LE CERTIFALACON D’OR

Bonsoir à tous!

« Etre médecin…une grande fierté, un aboutissement. Maintenant que nous sommes parvenus à ce statut magique où l’on sauve des vies tous les jours,où on aide les gens à vaincre LE rhume et autres fléaux, nous pouvons exercer également le super pouvoir qui est intrinsèque à notre statut:la rédaction de certificats.Ces années d’études difficiles, les sacrifice et l’abnégation nous ont conduit là, un des buts ultimes de notre formation: savoir manier le stylo (ou le clavier) et exercer notre art, ce don que le monde entier nous envie:Certifier! Certifier quoi? Tout! Le médecin n’est-il pas totipotent? »

La saison des certificats touche à sa fin, même si l’on voit ceux-ci tout au long de l’année. En début de saison a été lancé le concours des CertifAlaCon! Etant en congé maternité, et échappant de ce fait ,à mon grand plaisir, à la saison des certifs, je me suis autoproclamée jury. Je suis donc unique et partial jury de ce concours qui était ouvert à tous et qui a été mené essentiellement sur twitter. On pourrait imaginer évidemment des tas d’autres mais il s’agit de certificats tout à fait authentiques de la saison 2012  bien que validés par aucun huissier de justice!

Soyons clairs et même si il peut y avoir un ton d’ironie dans ce palmarès, il n’est pas ici question de remettre en cause le bienfondé voire l’intérêt de certains certificats. Là n’est pas le propos. Bien sûr, le certificat est quelque chose de sérieux et chacun d’entre nous a conscience de sa responsabilité lors de la rédaction de ces certificats. Les règles de base qui je pense sont respectées par tous les participants sont  que nous ne rédigeons aucun certificat sans voir le patient et n’écrivons rien de faux. Pas de certificat de complaisance!

Nous avons appelé CertifAlaCon, les demandes diverses et variées, parfois saugrenues, qui encombrent notre cabinet. Beaucoup en ont parlé, j’en ai parlé  ici.Je pense que nous sommes tous un peu agacés par ces demandes injustifiées qui prennent du temps et de l’énergie et de plus qui coûtent cher à la société.

Un vent de rébellion souffle actuellement et de plus en plus de médecin refusent la rédaction de ces certificats, législation à l’appui!

Avant de commencer cette cérémonie, il convient donc d’être un peu sérieux et de rappeler les différents textes!

SEQUENCE CULTURELLE

La législation et en particulier la  CIRCULAIRE N°DSS/MCGR/DGS/2011/331 du 27 septembre 2011 relative à la rationalisation des certificats médicaux est claire sur le bien fondé des certificats, ceux qui sont légaux ou non.

Ce document de santé.gouv reprend ces données de façon très synthétique. Ce document peut-être imprimé et joint à tout refus de délivrer des certificats non justifiés.

MG France a également fait une synthèse très claire dans le document ci-dessous.

En ce qui concerne les certificats du sport qui sont la majorité des certificats de début de saison, en gros sont justifiés les certificats pour les licences avec compétition. Les autres très nombreux, du certificat pour la baby-gym au yoga en passant par la pétanque, n’ont  de justification ni médicale ni légale mais sont demandés seulement pour des histoires d’assurance des clubs.

Vous pouvez retrouver toute la législation ici.

Euphorite a également fait comme à son habitude une synthèse très complète ici .

En ce qui concerne les certificats pour les écoles ou les collectivités, vous pouvez retrouver la législation ici et  ici. De la même manière,la plupart sont injustifiés en  particulier les justificatifs d’absence.

A ce sujet, lire la synthèse sur atoute.

Je vais m’arrêter là, le sujet est vaste.On pourrait également disserter sur les certificats d’aptitude à tel ou tel poste, le médecin du travail étant le seul habilité à établir des certificats d’aptitude à l’emploi.

Le problème est qu’en pratique, il est difficile de refuser, en particulier pour ne pas mettre nos patients dans l’embarras.

Il faut pourtant apprendre à dire non et joindre à ce refus les textes de lois est une bonne arme.

La question se pose alors « Comme je refuse de fournir un certifalacon à l école,est ce qu’ on va me demander une attestation médicale de refus » Emmanuelle PH

 Omnipcx met ceci en pied de page systématique des certifalacon.

« Le présent acte est rédigé à la demande de l’intéressé ou de son représentant légal.Il ne saurait engager la responsabilité du médecin dans la mesure où il ne repose sur aucune base juridique ou règlementaire.L’intéressé reconnait avoir été informé de l’inutilité légale de la présente attestation »

Sinon, on peut s’amuser à refuser cordialement ou à avoir des réponses dont l’absurdité est à la hauteur de celle de la demande!

Ce qui nous amène, sans transition,  il était temps, au moment tant attendu…Roulement de tambour….

 LE PALMARES

Et justement pour rester dans le sujet, voici la première catégorie

LE CERTIFALACONDOR DE REFUS CORDIAL

La lauréate est Dr Couine

Demande: Certificat d’aptitude à un job d’été chez une ado pour classer des archives

Réponse:

Ce qui nous amène directement à la seconde catégorie, une des plus attendues:

 

LE CERTIFALACONDOR DE LA REPONSE LA PLUS SPIRITUELLE

Avec le prix spécial de Certifalacon D’Honneur attribué à Genou des alpages, qui est notre source d’inspiration à tous.

Son article brillant dont j’ai déjà parlé est un des fondements de cette discipline.

En voici quelques exemples:

« Je soussigné, Dr Machin, omnipraticien, omniscient, certifie que l’enfant Théo Couran, 3 ans, ne présente, ce jour, aucune pathologie neurologique, cardiaque ni infectieuse ni aucune psychopathologie mettant en danger les adultes et les autres enfants (sous réserve du fait que l’utilisation d’armes à feu et de tronçonneuse thermique soit prohibé dans les locaux scolaires).
Il parait par contre, médicalement apte à l’utilisation de crayolors, de peintures, de gommettes, et de ciseau (à bouts ronds !). 
Certificat humoristiquement débile, mais moins que les lois et réglementations actuelles, établi à la demande de l’intéressé(e) et remis en mains propre pour faire valoir ce que de droit. ». »

Certificat permettant par exemple, à un établissement scolaire de donner de la Ventoline à un enfant asthmatique.
« Je soussigné, Dr Machin, certifie que la jeune Sally Butamol, est atteinte d’un asthme sévère susceptible de provoquer des bronchospasmes aussi subits que graves, mettant en jeu le pronostic vital. 
Dans l’ hypothèse de la survenue d’une crise d’asthme dans les locaux scolaires, il me parait préférable de lui administrer quelques bouffées de ventoline, comme ses parents et la jeune Sally elle-même savent le faire, plutôt que de la laisser mourir la bouche ouverte. Certificat remis à l’intéressée pour éviter une mort pénible par asphyxie au nom du sacro saint principe de précaution, et remis en mains propres …etc etc. »

« Je soussigné certifie avoir examiné le 01/09/2011, l’enfant Margot Mouchu, agée de 6 ans et demi, et certifie que son état de santé est compatible, ce jour, avec la pratique de tous types de danse, que ce soit la danse des canards, le lac des cygnes, la danse avec les loups ou avec les stars, ou tout autre danse animale ou avec des animaux. 
Son état parait également compatible avec la ronde ou la danse carrée (square danse), ou la danse du pays (country). 
Je pose tout de même des réserves sur la pratique de danse de la pluie (me consulter avant de la réaliser, car cela dépends de mes activités personnelles. ).
La danse de St Guy et la contredanse ne sont par contre pas autorisées (message subliminal au papa gendarme). 
Fait le 01/09/2011 et remis en mains (presque) propres à l’intéressée, pour servir et faire valoir ce que de droit »

Il faut cependant le cran de le faire.

Dans cette catégorie, les lauréats sont :

En 3ème position: Dr Loubet

demande: certificat d’aptitude à la marche

réponse:

En 2ème position: Dr Borée

C’était un certificat pour participer à des « Olympiades des métiers ».

 « Je, soussigné docteur Borée, certifie avoir examiné ce jour M. Hugo VICTOR et avoir constaté qu’il ne présente aucune contre-indication cliniquement décelable à la pratique de son activité professionnelle habituelle de menuiserie.
Il ne présente en particulier aucune contre-indication à la manipulation d’une scie, d’un marteau, d’une chignole, d’un ciseau à bois ou d’une lime.
Certificat établi ce jour pour valoir ce que de droit et remis en main propre. »

 

En 1ère position: Dominique Dupagne

à retrouver ici

 

Vous l’avez compris, on demande tout et n’importe quoi au médecin: sa parole est sacrée. On peut certifier n’importe quoi, ça fait plaisir à celui qui le demande, alors parfois on s’éxécute, d’autres fois non.

La prochaine catégorie est la suivante:

LE CERTIFALACONDOR DU TOUT ET N’IMPORTE QUOI

Notre lauréat honorifique genou des alpages l’explique lui-même:

« Je soussigné, Dr MACHIN, certifie avoir vu le 01/09/2011, M. Ernest DUBIDON qui m’a bien confirmé n’être pas allé travaillé le 30 et le 31 août. 
Certificat établi ce jour, à la demande de l’intéressé, pour servir et faire valoir ce que de droit. »

Ne rigolez pas ! ça marche ! Chaque fois que j’ai établi un certificat de ce type, le patient a régularisé sa situation et n’a pas perdu de jour de paye.
Comme quoi, l’important c’est le papier, et non pas ce qui est écrit dessus. »

Les lauréats sont:

En 3ème position:Dzb 17

Demande de certificat attestant que la patiente (une patiente cambodgienne inconnue et ne parlant pas français) vivait « selon la coutume » (refusé)

En 2ème position:Emma/Emamzelle:

14 ans: demande d’ aptitude à dormir en dortoir à l’internat

En 1ère position: Yem/Euphorite

« Je certifie avoir prévu avec Mr S la mise a jour prochaine de ses vaccinations. »

Voilà, la parole du médecin est sacrée, écrivons n’importe quoi, ils seront contents.

 

Pour continuer dans le « tout et n’importe quoi » que l’on demande au médecin,voici  la prochaine catégorie:

 

LE CERTIFALACONDOR PIPI-CACA:

Les lauréats sont (à égalité) :

Dr Hope: Certificat pour donner la permission d’aller aux toilettes à une élève préparatrice en pharmacie.

Moi-même : la même chose chez une patiente travaillant à l’usine et chez une lycéenne qui n’avaient pas le droit d’aller aux toilettes en dehors des horaires prévus à cet effet.

Où va le monde s’il faut un certificat médical pour aller aux toilettes?

Doc Arnica: Certificat attestant que l’état de santé de sa patiente ne lui permet pas d’utiliser la chasse d’eau des toilettes. (patiente atteinte d’arthrose des mains afin que le propriétaire change le système de chasse d’eau)

 

Sans transition, les catégories suivantes :

LE CERTIFALACONDOR « BOULE DE CRISTAL »

Les deux lauréats sont:

Emma/Emamzelle: Certificat attestant qu’une patiente enceinte de plus de 6 mois ne va pas accoucher dans les 72 heures avant de prendre l’avion.

Dzb 17: Certificat attestant qu’un alcoolique notoire sera sobre dans les mois à venir.

 

LE CERTIFALACONDOR SURPRISE

Doc Fanny: Certificat demandé pour une activité surprise offerte pour un anniversaire (en l’occurrence du saut en parachute). Demande et réponse remises dans une enveloppe.

 

LE CERTIFALACONDOR LE PLUS EXIGEANT

-En  3ème position: Doc Arnica:

la maman très organisée (et pas spécialement exigeante en fait) qui a listé la liste des certificats nécessaires pour toute la famille.

-En 2eme position: Docteur V

Pour un stage pour être responsable dans la sécurité

En 1ère position: Ma tante

Non,il n’y a pas de piston!

Ma tante s’est permis de me demander de refaire le certificat d’aptitude à la gymnastique qu’elle avait consciencieusement fait faire par son médecin avant d’aller s’inscrire. Aptitude à la « gymnastique » n’étant pas assez précis:il a été refusé!

CERTIFALACONDOR CATEGORIE ECOLE COLLECTIVITES  ET FOUTAGE DE GUEULE:

Donc on a vu que de toute façon, tous ces certificats sont infondés.

Mais, dans la catégories foutage de gueule maximum, les lauréats sont :

En  3ème position: Doc Fanny:

Certificat pour activité parascolaire de motricité en  maternelle (refus de celui de juin car datant de plus de 1 mois)

-En  2ème position:Marie/EiramMed:

Certificat d’aptitude à aller à l’école (l’école ne voulait pas accueillir l’enfant qui avait mal à la tête)

-En 1ère position:Doc Zerep:

Certificat d’aptitude à la vie en collectivité pour un enfant de 10 jours pour un dossier de crèche!

 

CERTIFALACON DOR CATEGORIE TRAVAIL

-En  3ème position: DocteurFoulard:

Certificat d’aptitude à la vie en collectivité pour être facteur

(commentaire de Dr Foulard: »genre il va pas tuer mémé ni lui refiler la peste »)

Ce certificat est assez représentatif de notre quotidien et n’a bien sûr pas lieu d’être.

-En  2ème position: Docteur Hope:

Homme de 40 ans qui vient pour certificat  pour faire taxi-moto qui oublie les clés de sa moto sur sa moto…

-En première position: Farfadoc:

Certificat d’aptitude à la station debout pour une  apprentie coiffeuse de 16 ans en pleine forme…

 

Avant d’arriver à la dernière catégorie avec le top 3 très attendu, voici le certificat à la con qui je cite celui qui l’a écrit « sauve de tous les autres »:

LE CERTIFALACON PRIX SPECIAL DU JURY:

Prix remporté par Bismuth: le certificat de non contre-indication à faire parti des blouses roses (bénévoles qui accompagnent des malades dans leur parcours médical et qui vont en pédiatrie bercer les bébés)

Après ce joli certificat, voici la dernière catégorie, la plus attendue, qui va clôturer ce palmarès:

LE CERTIFALACONDOR DE L’APTITUDE LA PLUS.. LA PLUS QUOI!

Les nominés sont:

Docteur Tiboulet: Aptitude à la pêche à la ligne en compétition

Dr Stéphane: Aptitude à la course de voitures à pédales

-Dr Stéphane: Aptitude à la course de moissonneuses-batteuses en compétition

-Bismuth: Aptitude au mannequinat pour une enfant de 5 ans

-Jaddo: Non contre-indication à l’utilisation de la scie sauteuse

-Moi-même: Aptitude à l’éveil musical à l’âge de 4 ans

-Dr Oldfab: Aptitude à participer à Koh-Lanta

-Dr Zerep: Non contre-indication à la pratique du théâtre

-Alice Redsparrow: Aptitude à la pratique du yoga

-Doc Fanny: Aptitude à être un super grand loup (activité pour les vacances)

-Dr Moi: Aptitude à la pratique du bridge en compétition

-Dr Moi: Aptitude à suivre des cours de cuisine

-Farfadoc: Aptitude à se rendre au jardin aquatique

 

AND THE WINNERS ARE:

Roulement de tambour…

En 3ème position: Jaddo pour son certificat d’aptitude à l’utilisation de la scie sauteuse.

En 2ème position: Dr Moi pour son certificat d’aptitude à la pratique du bridge en compétition.

Et enfin, le grand gagnant de cette première cérémonie des certifalacon d’or, à l’hunanimité, pour son certificat d’aptitude à la course de moissonneuses batteuses en compétition, Dr Stéphane!!

Bravo à lui, ce prix est amplement mérité!

Voilà, j’espère que ce palmarès vous a plu! Rendez-vous l’année prochaine pour le cru 2013.

Vous pouvez maintenant retirer vos tenues de soirée, vos plaids à manche et reprendre une activité normale.

NB: Quelques perles de certifalacons dans les commentaires !!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 an et 2 mois

ll faut bien l’obligation de ce billet mensuel pour que je me mette devant mon ordinateur. Désolée pour ce long silence, j’ai plein de choses à dire, l’envie d’écrire est très présente mais je ne trouve pas trop le temps en ce moment, étrangement!

Bientôt, ce blog redeviendra ce qu’il doit être:un blog médical. Le prochain article tant attendu sur les « certifàlacon d’or » ne va pas tarder! Il est d’ailleurs temps d’envoyer vos dernières candidatures.

Vous devez vous douter que mon absence est liée à un évènement heureux mais chronophage et source de légère fatigue: la naissance de ma fille.

Donc Charlotte (Endive de son deuxième prénom suite à vos diverses propositions pour lesquelles je vous remercie tous) est née il y presque 3 semaines maintenant.

Certains ont pu suivre sur twitter une partie des péripéties, une partie seulement car il y a un trou d’une petite douzaine d’heures. C’est quand j’étais au fond du gouffre:C’est facile pour savoir quand c’est vraiment le moment d’aller à la maternité: c’est quand tu ne ris plus et quand tu ne twittes plus. Je pense que si Serge Lama écrivait Je suis malade maintenant, il rajouterait « je ne rêve plus,je ne twitte plus, je n’ai même plus d’histoire »

Bref,il y a eu quelques moments difficiles mais je ne vais pas rentrer dans les détails hein? D’autant plus qu’écrire à une main avec un bébé dans l’autre et les paupières qui se ferment ne favorise pas une longue prose.

Cela dit, avec du recul, c’était plutôt rigolo. J’ai même envie d’en faire un troisième, pour tenter ma chance à nouveau de trouver le bon moment auquel aller à la maternité. Pour l’instant, que des échecs mais un jour j’y arriverai.

Pour ma première fille, j’étais allé 4 fois sur 48 heures à la mater. A chaque fois, je me faisais jeter! Ce qui était d’autant plus pratique que mon mari n’avait pas le permis .Et pas très aimablement en plus, en tout cas, sans compassion. Le première fois, je suis d’accord, j’y étais allée parce que j’avais des contractions toutes les 3 minutes depuis 2 heures, donc sage et obéissante, j’y suis allée mais avec du recul, c’est vrai que ça faisait pas très mal. La troisième fois, 24 heures plus tard, c’était franchement affreux, et là, col toujours fermé, j’ai un peu mal vécu le « Revenez dans 3 jours à votre RDV » Rester 3 jours comme ça ???? Surtout de se dire, si ça ce n’est pas le travail, qu’est ce que ça va être? Mais elle m’a dit « je vais vous faire une piqûre pour vous soulager » Là j’étais trop contente. Mais non, adieu veaux, vaches, cochons, nubain…elle m’a fait une piqûre de spasfon et d’atarax (c’est à dire pipi de chat et calmant léger pour l’angoisse) Vexée (j’étais pas angoissée, j’avais mal) je me suis laissé piquer le cul et je suis rentrée chez moi en me jurant de pas revenir. Quelques heures plus tard, au milieu de la nuit,j’étais carrément dans un état de prostration, mon mari a appelé notre chauffeur attitré, soit mon frère qui célèbrait ses 30 ans depuis 2 heures, et je suis arrivée à 5 cm:enfin ils m’ont gardé!

Les accouchements se suivent et ne ressemblent pas…ou un peu quand-même. Fort de cette expérience, cette fois ci j’ai attendu des heures et des heures, presque 12 heures de contractions toutes les 3 minutes avant d’y aller (je chronométrais grâce à une application iPhone ..). C’est là que je twittais, histoire de passer le temps, vu que gentil mari dormait histoire de prendre des forces (il avait un rhume le pauvre, je n’en dirai pas plus sur ce sujet mais bon ça tombait mal: juste pour la postérité je citerai deux de ses phrases « J’ai été réveillé par des courbatures, c’est l’horreur » et « c’est énervant, je ne peux même pas me plaindre vu que toi t’accouches »). J’ai voulu tenir toute la nuit mais vers 6 heures du mat, la douleur somme toute tout à fait supportable et surtout la petite voix dans ma tête qui disait « c’est le deuxième, si tu arrives trop tard, t’auras pas de péridurale.. » m’ont fait craquer…

Donc jsuis arrivée à la mater vers 6h du mat et j’ai accouché vers 6h du mat…24 heures plus tard…

Forcément mon col était fermé, enfin non: ouvert à 1 doigt (c’est important psychologiquement).Cela ne m’a pas hyper étonnée. En sonnant à la porte, mon mari a d’ailleurs dit « C’est pour les calendriers de la poste. C’est pour un accouchement…Enfin peut-être »

Elle m’a envoyé marcher 1 heure! A 7heures du mat, j’avais pas que ça à faire moi marcher,on est allé à la boulangerie et prendre le ptit dèj à la maison devant HIMYM.

Plusieurs heures plus tard,à notre retour, je l’ai eu un peu mauvaise: 2 doigts mais toujours tonique etc etc…Là, déjà je ne twittais plus. Elle était gentille, elle m’a pas mis dehors…Peut-être parce que j’ai eu un petit passage de sanglots incontrôlables pendant une heure, les hormones, qui m’ont attiré la compassion de tout le monde et c’est même moi qui aie réclamé l’atarax. Mais du coup, comme je passais pour une douillette qui sanglotais pour des ptites contractions de rien du tout, j’ai quand-même avoué: mais non c’est parce que ma mère est morte, bref une vraie hystérique, tout à fait mon genre, moi qui ne me fait jamais remarquer.C’était drôle! Après gentille sage femme que j’aime m’a fait du nubain en perfusion, un médicament pour la douleur. En fait, c’est surtout que ça shoote, entre deux contractions je tombais dans un semi-coma et j’étais réveillée par des cris: en fait, c’était les miens et boum je retombais dans le semi-coma.C’était bien, ça a fait passé le temps. Ensuite, tout s’est accéléré: les contractions, la douleur, du coup j’ai envoyé mon mari chercher quelqu’un trois fois (la voix dans ma tête: trop tard, pas de péri etc) et du coup, comme la mienne était occupée, l’autre sage femme est venue, genre puisque c’était si urgent et là grosse honte: toujours 2 doigts…C’est dur, et c’est vexant…Gentille sage-femme est venue ensuite m’expliquer que ça n’était pas juste moi qui était douillette, que ça arrivait à plein de gens très bien, à elle-même pour ses trois grossesses, et que ça s’appelait « dystocie de démarrage » Elle aurait pu inventer n’importe quel mot, ben c’est con,ça m’a réconforté.

Par choix (ça aussi ça fait toute la différence) on est retourné à la maison. J’ai attendu près de 8 heures comme ça, jusqu’au bout du bout. Quand j’y suis retournée, c’était la même heure et la même douleur (insoutenable franchement) que quand j’y étais allé à 5cm pour ma fille.Donc cette fois ci, j’étais certaine que c’était bon, la petite voix dans ma tête me faisait presque courir entre deux contractions, je me disais merde j’ai trop attendu…

Là, c’est mon mari qui a versé une larme…toujours 2 doigts! Là j’ai pas de mots.

Re-nubain, re semi-coma, re prostration, désespoir etc..2 heures plus tard, elle revient et me dit « Bon, on va en salle de travail et on appelle l’anesthésiste » Un miracle.

Pour moi, entrer en salle de travail, c’est le but ultime, un endroit merveilleux, une fin en soi, alors qu’en fait ce n’est que le début…

Après elle m’a examiné et mon col était toujours à deux! Ah ah jm’en fiche, on a qu’à dire qu’il est à trois:je vais avoir la péridurale. Victoire!!

Moins de 4 heures plus tard, j’avais accouché, une fois que c’est parti, c’est parti…

La première fois, la péridurale qui fut initialement un moment de plénitude totale, ne marchait plus au moment fatidique car Méchante Sage Femme n’a pas voulu me réinjecter de produit car c’était trop tard mais qu’il s’est passé encore 4 heures après cela. Pourtant, j’avais osé un très poli « Excusez moi de vous déranger mais ce serait pas possible éventuellement d’en remettre un peu? Non bon tant pis, merci quand-même » Et oui jsuis con et hyper polie…Résultat, je hurlais « j’y arriverai pas » comme dans les films, ma fille ne m’intéressait même pas, je voulais seulement en finir, c’était l’horreur absolue, un accouchement quoi!

Donc, cette fois ci, j’avais fait un travail sur moi-même, j’ai pas pris de cours de préparation à l’accouchement, mais me suis préparée à revendiquer et communiquer.

J’ai fait ça super bien: j’ai tellement communiqué que j’ai raconté toute ma vie en sanglotant et j’ai pas arrêté de demander des choses, poliment bien-sûr mais bon jsuis assez fière de moi.

Du coup, tout marchait comme sur des roulettes, j’avais une seringue électrique pour la péridurale (qui permet d’avoir un débit continu et de pas dépendre d’une tierce personne) et Gentille Sage Femme m’a réinjecté quand je lui ai dit que ça marchait pas totalement …sauf que ça marchait toujours pas totalement …Cela semble étrange (mais il doit y avoir une logique quand-même car ma jambe gauche est restée paralysée des heures après l’accouchement), cela a continué à me faire mal à gauche…du coup j’ai commencé à angoisser fortement pour la fin…

Et là, au contraire ce fut un moment merveilleux. Je n’arrêtais de répéter, étonnée: « Mais je n’ai pas mal » (Et du coup,ça change tout)

Cela a duré à peine quelques minutes et cette fois-ci c’est un souvenir formidable, qui donnerait presque envie de recommencer, que je garderai.

Voilà, mon accouchement,qui somme toute s’est plutôt bien passé! Et un jour, j’y arriverai, je viendrai à la mater à 3 ou 4 cm!! Et je réessaierai autant de fois qu’il faudra!!

Cela dit, je ne suis pas la seule à ne pas viser juste.La semaine dernière, ma nounouille de copine est arrivée à la mater à 9 cm! Ma nouvelle filleule a failli naitre chez elle ou dans le taxi!

Je tiens à dire que j’ai accouché dans l’hôpital public près de chez moi et que contrairement à la première fois (même endroit,même chambre d’ailleurs) je trouve que c’était top du début à la fin!

Même les blouses fermaient correctement!

Quant à ma nouvelle fille, elle est objectivement plutôt jolie et gentille. Forcément les nuits sont un peu difficiles mais dans l’ensemble ça va, ma fatigue est plus due à mon hyperactivité la journée. En dehors de quelques coliques du nourrisson (qui m’ont quand-même amené à des extrémités terribles comme trainer sur les forums de doctissimo à 3h du mat ou lui donner des plantes…) elle passe la moitié de son temps à regarder ses mains bouger et est mignonne comme tout!

Et puis comme je l’allaite, c’est pratique! (Oui,j’ai osé dire ça à la boutonnologue un jour…J’avoue maintenant que ce n’était pas l’adjectif le plus approprié)

Donc en fait, j’avais dit que j’allais faire court, désolée je me suis laissée emporter…C’est un peu égoiste, mais je serai contente de lire ça dans 20 ans…

Et comme je ne devrais plus avoir de deuil, ni  de grossesse, je vais pouvoir reprendre une activité normale sur ce blog!

Et sinon: peace and love!

 

 

 

 

La journée de la prostate 2012

Aujourd’hui, c’est la journée nationale (et même européenne) de la prostate.

Le dépistage du cancer de la prostate, en particulier par les PSA est un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre et longtemps sujet à controverses.

Cette année les études ont largement été dans le sens de ceux qui alertaient depuis de nombreuses années sur les risques du dépistage généralisé.

Je ne suis pas une spécialiste du sujet et je n’ai pas une grande expérience de patients confrontés à ce problème.

Quand j’ai fait mes premiers stages en cabinet, j’ai prescris des PSA en systématique, en croyant bien faire, parce que mon maître de stage le faisait. Je n’apportais pas spécialement d’explications: je disais juste quelque chose du genre: « c’est le dépistage pour le cancer de la prostate que l’on fait aux hommes à partir de 50 ans ».

Heureusement, j’ai eu la chance d’effectuer mes premiers remplacements chez O. et B. qui m’ont beaucoup appris et m’ont beaucoup ouvert l’esprit sur des choses que je faisais mal sans le savoir. Ils m’ont expliqué le débat sur les PSA, quand sortant de l’hôpital, je n’étais pas abonnée à Prescrire, ne voyait pas le problème des visiteurs médicaux, ne faisait pas de FMC et bien évidemment ne connaissait pas twitter.

Il y a beaucoup de moyens de s’informer, de se former, mais je pense qu’en tant que jeune médecin, l’influence des médecins chez qui on effectue nos premiers stages ou nos premiers remplacements est très importante.

Y’a-t-il encore des médecins aujourd’hui qui prescrivent des PSA en systématique sans se poser de questions? J’en suis sûre.

Est ce un sujet difficile à gérer en consultation? J’en suis sûre aussi.

Tout n’est pas blanc ou noir, et informer le patient de manière claire pour lui permettre de prendre une décision éclairée n’est pas facile. Cela demande du temps, de l’énergie et la connaissance des dernières études et recommandations.

Certaines personnes ont résumé cela très bien: je ne vais pas essayer de faire mieux, ni  faire de copier-coller directement: juste vous inviter très fortement à cliquer sur ces deux liens:

Tout y est: les différentes données, les recommandations, les études etc!!!

Et si vous lisez par hasard qu’on rechigne à prescrire des PSA car cela coûte cher, c’est une erreur!! Mais après avoir lu ces deux liens, vous ne pourrez plus penser cela!

Informations destinées aux hommes qui envisagent de se soumettre à un dépistage du cancer de la prostate par dosage des PSA  par Dominique Dupagne

C’était pas la journée de la prostate de Bernard par Dr Stéphane

Et comme l’a dit Gélule : Faites l’amour, pas le TR

 

Le prénom

« Un des plus beaux cadeaux que nous ait fait la vie,c’est quand notre prénom a l’air d’un mot gentil »

Je cotoie beaucoup d’enfants

au cabinet

ils se prénomment

Clara, Curtis, Sherazade, David, Olivia, Manon, Léa, Mohamed, Shemseddine, Fatoumata, Sofia, Eesha, Gabriel, Amandine, Noémie, Saliha, Isaac, Lila, Sami, Nawell, Cherif, Aimane, Benissa, Selma, Laetitia, Sanaa, Darenn, Amine, Mathieu, Ziad, Selen, Jeffrey, Helin, Mathis…

dans mon entourage

Joséphine, Céleste, Robinson, Cassandre, Manon, Thémis, Nélia, Anis, Brahim, Fawzi, Agathe, Adèle, Erwan, Gaetan, Jules, Maxime, Romain, Tao, Arthur, Iris, Charlène, Abel Robin, Eliott, Théotime, Sarah-Dounia, Mélanie, Clémence, Mehdi, Yasmine, Dahmen, Aldwin, Meryl, Faustine et Eden dont j’ai appris avec joie la naissance aujourd’hui!

Cela en fait des idées de prénom…Cela en fait des prénoms que l’on ne peut pas utiliser parce qu’ils sont déjà pris par quelqu’un qu’on connait.

Quelle responsabilité le choix d’un prénom!

Sans parler de la façon dont celui-ci va être accueilli, la mode étant aux prénoms « originaux »

Nous avons appelé notre première fille Lilly.

On nous demande souvent quel est son vrai nom…

J’avais choisi les prénoms avant même d’être enceinte (mon mari étant toujours d’accord avec moi). Si c’était une fille et c’est toujours une fille.

Cette fois ci, elle n’a même pas le nom d’un laboratoire pharmaceutique.

J’avais un prénom de garçon que j’adorais mais tant pis.

Du coup, contrairement à certaines de mes amies qui n’ont toujours pas choisi le prénom le jour de l’accouchement, je n’ai même pas eu à réfléchir plus d’une minute.

Bon, il a bien fallu dire non à de nombreuses propositions de ma fille (qui tenait particulièrement à Hello Kitty) .

Alors aujourd’hui, comme c’est ma fête (message subliminal) et que l’accouchement est imminent, je me dis que c’est le moment où jamais pour changer d’avis, et que ma fille échappe à un prénom évoquant un aliment, donc si vous avez des suggestions: n’hésitez-pas: je les prendrai toutes en considération (laboratoire ou non).

Merci d’avance!!

PS: Encore une fois, je vous en supplie, ne me virez pas du club des médecins blogueurs  (c’est les hormones)

PPS: Joyeux anniversaire Dr Who!! T’es encore plus vieux que l’année dernière!

PPPS: Joyeux anniversaire à mon magnifique filleul

 

1 an et 1 mois

Je me suis demandée si j’allais continuer mon article mensuel. Et comme tout le monde se demande la même chose (je suis sûre qu’il y en a qui n’en ont pas dormi cette nuit), réjouissez-vous (ou pas) la réponse est oui!!!

Non pas que j’ai quelque chose à dire mais c’est mon petit plaisir à moi!

Cette question étant réglée, et vu que le calendrier indique 17, fallait bien que j’écrive quelque chose de valable!

Alors je regarde au 17 septembre de l’année dernière, eh ben, ça tombe bien , j’ai pas évolué du tout, j’allais écrire la même chose…comme d’hab quoi!

Beaucoup d’auto-congratulation, il est génial mon blog, bla-bla-bla… et twitter c’est génial et ça m’apporte beaucoup, bla-bla-bla, et je suis une bisounours, j’aime tout le monde, le 93, c’est génial, bla-bla-bla!Et médecin c’est top aussi, bla-bla-bla!Et jsuis toujours enceinte, et oui, ça fait presque 9 mois que ça dure cette histoire et c’est pas hyper marrant mais bon ça va ptêt finir par passer bla-bla-bla…

Bref, comme d’habitude quoi ( mais c’est vrai en même temps)

Après, je vais faire mes traditionnelles célébrations personnelles, je vais même comme l’année dernière (coincidence?) souhaiter un joyeux anniversaire à une personne formidable, future marraine de ma fille mais en même temps comme elle lit pas mon blog,ça sert à rien! Et comme elle s’est autoproclamée marraine depuis bien longtemps,c’est pas comme si c’était une annonce émouvante.

Et là, ça aurait pu être fini et on aurait tous pu avoir perdu 5 minutes de notre vie (enfin vous 5 min à lire mais moi au moins 10 minutes à l’écrire) et Opale (à qui on pense tous bien fort aujourd’hui)5 secondes à le retweeter sans avoir lu: mais non! Car cet article (enfin article n’est pas vraiment le bon mot) va trouver toute sa justification dans la célébration suivante, information de première importance que beaucoup ignoraient j’en suis sûre et c’est là toute la signification de ce blog: partager des informations: le 17 septembre 1979: le premier Mac Donald voyait le jour en France!

Célébrons ensemble!

PS: Ne me virez pas du club des médecins blogueurs s’il vous plait

 

Imagine

Je ne suis pas une rêveuse.

Bien au contraire. Cela m’afflige moi-même mais il n’y aurait que des gens comme moi, l’humanité n’aurait jamais avancé et je ne sais même pas si on aurait découvert le feu.

C’en est affligeant, je prends les choses, les gens, comme ils sont. J’aimerai que les choses soient différentes mais je n’ai pas la foi…alors je m’adapte.

Quand je vote pour un programme utopique, au fond de moi je n’y crois pas, quand je pense aux choses telles qu’elles devraient être, je pense que ça n’arrivera jamais, alors je me contente des choses telles qu’elles sont .

J’ai un mari révolutionnaire dont j’épouse les idées et je l’admire d’y croire et d’agir pour que les choses changent. J’admire son militantisme, j’admire son investissement dans le syndicalisme mais moi je suis du genre à donner de l’argent aux SDF mais à me décourager à l’avance à l’idée que les choses puissent changer. Lui, toutes mes petites participations humanitaires et associatives, il trouve que c’est « donner de l’aspirine à un cancéreux » et qu’il faut changer les choses.

Même s’il m’agace, j’admire sa faculté à s’énerver tout le temps, à garder cette capacité de révolte, à se mettre en colère contre le dixième chauffard de la journée! Moi, je ne comprends pas, j’ai accepté depuis tellement longtemps qu’il y ait des cons sur la route comme partout ailleurs et que cela ne sert à rien de s’énerver.

J’ai une capacité de résilience extrêmement développée mais du coup cela va de pair avec une acceptation un peu trop facile et un manque de courage et de révolte. J’ai toujours pris avec reconnaissance ce que la vie m’a donné sans me plaindre excessivement des mauvais côtés et je ne suis pas une rêveuse. Je n’ai jamais imaginé plus d’une minute ce que la vie aurait été si ma mère n’avait pas été malade, elle l’était c’est tout. En première année de médecine, je ne me suis jamais permis plus de quelques secondes d’envisager d’avoir mon concours. Bref, je suis un peu fade et très cartésienne comme fille et ce n’est pas avec moi que ma fille apprend à rêver et à développer son imaginaire (heureusement que son père est parfait pour ça).

Le soir, souvent comme berçeuse, nous lui chantons Imagine

Imagine no possessions,
I wonder if you can,
No need for greed or hunger,
A brotherhood of man,
Imagine all the people,
Sharing all the world…
.

Oui, je profite de ma fille de 4 ans pour apprendre à rêver un peu …

J’ai toujours eu des idées politiques et une foi en l’humanité qui me classe plutôt dans le camp des rêveurs mais bien que inscrite sur les listes électorales et syndiquée, je n’ai, à ma grande honte, jamais rien fait de concret.

En ce qui concerne la médecine générale, je n’ai jamais eu d’activité militante dans les représentations étudiantes ou les différents syndicats.

Mon militantisme à moi, c’est de témoigner au quotidien de mon amour pour mon travail, pour la médecine générale, pour mon département.

Je le fais un peu dans la vraie vie. J’ai choisi un sujet de thèse qui me tenait à coeur. Je témoigne régulièrement (que ce soit dans certains journaux, voire télé ou que ce soit chez mon coiffeur) de mon plaisir à exercer ce travail et à l’exercer ici. Je suis maître de stage.

Et puis, il y a ce blog. J’ai régulièrement des témoignages qui montrent que ce que j’écris peut toucher des gens. Des petites gouttes d’eau dans l’océan.

Et ces petites gouttes d’eau, il n’y a pas que moi qui en produit. J’ai l’immense fierté de faire partie de cette communauté de soignants: médecins, kiné, sage-femmes,infirmières, auxiliaires de vie et même patients qui témoignent de leur amour de leur métier.

Moi qui suis découragée, écoeurée et sans aucune illusion du corps médical ou soignant, je retrouve de l’espoir, j’échange, je discute avec des personnes dont je partage la même vision des choses. Je suis parfois émerveillée quand je lis des phrases entières que j’ai l’impression d’avoir écrites moi-même.

Quand il a été question de choses plus concrètes comme les propositions que l’on a faites la semaine dernière, deux sentiments contraires se sont immédiatement confrontés en moi:

– C’est incroyable que nous nous entendions tous sur ces idées formidables, que l’on arrive à un consensus sur un texte aussi ambitieux.

– Mais quand-même, j’y crois pas un instant, pas aux idées en elles-même bien sûr (quoi que sur certaines je me dis que quand-même on a fait fort:-), mais sur le fait qu’elles pourraient être réalisées.

Je savais qu’elles seraient un peu entendues… mais à ce point!

Pour ceux qui n’ont pas suivi, car peut-être il a échappé à  certains d’entre vous que ces propositions ont été au centre de l’actualité médicale toute la semaine, vous retrouverez ici la revue de presse: télés (journal de France 3, LCI, journal de la santé), radios ( france inter, RTL, etc) et a peu près tous les journaux…

Toute la semaine, nous avons été submergés de demande d’interviews  et ma frustration de devoir refuser pour cause d’anonymat n’a eu de soulagement que le fait de ne pas me sentir à la hauteur pour soutenir nos idées.

Tout cela, je ne le dis pas pour faire preuve de prétention mais surtout pour dire que la partie de moi qui ne sait pas rêver et qui n’a pas la foi, en a pris un petit coup cette semaine.

Bien sûr, il y a eu des schtroumps grognons pour nous critiquer.

J’accepte tout à fait qu’on critique ces propositions, surtout certaines d’entre elles.

J’accepte moins certaines autres critiques ou attaques que je ne trouve pas légitimes mais passons.

( je mets juste à ce sujet le commentaire de Dominique Dupagne à l’article GéPride de Dzb17: tout est dit dans cette belle métaphore:

Et comme toujours,
Il y a ceux qui balancent des vannes homophobes,
Il y a ceux qui monteraient bien sur le char, mais qui n’osent pas
Il y a ceux qui disent « pour qui y se prennent ceux-là ?
Il y a ceux qui disent « moi, j’aurais pas supporté d’avoir un fils pédé »
Il y a ceux qui disent « c’est pas des vrais pédés, les vrais pédés ont autre chose à foutre que de monter sur des chars »
Il y a ceux qui disent « c’est pas des vrais hommes, les vrais hommes sont pas pédés, c’est pas naturel »
Il y a ceux qui disent « Faudrait les forcer à habiter à la campagne, y’en a trop à Paris »
Il y a ceux qui disent « Ouais, mais si t’es pédé, tu vas rater ta vie »
Il y a ceux qui disent « OK, mais à part pédé, vous faites quoi dans la vie »
Bref, ouais, la Gé pride, c’est exactement ça. )

donc

Certes il y a eu des critiques, certes nos idées ne vont pas être réalisées demain.

Mais elles ont été entendues de beaucoup, beaucoup de monde, c’est un évènement sans précédent et tous les syndicats, les instances ordinales, et même le gouvernement en ont pris connaissance.

Et le plus fort, c’est que le contenu même de ce texte avouons le audacieux n’a pas fait rire, il a même été pris au sérieux:

Certains points comme la mise aux enchères des postes sont discutés mais personne ne semble mettre en cause l’idée de proposer des postes de salariés de deux ans aux jeunes généralistes pour irriguer les déserts,alors que la grande nouveauté est là.

On critique et c’est légitime la possibilité de transformer les visiteurs en AGI mais personne (ou presque) ne s’oppose à l’idée de mettre en place du personnel pour dégager les médecins des charges administratives et plus fort, je n’ai pas pour ma part entendue grande résistance à l’idée d’interdire la visite médicale.
Des notions totalement novatrices comme les chèques emploi-médecins ont été introduites .
Bref, nos idées ont été entendues et pour certaines (dans les déclarations tout du moins ) validées.
Pour la suite, la balle n’est plus dans notre camp. Il faut lire à ce sujet  l’article sur Atoute : le buzz et après.
Et tout ça, moi ça me fait rêver…
et j’ai même la naiveté d’y croire un peu, de croire que quelque chose puisse découler de tout ça.
Comme Souristine a intitulé son article la semaine dernière:
You may say I’m a dreamer,
but I’m not the only one…
Je ne suis pas la seule à avoir rêvé cette semaine:
A lire absolument!!
Nous avons tous rêvé et j’aime à croire qu’on a fait rêvé les gens.

 

Voilà, je m’emporte un peu, mais mon gêne de la foi et du rêve a été réveillé cette semaine
Voilà, même que là tout de suite, j’ai envie de croire que les choses peuvent changer,
qu’un jour les blouses d’hôpital ne s’ouvriront plus dans le dos,
qu’un jour je travaillerai dans une MUST
et pourquoi s’arrêter là…
qu’un jour, il y aura la paix dans le monde et toutes les choses qu’il y a dans la chanson!
En tout cas, si un jour, il y a la révolution, je suis certaine qu’elle passera par twitter!
Pour finir (oui c’est bientôt fini)
Je suis heureuse et fière d’avoir participé à tout ça. Pas pour m’auto-congratuler.
Mais parce que je pense que la médecine générale a fait une petite avancée cette semaine.
Parce que pour une fois, des idées venant du terrain ont été entendues.
Parce que je pense que nos blogs sont des petites gouttes dans l’océan pour faire évoluer les mentalités.
Parce que cette vision de la médecine générale que j’aime, je suis honorée de la représenter un tout petit peu.
Parce que moi qui suis un peu lâche et qui d’habitude laisse les autres faire pour moi, pour une fois, j’ai, même si peu, un peu participé.
Parce que je participe à ce phénomène épatant qu’est la médecine 2.0.
Et parce que je l’ai fait avec des gens formidables, que je respecte, qui m’apportent beaucoup, et dans des conditions particulièrement étonnantes de partage et de respect mutuel.
Je suis fière de faire partie des 24 bikers et j’arrête la ma mièvrerie de bisounours …



Imagine there’s no desert
It isn’t hard to do
Doctors to treat or take care of
Around us, lots of MUSTs
Imagine all the doctors
Living life in peace

 

Médecine Générale 2.0

Médecine générale 2.0

Les propositions des médecins généralistes blogueurs
pour faire renaître la médecine générale.

Comment sauver la médecine générale en France et assurer des soins primaires de qualité répartis sur le territoire  ? Chacun semble avoir un avis sur ce sujet, d’autant plus tranché qu’il est éloigné des réalités du terrain.

Nous, médecins généralistes blogueurs, acteurs d’un « monde de la santé 2.0 », nous nous reconnaissons mal dans les positions émanant des diverses structures officielles qui, bien souvent, se contentent de défendre leur pré carré et s’arc-boutent sur les ordres établis.

À l’heure où les discussions concernant l’avenir de la médecine générale font la une des médias, nous avons souhaité prendre position et constituer une force de proposition.

Conscients des enjeux et des impératifs qui sont devant nous, héritages d’erreurs passées, nous ne souhaitons pas nous dérober à nos responsabilités. Pas plus que nous ne souhaitons laisser le monopole de la parole à d’autres.

Notre ambition est de délivrer à nos patients des soins primaires de qualité, dans le respect de l’éthique qui doit guider notre exercice, et au meilleur coût pour les budgets sociaux. Nous souhaitons faire du bon travail, continuer à aimer notre métier, et surtout le faire aimer aux générations futures de médecins pour lui permettre de perdurer.

Nous pensons que c’est possible.

Voici la liste des blogueurs participants, sachant que certains confrères qui ont participé au débat ne figurent pas dans cette liste. AliceRedSparrowBoréeBruit des sabotsChristian LehmannDoc MamanDoc SouristineDoc BulleDocteur MilieDocteur VDominique DupagneDr CouineDr FoulardDr Sachs JrDr StéphaneDzb17EuphraiseFarfadocFluoretteGéluleGenou des AlpagesGranadilleJaddoMatthieu CalafioreYem

Voici le lien du document dont le contenu est détaillé ci-après (la lecture y sera plus agréable): Médecine générale 2_0

Ce document est né de la révolte de jeunes médecins généralistes face à la proposition par l’Ordre des médecins de mesures coercitives pour lutter contre les déserts médicaux. Une communauté informelle d’une vingtaine de médecins blogueurs s’est constituée autour de cette révolte pour élaborer des propositions concrètes et constructives. Il ne s’agit pas de supplanter les syndicats ou les autres représentations professionnelles. Ils s’agit simplement d’utiliser nos sites pour communiquer sur notre métier et nos attentes, pour aider à reconstruire une profession aussi indispensable que malmenée depuis plus de 50 ans.

D’autres médecins blogueurs dont vous pouvez visiter les sites grâce aux liens ci dessus ont présenté ce projet de manière plus personnalisée. Je ne trouve quant à moi rien à rajouter de pertinent.

C’est un projet ambitieux auquel je suis fière de participer. Nous avons conscience qu’un long chemin est à parcourir mais je suis persuadée et heureuse que grâce à ce projet groupé, nos idées seront entendues.

Si vous souhaitez soutenir ces propositions ou participer au débat: vous pouvez le faire ici sur le site atoute.

MEDECINE GENERALE 2.0

Sortir du modèle centré sur l’hôpital

La réforme de 1958 a lancé l’hôpital universitaire moderne. C’était une bonne chose qui a permis à la médecine française d’atteindre l’excellence, reconnue internationalement.

Pour autant, l’exercice libéral s’est trouvé marginalisé, privé d’enseignants, coupé des étudiants en médecine. En 50 ans, l’idée que l’hôpital doit être le lieu quasi unique de l’enseignement médical s’est ancrée dans les esprits. Les universitaires en poste actuellement n’ont pas connu d’autre environnement.

L’exercice hospitalier et salarié est ainsi devenu une norme, un modèle unique pour les étudiants en médecine, conduisant les nouvelles promotions de diplômés à délaisser de plus en plus un exercice libéral qu’ils n’ont jamais rencontré pendant leurs études.

C’est une profonde anomalie qui explique en grande partie nos difficultés actuelles.

Cet hospitalo-centrisme a eu d’autres conséquences dramatiques :
- Les médecins généralistes (MG) n’étant pas présents à l’hôpital n’ont eu accès que tout récemment et très partiellement à la formation des étudiants destinés à leur succéder.
- Les budgets universitaires dédiés à la MG sont ridicules en regard des effectifs à former.
- Lors des négociations conventionnelles successives depuis 198a9, les spécialistes formés à l’hôpital ont obtenu l’accès exclusif aux dépassements d’honoraires créés en 1980, au détriment des généralistes contraints de se contenter d’honoraires conventionnels bloqués.

Pour casser cette dynamique mortifère pour la médecine générale, il nous semble nécessaire de réformer profondément la formation initiale des étudiants en médecine.

Cette réforme aura un double effet :
- Rendre ses lettres de noblesse à la médecine « de ville » et attirer les étudiants vers ce mode d’exercice.
- Apporter des effectifs importants de médecins immédiatement opérationnels dans les zones sous-médicalisées.

Il n’est pas question dans ces propositions de mesures coercitives aussi injustes qu’inapplicables contraignant de jeunes médecins à s’installer dans des secteurs déterminés par une tutelle sanitaire. Nous faisons l’analyse que toute mesure visant à obliger les jeunes MG à s’installer en zone déficitaire aurait un effet majeur de repoussoir. Elle ne ferait qu’accentuer la désaffection pour la médecine générale, poussant les jeunes générations vers des offres salariées (nombreuses), voire vers un exercice à l’étranger.

C’est au contraire une véritable réflexion sur l’avenir de notre système de santé solidaire que nous souhaitons mener. Il s’agit d’un rattrapage accéléré d’erreurs considérables commises avec la complicité passive de confrères plus âgés, dont certains voudraient désormais en faire payer le prix aux jeunes générations.

Idées-forces

Les idées qui sous-tendent notre proposition sont résumées ci-dessous, elles seront détaillées ensuite.

Elles sont applicables rapidement.

1) Construction par les collectivités locales ou les ARS de 1000 maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) qui deviennent aussi des maisons médicales de garde pour la permanence des soins, en étroite collaboration avec les professionnels de santé locaux.

2) Décentralisation universitaire qui rééquilibre la ville par rapport à l’hôpital : les MSP se voient attribuer un statut universitaire et hébergent des externes, des internes et des chefs de clinique. Elles deviennent des MUSt : Maisons Universitaires de Santé qui constituent l’équivalent du CHU pour la médecine de ville.

3) Attractivité de ces MUSt pour les médecins seniors qui acceptent de s’y installer et d’y enseigner : statut d’enseignant universitaire avec rémunération spécifique fondée sur une part salariée majoritaire et une part proportionnelle à l’activité.

4) Création d’un nouveau métier de la santé : « Agent de gestion et d’interfaçage de MUSt » (AGI). Ces agents polyvalents assurent la gestion de la MUSt, les rapports avec les ARS et l’Université, la facturation des actes et les tiers payants. De façon générale, les AGI gèrent toute l’activité administrative liée à la MUSt et à son activité de soin. Ce métier est distinct de celui de la secrétaire médicale de la MUSt.

1) 1000 Maisons Universitaires de Santé

Le chiffre paraît énorme, et pourtant… Dans le cadre d’un appel d’offres national, le coût unitaire d’une MUSt ne dépassera pas le million d’euros (1000 m2. Coût 900 €/m2).

Le foncier sera fourni gratuitement par les communes ou les intercommunalités mises en compétition pour recevoir la MUSt. Il leur sera d’ailleurs demandé en sus de fournir des logements à prix très réduit pour les étudiants en stage dans la MUSt. Certains centres de santé municipaux déficitaires pourront être convertis en MUSt.

Au final, la construction de ces 1000 MUSt ne devrait pas coûter plus cher que la vaccination antigrippale de 2009 ou 5 ans de prescriptions de médicaments (inutiles) contre la maladie d’Alzheimer. C’est donc possible, pour ne pas dire facile.

Une MUSt est appelée à recevoir des médecins généralistes et des paramédicaux. La surface non utilisée par l’activité de soin universitaire peut être louée à d’autres professions de santé qui ne font pas partie administrativement de la MUSt (autres médecins spécialistes, dentiste, laboratoire d’analyse, cabinet de radiologie…). Ces MUSt deviennent de véritables pôles de santé urbains et ruraux.

Le concept de MUSt fait déjà l’objet d’expérimentations, dans le 94 notamment, il n’a donc rien d’utopique.

2) L’université dans la ville

Le personnel médical qui fera fonctionner ces MUSt sera constitué en grande partie d’internes et de médecins en post-internat :

- Des internes en médecine générale pour deux de leurs semestres qu’ils passaient jusqu’ici à l’hôpital. Leur cursus comportera donc en tout 2 semestres en MUSt, 1 semestre chez le praticien et 3 semestres hospitaliers. Ils seront rémunérés par l’ARS, subrogée dans le paiement des honoraires facturés aux patients qui permettront de couvrir une partie de leur rémunération. Le coût global de ces internes pour les ARS sera donc très inférieur à leur coût hospitalier du fait des honoraires perçus.

- De chefs de clinique universitaire de médecine générale (CCUMG), postes à créer en nombre pour rattraper le retard pris sur les autres spécialités. Le plus simple est d’attribuer proportionnellement à la médecine générale autant de postes de CCU ou assimilés qu’aux autres spécialités (un poste pour deux internes), soit un minimum de 3000 postes (1500 postes renouvelés chaque année). La durée de ce clinicat est de deux ans, ce qui garantira la présence d’au moins deux CCUMG par MUSt. Comme les autres chefs de clinique, ces CCUMG sont rémunérés à la fois par l’éducation nationale (part enseignante) et par l’ARS, qui reçoit en retour les honoraires liés aux soins délivrés. Ils bénéficient des mêmes rémunérations moyennes, prérogatives et avantages que les CCU hospitaliers.

Il pourrait être souhaitable que leur revenu comprenne une base salariée majoritaire, mais aussi une part variable dépendant de l’activité (par exemple, 20 % du montant des actes pratiqués) comme cela se pratique dans de nombreux dispensaires avec un impact significatif sur la productivité des consultants.

- Des externes pour leur premier stage de DCEM3, tel que prévu par les textes et non appliqué faute de structure d’accueil. Leur modeste rémunération sera versée par l’ARS. Ils ne peuvent pas facturer d’actes, mais participent à l’activité et à la productivité des internes et des CCUMG.

- Des médecins seniors au statut mixte : les MG libéro-universitaires. Ils ont le choix d’être rémunérés par l’ARS, subrogée dans la perception de leurs honoraires (avec une part variable liée à l’activité) ou de fonctionner comme des libéraux exclusifs pour leur activité de soin. Une deuxième rémunération universitaire s’ajoute à la précédente, liée à leur fonction d’encadrement et d’enseignement. Du fait de l’importance de la présence de ces CCUMG pour lutter contre les déserts médicaux, leur rémunération universitaire pourra être financée par des budgets extérieurs à l’éducation nationale ou par des compensations entre ministères.

Au-delà de la nouveauté que représentent les MUSt, il nous paraît nécessaire, sur le long terme, de repenser l’organisation du cursus des études médicales sur un plan géographique en favorisant au maximum la décentralisation hors CHU, aussi bien des stages que des enseignements.

En effet, comment ne pas comprendre qu’un jeune médecin qui a passé une dizaine d’années dans sa ville de faculté et y a construit une vie familiale et amicale ne souhaite pas bien souvent y rester  ?

Une telle organisation existe déjà, par exemple, pour les écoles infirmières, garantissant une couverture assez harmonieuse de tout le territoire par cette profession, et les nouvelles technologies permettent d’ores et déjà, de manière simple et peu onéreuse, cette décentralisation pour tous les enseignements théoriques.

3) Incitation plutôt que coercition : des salaires aux enchères

Le choix de la MUSt pour le bref stage de ville obligatoire des DCEM3 se fait par ordre alphabétique avec tirage au sort du premier à choisir, c’est la seule affectation qui présente une composante coercitive.

Le choix de la MUSt pour les chefs de clinique et les internes se pratique sur le principe de l’enchère : au salaire de base égal au SMIC est ajouté une prime annuelle qui sert de régulateur de choix : la prime augmente à partir de zéro jusqu’à ce qu’un(e) candidat(e) se manifeste. Pour les MUSt « difficiles », la prime peut atteindre un montant important, car elle n’est pas limitée. Par rapport à la rémunération actuelle d’un CCU (45 000 €/an), nous faisons le pari que la rémunération globale moyenne n’excédera pas ce montant.

En cas de candidats multiples pour une prime à zéro (et donc une rémunération de base au SMIC pour les MUSt les plus attractives) un tirage au sort départage les candidats.

Ce système un peu complexe présente l’énorme avantage de ne créer aucune frustration puisque chacun choisit son poste en mettant en balance la pénibilité et la rémunération. De plus, il permet d’avoir la garantie que tous les postes seront pourvus.

Ce n’est jamais que la reproduction du fonctionnement habituel du marché du travail : l’employeur augmente le salaire pour un poste donné jusqu’à trouver un candidat ayant le profil requis et acceptant la rémunération. La différence est qu’il s’agit là de fonctions temporaires (6 mois pour les internes, 2 ans pour les chefs de clinique) justifiant d’intégrer cette rémunération variable sous forme de prime.

Avec un tel dispositif, ce sont 6 000 médecins généralistes qui seront disponibles en permanence dans les zones sous-médicalisées : 3000 CCUMG et 3000 internes de médecine générale.

4) Un nouveau métier de la santé : AGI de MUSt

Les MUSt fonctionnent bien sûr avec une ou deux secrétaires médicales suivant leur effectif médical et paramédical.

Mais la nouveauté que nous proposons est la création d’un nouveau métier : Agent de Gestion et d’Interfaçage (AGI) de MUSt. Il s’agit d’un condensé des fonctions remplies à l’hôpital par les agents administratifs et les cadres de santé hospitaliers.

C’est une véritable fonction de cadre supérieur de santé qui comporte les missions suivantes au sein de la MUSt : — Gestion administrative et technique (achats, coordination des dépenses…). — Gestion des ressources humaines. — Interfaçage avec les tutelles universitaires — Interfaçage avec l’ARS, la mairie et le Conseil Régional — Gestion des locaux loués à d’autres professionnels.

Si cette nouvelle fonction se développe initialement au sein des MUSt, il sera possible ensuite de la généraliser aux cabinets de groupes ou maisons de santé non universitaires, et de proposer des solutions mutualisées pour tous les médecins qui le souhaiteront.

Cette délégation de tâches administratives est en effet indispensable afin de permettre aux MG de se concentrer sur leurs tâches réellement médicales : là où un généraliste anglais embauche en moyenne 2,5 équivalents temps plein, le généraliste français en est à une ½ secrétaire  ; et encore, ce gain qualitatif représente-t-il parfois un réel sacrifice financier.

Directement ou indirectement, il s’agit donc de nous donner les moyens de travailler correctement sans nous disperser dans des tâches administratives ou de secrétariat.

Une formule innovante : les « chèques-emploi médecin »

Une solution complémentaire à l’AGI pourrait résider dans la création de « chèques-emploi » financés à parts égales par les médecins volontaires et par les caisses [1].

Il s’agit d’un moyen de paiement simplifié de prestataires de services (AGI, secrétaires, personnel d’entretien) employés par les cabinets de médecins libéraux, équivalent du chèque-emploi pour les familles.

Il libérerait des tâches administratives les médecins isolés qui y passent un temps considérable, sans les contraindre à se transformer en employeur, statut qui repousse beaucoup de jeunes médecins.

Cette solution stimulerait l’emploi dans les déserts médicaux et pourrait donc bénéficier de subventions spécifiques. Le chèque-emploi servirait ainsi directement à une amélioration qualitative des soins et à dégager du temps médical pour mieux servir la population.

Il est beaucoup question de « délégation de tâche » actuellement. Or ce ne sont pas les soins aux patients que les médecins souhaitent déléguer pour améliorer leur disponibilité : ce sont les contraintes administratives  ! Former des agents administratifs est bien plus simple et rapide que de former des infirmières, professionnelles de santé qualifiées qui sont tout aussi nécessaires et débordées que les médecins dans les déserts médicaux.

Aspects financiers : un budget très raisonnable

Nous avons vu que la construction de 1000 MUSt coûtera moins cher que 5 ans de médicaments anti-Alzheimer ou qu’une vaccination antigrippale comme celle engagée contre la pandémie de 2009.

Les internes étaient rémunérés par l’hôpital, ils le seront par l’ARS. Les honoraires générés par leur activité de soin devraient compenser les frais que l’hôpital devra engager pour les remplacer par des FFI, permettant une opération neutre sur le plan financier, comme ce sera le cas pour les externes.

La rémunération des chefs de clinique constitue un coût supplémentaire, à la mesure de l’enjeu de cette réforme. Il s’agit d’un simple rattrapage du retard pris dans les nominations de CCUMG chez les MG par rapport aux autres spécialités. De plus, la production d’honoraires par les CCUMG compensera en partie leurs coûts salariaux. La dépense universitaire pour ces 3000 postes est de l’ordre de 100 millions d’euros par an, soit 0,06 % des dépenses de santé françaises. À titre de comparaison, le plan Alzheimer 2008-2012 a été doté d’un budget de 1,6 milliard d’euros. Il nous semble que le retour des médecins dans les campagnes est un objectif sanitaire, qui justifie lui aussi un « Plan » et non des mesures hâtives dépourvues de vison à long terme.

N’oublions pas non plus qu’une médecine de qualité dans un environnement universitaire est réputée moins coûteuse, notamment en prescriptions médicamenteuses. Or, un médecin « coûte » à l’assurance-maladie le double de ses honoraires en médicaments. Si ces CCUMG prescrivent ne serait-ce que 20 % moins que la moyenne des autres prescripteurs, c’est 40 % de leur salaire qui est économisé par l’assurance-maladie.

Les secrétaires médicales seront rémunérées en partie par la masse d’honoraires générée, y compris par les « libéro-universitaires », en partie par la commune ou l’intercommunalité candidate à l’implantation d’une MUSt.

Le reclassement des visiteurs médicaux

Le poste d’Agent de Gestion et d’Interfaçage (AGI) de MUSt constitue le seul budget significatif créé par cette réforme. Nous avons une proposition originale à ce sujet. Il existe actuellement en France plusieurs milliers de visiteurs médicaux assurant la promotion des médicaments auprès des prescripteurs. Nous savons que cette promotion est responsable de surcoûts importants pour l’assurance-maladie. Une solution originale consisterait à interdire cette activité promotionnelle et à utiliser ce vivier de ressources humaines libérées pour créer les AGI. En effet, le devenir de ces personnels constitue l’un des freins majeurs opposés à la suppression de la visite médicale. Objection recevable ne serait-ce que sur le plan humain. Ces personnels sont déjà répartis sur le territoire, connaissent bien l’exercice médical et les médecins. Une formation supplémentaire de un an leur permettrait d’exercer cette nouvelle fonction plus prestigieuse que leur ancienne activité commerciale. Dans la mesure où leurs salaires (industriels) étaient forcément inférieurs aux prescriptions induites par leurs passages répétés chez les médecins, il n’est pas absurde de penser que l’économie induite pour l’assurance-maladie et les mutuelles sera supérieure au coût global de ces nouveaux agents administratifs de ville. Il s’agirait donc d’une solution réaliste, humainement responsable et économiquement neutre pour l’assurance maladie.

Globalement, cette réforme est donc peu coûteuse. Nous pensons qu’elle pourrait même générer une économie globale, tout en apportant plusieurs milliers de soignants immédiatement opérationnels là où le besoin en est le plus criant.

De toute façon, les autres mesures envisagées sont soit plus coûteuses (fonctionnarisation des médecins libéraux) soit irréalisables (implanter durablement des jeunes médecins là où il n’y a plus d’école, de poste, ni de commerces). Ce n’est certainement pas en maltraitant davantage une profession déjà extraordinairement fragilisée qu’il sera possible d’inverser les tendances actuelles.

Calendrier

La réforme doit être mise en place avec « agilité ». Le principe sera testé dans des MUSt expérimentales et modifié en fonction des difficultés rencontrées. L’objectif est une généralisation en 3 ans. Ce délai permettra aux étudiants de savoir où ils s’engagent lors de leur choix de spécialité. Il permettra également de recruter et former les maîtres de stage libéro-universitaires  ; il permettra enfin aux ex-visiteurs médicaux de se former à leurs nouvelles fonctions.

Et quoi d’autre  ?

Dans ce document, déjà bien long, nous avons souhaité cibler des propositions simples et originales. Nous n’avons pas voulu l’alourdir en reprenant de nombreuses autres propositions déjà exprimées ailleurs ou qui nous paraissent dorénavant des évidences, par exemple :

- L’indépendance de notre formation initiale et continue vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique ou de tout autre intérêt particulier.
- La nécessité d’assurer une protection sociale satisfaisante des médecins (maternité, accidents du travail…).
- La nécessaire diversification des modes de rémunération. Si nous ne rejetons pas forcément le principe du paiement à l’acte – qui a ses propres avantages – il ne nous semble plus pouvoir constituer le seul socle de notre rémunération. Il s’agit donc de :
— Augmenter la part de revenus forfaitaires, actuellement marginale.
— Ouvrir la possibilité de systèmes de rémunération mixtes associant capitation et paiement à l’acte ou salariat et paiement à l’acte.
— Surtout, inventer un cadre flexible, car nous pensons qu’il devrait être possible d’exercer la « médecine de famille » ambulatoire en choisissant son mode de rémunération.
- La fin de la logique mortifère de la rémunération à la performance fondée sur d’hypothétiques critères « objectifs », constat déjà fait par d’autres pays qui ont tenté ces expériences. En revanche, il est possible d’inventer une évaluation qualitative intelligente à condition de faire preuve de courage et d’imagination.
- La nécessité de viser globalement une revalorisation des revenus des généralistes français qui sont aujourd’hui au bas de l’échelle des revenus parmi les médecins français, mais aussi en comparaison des autres médecins généralistes européens. D’autres pays l’ont compris : lorsque les généralistes sont mieux rémunérés et ont les moyens de travailler convenablement, les dépenses globales de santé baissent  !

Riche de notre diversité d’âges, d’origines géographiques ou de mode d’exercice, et partageant pourtant la même vision des fondamentaux de notre métier, notre communauté informelle est prête à prendre part aux débats à venir.

Dotés de nos propres outils de communication (blogs, forums, listes de diffusion et d’échanges, réseaux sociaux), nous ambitionnons de contribuer à la fondation d’une médecine générale 2.0.

 

SURPRISE

Alors soyons clairs et je m’en excuse, cela n’a absolument rien à voir avec un article digne d’un blog médical, je raconte juste ma vie, alors qu’on n’est même pas le 17 du mois, je prends de plus en plus de liberté en ce moment!

En étant un peu de mauvaise foi, de la même manière que j’arrive à justifier de prescrire un médicament dans le cadre à 100% (genre, si vous étiez pas diabétique, vous n’auriez pas cette infection pulmonaire: et ça se défend), je pourrais aussi justifier cet article par quelque chose genre, cela parle de la relation entre médecins, de FMC , de la grossesse etc, mais en fait j’ai juste envie de l’écrire et c’est tout.

Par contre, si vous voulez du médical, du vrai, venez faire un tour ici ou ailleurs lundi prochain. Les médecins blogueurs ont préparé leur rentrée! #Teasing #PrivésDeDéserts

Ce week-end, ce n’était pas la grande forme: des choses pas très drôles à faire, tous les petits maux de la grossesse qui s’accumulaient,mon mari qui était de fort mauvaise humeur et qui a passé sa soirée sur son téléphone: il s’est mis à twitter beaucoup d’ailleurs ces derniers temps!!,  un ptit wedding blues…

Oui, comme je fête demain mon anniversaire de mariage, que docmaman se mariait, j’avais une petite nostalgie de mon mariage, il y a 3 ans. Un jour merveilleux avec tous les gens que j’aimais… Faut dire qu’il était top mon mariage: sur le thème du Petit Prince du début à la fin, tellement à fond qu’on a même fait un méchoui ( Décime-moi un mouton) parce que Le Petit Prince est un livre merveilleux que nous aimons beaucoup et qui      représente de nombreux souvenirs. Bref! J’avais le blues, j’avais mal partout et je passais une journée de merde!

Ma boite à bobos et ses médicaments n’étaient que d’une petite aide

 

 

J’étais en plein déménagement de la maison de feu ma mère,et en fin de journée, je repasse chez moi en coup de vent chercher quelque chose que j’avais oublié. Donc forcément, en jogging pourri, toute crado, pas coiffée et enceinte de 8 mois,au meilleur de ma forme quoi, et en arrivant je vois qu’il y a des gens chez moi à travers la porte!

Alors, comme d’abord, j’ai un peu peur et que en plus je soupçonne mon mari de me préparer une surprise, j’envoie mon frère en éclaireur. Oui, parce que petite digression, en plus de 10 ans, mon mari n’a jamais réussi à me faire une surprise, sans le vouloir, je le grille tout le temps.Il a failli réussir pour un week-end à Venise il y a 3 ans, mais il a laissé par inadvertance le guide du routard en évidence.Pourtant, moi qui fouille tout le temps, je fais tout pour pas savoir car j’adore les surprises, donc là, quand j’ai surpris deux ou trois indices qu’il se passait quelque chose, j’ai vite détourner les yeux et reposer son téléphone qui était arrivé dans ma main par inadvertance. Grand bien m’en a pris.C’eût été trop dommage.

Du coup, quand mon frère m’a dit: « Tu peux y aller, ce ne sont pas des hostiles », ce fut vraiment une surprise!!

Il y avait, tenez-vous bien dans mon salon et bien : Des Gens!

Plein de gens, que je ne connaissais pas!

Mais comme jsuis hyper intelligente, j’ai compris tout de suite! J’ai aussi tout de suite compris que ces gens étaient dans ma maison pas très bien rangée, que j’étais dans un état pas terrible et que j’avais laissé trainer des trucs qui foutent la honte mais c’est pas grave!

Donc, il y avait dans mon salon mes « twittamis », ceux que j’aimais, ceux que je lisais, ceux qui me soutenaient, ceux que j’admirais, ceux avec qui je partageais des choses au quotidien depuis plus d’un an sans avoir même imaginé les rencontrer un jour!

J’ai du jouer à deviner qui est qui et j’ai été super nulle, à cause de l’émotion toussa! En voyant les badges, je me disais: Oh putain, y’ a machin, oh merde y’ a lui aussi, et elle, et elle! Alors, en raison de l’anonymat, du secret médical, du secret défense et surtout du fait que je n’ai pas demandé leur autorisation, je ne dirai pas qui était là, mais jpeux vous dire qu’il y avait du beau monde et que je suis pas peu fière.

Il a fallu intégrer tout ça rapidement, d’autant plus que l’on m’a annoncé que tout le monde restait pour le week-end, dormait dans mon grenier et tout et tout. Il a fallu que j’arrête de répéter:il y a telle ou telle personne dans mon jardin et que je fasse comme si tout cela était parfaitement normal.

Ma fille était morte de peur, elle hurlait et allait se cacher: « Mais c’est qui ces gens? » « Mais jsais pas ma fille, jles connais pas » « Mais pourquoi ils sont là  »  « Mais je sais pas!! »

Mon mari avait tout organisé, préparé les matelas, à manger pour un régiment , d’autant plus qu’il avait invité tout twitter! D’ailleurs, petite digression, les invitations étaient larges, et à priori ce fut un peu difficile à organiser derrière mon dos, donc si quelqu’un se sent triste de ne pas avoir été invité, ce n’est qu’un zappage sans faire exprès (d’autant qu’il a même invité des gens que je ne connais pas) et il y a bien sûr, beaucoup qui n’ont pas pu venir mais dont la présence m’a manqué.

Bref, j’ai passé un week-end de folie, j’ai dormi trois heures comme quand j’étais jeune et j’ai rien compris à ce qui m’arrivais! Il y avait donc une quinzaine de personnes que je rencontrais pour la première fois et l’on avait l’air de se connaitre depuis toujours.Parce que en plus, à une ou deux exceptions près, mais non jdéconne, parce que sans aucune exception, je n’ai rencontré que des gens formidables et assez extraordinaires, ce qui me fait dire que vraiment y’avait un énorme biais de recrutement.

On a mangé des spécialités de toutes les régions, parce que en plus, ils venaient de loin les bougres ( bon y’en a qui ont laissé volontairement leur belle voiture chez eux ou qui ont fait un voyage en RER groupé à cause de TF1 et de ses reportages sur le 93:-)  et certains ont bien bu aussi! Bref, un week-end aussi agréable que surprenant.

Ah oui, et en plus, c’était pour aucune occasion, mais j’ai eu le droit à plein de joyeux anniversaire ce jour là sur twitter parce que semble-t-il il avait été dit que c’était pour ça (donc merci à ceux qui me l’ont souhaité mais n’oubliez pas de me le souhaiter aussi à la bonne date), mon mari a pour justifier le truc évoqué une baby shower, donc du coup, tout le long du week-end, j’ai eu des cadeaux, des surprises, une carte de non anniversaire, bref du grand n’importe quoi! Je me demande encore pourquoi!! Mais pourquoi!! J’espère que ce n’est pas parce que j’ai raconté un peu trop mes malheurs ces derniers temps! Si c’est le cas et bien je ne regrette pas de l’avoir fait!

En particulier, tout le monde avait préparé une vidéo pour moi: rien que ça. Le thème était de raconter le Petit Prince! Et là, ce fut énorme, énorme d’humour, de talent et d’émotion. Encore une fois,je me dis qu’il y avait un gros biais de recrutement à cette soirée parce que pour qu’il y ait un échantillon avec autant de personnes formidables, c’est statistiquement improbable! Rien que d’y penser, j’ai envie de rire et de pleurer à la fois!

Une des vidéos, avec une mise en scène et un décor époustouflant, m’a fait comprendre que St Exupéry était un visionnaire.

Effectivement  « On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux »

Nous nous sommes connus et appréciés avant même de nous voir, et pour ma part, je n’ai pas été trompée.

Il y a 3 ans, je le disais à mon mariage pour mon mari: Nous nous sommes apprivoisés et il est pour moi unique au monde. Après l’énorme preuve d’amour qu’il vient encore de m’offrir, c’est plus vrai que jamais. Je ne sais pas comment lui exprimer ma reconnaissance et mon amour.

Mais les mots du Renard ont pris une signification nouvelle pour moi: vous tous qui me lisez et surtout vous tous mes twittamis: nous nous sommes apprivoisés et nous avons besoin les uns des autres! Et c’est un grand bonheur!

Même si j’étais triste quand il sont partis..j’y gagne…à cause de la couleur du blé!

La vie nous réserve des surprises, parfois des mauvaises, mais parfois des bonnes!

Et des vraiment étonnantes quand-même!

Et si j’ai un ptit coup de blues: j’ouvre ma boite à bobos: je trouve toutes les bêtises que ces inconnus étranges ont laissé dedans, leurs petits mots et …mon Iphone pour twitter!!

 

 

Je vous fais le cadeau de partager avec vous la magnifique vidéo préparée par deux des participants. Vous pouvez retrouver ces talentueuses photos et bien d’autres sur le magnifique site tout et rien, avec un article sur cette rencontre écrit avec sa sensibilité habituelle!

Prenez-le temps :

Un an

 

Début août,il y a un an . Je suis en vacances. J’ai 30 ans, toutes mes dents…Ma vie est merveilleuse sur certains points, difficiles sur d’autres, comme tout le monde…J’ai l’impression que le côté difficile est plus difficile que la moyenne mais que le côté merveilleux l’est également alors je me dis que ça compense. Je caresse l’idée d’un deuxième enfant mais quelques raisons me font temporiser. Je suis dans une période de ma  vie un peu particulière qui se traduit en pratique par une écrivite aiguë, j’écris beaucoup et je présente une certaine logorrhée que je réserve à quelques personnes proches, les pauvres …Si seulement je pouvais avoir des gens, que je ne connaîtrais pas même mais avec qui je pourrais discuter jour et nuit…Il faudrait inventer un concept dans ce genre…

Côté professionnel, j’aime mon travail et j’ai conscience de la chance que ça représente. J’ai cependant conscience que dans ce choix qui fut le mien, la route est quasi finie, pas de grande carrière en attente, je n’aurai jamais le prix Nobel, aucune rue ne portera mon nom, je serai et je l’ai choisi simplement un médecin généraliste. De rares fois,cela m’attriste quelques secondes mais pas plus: »Passé 30 ans et je sais du moins j’imagine , je n’aurai jamais mon nom dans les magasines » dit Goldmann…

À ce moment, je vis dans l’obscurantisme… Je ne le sais pas alors , je m’en rends compte maintenant. De la même manière que la réplique des visiteurs: « il sait même pas qui est Michel Drucker » moi je ne sais même pas qui est Dominique Dupagne ….

Je suis en Bretagne, c’est joli la Bretagne! J’ai abandonné fille et mari pour faire une promenade au bord de la plage au coucher du soleil.J’éprouve le besoin dans cette période de trouble intérieur de « faire le point au contact des éléments » mais comme Bénabar, « tout ce que j’en conclu, jdois pas être une poète,c’est que ça doit être chiant, très chiant d’être une mouette »

Je suis prise d’une envie irrésistible de me baigner mais il fait nuit et je n’ai pas de maillot… Qu’à cela ne tienne, je pars me battre avec les grosses vagues pendant une grosse demi heure et rentre tard retrouver mon mari inquiet, après avoir traversé tout le centre ville et être passé devant les clients chics du casino et des terrasses des cafés me regardant  d’un drôle d’air, peut être à cause du jean trempé qui me colle aux fesses et du tête shirt mouillé transparent.

Je me sens mieux. Avant de  m’endormir, je vais un peu sur internet, je regarde le blog de Ciloubidouille que j’adore. En dehors de ce blog, de mes mails et de face book, je ne vais pas sur internet. Prise d’une inspiration mystérieuse, peut-être du fait que depuis quelques temps « j’écris » un peu sur mon travail, je tape « blog médecin » sur google et je tombe sur jaddo…

Et c’est le début de la fin de l’obscurantisme.

Je lis tout d’une traite,c’est tout simplement génialissime, elle fait partie de ces personnes qui ont le génie de l’écriture (dans lesquelles j’inclue mon amie Louise et dr who) et en plus, elle raconte des choses dans lesquelles je me reconnais totalement…Grâce aux liens, je découvre Fluorette, Borée…

Ils parlent tous de twitter… Je n’en connais que le nom, je ne sais même pas en quoi ça consiste…Cela éveille ma curiosité, et surtout vu que je suis devenue fan, je comprends que jaddo en personne et les autres « parlent » sur twitter.

Je m’inscris, j’essaye de comprendre comment ça fonctionne…Je passe une heure à essayer de prendre la coque de mon IPhone en photo histoire d’avoir un avatar et je réfléchis un dizième de secondes, malheur à moi, pour me trouver un pseudo.Tout ça avec un IPhone et un réseau tout pourri…

Et alors je comprends petit à  petit comment ça marche. En fait, c’est affreux twitter…y’a plein de gens qui parlent entre eux, qui sont drôles et spirituels et on n’en fait pas parti… Ça me rappelle l’adolescence et je twitte un truc dans le genre, c’est retweeté (j’apprends des nouveaux mots tous les jours) et je ne sais pas comment, Jaddo m’envoie un tweet de bienvenue. C’est l’intronisation!

Je suis dans la voiture, allant de la Bretagne en Normandie, je crie à mon mari « Jaddo m’a dit Bonjour, Jaddo m’a dit Bonjour! Comme une enfant… Ce soir là, mon téléphone ne cesse de vibrer. Et forcément,  quand Jaddo dit bonjour à quelqu’un, il y a un afflux de followers et de fil en aiguille, je deviens une twittos.

C’est le début de la fin…

Je rentre alors dans un monde parallèle et découvre toute la richesse de la blogosphère médicale. Et puisque j’écris déjà, je me laisse séduire par l’idée d’avoir un blog moi aussi. Je me demande ce que je pourrais avoir à dire d’intéressant et surtout je me dit que ça fait très copieuse quand-même… Mais je suis dans une période logorrhéique, je ne peux pas m’en empêcher. Je ne sais encore pas aujourd’hui comment j’ai réussi à construire le blog, toute seule, grâce à des tutoriels, des forums. Il y avait toujours un truc qui clochait, qui ne marchait pas, j’y ai passé deux jours, ou plutôt deux nuits.. Je me revois à 4 heures du mat  aller voir ma mère chez qui je dormais en pleurant parce que j’avais modifié un truc et que tout avait planté…Et je n’ai toujours pas réussi à mettre une photo au bon format pour la page d’accueil et puis surtout je  n’ai pas trouvé LA photo (à bon entendeur). Bref, ce fut infernal mais j’ai vaincu. Et le 17 août , j’ai lancé mon blog!

 

Un an plus tard… Je suis en vacances… Encore, mais c’est un peu la période en même temps, entre temps, j’ai travaillé. Je suis sur un transat au bord de la mer. L’année dernière j’en caressais l’idée, cette année je caresse mon ventre arrondi…enfin plus qu’arrondi, et puis qui bouge tout seul, comme si y avait un alien à l’intérieur…en même temps c’est un peu ça! Je n’ai plus vraiment d’écrivite aiguë (pendant cette semaine de vacances, je me surprends même à apprécier d’être éloignée de toute communication (pas totalement bien sûr) et j’expérimente le fait nouveau et étrange  de ne pas être obligée d’avoir mon téléphone toujours auprès de moi)  mais je me force à écrire car c’est quand-même une grande commémoration que celle ci. Je passe d’excellentes vacances, même si je me serais reposée davantage en restant au travail. Nous ne saurons décidément jamais passer des vacances à rien faire! Cet après midi plage sera le seul de la semaine qui a été bien remplie de visites, ballades, pas une seconde de répit, il y a trop de choses à faire. Bon, j’en peux plus en vrai, en plus ça grimpe, il fait chaud, j’ai mal partout et j’ai envie de faire pipi tout le temps…mais ces vacances au pied des remparts de Carcassonne resteront un excellent souvenir. Je me dis encore une fois que j’ai beaucoup de chance d’avoir tout ce que j’ai…Je ne peux même plus prétendre avec des côtés vraiment difficiles maintenant. Seulement, quand je pense qu’elle aurait aimé tel objet ou tel endroit, ou qu’elle n’aura jamais la chance de voir ou te faire telle ou telle chose, je me souviens que je n’ai plus ma maman pour aller pleurer à 4 h du matin  ou dire que je viens de voir le bébé de mon amie d’enfance, qu’on a fait la chambre du bébé ou que mon blog à un an. C’est la vie. C’est dur d’être heureuse malgré tout mais c’est une habitude que j’ai prise depuis longtemps !

Je pense à l’année écoulée, une année plutôt difficile, avec quelques joies aussi, mais surtout une année riche! Riche de tout ce que la blogosphère médicale et de ce que twitter m’a apporté! Au niveau personnel, j’ai découvert des gens formidables et passionnants. J’ai eu quelqu’un à qui parler jour et nuit! Pour partager des choses futiles ou pour trouver du soutien dans les moments difficiles. Un coup de blues: il suffit de le dire et une bouffée de réconfort nous rempli instantanément. J’ai eu tellement de soutien sincère dans les moments difficiles que si tout ça est un peu bizarre, tant pis, cela m’a aidé énormément. Merci encore à tous. Au niveau professionnel: cela a vraiment changé ma pratique. Et  la lumière fut je dirai! La meilleure FMC possible.. Des références, des articles rigoureux,  les dernières actualités, une nouvelle façon de réfléchir,avec Dominique Dupagne en chef de file. Et si j’ai une question médicale, je la pose et des réponses argumentées avec les références précises arrivent en quelques minutes. Un outil incroyable…

Et je suis tellement fière de faire partie de cette communauté (médicale mais pas que). Car je pense que je peux dire que j’en fais partie maintenant, et même que Jaddo jlui parle autant que je veux et que ça me fait plus crier de joie à chaque fois (même si elle reste la grande prêtresse et que ses articles et tweets sont toujours les plus spirituels), que Borée m’a adorablement fait parvenir un exemplaire dédicacé de son livre et que je tutoie Dominique Dupagne (mais pas Michel Drucker). Peut-être même qu’il y en a qui sauteront de joie parce que je leur enverrais un tweet. N’exagérons rien! Enfin, quand j’écris une grosse connerie genre je suis au ciné avec mes lunettes de ski au lieu des lunettes 3D, il y a potentiellement 840 personnes qui peuvent le lire… Mais si je dis que je suis fière, c’est parce que j’estime toutes ces personnes et les évènements récents m’ont fait prendre conscience du pouvoir que pouvait avoir notre communauté. La pétition lancée par Farfadoc a pris une ampleur phénoménale et est remontée rapidement jusqu’au ministère de la santé, ce qui est quand-même incroyable. Moi, je n’y suis pour rien ( Dr Couine non plus d’ailleurs) mais quand-même il est certain désormais que le web 2-0 est un outil incontournable, pour la médecine, pour tous les domaines, pour faire la révolution…et ouf heureusement,que je m’y suis mise….

Quant à mon blog, qui fête son anniversaire (oui vous avez compris j’âdore les célébrations), je suis contente de n’avoir eu aucune personnalité et de l’avoir commencé l’année dernière.

Si je fais le bilan, c’est quand-même en tout cas moi je trouve étourdissant, 70 articles (ah quand-même, en fait jviens de regarder c’est beaucoup je trouve) plusieurs centaines de personnes viennent chaque jour sur le site, il y a eu 120000 visites depuis le début mais surtout au delà des chiffres dont on  se fout, certains commentaires m’ont touché et m’ont laissé imaginer que ce que je disais pouvait parler aux gens, les toucher, les faire réfléchir, voire les aider ou en tout cas avoir un impact. Et ça c’est fou! Au delà du côté narcissique de la chose qui est assez évident, je suis heureuse de voir que ce je dis peut intéresser des gens, et que peut-être je réussi un peu à faire passer le message que la médecine générale, c’est bien, que la Seine-Saint-Denis c’est bien… Et d’autres encore …

Cela m’a aidé cette année d’écrire, et la cerise sur le gâteau, ce fut d’être lue! Et semble-t-il appréciée.

Alors merci à tous ceux qui ont rendu ce rêve possible (oui là je m’entraine pour la remise du Prix Nobel), je vais tenter de continuer, je n’aurai très probablement pas de rue à mon nom mais cette année j’ai eu mon nom dans les magasines:-)  Mon pseudo (ridicule) dans certains (et dans Le Monde grande fierté) et même mon vrai nom (pas terrible non plus d’ailleurs) dans d’autres…Comme quoi! La vie peut nous surprendre …

 

PS: en fait nous ne sommes plus le 17 août  depuis quelques  minutes et surtout je n’ai pas de réseau pour publier l’article… Ça m’énerve …

 

 

Savoir partir…pour mieux revenir

Ca y est, c’est les vacances!

Sauf que moi ce n’est pas en vacances que je pars, c’est en congé maternité…

Je pars une petite semaine en vacances quand-même mais après, je ne reviens pas…jusqu’au mois de décembre.

Ca fait un drôle d’effet.

Comme je l’ai déjà dit, je ne suis pas du genre à culpabiliser de prendre des congés. J’aime bien la culpabilité, l’auto-flagellation etc mais de manière adaptée, un petit peu mais pas trop.

Comme je l’expliquais ici, j’ai la chance (que j’ai un peu forcée avouons le) de ne pas travailler énormément. Quand je lis le dernier article de Fluorette et le témoignage d’autres médecins, je me sens comme une amatrice en fait, je ne gère pas le quart de ce qu’ils gèrent. Du coup, je me dis parfois que je n’ai pas la légitimité de témoigner sur ce blog, de dire que d’être médecin généraliste c’est super génial. Donc, je reprécise, je ne suis pas représentative du médecin installé. Je suis par contre le témoignage que c’est éventuellement possible l’installation autrement.

Le fait que je travaille moins que la moyenne des généralistes (enfin je travaille hein quand-même, presque tous les jours même) vient du fait que, d’abord j’suis fatiguée de naissance et que j’aime pas me lever le matin donc j’aime bien le libéral qui me permet de commencer à 11heures si j’en ai envie, que vous l’aurez compris j’ai eu une vie personnelle un peu difficile avec des responsabilités extra-professionnelles qui ont fait que je n’ai pas jusqu’à maintenant voulu prendre d’engagements trop prenants et surtout que j’ai une conscience accrue du fait qu’il faut prendre du temps pour soi dans la vie pour éviter le burn out (j’en parlais ici) et que ça je sais très bien faire!

Donc, il était tout naturel que dans cet état d’esprit, je fasse quelque chose d’assez extraordinaire pour un médecin: Et bien je prends un congé maternité!! Et oui, jsuis gonflée!

Un vrai: 6 semaines avant et j’ai prévu 8 semaines après (normalement c’est 10 semaines mais pour plusieurs raisons je me contenterai de 8)

Pour être honnête, je pars même 7 semaines avant parce que je voulais quand-même profiter d’une semaine de vacances en famille avant que mon mari ne reprenne le travail. (Mais j’aurai pu faire pire puisque ça fait 15j qu’il est en vacances et que je bosse).

Donc je suis vraiment gonflée, je ne recule devant rien…

Alors du coup, j’ai un peu culpabilisé (mais pas trop bien sûr) parce que forcément, quand je dis que je pars en congé maternité, on me répond: « Ca y est, tu as perdu les eaux » « Ah tu es déjà à 9 mois ». Tout le monde raconte des histoires de perte des eaux pendant une chirurgie ou du même genre. Wonder Woman la boutonnologue qui a travaillé jusqu’à très peu de jours avant en soutenant thèse/DEA/DES ou autres brillantissimes choses juste avant  a repris moins de 3 semaines après l’accouchement.

Et bien moi, non, tant pis, je ne serai pas wonder woman, je trouve déjà bien d’être allée jusqu’au congé mater normal.Pour ma première grossesse,j’étais interne, j’étais déjà fière de ne pas avoir pris le congé patho!J’ai arrêté cette semaine une patiente bien moins enceinte que moi et à la fin, elle voit mon ventre et a du se sentir un peu mal quand je lui ai dit que j’étais à 33 SA.

Certes mon travail n’est pas physique, certes je n’ai pas de transport et j’aurai pu continuer encore,et certes la grossesse n’est pas une maladie mais déjà il fallait prévoir à l’avance, et puis c’est comme ça.

J’ai quand-même un gros bide, c’est quand même encombrant, surtout pour examiner les enfants qui bougent dans tous les sens et donnent des coups de pied,se baisser ramasser tout ce que je fais tomber, porter mon énorme sac en visite…en plus ça fait un mois que j’ai une tendinite au pied, que je boite et que j’ai très mal,etc, j’arrête de faire ma cosette avant de parler d’histoires d’hémorroides (en vrai, j’en ai même pas) ou de ma mère qui vient de mourir (en fait vous avez vu, j’aime bien faire ma cosette).

Et puis pour ma dernière journée,ce fut folklo:sans RDV le matin,les patientes logorrhéiques se sont enchainées, je veux parler de celle que tu vois dans la salle d’attente,tu pleures, la patiente qui refrappe trois fois à la porte pour continuer la conversation,des visites, la consultation au foyer de l’ASE qui n’en fini pas et que du coup,tant mieux, j’ai pas eu le temps de faire des adieux plein d’émotion à Super Infirmier qui ne sera plus là quand je reviendrai et avec qui j’ai adoré travailler, le patient du podologue qui fait un malaise et qui se relève juste quand je viens de finir ma conversation avec le 15, les 4 lapins de l’après midi,lle secrétariat qui marche pas et le mari qui arrête pas d’appeler pour qu’on échange de voiture quand jsuis au téléphone avec le spécialiste de l’hôpital pour gérer un truc important avant de partir. Et ma patiente ado/nounouille/que j’aime bien quand-même qui vient avec une demi-heure de retard quand j’ai déjà tout fermé et qui en fait hier était malade mais aujourd’hui ça va …Bref, ils sont tous gentils, ils ont fait en sorte que j’ai moins de regrets…

Donc bref, je voulais en profiter pour dire quelque chose que l’inconscient collectif ne sait pas forcément, tout encombré qu’il est d’histoires de pauvres femmes médecins qui travaillent jusqu’à dilatation complète: le congé maternité existe pour les femmes médecins libérales depuis 2006.

Vous en trouverez les détails avec une petite historique ici ou ailleurs. En gros, si on prend les congés complets, soit 4 mois, en tout la sécu paye un peu plus de 8000 euros, ce qui fait une moyenne d’un peu plus de 2000 euros par mois.

Alors je ne veux fâcher personne et je vais tenter de ne pas dire de bêtises.

Tout est relatif, pour un médecin qui travaille beaucoup et a de gros frais de fonctionnement, les charges fixes peuvent être très élevées, jusqu’à 5000 euros et même plus. La différence de revenu est donc assez conséquente et on voit bien que le congé maternité est plus compliqué. De plus, il y a parfois au delà du côté financier, le poids de la patientèle. Il n’est pas toujours possible d’avoir un remplaçant et il est donc compliqué de laisser les patients 4 mois sans quelqu’un qui prenne la relève derrière.

Donc je comprends tout à fait la difficulté pour certains médecins de prendre leur congé maternité. Et pour beaucoup, ce métier est vraiment un sacerdoce.

Mais il ne faut pas non plus tomber dans l’autre versant et trop se plaindre non plus: les indemnités journalières sont quand-même plus élevées que la moyenne des gens et il serait indécent de dire quelque chose du genre « la sécu verse des clopinettes ». En règle générale,(en règle générale hein j’essaie de nuancer), un médecin gagne bien sa vie hein quand-même et que si on a beaucoup de charges et qu’on travaille beaucoup (ce qui n’est pas mon cas), on a des gros revenus quand-même et que si on gère bien son argent(ce qui n’est absolument pas mon cas) on peut mettre des sous de côté.Et parfois, on parvient quand-même, des fois ça arrive, à trouver un remplaçant et  celui ci nous reverse quand-même 20 à 30% de ce qu’il gagne.

Donc bref, chaque situation est différente et pour ne parler que de la mienne que je connais, je trouve que ayant  peu de charges et ayant la chance d’avoir un remplaçant, je peux me permettre de prendre le congé maternité que j’ai l’outrage de prendre.

Encore une fois, mon message est que mon cas n’est pas forcément représentatif mais que c’est possible.

Et qu’il faut savoir quelques soient les circonstances, savoir lâcher prise et s’occuper de soi. A mon humble avis…

Parce que il y a toutes les problématiques pratiques et matérielles dont je viens de parler et d’autres aussi peut-être que j’ai oublié. Mais il y a aussi le fait que quand-même: on les aime nos patients! et que eux ils nous aiment aussi dès fois. Et que aussi, ils ont besoin de nous, et parfois même quand c’est pas le cas, on pense qu’ils ne pourront pas s’en sortir sans nous.

J’ai pensé très fort ces jours ci à l‘excellentissime article de Dr Couine

Il explique bien la complexité des choses.

D’un côté, les patients ont quand-même réellement besoin de nous, et c’est parfois pesant comme pression, c’est quand-même un métier particulier que l’on emmène le soir avec nous dans notre tête et que l’on ne peut pas laisser en plan comme ça, sans organisation, juste parce qu’on a pas envie d’y aller ou juste parce qu’on a envie de partir en vacances ou qu’il faut faire sortir un bébé de son utérus.

D’un autre côté, nul n’est indispensable,en règle générale, il y a d’autres médecins, des fois inconsciemment on aime bien l’idée que les patients ne peuvent pas se passer de nous, des fois,la pression est celle que l’on se met tout seul et puis des fois même, quand on est pas là, et bien ça se passe bien sans nous.

C’est pareil, cela dépend des cas, du lieu d’exercice, de si on est seul ou en groupe, de la possibilité ou non d’avoir un remplaçant, mais quelque soit le cas de figure, c’est difficile d’abandonner de laisser ses patients.

Moi, je les laisse au bon soin de mes collègues, de ma collègue/remplaçante/amie et de mon remplaçant (j’aime bien dire ça « mon remplaçant » parce qu’en vrai c’est la première fois que j’ai un remplaçant, y’a pas si longtemps, c’était moi la remplaçante) je sais donc qu’ils sont entre de bonnes mains et je ne me fais pas de soucis.

Mais quand même, plusieurs fois je me suis dit, mince, ce patient là, faut que j’en parle à ma collègue, mince celui là, c’est compliqué, mince celui là c’est dommage on avait une bonne relation…et je mets plein de petits mots dans les dossiers, comme si vraiment, vraiment sans moi, mes collègues allaient pas s’en sortir.

Je fais des petits résumés pour faciliter la compréhension rapide du dossier parce que en fait, je m’aperçois que mes dossiers sont peut-être pas si bien remplis que ça.  Et puis je fais toute ma paperasse que je fais jamais, mes demandes d’ALD pour que mes collègues ne s’exclament pas à juste titre: »Mais ça fait 3 mois que le diabète a été découvert et la demande de 100% n’est pas faite », je scanne tous les courriers que j’ai pas scanné depuis des jours semaines mois, je range mon bureau, je commande des streptotests, bref tout ce que je ne fais jamais!

Et à (presque) chaque patient, j’ai un petit pincement au coeur et je m’applique dans les dossiers.

Pour certains patients qui ne connaissent que moi (y en a pas beaucoup),je leur parle de mes collègues. Y’a mes chouchoux mais je ne suis pas sûre que cela devienne les chouchoux de mes collègues.

Y’a la famille entière qui vient me voir d’une ville assez loin,les parents ou les enfants ont tout le temps un truc, tout le temps. Je les aime bien, la maman si je pouvais, je l’engagerais comme assistante, avant même que ce ne soit son tour, pendant que je fais l’ordonnance de celui d’avant, elle a déjà déshabillé, pesé et mesuré l’enfant, ouvert les vaccins, elle tient les enfants pour les examens ou les vaccins super bien, ils sont gentils, ils m’offrent des fleurs. Mais si je les vois avec les yeux de mes collègues, je peux imaginer que les consultations avec les trois enfants qui jouent (assez sagement cela dit même si le ptit m’a il y a un bout de temps arracher le papier peint) les motifs multiples de consultation, le père qui a une situation d’accident de travail assez enkystée, bref ça ne va pas être forcément leurs chouchoux.

Y’a ceux dont le dossier est compliqué, des histoires d’accident de travail que je gère avec le médecin du travail etc..

Y’a  les patients avec lesquels j’ai l’impression d’avoir instauré une relation de confiance.

Hier, j’ai vu Mr S. J’ai marqué un ptit mot RESUME comme à d’autres avec comme conclusion: Etre gentil avec Mr S, ne pas le brusquer, ne pas le contrarier: l’objectif est qu’il aime les médecins!

En effet, je l’ai vu en avril pour la première fois, diabétique de type 2, 37 ans, il avait arrêter son traitement et tout suivi depuis plus de 6 mois. J’ai repris les choses tout doucement, opération séduction à fond: non vous ne payez pas, non on fera ça la prochaine fois, on fait tout comme vous voulez. Non j’exagère mais l’idée, c’était ça, lui dire « A quoi êtes vous prêt vous? », diminuer les contraintes et dédramatiser. J’ai regarder d’un oeil noir mon externe qui lui a dit lors de la première consult: « mon dernier stage, y’avait des gens qui s’étaient fait amputer à cause du diabète » « euh mais non!!! » C’est là que j’ai vu que j’avais grandi. Et aujourd’hui son diabète est très bien équilibré( pour les initiés: il est passé de 12.2% à 7% d’HBA1C).

Y’a ceux que je venais juste de rencontrer et que je me dis c’est dommage de ne pas pouvoir continuer ce qui vient juste d’être entamé.

Y’a cette jeune fille de 24 ans, toute mignonne, que je voyais pour la première fois et qui venait de m’avouer une dépendance à la codéine et une envie de prendre les choses en main, avec qui déjà en une semaine, on avait commencé quelque chose.

Y’a ces enfants qui grandissent tellement vite que quand je reviendrai ils marcheront.

Y’a mes enfants du foyer de l’aide sociale à l’enfance…pour lequel en plus je n’ai pas de remplaçant, donc je sais que ça va être le gros bordel.

Y’a Mme B. dont j’ai parlé ici, que je vois à domicile, dont l’état se dégrade et que je laisse surtout entre les mains des spécialistes de l’hôpital…Ca m’embête…en même temps, égoistement, ça soulage une partie de moi, la visite d’hier a été épouvante. Elle me renvoie tellement en terrain connu que je sais que je peux l’aider mais cela est très éprouvant. Ecouter, rassurer mais ne pas trop en dire non plus… En sortant de chez elle, j’ai pleuré. Et puis ça m’embête parce qu’à la bio d’aujourd’hui, elle a 8g d’Hb et que faudrait que je règle ça avant de partir.

Et puis, y’a Mr G .

Et puis quand-même, soyons positif:

Y’a tous ces patients énervants que je ne verrai plus!

Y’a tous ceux pour qui peut-être sans le savoir, je fais n’importe quoi et que mes collègues vont remettre sur pied, y’a toutes les erreurs que je fais qu’ils vont rectifiées, y’a tous ces patients que je ne tuerai pas .

Y’a Mr B. avec qui j’ai l’impression de tourner en rond, avec qui j’ai tout essayé mais rien n’y fait, il ne se soigne pas, il va mal, je ne fais que lui faire des arrêts quand il les demande (et qui sont justifiés vu son état de santé pour lequel il ne fait rien). Je ne suis pas sûre que les autres y arriveront mieux que moi mais au moins je ne me dirai plus que peut-être avec un autre médecin…

Et puis y’a ce couple qui me rend folle! Je ne peux pas en parler plus en détail de peur qu’ils se reconnaissent mais même si je leur ai clairement expliqué aujourd’hui que notre ce n’était plus possible de faire du bon travail ensemble et que de toute façon, je ne voulais plus être leur médecin ( une première pour moi), qu’est ce que je suis contente de ne pas être là pour la suite….

Rien que pour ça, ça vaut le coup de le prendre ce congé mater!!!

Et puis y’ a les grasses mat!et demain mes vacances! A Carcassonne, voir le bébé de mon amie d’enfance qui vient d’accoucher (enfin une césarienne c’est pas un accouchement jdis ça jdis rien) .

Et puis bientôt, y’aura le mien de bébé!!

Alors, voilà, je pars avec un ptit pincement au coeur mais le coeur léger.

J’ai bien aimé quand-même faire des ordonnances de 4 mois pour ceux qui voulaient pas voir,sauf absolue nécéssité,un autre médecin.

J’ai bien aimé ceux qui sont venus pour presque rien cette semaine juste pour me dire au revoir.

J’ai bien aimé ceux qui me souhaitaient bonne chance.

J’ai bien aimé les ptits cadeaux et les grosses fleurs.

Je vais bien aimer les revoir tous en décembre…

Mais je sais qu’entre temps, ils s’en sortiront bien sans moi!