1 an et 7 mois

Vous l’attendiez, le voilà!

Pour ce billet de célébration plein d’inspiration (oh non elle va pas nous refaire le coup des rimes du mois dernier), j’ai eu plein d’idées.

J’ai pensé à tellement de choses que j’ai eu du mal à choisir!!

J’ai pensé Alexandrins, j’ai pensé haïkus ( Savez vous qu’un haïku est composé de 17 mores/sons), j’ai pensé à un texte profond mélangeant réflexion de fond hyper intelligente sur un problème sociétal majeur et philosophie (oui Farfadoc, elle a dit que j’étais une philosophe et en bonne fille à mon papa très drôle, j’ai répondu « oui,comme la poule »)

J’ai pensé raconté ma vie, parler de moi, de mes aventures extraordinaires (ça fait longtemps par exemple que je n’ai pas parlé du Stop de la rue derrière chez moi),de mon week-end en amoureux à Provins, c’est chouette Provins, surtout le spa et le resto de l’hôtel d’ailleurs, ou de ma progéniture, une valeur sûre (oui encore une rime, promis c’est la dernière) mais bon, je crois que j’ai déja fait…et refait ( et refait…plusieurs fois..)

J’ai pensé à vous parler de mon département: vous ai-je déjà dit que j’habite en Seine-Saint-Denis? Bon,je garde cette option…

J’ai pensé à faire semblant de faire un billet mais en fait à piquer celui de quelqu’un d’autre (Vous avez remarqué que je fais ça souvent hein, jsuis maligne…mais c’est que les autres, c’est tellement bien ce qu’ils disent). J’ai même voulu me servir du billet d’Euphorite de tout à l’heure:« Grand-mère veux-tu? » ,tellement il est trop bien, et que tout ce qu’elle a dit, c’est exactement ce que je pense!!! ( Par contre, le truc qui m’échappe totalement, c’est que son anniversaire de twitter, c’est le 20, et qu’elle sort son billet le 17????).

J’ai pensé à reciter plein de mes articles à moi (quoi,vous avez remarqué que je fais ça aussi), c’est vrai parce quand-même, y’en a des excellents!!! Et jsuis sûre que y’en a plein que vous n’avez pas lu. Mais du coup,y’en a tellement, et tellement d’excellents, que je ne sais pas lesquels choisir! Mais je ne saurai que trop vous conseiller de vous refaire une relecture de l’intégralité de mon blog,quitte à prendre une journée de congé ou a demander un arrêt de travail à votre médecin de famille..

J’ai pensé, mais réellement pensé (comme croyez-vous que je sache qu’il y a 17 syllabes dans un haîku), vous sortir la page wikipédia du chiffre 17 ou encore mieux: le site de ce passionné du chiffre 17! Allez-y, il y a des trucs passionnants! (Par exemple, savez-vous qu’une tonne de papier recyclé permet de sauver 17 arbres).

Ou bien-sûr, mais c’est plus classique, faire la liste de toutes les choses qui se sont passées un 17 mars, personnelles (ben étonnament: rien!!) ou dans le monde! (Et savez-vous, merci wiki (oups encore une), que le 17 mars se situe entre le 16 et le 18 mars…)

J’ai pensé à vous faire une petite revue des spectacles que j’ai vu récemment: Le lac des cygnes, Alladin, Le songe d’une nuit d’été, La maitresse en maillot de bain… Bon ,en fait, j’ai la flemme, mais vraiment les 4, chacun dans leur genre, sont excellents et je ne peux que vous les recommander!! Le lac des cygnes, ça parle tout seul, c’est mon premier ballet et c’était magnifique, d’ailleurs j’y retourne dans 15jours! Alladin, excellent pour les enfants et pour leurs parents (bon, je crois que celui qui a écrit le spectacle avait dû fumer qq chose). Le songe d’une nuit d’été: shakespaere version seventees,un régal, et La maitresse en maillot de bain, une bonne surprise,très drôle et bien écrite, d’excellents acteurs…

J’ai même pas pensé à vous parler de ma mère qui est morte, jvais quand-même pas faire ça! Oh mince, je l’ai déjà fait…et refait (et refait encore…)

J’ai pensé à vous parlé de twitter, et des gens formidables que j’ai rencontré hier etc etc mais je l’ai dèja fait (et refait…) le mois dernier. Quelle idée aussi de rencontrer des inconnus tous les 17 du mois!

J’ai pensé à vous chanter une chanson…ou jouer de la flûte…mais y’a pas le son…

J’ai pensé à annoncer une grossesse comme tous les 17 mars, d’une manière subtile et drôle…mais je ne suis pas enceinte!! (gentilmari, je t’ai entendu soupirer de soulagement d’ici, soit un peu discret).

J’ai pensé à vous parler de Mr G. mais il mérite un billet pour lui tout seul…

Et puis finalement, j’ai pensé que le mieux, c’était de me taire, ça m’éviterait de dire n’importe quoi, et de faire plein de fotes d’orthographes à cette heure ou je ne répond plus de rien, en plus c’est bientôt l’heure du bib…alors au mois prochain!

PS:Au fait: vous l’ avez compris le coup de la poule qui « fait les oeufs » …

Une vie

Tous les jours, mes patients me racontent leurs histoires, les unes plus tristes que les autres. Il semble que la vie n’épargne personne. J’aime me réjouir avec mes patients des bonnes nouvelles que la vie offre parfois mais je ne peux pas me permettre de pleurer avec eux à chaque consultation. J’ai appris à me blinder. J’ai appris à faire ça depuis toujours, face aux épreuves que la vie m’a, à moi comme aux autres,imposées. Mais cela ne m’empêche pas de ressentir en plus de l’empathie toute bien comme il faut (on nous a appris à la fac: l’EMPATHIE, pas la sympathie, pas les autres trucs en thie, l’ EMPATHIE) toute une foule de sentiments difficiles parfois à mettre bien en ordre face aux difficultés de la vie de certains.

Je ne sais pas pourquoi certains me touchent plus que d’autres. Depuis la semaine dernière, j’en ai entendu des histoires tristes, vraiment tristes,comme ma patiente que l’on aime qui m’a entre tous ces problèmes de santé,raconté qu’ils faisaient leurs cartons car fin de la trêve hivernale oblige, l’expulsion n’allait pas tarder, mais je ne sais pas pourquoi c’est l’image de Mme A. qui revient dans ma tête.

Son histoire n’est pourtant pas dramatique à Mme A. Mme A. la cinquantaine, vient du Pakistan. C’est une nouvelle patiente et c’est la première fois qu’elle venait seule sans sa belle-soeur qui traduit. Elle ne parle presque pas français, mais elle essaye. A la fin de la consultation, elle me montre l’ordonnance de son mari. Je ne suis pas bien sûre d’avoir bien compris sa demande, mais je crois qu’elle voulait savoir si son traitement pouvait être la cause d’un manque de libido ou quelque chose comme ça. De fil en aiguille, avec la barrière de la langue, je comprends que son mari ne s’occupe pas d’elle, sort toute la journée, rentre tard, ne lui parle pas. Elle est seule, sans famille, sans amis, me dit-elle avec une larme qu’elle essuie dignement. Elle a laissé ses enfants au pays il y a 6 mois pour rejoindre son mari qui lui manquait et recevoir des soins médicaux plus adaptés.Il ne la regarde pas… « Vous avez essayé de lui parler? »   « Il m’a dit que j’avais qu’à m’en aller et refaire ma vie … » « Mais ça ne se fait pas chez nous…et puis je l’aime moi mon mari … » « Et c’est comme ça depuis longtemps? »  » Depuis mon mariage…à 19 ans… »

C’est la vie…a-t-elle conclue… Je pense à  Maupassant….

Cette histoire n’est pas la plus dramatique mais cette patiente m’a profondément touchée. Je ne parviendrais probablement pas à expliquer pourquoi ici.

C’était la journée de la femme, ce jour là. Je pense à cette femme et à toutes les autres. A toutes mes patientes, aux femmes de tous mes patients qui les attendent seules au pays pendant qu’eux galèrent ici à la recherche de meilleures conditions de vie, à toutes les femmes de par le monde dont la vie est si dure.

Et je pense à moi, à la chance que j’ai, d’avoir tout ce qu’une femme devrait avoir: un mari aimant, attentionné, avec lequel je m’épanouis dans une relation d’égalité, des filles magnifiques mais qui ne sont pas toute ma vie, une famille et des amis formidables, une vie professionnelle enrichissante, un travail que j’aime, des loisirs à moi avec le temps de les assouvir.

Pourquoi ai-je moi cette chance là, quand tant de femmes formidables ont une vie de souffrance, d’asservissement, de labeur, d’abnégation. Je trouve parfois mon bonheur indécent…heureusement que j’ai eu mon lot de coups durs, ça me permet de déculpabiliser un peu et d’avoir moins honte quand je me plains parce que vraiment des fois, toute cette chance que j’ai et que mes patients,pour ne parler que d’eux, n’ont pas, c’est lourd à porter.

Quant à Mme A. à part lui serrer fort la main à la fin de la consultation , que puis-je pour elle….