Une étape compliquée …que j avais reportée au retour de vacances.
Retour de vacances un peu difficile (comme tous les retours de vacances forcément),j avais reporté beaucoup de choses au retour .
J ai surtout eu une poussée de « qu’est ce que j ai fait !? Pourquoi je reste pas dans mon cabinet que j aime et dans lequel je suis trop bien!! Est ce que je peux annuler? »
Mais trop tard,les dés sont jetés , plus le choix… Au bout de quelques jours,je me suis reconvaincue que c était la bonne décision et j’ai presque retrouvé de l’enthousiasme.
Donc est venue l’étape « Prévenir les patients »
J avais déjà commencé avant les vacances mais en trichant: en l’annonçant à des patients que je savais qu’ils me suivraient sans problème, soit parce que de toute façon ils viennent me voir de loin ou soit pour lesquels je savais qu’ils me suivraient n’importe où.
Depuis la semaine dernière, j’ai mis une affiche sur la porte et je le dis à beaucoup de monde. Je distribue des petits plans avec ma future adresse.
Bon, relativisons, je pars à 5 min en voiture, 15 min à pied de là où je suis. Je n’ose même pas imaginer à quel point cela doit être difficile de dire que l’on part …tout court. ( pensées pour une amie qui est en train de vivre ça) . J’en viens presque à comprendre (presque hein) les médecins qui partent sans prévenir personne.
Donc pour moi c’est assez facile. Je le fais en deux temps, j’assène un « je change de cabinet », là je vois l’effroi et même plusieurs fois des larmes dans les yeux en face de moi , alors je lance un « mais je vais à cinq minutes d’ici « . Oui, bon c’est pas moi qui ai inventé la technique de la bonne et de la mauvaise nouvelle mais le soulagement leur fait oublier les inconvénients du type prendre le bus ou le fait qu’il n’y aura pas de place de parking .
Mais parfois j’ai le droit à des yeux noirs pendant toute la consultation. Parce que je ne suis pas la seule je crois à ne pas aimer le changement. Et faut avouer que pour les personnes qui habitent juste à côté, c’est bien embêtant. J’essaie de les faire relativiser en leur disant que j’aurai pu partir à Toulouse (oui j’aurai vraiment pu, la #TeamDuSudOuest est tellement accueillante ) mais bon.
Et puis il y a le côté narcissique , dans les deux sens : « donc oui je change de cabinet, vous pouvez me suivre là-bas ou rester ici » (pour les patients qui ont l’habitude de voir tous les médecins du cabinet ) et là les rares « ah ben je vais rester là, même si c’est une petite dame qui a du mal à marcher, ça fait un petit truc. Je dis les rares fois car pour l’instant évidemment, je continue à l’annoncer plus ou moins inconsciemment de manière préférentielle aux patients que je sais qu’ils vont me suivre , à ceux qui ne voient que moi. Et là, ça fait du bien, ils ne se posent même pas la question, me disent qu’ils me suivraient n’importe où (même à Toulouse),
Et puis y a ceux à qui je ne le dis pas,parce que j’ose pas. Y’a Mr B. , un monsieur de 80 ans, dont le médecin est parti à la retraite il y a 2 ans. A chaque fois , oui à chaque fois qu’il vient, il me dit « jusqu’au bout docteur, vous êtes mon docteur, jusqu’au bout, j’habite juste en façe » voilà…en plus il passe tout le temps au cabinet pour un oui ou pour un non , parce qu’il se sent seul et du coup il trouve des excuses (comme m’amener des fleurs) .
De plus en plus, il va falloir admettre qu’il y a beaucoup de gens que je ne verrai plus,les personnes un peu âgées qui ne pourront pas venir là bas, les familles qui vivent juste à côté et qui viennent au cabinet voir le médecin qui est disponible, les migrants qui souvent viennent à la consultation sans RDV, les patients qui ne sont pas vraiment les miens mais que je suis de manière occasionnelle depuis près de 10 ans, les patients de mes collègues que j’aime bien, que je vois en leur absence …mais bon c’est la vie. Et puis aussi , il faut l’avouer y’en a certains qui ne me manqueront pas …ça me console.
En gros, l’idée, c’est qui m’aime me suive
mais j’espère que ceux que j’aime me suivront!
Et puis, maintenant que c’est dit: plus de retour en arrière possible…