bébé ou que mon blog à un an. C’est la vie. C’est dur d’être heureuse malgré tout mais c’est une habitude que j’ai prise depuis longtemps !

Je pense à l’année écoulée, une année plutôt difficile, avec quelques joies aussi, mais surtout une année riche! Riche de tout ce que la blogosphère médicale et de ce que twitter m’a apporté! Au niveau personnel, j’ai découvert des gens formidables et passionnants. J’ai eu quelqu’un à qui parler jour et nuit! Pour partager des choses futiles ou pour trouver du soutien dans les moments difficiles. Un coup de blues: il suffit de le dire et une bouffée de réconfort nous rempli instantanément. J’ai eu tellement de soutien sincère dans les moments difficiles que si tout ça est un peu bizarre, tant pis, cela m’a aidé énormément. Merci encore à tous. Au niveau professionnel: cela a vraiment changé ma pratique. Et  la lumière fut je dirai! La meilleure FMC possible.. Des références, des articles rigoureux,  les dernières actualités, une nouvelle façon de réfléchir,avec Dominique Dupagne en chef de file. Et si j’ai une question médicale, je la pose et des réponses argumentées avec les références précises arrivent en quelques minutes. Un outil incroyable…

Et je suis tellement fière de faire partie de cette communauté (médicale mais pas que). Car je pense que je peux dire que j’en fais partie maintenant, et même que Jaddo jlui parle autant que je veux et que ça me fait plus crier de joie à chaque fois (même si elle reste la grande prêtresse et que ses articles et tweets sont toujours les plus spirituels), que Borée m’a adorablement fait parvenir un exemplaire dédicacé de son livre et que je tutoie Dominique Dupagne (mais pas Michel Drucker). Peut-être même qu’il y en a qui sauteront de joie parce que je leur enverrais un tweet. N’exagérons rien! Enfin, quand j’écris une grosse connerie genre je suis au ciné avec mes lunettes de ski au lieu des lunettes 3D, il y a potentiellement 840 personnes qui peuvent le lire… Mais si je dis que je suis fière, c’est parce que j’estime toutes ces personnes et les évènements récents m’ont fait prendre conscience du pouvoir que pouvait avoir notre communauté. La pétition lancée par Farfadoc a pris une ampleur phénoménale et est remontée rapidement jusqu’au ministère de la santé, ce qui est quand-même incroyable. Moi, je n’y suis pour rien ( Dr Couine non plus d’ailleurs) mais quand-même il est certain désormais que le web 2-0 est un outil incontournable, pour la médecine, pour tous les domaines, pour faire la révolution…et ouf heureusement,que je m’y suis mise….

Quant à mon blog, qui fête son anniversaire (oui vous avez compris j’âdore les célébrations), je suis contente de n’avoir eu aucune personnalité et de l’avoir commencé l’année dernière.

Si je fais le bilan, c’est quand-même en tout cas moi je trouve étourdissant, 70 articles (ah quand-même, en fait jviens de regarder c’est beaucoup je trouve) plusieurs centaines de personnes viennent chaque jour sur le site, il y a eu 120000 visites depuis le début mais surtout au delà des chiffres dont on  se fout, certains commentaires m’ont touché et m’ont laissé imaginer que ce que je disais pouvait parler aux gens, les toucher, les faire réfléchir, voire les aider ou en tout cas avoir un impact. Et ça c’est fou! Au delà du côté narcissique de la chose qui est assez évident, je suis heureuse de voir que ce je dis peut intéresser des gens, et que peut-être je réussi un peu à faire passer le message que la médecine générale, c’est bien, que la Seine-Saint-Denis c’est bien… Et d’autres encore …

Cela m’a aidé cette année d’écrire, et la cerise sur le gâteau, ce fut d’être lue! Et semble-t-il appréciée.

Alors merci à tous ceux qui ont rendu ce rêve possible (oui là je m’entraine pour la remise du Prix Nobel), je vais tenter de continuer, je n’aurai très probablement pas de rue à mon nom mais cette année j’ai eu mon nom dans les magasines:-)  Mon pseudo (ridicule) dans certains (et dans Le Monde grande fierté) et même mon vrai nom (pas terrible non plus d’ailleurs) dans d’autres…Comme quoi! La vie peut nous surprendre …

 

PS: en fait nous ne sommes plus le 17 août  depuis quelques  minutes et surtout je n’ai pas de réseau pour publier l’article… Ça m’énerve …

 

 

Savoir partir…pour mieux revenir

Ca y est, c’est les vacances!

Sauf que moi ce n’est pas en vacances que je pars, c’est en congé maternité…

Je pars une petite semaine en vacances quand-même mais après, je ne reviens pas…jusqu’au mois de décembre.

Ca fait un drôle d’effet.

Comme je l’ai déjà dit, je ne suis pas du genre à culpabiliser de prendre des congés. J’aime bien la culpabilité, l’auto-flagellation etc mais de manière adaptée, un petit peu mais pas trop.

Comme je l’expliquais ici, j’ai la chance (que j’ai un peu forcée avouons le) de ne pas travailler énormément. Quand je lis le dernier article de Fluorette et le témoignage d’autres médecins, je me sens comme une amatrice en fait, je ne gère pas le quart de ce qu’ils gèrent. Du coup, je me dis parfois que je n’ai pas la légitimité de témoigner sur ce blog, de dire que d’être médecin généraliste c’est super génial. Donc, je reprécise, je ne suis pas représentative du médecin installé. Je suis par contre le témoignage que c’est éventuellement possible l’installation autrement.

Le fait que je travaille moins que la moyenne des généralistes (enfin je travaille hein quand-même, presque tous les jours même) vient du fait que, d’abord j’suis fatiguée de naissance et que j’aime pas me lever le matin donc j’aime bien le libéral qui me permet de commencer à 11heures si j’en ai envie, que vous l’aurez compris j’ai eu une vie personnelle un peu difficile avec des responsabilités extra-professionnelles qui ont fait que je n’ai pas jusqu’à maintenant voulu prendre d’engagements trop prenants et surtout que j’ai une conscience accrue du fait qu’il faut prendre du temps pour soi dans la vie pour éviter le burn out (j’en parlais ici) et que ça je sais très bien faire!

Donc, il était tout naturel que dans cet état d’esprit, je fasse quelque chose d’assez extraordinaire pour un médecin: Et bien je prends un congé maternité!! Et oui, jsuis gonflée!

Un vrai: 6 semaines avant et j’ai prévu 8 semaines après (normalement c’est 10 semaines mais pour plusieurs raisons je me contenterai de 8)

Pour être honnête, je pars même 7 semaines avant parce que je voulais quand-même profiter d’une semaine de vacances en famille avant que mon mari ne reprenne le travail. (Mais j’aurai pu faire pire puisque ça fait 15j qu’il est en vacances et que je bosse).

Donc je suis vraiment gonflée, je ne recule devant rien…

Alors du coup, j’ai un peu culpabilisé (mais pas trop bien sûr) parce que forcément, quand je dis que je pars en congé maternité, on me répond: « Ca y est, tu as perdu les eaux » « Ah tu es déjà à 9 mois ». Tout le monde raconte des histoires de perte des eaux pendant une chirurgie ou du même genre. Wonder Woman la boutonnologue qui a travaillé jusqu’à très peu de jours avant en soutenant thèse/DEA/DES ou autres brillantissimes choses juste avant  a repris moins de 3 semaines après l’accouchement.

Et bien moi, non, tant pis, je ne serai pas wonder woman, je trouve déjà bien d’être allée jusqu’au congé mater normal.Pour ma première grossesse,j’étais interne, j’étais déjà fière de ne pas avoir pris le congé patho!J’ai arrêté cette semaine une patiente bien moins enceinte que moi et à la fin, elle voit mon ventre et a du se sentir un peu mal quand je lui ai dit que j’étais à 33 SA.

Certes mon travail n’est pas physique, certes je n’ai pas de transport et j’aurai pu continuer encore,et certes la grossesse n’est pas une maladie mais déjà il fallait prévoir à l’avance, et puis c’est comme ça.

J’ai quand-même un gros bide, c’est quand même encombrant, surtout pour examiner les enfants qui bougent dans tous les sens et donnent des coups de pied,se baisser ramasser tout ce que je fais tomber, porter mon énorme sac en visite…en plus ça fait un mois que j’ai une tendinite au pied, que je boite et que j’ai très mal,etc, j’arrête de faire ma cosette avant de parler d’histoires d’hémorroides (en vrai, j’en ai même pas) ou de ma mère qui vient de mourir (en fait vous avez vu, j’aime bien faire ma cosette).

Et puis pour ma dernière journée,ce fut folklo:sans RDV le matin,les patientes logorrhéiques se sont enchainées, je veux parler de celle que tu vois dans la salle d’attente,tu pleures, la patiente qui refrappe trois fois à la porte pour continuer la conversation,des visites, la consultation au foyer de l’ASE qui n’en fini pas et que du coup,tant mieux, j’ai pas eu le temps de faire des adieux plein d’émotion à Super Infirmier qui ne sera plus là quand je reviendrai et avec qui j’ai adoré travailler, le patient du podologue qui fait un malaise et qui se relève juste quand je viens de finir ma conversation avec le 15, les 4 lapins de l’après midi,lle secrétariat qui marche pas et le mari qui arrête pas d’appeler pour qu’on échange de voiture quand jsuis au téléphone avec le spécialiste de l’hôpital pour gérer un truc important avant de partir. Et ma patiente ado/nounouille/que j’aime bien quand-même qui vient avec une demi-heure de retard quand j’ai déjà tout fermé et qui en fait hier était malade mais aujourd’hui ça va …Bref, ils sont tous gentils, ils ont fait en sorte que j’ai moins de regrets…

Donc bref, je voulais en profiter pour dire quelque chose que l’inconscient collectif ne sait pas forcément, tout encombré qu’il est d’histoires de pauvres femmes médecins qui travaillent jusqu’à dilatation complète: le congé maternité existe pour les femmes médecins libérales depuis 2006.

Vous en trouverez les détails avec une petite historique ici ou ailleurs. En gros, si on prend les congés complets, soit 4 mois, en tout la sécu paye un peu plus de 8000 euros, ce qui fait une moyenne d’un peu plus de 2000 euros par mois.

Alors je ne veux fâcher personne et je vais tenter de ne pas dire de bêtises.

Tout est relatif, pour un médecin qui travaille beaucoup et a de gros frais de fonctionnement, les charges fixes peuvent être très élevées, jusqu’à 5000 euros et même plus. La différence de revenu est donc assez conséquente et on voit bien que le congé maternité est plus compliqué. De plus, il y a parfois au delà du côté financier, le poids de la patientèle. Il n’est pas toujours possible d’avoir un remplaçant et il est donc compliqué de laisser les patients 4 mois sans quelqu’un qui prenne la relève derrière.

Donc je comprends tout à fait la difficulté pour certains médecins de prendre leur congé maternité. Et pour beaucoup, ce métier est vraiment un sacerdoce.

Mais il ne faut pas non plus tomber dans l’autre versant et trop se plaindre non plus: les indemnités journalières sont quand-même plus élevées que la moyenne des gens et il serait indécent de dire quelque chose du genre « la sécu verse des clopinettes ». En règle générale,(en règle générale hein j’essaie de nuancer), un médecin gagne bien sa vie hein quand-même et que si on a beaucoup de charges et qu’on travaille beaucoup (ce qui n’est pas mon cas), on a des gros revenus quand-même et que si on gère bien son argent(ce qui n’est absolument pas mon cas) on peut mettre des sous de côté.Et parfois, on parvient quand-même, des fois ça arrive, à trouver un remplaçant et  celui ci nous reverse quand-même 20 à 30% de ce qu’il gagne.

Donc bref, chaque situation est différente et pour ne parler que de la mienne que je connais, je trouve que ayant  peu de charges et ayant la chance d’avoir un remplaçant, je peux me permettre de prendre le congé maternité que j’ai l’outrage de prendre.

Encore une fois, mon message est que mon cas n’est pas forcément représentatif mais que c’est possible.

Et qu’il faut savoir quelques soient les circonstances, savoir lâcher prise et s’occuper de soi. A mon humble avis…

Parce que il y a toutes les problématiques pratiques et matérielles dont je viens de parler et d’autres aussi peut-être que j’ai oublié. Mais il y a aussi le fait que quand-même: on les aime nos patients! et que eux ils nous aiment aussi dès fois. Et que aussi, ils ont besoin de nous, et parfois même quand c’est pas le cas, on pense qu’ils ne pourront pas s’en sortir sans nous.

J’ai pensé très fort ces jours ci à l‘excellentissime article de Dr Couine

Il explique bien la complexité des choses.

D’un côté, les patients ont quand-même réellement besoin de nous, et c’est parfois pesant comme pression, c’est quand-même un métier particulier que l’on emmène le soir avec nous dans notre tête et que l’on ne peut pas laisser en plan comme ça, sans organisation, juste parce qu’on a pas envie d’y aller ou juste parce qu’on a envie de partir en vacances ou qu’il faut faire sortir un bébé de son utérus.

D’un autre côté, nul n’est indispensable,en règle générale, il y a d’autres médecins, des fois inconsciemment on aime bien l’idée que les patients ne peuvent pas se passer de nous, des fois,la pression est celle que l’on se met tout seul et puis des fois même, quand on est pas là, et bien ça se passe bien sans nous.

C’est pareil, cela dépend des cas, du lieu d’exercice, de si on est seul ou en groupe, de la possibilité ou non d’avoir un remplaçant, mais quelque soit le cas de figure, c’est difficile d’abandonner de laisser ses patients.

Moi, je les laisse au bon soin de mes collègues, de ma collègue/remplaçante/amie et de mon remplaçant (j’aime bien dire ça « mon remplaçant » parce qu’en vrai c’est la première fois que j’ai un remplaçant, y’a pas si longtemps, c’était moi la remplaçante) je sais donc qu’ils sont entre de bonnes mains et je ne me fais pas de soucis.

Mais quand même, plusieurs fois je me suis dit, mince, ce patient là, faut que j’en parle à ma collègue, mince celui là, c’est compliqué, mince celui là c’est dommage on avait une bonne relation…et je mets plein de petits mots dans les dossiers, comme si vraiment, vraiment sans moi, mes collègues allaient pas s’en sortir.

Je fais des petits résumés pour faciliter la compréhension rapide du dossier parce que en fait, je m’aperçois que mes dossiers sont peut-être pas si bien remplis que ça.  Et puis je fais toute ma paperasse que je fais jamais, mes demandes d’ALD pour que mes collègues ne s’exclament pas à juste titre: »Mais ça fait 3 mois que le diabète a été découvert et la demande de 100% n’est pas faite », je scanne tous les courriers que j’ai pas scanné depuis des jours semaines mois, je range mon bureau, je commande des streptotests, bref tout ce que je ne fais jamais!

Et à (presque) chaque patient, j’ai un petit pincement au coeur et je m’applique dans les dossiers.

Pour certains patients qui ne connaissent que moi (y en a pas beaucoup),je leur parle de mes collègues. Y’a mes chouchoux mais je ne suis pas sûre que cela devienne les chouchoux de mes collègues.

Y’a la famille entière qui vient me voir d’une ville assez loin,les parents ou les enfants ont tout le temps un truc, tout le temps. Je les aime bien, la maman si je pouvais, je l’engagerais comme assistante, avant même que ce ne soit son tour, pendant que je fais l’ordonnance de celui d’avant, elle a déjà déshabillé, pesé et mesuré l’enfant, ouvert les vaccins, elle tient les enfants pour les examens ou les vaccins super bien, ils sont gentils, ils m’offrent des fleurs. Mais si je les vois avec les yeux de mes collègues, je peux imaginer que les consultations avec les trois enfants qui jouent (assez sagement cela dit même si le ptit m’a il y a un bout de temps arracher le papier peint) les motifs multiples de consultation, le père qui a une situation d’accident de travail assez enkystée, bref ça ne va pas être forcément leurs chouchoux.

Y’a ceux dont le dossier est compliqué, des histoires d’accident de travail que je gère avec le médecin du travail etc..

Y’a  les patients avec lesquels j’ai l’impression d’avoir instauré une relation de confiance.

Hier, j’ai vu Mr S. J’ai marqué un ptit mot RESUME comme à d’autres avec comme conclusion: Etre gentil avec Mr S, ne pas le brusquer, ne pas le contrarier: l’objectif est qu’il aime les médecins!

En effet, je l’ai vu en avril pour la première fois, diabétique de type 2, 37 ans, il avait arrêter son traitement et tout suivi depuis plus de 6 mois. J’ai repris les choses tout doucement, opération séduction à fond: non vous ne payez pas, non on fera ça la prochaine fois, on fait tout comme vous voulez. Non j’exagère mais l’idée, c’était ça, lui dire « A quoi êtes vous prêt vous? », diminuer les contraintes et dédramatiser. J’ai regarder d’un oeil noir mon externe qui lui a dit lors de la première consult: « mon dernier stage, y’avait des gens qui s’étaient fait amputer à cause du diabète » « euh mais non!!! » C’est là que j’ai vu que j’avais grandi. Et aujourd’hui son diabète est très bien équilibré( pour les initiés: il est passé de 12.2% à 7% d’HBA1C).

Y’a ceux que je venais juste de rencontrer et que je me dis c’est dommage de ne pas pouvoir continuer ce qui vient juste d’être entamé.

Y’a cette jeune fille de 24 ans, toute mignonne, que je voyais pour la première fois et qui venait de m’avouer une dépendance à la codéine et une envie de prendre les choses en main, avec qui déjà en une semaine, on avait commencé quelque chose.

Y’a ces enfants qui grandissent tellement vite que quand je reviendrai ils marcheront.

Y’a mes enfants du foyer de l’aide sociale à l’enfance…pour lequel en plus je n’ai pas de remplaçant, donc je sais que ça va être le gros bordel.

Y’a Mme B. dont j’ai parlé ici, que je vois à domicile, dont l’état se dégrade et que je laisse surtout entre les mains des spécialistes de l’hôpital…Ca m’embête…en même temps, égoistement, ça soulage une partie de moi, la visite d’hier a été épouvante. Elle me renvoie tellement en terrain connu que je sais que je peux l’aider mais cela est très éprouvant. Ecouter, rassurer mais ne pas trop en dire non plus… En sortant de chez elle, j’ai pleuré. Et puis ça m’embête parce qu’à la bio d’aujourd’hui, elle a 8g d’Hb et que faudrait que je règle ça avant de partir.

Et puis, y’a Mr G .

Et puis quand-même, soyons positif:

Y’a tous ces patients énervants que je ne verrai plus!

Y’a tous ceux pour qui peut-être sans le savoir, je fais n’importe quoi et que mes collègues vont remettre sur pied, y’a toutes les erreurs que je fais qu’ils vont rectifiées, y’a tous ces patients que je ne tuerai pas .

Y’a Mr B. avec qui j’ai l’impression de tourner en rond, avec qui j’ai tout essayé mais rien n’y fait, il ne se soigne pas, il va mal, je ne fais que lui faire des arrêts quand il les demande (et qui sont justifiés vu son état de santé pour lequel il ne fait rien). Je ne suis pas sûre que les autres y arriveront mieux que moi mais au moins je ne me dirai plus que peut-être avec un autre médecin…

Et puis y’a ce couple qui me rend folle! Je ne peux pas en parler plus en détail de peur qu’ils se reconnaissent mais même si je leur ai clairement expliqué aujourd’hui que notre ce n’était plus possible de faire du bon travail ensemble et que de toute façon, je ne voulais plus être leur médecin ( une première pour moi), qu’est ce que je suis contente de ne pas être là pour la suite….

Rien que pour ça, ça vaut le coup de le prendre ce congé mater!!!

Et puis y’ a les grasses mat!et demain mes vacances! A Carcassonne, voir le bébé de mon amie d’enfance qui vient d’accoucher (enfin une césarienne c’est pas un accouchement jdis ça jdis rien) .

Et puis bientôt, y’aura le mien de bébé!!

Alors, voilà, je pars avec un ptit pincement au coeur mais le coeur léger.

J’ai bien aimé quand-même faire des ordonnances de 4 mois pour ceux qui voulaient pas voir,sauf absolue nécéssité,un autre médecin.

J’ai bien aimé ceux qui sont venus pour presque rien cette semaine juste pour me dire au revoir.

J’ai bien aimé ceux qui me souhaitaient bonne chance.

J’ai bien aimé les ptits cadeaux et les grosses fleurs.

Je vais bien aimer les revoir tous en décembre…

Mais je sais qu’entre temps, ils s’en sortiront bien sans moi!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les petits ruisseaux …

Pour ceux qui ont réussi à passer à côté des JO du buzz du moment sur la dignité des patients et les blouses d’hôpital, lancé il y a une semaine par le désormais célèbre article de farfadoc (suivi de cet article) qui a fait suite lui-même  à l’article de Leya MK (dignité mes fesses), je ne peux que vous conseillez de lire ces liens.

Pour introduire le sujet, je n’ai pas le talent de Jaddo (mon cul c’est du poulet) (qui en avait d’ailleurs déjà parlé ici il y a longtemps), ni celui de Sous la Blouse (qui en avait d’ailleurs déjà parlé ici il y a longtemps, mais si plusieurs personnes, médecins, kinés, soignants sans se concerter initialement puis ensemble ont ressenti le besoin de parler de ce sujet, c’est que ce n’est pas anodin.

Bien sûr, il y a des sujets plus importants, bien sûr le sujet précis des blouses d’hôpital n’est que la partie visible de l’iceberg de la façon dont les patients sont traités à l’hôpital où même en général. Personnellement, si j’ai beaucoup de rancoeur ou de désillusion façe à la prise en charge de la personne en tant que telle dans le parcours difficile que nous avons vécu mes proches et moi, je n’ai jamais expérimenté la blouse ouverte de l’hôpital en dehors du jour de mon accouchement mais en même temps ce jour là au point où tu en es….mais je pense que ce sont les petits ruisseaux qui font des grandes rivières et que prendre conscience que les patients doivent être traités avec considération est très important! (Surtout que j’y retourne bientôt la mettre ma blouse d’hôpital!)

Alors un grand merci à tous ceux qui ont contribué à ce mouvement…

lisez les liens, ils valent la peine et surtout  signez la pétition en ligne

PS: Discutant à l’instant avec Dr Who: il me signale qu’il faut bien préciser si on parle des blouses des patients ou de celles des infirmières….

« C’est quand-même plus sympa une blouse ouverte quand l’infirmière te demande si tu vas bien le matin »

« Ah vous les médecins, vous ne vous mettez pas à la place des gens! »

Donc bien sûr, il s’agit des blouses de patients….

 

 

 

 

Pourquoi ces rivières…

J’écoute Alain Souchon dans ma voiture. D’un revers de la main, j’efface…

et je pense

à ce patient ce matin:

Mr D.  35 ans, patient de ma collègue que je n’ai jamais vu, qui ne vient pas souvent d’ailleurs. Patient très chic, qui arrive drappé dans sa dignité et m’expose parfaitement dans un langage très élaboré le motif de consultation: clair, concis, il décrit ses crises d’angoisse à merveille .Séparation récente, n’a vu son fils qu’une fois en un mois. Il ne se fait pas passer pour la victime pour autant. Il sent qu’il a besoin d’aide. On sent que cette phrase est déjà énorme pour lui qui a un certain besoin de contrôle et une certaine dignité à garder. Et puis tout à coup, il sanglote…à grosses larmes, et tout le long de la consultation, il pleure, il pleure …

Soudain, ces rivières…

Et il dit « Ca ne se fait pas de pleurer à mon âge. »

Seuls les enfants ont le droit de pleurer?

Ils ne s’en privent eux au moins.

Il y a ceux qui hurlent plus qu’ils ne pleurent, par peur… quand on les vaccine par exemple…

Et il y a ceux qui pleurent avec des vraies larmes…déjà c’est plus émouvant, cela fait un ptit quelque chose quand-même un enfant qui pleure, surtout si c’est à cause de nous, méchant docteur qui est obligé de lui faire mal…

Même les larmes de ma fille qu’on avait enfermée dans le jardin sous la pluie hier soir tellement elle était insupportable m’ont un peu émue …jusqu’à ce qu’on la laisse rentrer! (c’est bon ne jugez pas, il y a un contexte!!)

Quant aux récents sanglots de ma nièce, ils resteront une image douloureuse que je n’oublierai pas.

Il y a les larmes de rage de T. 12 ans, revenant du tribunal où le juge venait de prolonger l’ordonnance de placement de 6 mois alors que lui trouvait que sa mère allait beaucoup mieux (ben oui déjà elle tenait debout).

Et un enfant qui pleure en silence, là ça me fend le coeur..

Comme Z. au foyer de l’ASE où je travaille, la première fois où je l’ai vue, elle ne parlait pas, à 6 ans, elle ne parlait pas. Mais comme, elle avait peur, elle ne disait rien, juste des larmes coulaient silencieusement sur ses joues…Je l’ai revue aujourd’hui, je n’ai eu le droit qu’à des « oui » mais plus de pleurs, même des sourires, et parait-il que maintenant elle parle beaucoup.

Mais les enfants n’ont pas le monopole des pleurs, en tout cas ne devraient pas …

Le cabinet du médecin est un lieu propice pour se laisser aller à ce « vice » affreux qu’est de pleurer…encore pire même que de se plaindre.

Ce que les gens se refusent à faire dans leur vie, parfois ils se l’autorisent chez le médecin.

Parce qu’ils n’en peuvent plus et qu’ils se retiennent tout le temps de craquer…

Alors ils arrivent et ils déballent…comme Mr D., comme Mme A. qui sort de mon bureau de la maison médicale de garde à l’instant. Conductrice de bus, elle a subi une agression verbale violente avec menaces et présente un petit stress post traumatique.Son directeur est gentil, il lui a donné trois jours de congés payés, lui a pris rendez-vous avec une psychologue et lui a dit gentiment: « Lundi, tu reviens ». Lundi, elle est revenue, mais la journée a été très dure, elle était très angoissée, un peu endormie aussi à cause du comprimé que son médecin lui a donné dont elle ne sait plus le nom mais sur la boîte duquel il y a un triangle orange, et elle a un peu grillé deux feu-rouges aussi! Mais elle n’a pas pleuré! Elle a attendue et a tout lâché devant moi!

Souvent, les gens nous livrent ce qui ne va pas dans leur vie et comme souvent leur vie est triste (oui peut-être que ma vision est biaisée mais souvent quand-même leur vie est triste) parfois ils pleurent en même temps, sans s’en rendre compte forcément..  Dès fois même, c’est tellement triste ce qu’ils racontent que j’aurai bien envie de pleurer aussi!

Les larmes de Mme I. me viennent à l’esprit. Son histoire est triste certes mais c’est surtout la façon dont elle essuie les larmes sur sa joue tout en continuant dignement son récit, consultation après consultation, qui restent ancrées dans mon esprit. Elle me raconte comment son mari l’a quitté, une semaine avant le RDV prévu pour finaliser la procédure d’adoption après des années de désir d’enfant, et la façon dont se passe la séparation. Bref, c’est triste, mais que ce soit cette peine là ou une autre, combien de larmes sur les joues de nos patients?

Parfois, ils sont justes fatigués par la vie…

Parfois, ils n’ont même plus de larmes…

Et souvent, ils se l’interdisent…

Pleurer, se laisser aller à se plaindre, se permettre de faire tomber les barrières qui nous aident à tenir, ce n’est pas dans l’air du temps… Alors, on dit que tout va bien, on croit même que tout va bien, et de temps en temps d’un revers de la main, on efface….

Combien de patients dont on sent qu’ils vont mal mais qui n’osent pas, qui n’arrivent pas à ouvrir les vannes et pour lesquels on passe à côté de leur souffrance. (voir ici)

C’est sûr qu’il faut chercher. Aujourd’hui, pour ma première consultation à l’hôpital, on m’ a demandé ma pointure mais pas comment je vivais un tel deuil à ce stade de ma grossesse. (Et ça m’a bien arrangé d’ailleurs!)

Moi aussi, probablement souvent, je ne demande pas…et puis faut avouer que c’est déstabilisant quelqu’un qui se met à pleurer…

Alors voilà, ça se passe partout à toute heure, d’un revers de la main, on efface…

Il y en a une, quand en consultation, elle sent ses larmes monter et qu’on lui tend un paquet de mouchoir, elle s’énerve: « mais non j’en ai pas besoin »…

ah non ça c’est moi … pleurer en cachette, c’est plus rigolo!

et pour ceux qui se posent la question: je fais du 39!

Ça s’passe boul’vard Haussman à cinq heures. Elle sent venir une larme de son coeur. D’un revers de la main elle efface. Des fois on sait pas bien c’qui s’passe.
Pourquoi ces rivières Soudain sur les joues qui coulent. Dans la fourmilière C’est l’Ultra Moderne Solitude.
Ça s’passe à Manhattan dans un coeur .Il sent monter une vague des profondeurs .Pourtant j’ai des amis sans bye-bye .Du soleil un amour du travail.
Pourquoi…
Ça s’passe partout dans l’monde chaque seconde. Des visages tout d’un coup s’inondent. Un revers de la main efface. Des fois on sait pas bien c’qui s’passe.
On a les panoplies les hangars. Les tempos les harmonies les guitares. On danse des étés entiers au soleil Mais la musique est mouillée, pareil.

Pourquoi ces rivières Soudain sur les joues qui coulent. Dans la fourmilière C’est l’Ultra Moderne Solitude