Moi aussi j’ai une fée chez moi ….

 Attention ! Après, ceci, tous les lecteurs médecins voudront venir s’installer en Seine-Saint-Denis, et même les malades voudront venir y vivre. Il va y avoir un exode vers la Seine-Saint-Denis.

Car, je l’ai déjà dit, la vie en Seine-Saint-Denis est parfois très agréable, il y a des atouts souvent méconnus à l’exercice dans ce département, j’y reviendrai, mais en Seine-Saint-Denis, nous avons quelque chose que personne n’a ailleurs : le centre de ressources pour mini-réseaux de proximité, et nous avons des magiciennes…

J’ai déjà dit qu’il y avait des personnes motivées en Seine-Saint-Denis, des associations et des initiatives admirables, du dynamisme. Moi, je connais une personne formidable, qui change ma vie et celle de mes patients.

Car le métier de généraliste est difficile. Il y a le côté médical qui est déjà un vrai défi en soi mais il y a tout ce qu’il y a autour, toute la prise en charge sociale. Il est vrai que cela dépend du type et du lieu d’exercice, mais à partir du moment où la maladie, le handicap, la dépendance apparaît dans la vie de quelqu’un, les problèmes sociaux ne tardent pas à suivre, et même les médecins généralistes ne travaillant pas dans des milieux défavorisés comme en Seine-Saint-Denis, ont je pense leur exercice médical souvent « parasité » par des problèmes non médicaux.

Le problème est surtout que lors de notre formation, nous avons été très peu formés pour gérer tous ces « soucis annexes » qui nous tombent dessus. L’autre problème est que la mauvaise organisation de notre société est telle que le médecin généraliste se retrouve seul pour gérer des choses qui ne sont pas de son ressort.

Quelques exemples :

-Mme B. 56 ans , très active, avec ses grands enfants à charge a depuis deux ans environ une maladie neurologique qui a tardé à être étiquetée qui s’avère être une sclérose combinée de la môelle et aussi une neurosarcoidose ( tant qu’à faire !). Elle a une perte d’autonomie progressive et ne pouvant plus se déplacer au cabinet de son médecin et  celui-ci ne faisant pas de visites à domicile, je deviens son nouveau médecin traitant. Rapidement ( aucun lien de cause à effet bien-sûr) les choses se dégradent, elle est hospitalisée, puis je suis appelée en catastrophe un vendredi alors qu’ils l’ont fait sortir sans penser qu’elle ne pouvait pas marcher ni faire ses sondages urinaires, sans savoir du tout ce qui se passait à domicile. Après un week-end catastrophique, lourd de conséquences psychologiques pour elle et ses enfants, je la refais hospitalisée ( son neurologue était dans ses petits souliers, il n’était même pas au courant de sa sortie ) et ensuite elle ira en maison de repos en attendant de mettre les aides à domicile au point. Les problèmes qui se posent devant une perte d’autonomie avant 60 ans sont nombreux. Pour que Mme B. puisse rentrer à domicile, il faut coordonner les aides à domiciles, soins  infirmiers , aides soignantes pour la toilette (mission quasi impossible). Mais il y a surtout un problème financier, prise en charge du maintien à domicile, son salaire qui n’est plus versé, loyer qui n’est plus payé, et moral : se retrouver dans une situation où l’on a plus l’énergie de gérer comme il faut tous les problèmes matériels, où tous ces problèmes financiers empêchent de se consacrer au plus important : se soigner. Il est difficile de se rendre compte tant que l’on ne l’a pas vécu de la détresse d’une telle situation. Et c’est le médecin généraliste qui se retrouve au milieu de tout ça, que faire ? Compte tenu de l’âge, on ne peut pas compter sur la mairie pour mettre en place l’APA (Aide personnalisée d’Autonomie) ce qui en général marche assez bien, il faut faire une demande de PCH ( Prestation Compensatrice du Handicap) à la MDPH ( ancienne COTOREP). Premier obstacle : il faut que le médecin généraliste connaisse (honnêtement je connais car j’y ai été confrontée dans ma vie personnelle), ce qui n’est pas gagné et surtout le délai est extrèmement long ( 6 mois minimum en Seine-Saint-Denis ) , et en attendant ? et pour tout le reste (loyer, employeur etc) ? Et bien, on est bien embêté ? On dit à la patiente, qui ne peut pas se déplacer ou à ses enfants de contacter l’assistante sociale du secteur (même s’ils trouvent l’énergie de le faire, ils auront par chez nous beaucoup de mal !) On compte sur l’hôpital ( ah ! ah ! ah ! ) …Bref, c’est une situation qui personnellement en plus du fait de prendre beaucoup de temps, dépasse mes compétences…et Mme B. est toute seule dans sa détresse.

-Mme D. 78 ans, vit avec sa fille handicapée sous curatelle, en dehors d’une dépression avec des crises hautes en couleurs régulières, médicalement je m’en sors. Mais souvent, elle me fait part de ses problèmes financiers, son téléphone est coupé, la curatelle ne lui donne pas l’argent de sa fille, il n’y a personne pour aller chercher les médicaments, elle ne peut plus acheter de quoi faire à manger, elle est  isolée.Elle demande à être mise sous curatelle : euh oui mais on fait comment ? ah oui faut que vous alliez au tribunal d’instance chercher un dossier : OK ?  Je renouvelle son ordonnance en majorant les anxiolytiques et je fais quoi ? Je lui dis d’appeler l’assistante sociale (qui ne répond jamais) elle va me répondre que son télephone est coupé…Bon ben salut, on se voit le mois prochain ….

-Mr D. pour ceux qui suivent (une matinée) qui n’a toujours pas d’aide médicale après 9 mois, il a bien déposé son dossier pourtant ! Il ne peut toujours pas se soigner et a des dettes pour ses consultations aux urgences.

Je pense que je ne suis pas la seule à être désarmée devant ce genre de situation et je pense que ce sont les patients qui en pâtissent le plus et qui restent dans des situations inextricables …

Enfin désarmée, moi je ne le suis pas ! Face à une telle situation, je prends mon télephone, le numéro que j’ai mis dans mes favoris, je laisse un message et c’est bon je peux aller jouer au golf (oui genre !) le problème est réglé ! C’est aussi simple que ça. Il y a une petite fée qui va venir s’occuper de tout …

Non, vous ne me croyez pas ! Et bien si !

-Pour Mme B., malheureusement son état médical ne s’améliore pas et elle est toujours en maison de repos mais entre temps, mais la fée est venue la voir à domicile plusieurs fois ou à la maison de repos. Elle a appelé la MDPH des dizaines de fois, la PCH a été accordée et quand un retour à domicile sera possible, elle organisera et coordonnera les divers intervenants, elle a contacté l’employeur et a fait toutes les démarches pour que soit obtenu le maintien de salaire en longue maladie ( et quand cela implique des détails comme aller chercher un papier, me le faire remplir, le renvoyer tamponné etc , et bien, elle le fait, elle se déplace), elle s’est arrangé avec le bailleur pour le loyer. Elle m’appelle pour me donner des nouvelles ou m’en demander, est à la disposition de Mme B. ou de ses enfants en cas de besoin. Je ne sais pas si on peut se rendre compte de l’impact de cette démarche, pour le médecin mais surtout pour Mme B. et ses enfants.Ca a changé sa vie, elle doit déjà gérer la difficulté de sa maladie mais maintenant c’est dans les meilleurs conditions possibles. L’aide matérielle certes mais avant tout morale est inestimable !

-Pour Mme D., elle s’est rendue à son domicile plusieurs fois, a harcelé le service social de la ville pour qu’ils prennent Mme D. en charge, a contacté la curatelle de sa fille et même si je ne dis pas de bêtises avec la permission de Mme D. a parlé à sa banquière. Elle va s’occuper de ses factures du mieux qu’elle peut et pour la demande de mise sous curatelle, m’a dit « je m’en occupe » , ah bon d’accord alors !!

-Elle s’est rendue au domicile de Mr D., a contacté ( le mot est doux pour le mal que ce fut ) la sécu pour comprendre pourquoi le dossier n’était toujours pas à jour (ne soyons pas mauvaise langue, mais il semblerait que ce ne soit pas inhabituel que les dossiers d’ AME trainent en longueur), s’est mise en relation avec l’assistante sociale de l’hôpital pour les factures des urgences, reste en contact avec eux etc…

Je ne sais pas si je vous fais sentir l’importance cruciale de son travail, mais personnellement si je trouve que j’ai pu apporter quelque chose à ces patients, c’est de les avoir mis en contact avec elle …

Cette fée s’appelle Ozgur et je n’ai pas encore le plaisir de connaitre son amie fée Sarah , j’écris ceci avec leur autorisation. Elle font parti d’une association qui se nomme : centre de ressources pour mini-réseaux de proximité en Seine-Saint-Denis. C’est une initiative originale et à mon sens brillante développée par quelques personnes dynamiques dont le principe est d’expérimenter une pratique de coordination des trajectoires de soins des patients en situation de crises et suivis par leur médecin traitant, expérimenter un nouveau métier : le coursier sanitaire et social avec une méthode d’intervention individualisée, déboucher sur la mise en place d’un service de santé polyvalent qui permette de réduire les inégalités pour l’accès au soin des patients en situation de crise.

voici une petite présentation de leur association qu’elles m’ont permi de publier ici :

Il faut comprendre à quel point cette association à la fois extraordinaire et en même temps semble tout à fait logique… Cela est tellement positif pour tout le monde que je ne comprends pas qu’elle doivent lutter énormément pour se développer et surtout pour obtenir des financements. Les financements m’ont-elles avouée risquent de ne pas être renouvelés … mais elles continueront à s’occuper des gens quand même …même sans financement … Je trouve qu’une telle initiative devrait être aidée, soutenue, facilitée et développée partout .En attendant , et pour combien de temps je ne sais pas , mais on ne trouve ces fées que chez moi …En Seine-Saint-Denis …Et je profite de cette occasion pour remercier Ozgur de toute l’aide qu’elle m’a apporté jusqu’à maintenant et surtout au nom de  Mme B. Mme D. et Mr D..et lui exprimer toute mon admiration …

Centre de ressources pour mini-réseaux de proximité en Seine Saint Denis

Bref historique :

Ce projet est à l’issue de plusieurs années d’expérimentations menées par Mme Sibel BILAL, avec une partie des médecins généralistes membres de l’ANGREHC (Association Nationale pour la Recherche et l’Etude sur les Hépatopathies Chroniques) mais aussi membres fondateurs des réseaux Ville Hôpital. Les résultats des actions réalisées ont aboutit aux modalités du système actuel.

Il part du constat principal qu’une grande partie de la population en situation de rupture sociale est du au fait d’accident de vie ou de maladie, et que ces situations créent aussi des conséquences sociales. Ces personnes en situation d’extrême fragilité sont emmenées à de multiples facettes de l’exclusion. Leur point commun est qu’ils sont quasiment tous en contact avec un médecin généraliste, un pharmacien et/ou un hôpital. La prévention sociale et sanitaire est donc importante.

1) Moyens et Objectifs

Le Centre de Ressources est une structure polyvalente de santé, mobilisée sur appel des médecins traitants, qui propose l’intervention d’une « équipe sociale mobile » constituée de « Coursiers sanitaire et social ». L’action a été financée dans un premier temps par l’URCAM puis par l’ARS dans le cadre du Fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins (FIQCS).

Elle vise à :

– coordonner les trajectoires de soins des patients en situation de crise et suivis par leur médecin traitant,

– mutualiser et coordonner les moyens humains,

Les coursiers agissent comme interface avec le système socio-sanitaire du patient, de son entourage et des professionnels de la santé. Ils vont à la rencontre des institutions et des différents dispositifs médico-social.

2) A qui s’adresse-t-il ?

– Aux patients de la Seine-Saint-Denis en situation de crise du fait de leurs facteurs de vulnérabilité socio-sanitaire ou d’un accident de vie (deuil, licenciement, séparation…) suivis par leur médecin traitant.

L’existence des différents services de proximité ne sont pas forcement connus ou parfois difficiles d’accès pour les personnes en situation de crise sanitaire et sociale. Immobilisée par la maladie, fatiguée ou dépassée, elles n’ont parfois pas la force d’effectuer les démarches nécessaires pour l’accès ou le maintien de leurs droits.

– Au médecin traitant, qui grâce à l’intervention des Coursiers Sanitaire et Social, permet de se libérer de la gestion des problématiques sociales, afin de se centrer sur la santé de son patient.

3) Prestations et services

– Bilan socio-sanitaire individuel

– Cartographie des réseaux du patient

– Lien avec les dispositifs médico-social

– Réunions de Concertation Pluridisciplinaire de Proximité

– Plan d’action individualisée avec le médecin traitant

– Dérogations tarifaires : Indemnisations des RCP et RCP 2

Définition de la Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) : C’est une réunion de concertation entre les différents intervenants autours du patient nommés par le patient pour la résolution de sa situation. Elle se tourne plutôt vers les professionnels de soins de ville mais, il est évident que les spécialistes sont invités si nécessaire.

Définition de la Réunion de Concertation Pluridisciplinaire de Proximité (RCP²) :L’ensemble des intervenants des RCP se réunit avec le patient avec pour objectif à la fois une alliance thérapeutique, et un effort d’harmonisation des décisions en s’appuyant sur le contexte environnemental (social, économique, psychologique, relationnel) des personnes malades et sur des référentiels de pratiques issue des conférences de consensus, recommandation de la HAS, du guide des alertes socio-sanitaires et du guide social des médecins.

Prise en charge de séance de psychothérapie (4 maximum)

4) En pratique: comment procéder ?

Le médecin généraliste :

repère une « situation de crise » et contacte le centre en temps réel, un Coursier Sanitaire et Social (CSS) se déplace immédiatement et/ou en différé sur RDV au domicile du patient ou au cabinet du MG ou un lieu au choix du patient (café…)

 

Rôle du CSS :

Effectuer un diagnostic socio-sanitaire ;

dresser une fiche d’intervention individuelle/patient

établir un plan d’action,

faire des démarches avec et/ou pour le patient

exemple: préparation de l’entrée des patients à l’hôpital et organisation de leur sortie ; mobilisation des services sociaux adéquats ; mise à disposition des MG des référentiels de l’HAS.

5) Partenaires Principaux adhérents du Centre de Ressources

– Réseau DIANEFRA 93 (prise en charge des patients diabétiques)

– Réseau Oncologie93

– Réseau Aulnay93 (VIH/SIDA – addictions-hépatite C)

– Hôpital R. Ballanger à Aulnay-sous-Bois

– Maison Médicale de Garde à Aulnay-sous-Bois

– ANGREHC (Appui technique/Hépatites B et C et Hépatopathies chroniques)

– Centres de santé et services sociaux

Le siège de l’association se trouve au 3, Place Tavarnelle 93220 Gagny. Présidé par le Dr X.AKNINE et le secrétaire/trésorier Dr P.GRUMBERG.

Vous pouvez nous contacter par mail : centrederessources-mrp93@orange.fr

ou par téléphone au 06 49 02 39 88 / 06 98 19 39 88

 

Médecin de famille

J’ai gardé 45 minutes pour une patiente qui a eu l’amabilité de me poser un lapin, alors pour passer le temps (autrement qu’en faisant comme à mon habitude la liste de ce que j’ai à faire voire en commençant à faire les choses de ma liste), je vais faire un petit billet de rien du tout juste pour dire (encore et toujours) que j’aime la médecine générale.

Tout à l’heure, j’ai eu une consultation qui je trouve représente l’essence même de la médecine générale.

Je ne suis pas médecin depuis très longtemps donc je ne peux pas encore savoir ce que ressent le médecin qui voit en consultation les enfants (petits-enfants?) de patients qu’il a connu enfant. Je ne touche encore que du bout du doigt la relation que l’on peut avoir avec des patients que l’on connait depuis des années.

Quand on découvre la médecine générale, quand on est interne, on s’enthousiasme déjà quand on voit revenir la même personne plusieurs fois de suite et que l’on commence à tisser un lien. C’est déjà un énorme changement par rapport à l’hôpital, on voit notre prat qui connait tout plein de choses sur ses patients et on est admiratif. Un jour, on voit le bébé d’une femme que l’on a vu enceinte, on sent qu’il y a quelque chose de vraiment beau dans ce métier …et le temps passe et on commence à créer des liens avec les patients, à voir les enfants grandir, à connaître les familles entière et si dès le début les consultations au cabinet nous ont plu, c’est tout un autre aspect qui se dévoile à nous au fur et à mesure .

Je suis installée depuis moins d’un an mais cela fait 5 ans que je remplace (euh officiellement pour l’URSAFF ça fait 4 ans et demi, ne me dénoncer pas hein) de manière régulière dans le même cabinet ( qui s’est séparé en deux donc j’ai mon cabinet et mon cabinet secondaire ) et si je n’ai que 22 patients dont je suis le médecin traitant officiel ( j’ai reçu la liste ce matin , je sais que c’est très peu et que je ne gagnerai que très peu d’argent avec le CAPI ou autre rémunération à la performance, mais moi je trouve ça hyper cool) travaillant dans un cabinet de groupe comme remplaçante ou maintenant collaboratrice, j’ai avec de nombreux patients commencer à tisser ce genre de lien.

Une consultation ce matin m’a fait prendre conscience de ça, que petit à petit, je devenais un vrai « médecin de famille » et que ça c’était vraiment une particularité exceptionnelle de ce métier. C’est un exemple parmi tant d’autres de plus en plus nombreux: celui de la famille S.

Une consultation avec de la fluidité, du naturel, des plaisanteries, comme quand l’on est en terrain connu. Ce ne sont pas mes patients, mais ceux du médecin que je remplace depuis plusieurs années et qui viennent me voir régulièrement quand il n’est pas disponible, bref ce sont un peu mes patients quand-même.

Ils sont venus tous les quatre , les parents et les deux enfants.Trois consultations.

– le père ne consulte pas , cela me fait tout de même plaisir qu’il soit venu, car je vois qu’il ne m’en veut pas : c’est à lui que j’ai refusé le certificat enfant malade pour sa fille pas malade …ce qui montre que quand on est juste, même si on n’accède pas à leur demande, les patients ne nous en veulent pas. J’ai été un peu gênée au début du coup mais finalement, ça a été…

– le fils : il a une angine, rien d’exceptionnel sauf que quand la maman me raconte qu’elle a été aux urgences pour fièvre à 40° à J1, je ne soupire pas, je ne me dis pas que c’est n’importe quoi… parce que je la connais, parce que je les connais, parce que je sais qu’il fait des crises convulsives quand il a de la fièvre et que pour sa grande sœur, ils ont passé des années à l’hôpital pour une épilepsie sévère (je la connaissais quand j’étais interne en pédiatrie d’ailleurs) , qu’ils sont tous les deux sous traitement anti-épileptique et que je comprends pourquoi la maman est un petit peu angoissée en cas de fièvre et préfère consulter rapidement . Et même que pour son angine, je ne lui fait pas de streptotest , je le mets sous antibios …

– la fille : elle a une angine également , c’est rapide, je la connais bien , une consultation récente de suivi a été faite. On discute surtout d’un autre membre de la famille :

– le lapin : oui c’est ça être médecin de famille : on connaît même le lapin : « Comment va le lapin ? » parce que preuve par photo ( c’est affreux !!) , le lapin a perdu ses oreilles, c’est lui qui avait eu les oreilles attachées et elles sont tombées.. Voilà ,c’est ça la médecine générale, même si celle-ci est affreuse, on a toujours la suite de l’histoire, même pour un lapin …et quand on connaît bien les gens et qu’ils font tomber les oreilles d’un lapin, on peut se permettre de rigoler…et de les réprimander aussi !!

– la mère : une rhinopharyngite mais quand on connaît les patients, la rhinopharyngite n’est pas juste une rhinopharyngite sans intérêt, c’est l’occasion de prendre des nouvelles du reste, que ce soit médical ou les nouvelles de la vie. Et elle est là la clé !! Tellement de personnes dénigrent la médecine générale en disant « Merci, soigner des rhinos toute la journée … » Moi aussi, j’en ai marre des rhinos des fois : quand ce sont des patients que je ne connais pas, quand je me force à essayer de trouver d’autres choses médicales à dire ou à faire pour que cette consultation ne soit pas complètement inutile. Mais des rhinos comme ça, c’est bien agréable.. du côté relationnel, on prend des nouvelles : donc le déménagement c’est samedi, et vous avez trouvé une maison, et patati et patata…peut-être même que la raison pour laquelle les patients consultent si facilement pour une rhino, c’est juste pour le plaisir de venir voir leur médecin et papoter avec lui (en tout cas, personnellement je serai prête à emmener ma fille pour une rhino juste pour le plaisir de voir le mien) ; et du côté médical on prend des nouvelles des vraies maladies, car croyez-le ou non, il y a aussi des vraies maladies en médecine générale. « Donc qu’a dit la spécialiste ? » « Que je continue le plaquénil ( traitement de fond d’une maladie inflammatoire rhumatologique en l’occurrence) » « Quoi, vous ne lui avez pas dit que vous ne l’aviez pas pris ??? » « Ben si je l’ai pris, depuis la dernière fois …quand vous m’aviez expliqué…je l’ai pris …et ça va bien je n’ai plus de symptômes… » voilà, j’aime la médecine générale et j’aime les rhinos … Sans cette rhino, je n’aurai pas su que mon intervention avait eu un impact, sans cette rhino, je n’aurai pas pu lui dire qu’elle avait maigri ( après avoir pris énormément de poids suite à un traitement par cortisone), sans cette rhino, je n’aurai pas pu les revoir tous avant leur déménagement et leur dire au revoir, je n’aurai pas pu me moquer du fait que en ayant passé deux jours dans leur nouvelle région au nord, ils sont tous revenus malades, je n’aurai pas pu lui dire de passer me faire remplir ou de m’envoyer le PAI des enfants pour leur nouvelle école parce que c’est plus simple, moi je les connais…sans cette rhino, je n’aurai jamais su à quoi ressemblait un lapin sans oreilles ( remarquez il aurait peut-être mieux valu ) …

Voilà, quand cette famille que je ne verrai peut-être plus est sortie du cabinet, je me suis dit que c’était bien chouette d’être médecin de famille …

PS : Finalement , erreur de secrétariat, ma patiente pour qui j’avais gardé 45 minutes est venue une heure plus tard, heureusement qu’il y en a une qui avait une heure d’avance, mais bon vlà le bordel !

Des principes…mais pourquoi au fait ?

Des fois, je me dis que c’est con d’avoir des principes.

Quand j’ai commencé à être médecin, je me suis imposé moi-même des principes  auxquels je ne dois pas déroger. Ben oui si on commence à faire des exceptions , ça devient n’importe quoi !

Y’a le grand principe qui dicte tout , promesse que j ai fait quand j ai eu mon concours , genre me rappeler que j’ai de la chance d’être médecin, toujours faire de mon mieux , ne pas mal tourner comme tous les autres et autres niaiseries que je m’efforce de suivre.

Et puis, y’a tous les principes plus pratiques que je m’impose.

Pourtant, dans la vie, je ne suis pas une fille de principe. D’ailleurs, je n’en ai aucun.

Réfléchissons, si : je ne me gare pas sur les places handicapées, et je ne mens pas aux impôts. Je mens à d’autres administrations mais pas les impôts. Quand une fois que j’ai fini ma déclaration, mon mari a trouvé une lettre qui traînait du conseil général qui me rappelait de déclarer les 50 euros par mois que j’ai reçu pour frais de garde et que ça faisait passer mes impôts de zéro à 200 euros, et bien, j’ai hésité et j’ai refait ma déclaration : payer des impôts est un privilège, cela veut dire qu’on gagne de l’argent.

Bref, à part ces deux principes, je n’en vois pas d’autres. Les gens me donneraient le bon dieu sans confession, mais pourtant rien ne m’arrête, ma vie est bordélique, je suis bordélique, je téléphone au volant, j’ai déjà trompé, volé, menti, bref pas de principes dans la vie mais au travail …

Ah mais si, grosse digression, j’ai un énorme principe dans la vie, qui me gâche la vie !! Ne pas céder à ma fille, avoir une ligne de conduite qui ne change pas, des règles éducatives, pas strictes mais de bon sens ( genre on met pas les pieds sur la table, on tape pas sa mère, c’est papa et maman qui décident et surtout on ne cède pas en cas de caprice), mais qui me rendent la vie infernale vu la furie qui me sert de fille. Et ce serait tellement plus facile si je n’avais pas ces principes…Tu veux pas manger ma chérie, tiens mange une glace devant la télé et ensuite t’iras te coucher avec nous, on s’endormira en regardant Dora…et il restera une glace dans le frigo pour te calmer la prochaine fois que tu fais une crise ou pour te récompenser si tu as bien lavé tes dents ou mangé tes légumes ou quand j’aurai envie de te faire du chantage !! La belle vie quoi ! Mais non, pour je ne sais quelle raison obscure ( la raison peut-être) je ne fais pas tout ça (même si je fais pleins d’autres choses pas bien par ailleurs )

Et bien, au travail c’est pareil, j’ai pleins de principes stupides qui me rendent la vie compliquée:

–  je ne mens jamais sur un document médical. Ca parait la moindre des choses et logique comme tout, oui mais quand même, cela implique beaucoup de complications : pas d’arrêt de travail de complaisance même de petite complaisance, pas de certificats de tout et de rien de complaisance.Et pas d’antidatage : ça c’est hyper dur !

–  je ne fais pas de certificats en particulier de sport, y compris des gens de mon entourage sans examiner la personne.

–  je ne fais pas payer de consultation ( ou ne fait pas passer la carte vitale si 100% ou CMU ) si je ne vois pas la personne ( oui cela parait normal aussi mais vu l’étonnement des patients, d’autres ne doivent pas s’en priver ) et je ne fais pas dans le mesure du possible ou seulement en dépannage et en expliquant bien le caractère exceptionnel de la chose, de renouvellement de traitement  pour des patients que je ne vois pas.

–  je ne prends pas la carte vitale de quelqu’un d’autre ou ne prescrit pas au nom de quelqu’un d’autre sauf cas exceptionnel (c’est vrai que ce n’est pas un principe immuable) je fais plus facilement des actes gratuits. Par contre, et ça c’est plus par idéologie et je pense que sur ce coup là, je ne ferai pas l’unanimité, si cela est médicalement sans risque, je prescris facilement des médicaments pour des personnes au pays.

– je ne fais pas de certificat pour dire qu’un enfant nécessite une circoncision ( et donc que celle ci soit rembourser) et des fois c’est pas facile de refuser aux patients que l’on connait bien .

–  et en règle général, c’est moi qui décide, pas les patients…( comme avec ma fille…on croirait presque que j’aime ça moi avoir le pouvoir de décision !)

Bref, tout ça parait normal, de bon sens et logique. Et ça l’est. Mais ce n’est pas si logique que ça pour les patients et pour certains médecins et ça ne me facilite pas la vie.

Le plus difficile, c’est pour les proches, parce que c’est encore plus difficile d’être rigoureux en dehors du cadre du cabinet et parce que c’est encore plus dur de dire non. Je fais de mon mieux pour ne pas déroger à mes principes, j’ai fait déplacer ou je me suis déplacée de nombreuses fois pour examiner les gens pour ces p…. de certif de sport et l’autre jour, je me suis fait avoir, prise au dépourvu par la nourrice de ma fille qui est venue chez moi, tard le soir (car besoin pour le lendemain) pour que je tamponne la licence de son fils que j’ai déjà examiné et de son mari … et putain je n’en dors plus la nuit tellement j’ai des remords mais je l’ai fait : alors qu’il a 40 ans et qu’il fume et qu’il devrait peut-être même faire une épreuve d’effort. Je vais aller dès que possible lui prendre sa tension et écouter son cœur mais ça me mine, non pas qu’il lui arrive quelque chose (je lui ai déjà dit qu’elle porte pas plainte) mais parce que j’ai dérogé à mes sacro-saints principes et que pour une raison que j’ignore, ça me contrarie énormément .Parce que pour cette fois où j’ai cédé, combien de fois j’ai tenu bon, alors que c’était dur. Refuser un arrêt à une amie parce qu’elle a des problèmes de garde pour son fils, faire venir des gens ou me déplacer  parce que je veux faire les choses bien. Il m’est arrivé de faire un faux certificat enfant malade pour une amie qui venait d’accoucher pour que son mari reste avec elle un jour où elle n’en pouvait plus, ça me contrarie un peu mais je n’ai pas menti :j’ai mis que l’enfant (ma filleule)  avait besoin de la présence de son père auprès d’elle et c’était vrai !

Au cabinet, quand on est comme moi et qu’on ne sait pas dire non, c’est dur aussi.

Il y a sûrement des fois où j’ai cédé surtout pour des histoires d’arrêt antidaté, je sais qu’il ne faut pas le faire, mais des fois les gens sont de bonne foi, c’est le médecin qui était absent et ne pas le faire les met vraiment dans la merde.

Il y a des fois où même si cela est faux, il n’y a que le certificat du médecin qui peut les aider :

3 exemples où j’ai réussi à dire non, vous me direz que c’est normal mais pour moi c’était dur :

– « avant-hier, j’ai fait un malaise en allant passer une épreuve de mon BTS , je suis un peu neuneu, je suis rentrée chez moi et puis c’est tout , et ils m’ont dit que pour rattraper l’épreuve, il me faut un certificat médical sinon je perds une année » Ben oui mais non …

– « mon mari a loupé son RDV à l’ANPE la semaine dernière et il leur a dit qu’il était malade, sinon il va être radié (c’est vrai c’est des chacals à l’ANPE) » ben oui mais non…

– » la sécu m’a contrôlé hier, je n’étais pas chez moi ou même je crois que c’était j’étais chez moi mais je n’ai pas entendu, pouvez-vous me faire un certificat disant que j’étais chez vous » ben oui …mais non

Nous, médecins, nous avons un pouvoir très important avec notre tampon qui permet de certifier des choses très importantes, des choses qui peuvent avoir de graves conséquences, et il faut donc je pense être rigoureux et avoir des principes. Cela est rare, mais les problèmes arrivent, les morts subites en faisant du sport, ça arrive, les médecins qui se font radier parce qu’ils ont fait un arrêt antidaté sans le voir à quelqu’un qui a commis un délit ce jour là, beaucoup d’autres, mais pour moi ce n’est pas par peur, c’est plutôt par respect de ce rôle que j’ai, je dois le faire correctement … bref question de principe.

Alors, surtout quand c’est gros comme ça, je tiens le coup, mais faudrait me voir dire non:  » j’aimerai bien mais jpeux point, vraiment ça m’embête de vous dire non, mais je peux pas…(et ça dure dix minutes comme ça) »  j’ai même été jusqu’à expliquer cette histoire de principes …

C’est pathétique hein même si je m’efforce de suivre les conseils de Yannsud et de faire un non affirmé.

Et il y a mon argument le plus nul: moi je ne peux pas mentir mais vous, vous n’aviez qu’à mentir, la prochaine fois faut me mentir que je vous fasse votre arrêt en toute bonne foi (en même temps y’en a une qui m’a fait ça, je l’ai très mal pris …)

Quand c’est un patient que l’on ne connait pas bien, c’est plus facile mais c’est vraiment difficile quand c’est un patient qu’on connait très bien, notre patient.

Hier à mon arrivée,un de mes patients que je connais très bien, m’attend dans la salle d’attente, c’est sans rendez-vous donc il y a plein de monde, il se lève et me dit devant tout le monde: « c’est juste pour un certificat enfant malade pour ma fille » …bêtement je lui demande « et elle est malade? » ( parce que honnêtement je pense que je l’aurai peut-être fait, le fait d’être malade ne justifie pas forcément une visite chez le médecin et je pars du principe que mes patients sont honnêtes, la preuve), « non mais aujourd’hui on va dans le nord visiter une maison ( je connais l’histoire ils déménagent etc) et j’en ai besoin pour mon travail » Ben oui mais non là … et puis en plus devant tout le monde pendant qu’on y est comme ça ils pourront passer le mot…

Souvent comme je disais, le principe c’est que c’est moi qui décide, par par ego, ou par soif de pouvoir ou un truc dans ce genre, je ne sais pas pourquoi, parce que c’est important pour la relation thérapeutique , parce qu’ il faut que j’aie la sensation que je contrôle la consultation , je ne sais pas comment l’expliquer mais sinon je me sens mal .

Si le patient arrive en disant « il me faut des antibiotiques », déjà ça va m’énerver et je vais chercher toutes les bonnes raisons de ne pas lui en donner.

Les patients sont peu demandeurs d’arrêt de travail et c’est moi qui passe mon temps à essayer qu’ils s’arrêtent, j’y reviendrai, mais quand il arrive rarement que certains me demandent un peu plus que ce que moi je voudrais et que parfois je le fais, je me sens mal.

J’ai une patiente de 60 ans, cassée de partout, qui est femme de chambre dans un hôtel, je lui propose tout le temps des arrêts, elle ne les accepte que rarement. Récemment, elle vient en consultation, pour toutes ses douleurs et ses problèmes rhumato. Déjà elle réclame sa boite habituelle d’anti-inflammatoire ce qui m’embête un peu à chaque fois, et puis elle me dit qu’elle veut un arrêt cette fois ci (je suis d’accord la pauvre elle devrait être à la retraite!) « jusqu’au 18 ». Ah ben ça fait 20 jours quand-même…Pourquoi le 18 en plus, elle a l’air d’avoir bien préparé tout ça, déjà je trouve ça un peu bizarre, en plus ça fait trop long à mon avis pour les mêmes symptômes que d’habitude ( en même temps, je me contredis puisque je pense qu’elle ne devrait plus travailler du tout) et puis mince ( orgueil, sensation de ne pas controler, je ne sais pas) c’est moi qui décide. Je lui explique que ça fait beaucoup d’un coup, je l’arrête 9 ou 10 jours, la fin de semaine et la semaine d’après et je lui dis que si ça ne va pas, elle revienne et que l’on réévaluera. Je pense ne pas avoir trop mal fait mais je ne suis pas hyper sûre. Et puis quelques minutes après, elle revient avec son fils qui n’est pas content du tout, et pas très agréable non plus, je lui réexplique tout ça dans la salle d’attente, que l’on reverra à la fin de l’arrêt, il me dit que c’est pour lui faire repayer une consultation etc …bref comme je disais pas très sympathique …pff…pour une fois que je dis non ( à raison ou à tort, je ne sais pas )…

La semaine dernière, je vois le mardi soir un homme de 35 ans, rhino J1, déjà ça m’énerve un peu (beaucoup même), il a été travaillé, mais il a l’air de trouver que sa rhino est un motif de consultation normal. Je lui explique que je peux rien faire pour lui, juste donner quelques petits trucs pour le soulager un peu le temps que ça passe tout seul ( bref une rhino quoi) et que ça va durer une semaine. Il a l’air satisfait de mes explications mais me dit d’un air naif  « il faut que je m’arrête une semaine alors » , il a l’air de sincèrement croire que sa rhino l’empêche de travailler… et moi je suis trop nulle des fois, et comme il est particulièrement pénible ,au lieu de lui dire: « ca va pas la tête mon gars, c’est pas parce que t’as le nez qui coule que je vais t’arrêter la semaine », je lui dis et là ce fut mon erreur  « je vous arrête demain et si ça ne va pas, vous me rappelez et on verra » ( j’avoue, cette phrase était lâche et évasive). Le jeudi, je ne travaille pas ( yes demain c’est jeudi et c’est sport, hammam et après midi à Paris, j’adore le jeudi ), et le vendredi, j’avais un message: Mr B. veut un arrêt pour aujourd’hui et hier..ça m’a trop énerver, le lundi, il envoie sa femme chercher l’arrêt…mais bien sûr…et la marmotte …Ensuite, il m’a appelé, je lui ai expliqué que d’accord je lui avais dit de rappeler et qu’on verrai mais que puisque je n’étais pas là, il ne fallait pas tenir comme acquis que j’allais accepter, que quand son médecin (qui n’est pas moi d’ailleurs) n’est pas là, on va en voir un autre ou on va travailler, même si on a une grave rhino, que j’avais dit que je réévaluerai et que ce n’était pas à lui de décider mais que comme j’avouais qu’il y avait eu un malentendu ( j’avoue que ma phrase était ambigue), je voulais bien lui faire quand-même exceptionnellement (oui c’est pas bien, mais j’ai pas été bien sur ce coup)…il est pas venu chercher l’arrêt …je sais pas si je le reverrai …mais mince c’est moi qui décide quoi !!!

Je dois avoir l’air méchante un peu là, mais je suis tellement gentille pourtant habituellement…Aujourd’hui, je m’en veux, j’ai été méchante:

Une patiente de ma collègue, que je ne connais que pour avoir accompagné son mari que je connais bien et qui ne m’est pas sympathique mais bon, vient accompagnée d’une amie. Elle me dit d’emblée : »Je viens pour un arrêt de travail, demain je dois partir en Algérie car ma belle-soeur est décédée » Là, j’ai mon alarme à principe qui s’est déclenchée: je peux pas, présenté comme ça, c’est pas possible, cela fait parti des choses que je m’interdis de faire: « et en plus j’ai pas le droit madame, si la sécu me contrôle, pas le droit de partir en Algérie etc » …Je sais très bien que présenté autrement, cela aurait été différent: elle m’aurait dit: ma belle-soeur est décédée, ça ne va pas du tout, en plus je ne sais pas comment faire pour y aller..je l’aurai probablement arrêté, en lui expliquant qu’elle n’a pas le droit de partir sans autorisation , après elle fait ce qu’elle veut , j’ai déjà fait pour des décès…Mais peut-être qu’elle l’était sous le choc, son amie me dit à la fin « mais de toute façon, elle peut pas travailler, elle est pas bien » ben oui mais bon, fallait me dire ça, moi et mes principes à la con, on a décidé dès la première phrase que l’on ne pouvait pas ( pourquoi moi et mes principes on est comme ça je ne sais pas) et ça m’a empêcher de mener le reste de la consultation peut-être comme il l’aurait fallu.. « Mais je suis désolée pour votre belle-soeur hein … » Peut-être que ma colègue, son médecin traitant, lui fera demain ( si elle a bien compris mes messages hypocrites et subliminaux, elle va y aller en lui disant qu’elle est déprimée) .

Merci pour les avis twittéraux sur ce coup-là, ça fait du bien d’en discuter quand on est pas sûrs de soi, et voir que les avis sont divergents est plutôt rassurant. Ca montre que c’est complexe, on essaye de faire de son mieux, c’est pas toujours facile, des fois probablement on se trompe, dans un sens ou dans l’autre, et comme on m’ a dit tout à l’heure: « de toute façon, qu’on signe l’arrêt ou pas, après on a mauvaise conscience… ». C’est vrai.

On m’a aussi dit que les patients ne devraient pas nous mettre dans de telles situations, ça c’est vrai aussi des fois ..

En tout cas, ça serait tellement plus facile de faire tout ce qu’on veut : de lui avoir fait son arrêt, de prescrire les antibios, de renouveler l’ordonnance du mari sans râler, de tamponner la licence du grand sans avoir à se retaper l’examen , et de rentrer donner des glaces et mettre Dora à ma fille …

Parce que au final, pourquoi des principes?

 

Deux mois

Si si , je vais vous faire le coup tous les mois!

Je ne peux pas m’en empêcher : cela fait partie des trucs bizarres chez moi, pour ne pas dire pathologiques: j’ai un besoin compulsif de célébrer toutes sortes d’anniversaire,associé à une mémoire pathologique des dates .

Par exemple, j’oublie toutes sortes de choses importantes qui me seraient utiles, ou des souvenirs de ma vie même pas si lointains; il y a des choses inutiles que j’oublie aussi (je n’ai été capable de me rappeler qu’un seul acide-aminé ( phényl-alanine !!)   alors que certains parviennent à les ressortir tous et avec la phrase mnémotechnique qui va avec) mais par contre il y a des choses que je retiens malgré moi: toutes les poésies depuis ma tendre enfance, tout le répertoire de la chanson française, les numéros de téléphone de mes copines de primaire (à l’époque où ils n’étaient pas enregistrés dans un répertoire) mais surtout, surtout la mémoire des dates. Je me souviens des anniversaires de tous les gens que j’ai rencontré dans ma vie, de mon petit ami d’il y a 15 ans à mon moniteur de colo, chaque jour, je commémore intérieurement quelque chose: tiens c’est l’anniversaire de mon démenagement de quand j’avais douze ans, tiens, c’est l’anniversaire de mes premiers rapports sexuels, tiens il y a 16 ans à la même date, j’étais à un concert de machin ( machin est trop honteux, je ne peux pas le dire), c’est sans fin , je ne me repose jamais. Et comme je suis assez isolée dans ma folie, mon mari ayant déjà du mal à se souvenir du jour de mon anniversaire, et même du prénom des gens (enfin ça fait plusieurs années qu’il ne m’a pas appelé par le nom de son ex, je suis médisante), je ne peux pas m’empêcher de célébrer des anniversaires qui n’intéressent que moi!

Donc, aujourd’hui mon blog a deux mois, tout le monde s’en fiche mais tant pis, je célèbre!

Demain, je célèbrerai autre chose d’encore moins intéréssant!

Pour aujourd’hui, un peu plus sérieusement cette fois, je ne peux m’empêcher de me souvenir du 17 octobre 1961, il y a 50 ans, triste anniversaire !

Quant à mon blog, je n’ai rien à dire de plus: 2 mois :24 articles, 21061 visites, 34973 pages vues, toujours pas réussi à utiliser google analytics, surtout une sensation d’essouflement : l’effet de nouveauté est passé, moins de temps, moins d’inspiration, impression de ne rien avoir à dire d’intéresssant: bref la remise en question des deux mois..

Ce que je veux, c’est juste continuer à passer le message que la médecine générale c’est bien et que la Seine-Saint-Denis: c’est bien …

Et je continue ma croisade du côté non anonyme de la chose en tenant ce discours tous les jours et avec un article dans un journal cette semaine qui fait de moi une petite célébrité locale: en tout cas cela fait plaisir à mes patients de dire  » c’est mon médecin » …

 

Un sujet méconnu à connaitre

Lorsque je me penche sur un sujet que je ne maitrise pas, lorsque je fais une formation sur un sujet que je ne connais que très mal, je me sens découragée devant l’ampleur de ce que j’ignore.

A chaque formation, je me sens honteuse de ma pratique actuelle.Dans le quotidien, on a l’impression de bien faire, mais en fait on passe à côté de pleins de choses sans s’en rendre compte. Certes, on ne peut pas maitriser chaque sujet, chaque domaine de la médecine, il y a des médecins qui vont être plus compétents sur une pathologie, et du coup soulever le sujet plus régulièrement, on ne trouve que ce que l’on cherche.

J’ai fait par exemple, il y a peu de temps une formation passionnante que je recommande à tous de MA FORM sur les troubles de l’apprentissage et les troubles neurosensoriels. Certes je suis jeune et je ne peux pas tout connaitre, en même temps c’est vraiment la honte de ne pas savoir ce que c’est une dyspraxie …En tout cas , je suis ressortie hypermotivée, j’ai acheté la petite mallette avec tout ce qu’il faut pour les enfants et maintenant je leur mets des petites lunettes sur le nez, je dépiste l’audition etc et je pense à la petite fille sourde que personne y compris moi n’a dépisté et je me demande à côté de combien d’amblyopie je suis passée et ça me fait peur!

Bref, c’est un exemple de tout ce que l’on ignore que l’on ignore. Je pense que je ne suis pas la seule dans ce cas même si je pense que l’on apprend avec le temps et l’expérience et que l’on ne peut pas tout connaitre surtout compte tenu de la mauvaise qualité de notre formation initiale. Il ne tient qu’à nous ensuite de combler ces lacunes avec des FMC de qualité, encore faut-il avoir conscience de ses lacunes.

C’est juste dommage pour les patients pour lesquels on a loupé quelque chose.

Je me suis cette semaine rendu compte encore une fois d’être passé à côté de quelque chose . J’ai eu la chance d’assister à une thèse brillante sur les mutilations sexuelles féminines, en particulier l’excision. Cette thèse intitulée « Les internes de médecine générale façe aux mutilations sexuelles féminines: Connaissances, attitudes, enseignement » , m’a vraiment, ainsi qu’à tous ceux qui y ont assisté, apporté beaucoup. Elle a été soutenue avec efficacité et passion et a rempli son but qui était à la fois d’informer et de faire prendre concience de l’absence quasi totale de formation et d’information lors des études de médecine générale.

J’ai réalisé que je ne connaissais absolument rien à propos des mutilations sexuelles féminines, que ce soit les différents types, la prévalence très importante , les possibilités de prise en charge en particulier les détails sur la chirurgie réparatrice, les obligations de signalement. C’est d’autant plus grave, que je travaille en Seine-Saint-Denis, parmi une population particulièrement touchée, il y a beaucoup de Maliens et en l’occurence de Maliennes parmi mes patientes, or plus de 90% des femmes sont excisées au Mali, mais je n’ai pas une seule fois abordé le sujet. J’ai déjà vu des femmes excisées et je n’ai rien dit. Récemment, en demandant les antécédents d’une nouvelle patiente, jeune, elle me dit qu’elle a eu une chirurgie réparatrice d’excision, je n’ai rien dit, j’ai pousuivi: » OK … et des allergies? » Et bien sûr, je n’ai jamais abordé le sujet à propos des fillettes, jamais rappelé l’interdiction par la loi.

Pourtant, il ne s’agit pas d’une intrusion, il ne s’agit pas du domaine privé, ni de la liberté de religion, il s’agit de mutilations, de maltraitance. C’est pleinement le rôle du médecin, en particulier du médecin généraliste d’en parler, d’informer, de proposer une prise en charge, psychologique, chirurgicale aux patientes. L’expérience montre que celles-ci même si parfois c’est difficile ont besoin que le médecin généraliste remplisse ce rôle .

Si je ne l’ai jamais fait jusqu’à maintenant, c’est parce que je n’y ai jamais pensé, et surtout parce que je n’aurai pas su quoi dire, je ne maitrisais absolument pas le sujet. Grâce à la thèse de Anne, je n’ai plus cette excuse. Surtout, savoir qu’il y a quelque chose à leur proposer, une prise en charge ,est primordial.

Il me reste donc à m’informer.Je pense que pour cela la thèse de Anne est à la fois concise et complète , en peu de temps, on peut déjà apprendre l’essentiel. Ensuite, je vais avoir la chance d’assister à quelques vacations au planning familial avec sa directrice de thèse qui est spécialiste dans le sujet et à l’air d’être super!

Après, il faudra que j’essaie de mettre ces informations en pratique, d’en parler avec mes patientes, je sais que ce ne sera pas facile mais au moins je sais maintenant que j’ai un rôle a joué , même si je ne le rempli pas comme il faudrait, au moins maintenant j’en aurai conscience .

Je vous conseille vivement de jeter un oeil sur cette thèse, qui rappelle brièvement les principales choses à savoir. On trouve en outre à la fin les coordonnées des associations de référence, la plaquette informative que l’on peut se fournir, la liste des centres pratiquant la réparation vulvaire ainsi qu’une proposition de schéma d’aide à la consultation.

Et Anne, si tu lis cela, je te dis bravo, mes félicitations ne font que s’ajouter à celles de tous les autres, de ton jury et de tout le monde, mais elles sont sincères.

THESE sur les mutilations sexuelles féminines  par Anne Doucouré

RESUME DE LA THESE EN QUESTION:

Entre 42000 et 61000 femmes en France sont concernées par les Mutilations Sexuelles Féminines (MSF), avec des conséquences médicales, sexuelles et psychologiques importantes. Face à ces mutilations, les médecins généralistes jouent un rôle essentiel de dépistage, de prise en charge et de prévention. Afin de concrétiser ce rôle, la circulaire interministérielle DGS/SD 2 C n° 2007-98 du 8 mars 2007 demande l’introduction de l’enseignement des MSF dans le cursus médical.

Cette étude se penche sur l’état des connaissances des Internes en Médecine Générale (IMG) sur les MSF, l’enseignement reçu, et celui qu’ils aimeraient recevoir.

Il s’agit d’une étude descriptive qui repose sur l’analyse de 400 questionnaires remplis par les IMG d’Ile de France, récoltés lors des choix hospitaliers en avril 2010.

Il en ressort que les IMG veulent jouer un rôle face aux MSF. Leurs connaissances médicales sont insuffisantes et ils doivent intensifier leur vigilance en matière de dépistage. Ils connaissent les dispositions législatives mais ont des réticences à les appliquer. Leurs connaissances sont essentiellement issues de la vie privée, même si le sujet a parfois été abordé en stage ou à la faculté. Très peu d’internes ont reçu de cours sur les MSF, mais on note une progression du nombre de ces cours depuis deux ans pendant le deuxième cycle des études médicales. Les IMG jugent l’enseignement reçu insuffisant et iraient en cours si on leur en proposait un sur les MSF. Ils ont peu de préférence sur la forme que devrait prendre ce cours, mais aimeraient qu’il soit centré sur la prévention et la prise en charge médicale et psychologique.

L’enseignement des MSF aux étudiants en médecine et en particulier aux IMG doit être généralisé pour une meilleure prise en charge des patientes. Un schéma de consultation, proposé au décours de cette étude, doit aider à aborder le sujet en consultation de médecine générale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JNMG: FMC?

Bon, ben, j’y suis allé quand-même.

Ce week-end, je suis allée aux Journées Nationales de Médecine Générale.

L’année dernière, j’y suis allée pour valider mes heures de FMC obligatoires, j’y étais déjà allée il y a plusieurs années. J’avais trouvé ça plutôt pas mal. Alors cette année, je me suis dit que j’allais y retourner.

Mais, après le billet de Jaddo: Formation Mes Couilles , je me suis sentie toute bête.J’ai bien eu l’impression qu’elle parlait du même congrès, bien que je n’en ai pas eu le même ressenti, en même temps, je suis un peu bête comme fille, peut-être mon esprit critique peu développé m’a empêché de voir les choses telles qu’elles sont.

Je sais que cet esprit critique peu développé quelque soit le domaine est à la fois ce qui fait mon charme et ma faiblesse dans la vie. Mais le billet de Jaddo ainsi que la rigueur de certains de mes confrères dans la vie et surtout de ceux que je cotoie depuis peu sur twitter m’ont fait me poser des questions sur moi-même. D’ailleurs, petite digression, depuis que je suis sur twitter, je subi je pense leur très bonne influence, je suis au courant des dernières actualités médicales, des dernières études, je lis les blogs de très bons médecins qui se remettent constamment en question, c’est un vrai enrichissement, mais je m’interroge: comment ça se fait que les médecins sur twitter et la blogosphère soient de si grande qualité? Où sont tous les mauvais médecins? Ils ne savent pas se servir d’internet? Quel biais de recrutement! Et du coup, des fois je ne me sens pas à la hauteur et je n’osais même pas dire que j’allais aux JNMG.

Certes:

– je ne reçois pas les visiteurs médicaux, en grande partie par idéologie, mais aussi en partie du fait que mes remplaçés ne les recevaient pas, je ne sais pas comment j’aurai tourner sinon…(je m’aperçois d’ailleurs que je leur dois beaucoup, j’ai eu de la chance de tomber sur des bons médecins pour mes premiers remplacements qui sont ceux qui nous formatent et B. , puisque maintenant tu es un de mes lecteurs, je vous remercie toi et O.)

– j’ai refusé de faire subventionner mon pot de thèse ou tout autre avantage que je pourrais retirer d’un labo.

– Je suis abonnée à Prescrire et à rien d’autre d’ailleurs .

– Je fais des FMC valables et n’ayant aucun conflit d’intérêt .

Bon, ben, ce n’est pas mal tout ça mais:

Il y a des choses que je n’ose pas dire parce que ce n’est pas politiquement correct, alors aujourd’hui c’est jeudi la grande confession! ( bon c’était jeudi quand j’ai écrit le début en tout cas )

-J’ai toujours mangé tout ce que je pouvais avaler aux délicieux pots offerts par les labos à l’hôpital, j’ai même pris les petits cadeaux qui allaient avec ..

-Une de mes meilleures amies travaille pour un labo et je l’aime! Et si elle arrivait à m’inviter à aller avec elle gratos à un de ses congrès au bout du monde réservé aux cardiologues, aurais-je la force de dire non ?

Attention, de pire en pire:

-J’ai appelé ma fille Lilly. Je n’ai pas choisi ce nom en hommage au Prozac mais je l’ai orthographié de cette façon parce que je ne pouvais pas le voir écrit autrement que comme le labo, et enceinte, quand je bossais en diabéto, je demandais à la dame du labo de me donner des stylos et des tasses au nom de ma fille.

-J’ai eu de la peine l’autre jour en passant à l’hôpital en voyant un visiteur médical attendre des heures dans le couloir, c’est un dur métier quand-même…Par pitié, je lui aurais presque dit de me faire son topo … ( eh je plaisante quand-même, je suis pas bête à ce point ..)

Attention, là ça devient limite innavouable ( ce doit être le smoothies du labo qui me fait perdre la tête )

-Prescrire m’énerve des fois! Si on les écoutait, on ne prescrirait jamais rien…Je les trouve parfois un peu excessifs… enfin parfois quoi…bon je sais au fond de moi qu’ils ont raison mais quand-même…quand-même des fois un rhume, c’est chiant… et moi j’avoue je prends de l’ibuprofène et le truc vert qui débouche le nez et ça marche, et c’est mieux que d’attendre sans rien prendre.

et pire ( ne me rejetez pas):

-Je prescris du sirop pour la toux ! parfois, souvent ? (Merci à Martin Winckler dans sa réponse à Borée pour son discours nuancé qui m’a fait du bien) et pleins d’autres médicaments diaboliques tels que le primpéran, l’ibuprofène, et une fois, un jour, quand j’étais remplaçante, j’ai renouvelé du médiator….

Bon si après tout ça, il me reste une quelconque crédibilité, je vais raconter à ceux que ça intéresse mes trois jours aux JNMG. J’y suis donc allée, je me suis dit que l’année dernière, j’avais appris des choses, que ça allait me changer un peu du cabinet, de me faire du bien de me changer les idées, de rencontrer des gens, d’apprendre des choses et que je l’espère , je saurai faire la différence entre les discours cohérents de ceux du diable.

Je me dis que des fois, il ne faut pas être trop extrémiste dans un sens comme dans l’autre.

Bon, au début, je n’osais même pas boire un verre de jus d’orange, de peur de brûler vive sur place mais à J3, malheureusement j’ai été prise d’une fringale et je me suis jetée sur les petits fours Lenôtre d’un labo (mince je vais être obligé de prescrire autant de leur médoc que de petits fours que j’ai mangé, et tant qu’à avoir fauté, j’en ai mangé plein!) , @BaptouB fut le témoin de cet affligeant spectacle!

Alors, je vais vous livrer ma version bisounours de ces journées et je vous laisse faire des commentaires pour me signaler les choses diaboliques que je n’ai pas du remarquées .

Alors, honnêtement , je n’ai pas vu les labos en dehors du hall d’acceuil où tous les stands étaient regroupés, là d’accord, des labos, il y en avait, au milieu de stands de gens très bien d’ailleurs comme des syndicats, des organismes de FMC et le stand de la Seine-Saint-Denis qui recrutait des médecins en PMI et à la MDPH. ( si quelqu’un est intéréssé par le 93: vous pouvez me contacter …). A part un topo subventionné par coca, je n’ai pas assisté à une seule intervention subventionnée par un labo! Il y avait des présentations faites par des gens très bien, d’autres nettement moins intéressantes mais globalement j’ai trouvé ça bien ! Ben oui, aucun esprit critique ? Peut-être .

Premier jour: les médecins généralistes façe au cancer:

Alors déjà, je me dis que par rapport à l’année dernière, il y a eu du changement. L’année dernière, c’était intitulé « Etats Généraux », scéance plénière dans un grand amphi avec pleins de gens importants de l’INCA, de la ligue contre le cancer, Mme la ministre qui était venue, avait lu son papier et était repartie. On sentait bien la volonté de dire que le cancer c’était important (et que le plan cancer servait à quelque chose) et surtout de dire que les médecins généralistes étaient importants. Cet effet de mode est passé, cette année, tout le monde a l’air de s’en moquer un peu. Le congrès est gratuit pour ceux qui viennent à cette journée, c’est  dire…

Alors là j’avoue, il y a des petits cadeaux, bloc notes, stylos et des affiches partout mais c’est de la ligue contre le cancer, je me dis que j’ai le droit de me servir du style pour écrire non?

Du même principe, je n’ai pas osé faire ma Jaddo et me lever demander à l’intervenant qui est coordinateur régional du dépistage du cancer du sein ses conflits d’intérêt .

– Premier atelier: dépistage du cancer de la prostate

Trois intervenants: un médecin animateur représentant de la revue du praticien de médecine générale, un généraliste très bien et un urologue qui avait du perdre à la courte paille pour être envoyé comme ça dans la fosse aux lions défendre le PSA .

Bon, le débat fut le même qu’il l’est chaque fois, même l’urologue avait l’air peu convaincu par ses arguments.

Je retiendrai trois phrases:

« Aucune société savante ne recommande le dépistage de masse »

« Si on enlève la prostate aux urologues,qu’est ce qui leur reste? »

« La réponse est peut-être oui, mais quelle est la question? »Woody Allen

Et bien sûr, Dominique Dupagne a été cité dans la discussion …

– deuxième atelier : dépistage organisé du cancer du sein

Compte tenu de l’actualité sur ce dépistage, je me suis dit que ça pouvait être intéréssant, du coup, j’ai renoncé au colon et au col de l’utérus … et bien non: objectivement, je n’ai rien à dire d’intéressant sur ce qui a été dit …

– Scéance plénière

Tout aussi ennuyeuse, sauvée par l’intervention toujours intéressante d’Axel Kahn dans le cadre du comité éthique et cancer, malheureusement entrecoupée de très nombreux problèmes techniques de micro …

Puis je suis partie avant la fin, et j’ai loupé Mme la Ministre qui ,surprise, finalement est passée dire bonjour. Mince, mon départ précipité vous prive de la retranscription de son discours probablement passionnant .

Deuxième jour :

-Scéance plénière: la réforme du médicament: je ne sais pas, j’ai loupé ..

Ensuite, il s’agit des présentations auxquelles moi j’ai choisi d’assister, il y en avait beaucoup d’autres dont certaines probablement subventionnées par les labos

-le médecin généraliste et le kiné:

Par un kiné et un médecin généraliste de MG Form ne déclarant pas de conflits d’intérêts.

Et bien, c’était très intéresant, j’ai appris pleins de choses, la principale étant celle ci, que personnellement j’ignorais: depuis la réforme de code du travail en 2000, en fait il ne faut plus prescrire le nombre de scéance ni la localisation sur l’ordonnance: il faut prescrire simplement kinésithérapie sur l’ordonnance ( ne rien écrire comme motif sur l’ordonnance car cela va au service administratif de la sécu et que c’est rupture du secret médical) , accompagné d’un courrier explicatif pour le kiné qui dans ce cas est obligé de faire un BDK ( bilan dignostique de kiné) qu’il envoie au médecin conseil ( et à nous si on lui demande) et il décide lui même ce qu’il fait et du nombre de scéance. Si on écrit le nombre de scéances, il n’est pas obligé de faire le BDK et ne peut pas modifier nos prescriptions .

– Repas/Conférence ( c’est à dire que pendant qu’on écoute, on mange notre petit plateau repas, j’aime bien le concept) : Consommation alimentaire (et en particulier les boissons)des adolescents.

Alors là, c’était carrément subventionné par coca, c’est quand même le comble pour présenter une étude qui montre que les adolescents consomment beaucoup beaucoup de BRSA ( boissons rafraichissantes sans alcool).Ils consomment également beaucoup beaucoup de boissons avec alcool mais étonnamment, cela ne ressort pas trop dans l’enquête. En tout cas, tant qu’à aller à un topo subventionné, autant prendre le plus diabolique de tous avec coca! Ca tombait bien, moi qui n’en ai jamais bu, j’ai développé récemment une vraie addiction au coca (zéro bien sûr), du coup, j ‘ai piqué plein de canettes!

Bon, alors les résultats de l’enquête pas très passionnante montrait que les ado mangent de tout mais plus de plats industriels et moins de légumes et boivent plus de sodas que les autres tranches d’âge …un scoop quoi …Bref, la morale de l’histoire: on est foutus, on mange trop! Prenez un coca pour faire passer la pilule !

Heureusement, après une nutritionniste a dit des choses très intéressantes et à priori avec deux ados à la maison avait l’air de bien connaitre le sujet, son « l’éducation, c’est dur » semblait plein de vécu. Son discours a juste été parasité par neuf  » au jour d’aujourd’hui » qui m’ont bien agacé.

– Topo sur le baclofène dans le sevrage alcoolique.

Pas de conflit d’intérêt, intervenants de l’INSERM et un des profs de ma fac qui mêne la grande étude multicentrique qui va débuter sur le sujet, mais qui est subventionnée par la sécu .

Un rappel historique et physiologique tout à fait rapide et le bienvenu pour ma part , même si j’ai un peu passé l’âge des histoires de récepteurs gamma béta inhibiteurs et de pré et post synaptiques qui me rappellent ma jeunesse…

J’ai maintenant les idées bien au clair sur cette histoire de baclofène dans le sevrage alcoolique et c’est très bien .

A  noter que le baclofène côute moins cher que le placebo! Budget de l’étude de 2,5 millions d’euros dont 250 000 euros pour le baclofène et 290 000 euros pour le placebo .

-Topo sur l’impact que peuvent avoir les polluants sur la santé et la fertilité.

par un médecin généraliste sans conflit d’intérêt, et deux chercheurs de l’inserm.

Ce n’est pas du tout un sujet qui me passionne mais c’était néammoins instructif et un tout petit peu flippant : en gros les études montrent une baisse de la fertlité avec le temps qui semblent liés à des polluants aux noms barbares tels que POP, phtalates , bisphénol A et autres perturbateurs endocriniens … bon, ça ne m’a pas empéché de dormir non plus .

– Atelier sur les nouveaux migrants en médecine générale.

Par le groupe repère, bien sûr, aucun labo ou conflits d’intérêt, réflexions en petits groupe , intervention adaptée aux demandes très intéressante de Olivier Bouchaud, chef du service de maladies tropicales d’Avicennes, bref très bien .

Troisième journée

C’est bientôt fini, promis, ça va aller vite car pour ma part, elle fut courte .

Je ne suis venue qu’à midi ,en bonne mère j’ai loupé la conférence sur les troubles fonctionnels intestinaux pour emmener ma fille à la gym (oui gym à perpèt les oies le samedi matin à 9h..) et j’ai bien fait car elle a gagné la couse en sac.

J’avais RDV avec @BaptouB devant le stand de la Seine-Saint-Denis, il y avait deux personnes mais j’ai deviné que c’était celui qui avait un téléphone dans la main ..Cela m’a fait plaisir de rencontré une personne de twitter, cela montre que ce n’est pas un monde virtuel mais que c’est bien réel et j’ai passé un très bon moment avec lui …

-Déjeuner/Débat sur être maitre de stage

Bon, avec @BaptouB, nous avons plus déjeuné que débattu ( il a pris deux paniers repas !) et surtout discuté un peu. C’était en outre agréable de pouvoir twitter sans se sentir impoli par rapport à son voisin.

Quand à la maîtrise de stage: ben oui, il en faut , c’est enrichissant et comme ça va bientôt faire un an que je suis installée, je vais pouvoir avoir des externes .. J’ai toujours voulu avoir des externes,  quand j’étais moi-même externe, je me représentais comment je m’occuperai d’eux quand je serai interne. Mais le seul stage en CHU pour lequel j’ai eu des externes, c’était la gynéco mais c’était le bordel ce stage. Bref, j’ai été une interne sans externe pour faire la basse besogne et pour satisfaire mon envie naturelle d’enseigner. Donc même si je sais que c’est difficile, je vais avoir des externes puis probablement plus tard des internes …

-Promenade dermatologique parmi les tumeurs noires.

Avec des photos de grains de beauté/mélanomes/ou truc dans le genre présenté par un médecin généraliste du réseau paris nord d’oncodermatologie ou un truc comme ça et une jolie dermatologue avec un erysipèle, sans conflit d’intérêt bien sûr , aucun autre intérêt que de faire en sorte que les médecins généralistes que nous sommes regardent leurs patients et savent reconnaitre un truc noir gentil d’un truc noir méchant. Peut-être un jour grâce à ces JNMG, je sauverai une vie .

Car pour l’instant, ce n ‘est pas gagné: j’ai dit histiocytofibrome ( oui j’en imagine, médecins ou pas médecins, qui se disent que c’est déjà bien de connaitre le mot et je le pense aussi d’ailleurs) pour un cancer baso cellulaire ainsi que pour un mélanome nodulaire ( pour ma défense celui là, c’est vraiment un vicieux) , par contre je ne l’ai pas dit car je n’osais plus pour l’histiocytofibrome…

En tout cas, encore une fois, c’était très instructif! Mais surtout, très flippant, je me suis dit mais mince j’ai oublié de le faire,que j’allais dès le soir même chercher un mélanome sur mon mari et tout du moins lui faire un « book: photos de ses grains de beauté » et l’envoyer chez le dermato !

Quant à moi, dès que tu peux, ma boutonnologue préférée, tu me dis quand je peux venir avec toi, car tout ce que je connais (y compris l’existence du mot histiocytofibrome même si je ne sais pas encore l’utiliser à bon escient) je l’ai appris de toi!

Et oui, je compte parmi mes amies, une des dermatologues les plus renommées ( pour de vrai hein!), je lui envoie des photos de mes patients pendant les consult ( la pauvre ) mais elle veut pas venir sur twitter ….

Voilà ensuite, je comptais aller pour le dernier topo à celui intitulé: le patient difficile qui m’intéressait bien mais j’ai dû y renoncer pour aller prêter main forte à ma patiente difficile à moi : Highlander qui a fait un petit tour aux urgences pour une vilaine plaie mais plus de peur que de mal. Pour rendre à César ce qui est à César, la prise en charge à été parfaite ( bon surtout à partir du moment où je suis arrivé, il est vrai). J’ai bien rigolé en croisant l’interne de chir que j’avais « agréssé », je l’ai entendu demandé dans le poste de soins l’angoisse dans la voix ce qu’on faisait là et il est reparti fissa extrèmement soulagé de savoir que ce n’était pas pour lui.

Voilà, ce billet fleuve pour vous raconter ces trois jours et me justifier d’y être allé. De mon point de vue de Bisounours, les JNMG sont plus une Formation Médicale Continue qu’une Formation Mes Couilles , cette année, pas de petit boitier , pas trop de labos, j’ai rencontrer des amis, des connaissances, une copine de promo a même fait une présentation en gynéco, j’ai appris des choses, je me suis parfois ennuyé aussi mais si je peux , j’y retournerai l’année prochaine.

Pour ceux qui ont eu le courage de tout lire, j’attends l’opprobe de vos commentaires …

 

 

Parfois c’est drôle aussi!

Je pourrais céder à la facilité et raconter encore des choses pas très drôles, ce ne sont  pas les sources d’inspiration qui me manqueraient. Mais, par défi, par égard pour les potentiels lecteurs ou peut-être pour forcer le destin , je me suis dit que j’allais aujourd’hui écrire quelque chose de drôle .

Car il faudrait peut-être le dire un peu plus haut et un peu plus fort: La médecine générale, c’est drôle aussi ! …des fois !

Oui mais voilà, n’est pas drôle qui veut ! J’aime à penser que je suis drôle  mais c’est un humour souvent incompris, et généralement non apprécié à juste valeur . Et être drôle sur commande n’est pas facile !

Si c’était un blog personnel, je pourrais me servir de tout ce qui est drôle dans ma vie (ah ah, là je me fais rire toute seule ) , mais c’est un blog professionnel, il faut donc que je trouve des sources de rigolade chez les patients .

Et là , quand même ce n’est pas ce qui manque, car les patients en sont une source inépuisable , bon souvent on rit jaune, même très jaune, mais ils sont drôles quand-même.

Malheureusement, toutes ces pépites, tous ces moments de rires, je n’ai pas eu la présence d’esprit d’en faire un recueil. J’aurai dû, d’ailleurs je m’y mets dès aujourd’hui, et quand j’en aurai assez, j’en ferai un post digne de ce nom … Toutes ces années de perdues dans les méandres de ma mémoire, les gardes aux urgences étant à elle seules une mine d’or. Celle qui me revient à l’esprit, là comme ça, c’est ce patient d’une vingtaine d’années qui venait pour brûlure, parce qu’il avait voulu repasser un peu son tee-shirt (bonne idée en soi ) mais n’avait pas pris le temps ou n’avait pas cru utile de le retirer d’abord …

Ah c’est sûr que parfois on rigole bien, certaines situations sont drôles, certains patients ont de l’humour, d’autres sont drôles malgré eux, et quand ils ne le sont pas et que l’envie m’en prend, je le suis pour deux. Souvent, quand je suis fatiguée, me vient la drôle d’idée de mettre l’ambiance, de faire pleins de blagues, souvent incomprises. Je crois qu’une fois, face à mon humour ( le nommer comme ça est un parti pris que j’assume ) pince sans rire, du genre je dis une grosse bêtise avec un air très sérieux , j’ai fait pleurer quelqu’un …Je ne sais plus exactement quoi mais ce devait être du genre il va falloir annuler vos vacances là .Oui je sais, ce n’est pas drôle ! Mais dès fois, à la fin de la journée, il y a quelque chose qui déconnecte, ce doit être le surmoi, la chose qui me permet dans la vie sociale de contenir cette partie de moi qui est …différente .Hier, j’ai demandé très sérieusement 46 euros pour avoir fait à la même personne deux certificats de sport …Voilà ,c’est pas drôle mais ça m’occupe. Dès fois c’est d’un plus haut niveau quand-même, du genre ah je vois que vous venez pour un problème à la jambe à quelqu’un qui arrive avec une attelle à l’épaule …

Mais ce n’est pas vraiment de ma faute, c’est l’héritage de mon père ( avec le double menton), classiquement appelé par ceux qui étrangement n’adhèrent pas  » l’humour des (mon nom de famille)  » . C’est aussi la faute de mon généraliste, le plus beau, le meilleur, parce qu’il m’a en tant que médecin et maître de stage appris à exercer la médecine avec rigueur mais aussi avec humour, je pense que lui aussi m’a influencé et je l’en remercie. J’ai passé vraiment de très bons moments dans son cabinet. Ces moments font partis des meilleurs souvenirs de mes études et je pense qu’ils ont en partie façonné le médecin que je suis. C’est un médecin qui aime ce qu’il fait et qui me rappelle que quand-même, même si on passe tous notre temps à râler, c’est un magnifique et agréable métier .Tout ça pour dire que la médecine générale, c’est souvent très gai quand-même. Je n’ai pas d’arguments concrets pour aujourd’hui, il faudra donc me croire sur parole …

Pour aujourd’hui, j’ai eu une petite journée et je n’étais pas particulièrement en mode « on s’fend la poire  » alors je n’ai pas beaucoup d’exemples en ma faveur :

Il y a Mme M. ,patiente de 35 ans, tellement poisseuse que ça en devient drôle. Elle a tellement de problèmes de santé (entre autre une thyroide incontrôlable) que maintenant elle prend un rendez-vous une fois par semaine, au cas où il lui arrive quelque chose , le rendez-vous est pris … et bien le rendez-vous est toujours utile, et à chaque fois qu’elle me raconte sa nouvelle mésaventure, et bien moi j’éclate de rire (c’est pas très déontologique peut-être) , aujourd’hui , énorme réaction allergique à un médicament qui ne donne pourtant que très rarement des allergies… A peine remise de sa sinusite, toujours en convalescence pour son lumbago,ne pouvant toujours pas manger à cause d’une mycose buccale évoluant depuis 3 mois, sans parler de sa thyroide et de ses multiples symptômes, ni de son cambriolage … et j’en passe … Et bien, je ris franchement quand elle me raconte!

Mme L. haitienne de 40 ans m’a bien fait rire aussi. Elle venait pour sa fille de 5 ans qui est en surpoids très évident. Je discute « règles hygiéno-diététiques » comme on dit , très basiques, mais dès fois même le très basique qui semble évident vaut la peine d’être dit! J’ai ri intérieurement devant la naive exclamation d’étonnement quand je lui ai dit que les choses sucrées n’étaient pas bonnes pour la santé  » Ah bon!!! Oh » , « les frites non plus  » Ah!Oh! » « Et les légumes non plus?  » « Ah si les légumes c’est bon au contraire » « Ah bon  » Je passe le reste de la conversation où ce ne fut que révélations pour elle ,surtout la grande révélation que le surpoids n’était pas bon pour la santé. Ce qui a dérivé sur la question suivante que je résume un peu : « C’est à cause de la graisse alors que j’ai fait une crise de nerf à l’enterrement de mon père parce que à ce moment là je pesais 95kg? » Et la dame de me raconter à grands renfort de cris et de gestes, l’enterrement de son père il y a deux ans à Haiti où elle s’est mise à hurler après tout le monde, à étrangler son frère , à frapper sa mère, mettre tous les hommes par terre… Et bien, ce n’est sûrement pas bien, mais quand elle en est arrivée à me mimer l’apogée de ce qui est peut-être une bouffée délirante aigue ou tout du moins un moment dramatique, le moment où elle frappait le pasteur qui était en train de chanter, et bien moi je riais aux éclats ..

Et puis il y a les enfants… C’est quand-même une partie majeure du charme de la médecine générale, les enfants… On passe des moments formidables avec les enfants…Et non je ne suis même pas ironique, je suis en mode bisounours donc je ne suis pas ironique: je ne parle pas de G. qui m’a arraché le papier peint de ma porte, je ne parle pas de K. qui a hurlé toute la consult. tout à l’heure, je ne parle pas de M. 4 ans,que sa maman avait expressément amené pour que l’on parle de ses colères et qui a passé 20 minutes à me tourner le dos avec un sourire moqueur sur les lèvres pendant que je parlais toute seule, ni de L. 3 ans qui m’a tiré la langue. Travailler au contact des enfants, c’est vraiment drôle, rafraichissant, agréable, joyeux quoi! Il y a le côté mignon de ceux qui  font des sourires, des câlins, qui ne veulent pas partir de mon cabinet à la fin de la consult. Il y a les mini-docteurs qui font comme moi avec leur stéthoscope et leur seringue en bois. Il y a les bavards qui me racontent tout plein de choses, y compris sur leurs parents, un peu comme à l’école des fans, ou un peu comme ma fille quand elle dit au mari de ma nourrice: et ben maman moi elle dort toute nue…Il y a les terreurs , il y a ceux qui dès qu’on les lâche se ruent vers la porte dans une tentative désespérée d’évasion. Il y a les parents qui racontent les dernières bêtises ( tout à l’heure, K. 11ans a attaché pendant 3 jours les oreilles de son lapin ensemble, et elles ont fusionnées) et moi qui doit me retenir très fort (pas assez fort dès fois) de ne pas en rire. Les enfants sont source de sourires et de rires.

Bref, même si je n’ai pas étayé mon discours de beaucoup d’exemples concrets,j’espère que  je suis parvenue à faire passer mon message: la médecine générale, c’est parfois drôle aussi!