PS du février 2016: la revue Prescrire a publié très récemment un article qui mentionne des études qui montreraient des malformations cardiaques chez des patientes traitées par Zophren pendant la grossesse. En attendant plus d’informations et une éventuelle mise à jour du CRAT, il faut donc mettre l’article suivant en perspective des ses informations .
Rassurez-vous, je ne vais pas parler que de grossesse pendant neuf mois puis de couches-culottes pendant des années… Juste un peu!
Je voulais juste faire un petit article pour lutter contre l’idée reçue que lorsque l’on est enceinte on ne peut prendre aucun médicaments à part du doliprane! (et encore heureusement que Prescrire à confirmé ce mois-ci que celui-ci ne présentait aucun risque parce que même lui a été soupçonné d’effets secondaires!)
Loin de moi l’idée que l’on peut prendre tout et n’importe quoi! Non l’idée principale, c’est qu’en dehors du doliprane et du spasfon, il ne faut pas faire d’automédication et demander l’avis de votre médecin, en insistant particulièrement sur l’interdiction de prendre de l’ibuprofène ou tous les trucs en fène vendus sans ordonnance.
Mais ceci dit, avec l’avis du médecin, il y a quand-même plus de médicaments autorisés que l’on ne le croit. Et là, ce sont plutôt les médecins eux-mêmes qui je trouve pêchent par excès de précautions inutiles. Je vois relativement assez souvent des femmes enceintes qui souffrent car sous prétexte qu’elles sont enceintes, on ne peut rien faire pour elles! Ce n’est déjà pas marrant d’être enceinte, mais si en plus on doit subir une double peine! Je ne dis pas qu’il faut tout hypermédicaliser mais parfois des choses sont possibles et ce n’est pas la peine de laisser une femme enceinte souffrir d’une rage de dents ou d’une sciatique hyperalgique par exemple avec seulement du doliprane! Il faut voir la situation au cas par cas mais en cas de necessité, il y a des médicaments que l’on peut utiliser: antalgiques de palier 2, même morphiniques, corticoides, antiacides, anti-allergiques, etc et même si le cœur nous en dit un sirop pour la toux et un pchi pchit pour le nez (parce que attention la plupart de ces derniers sont formellement contrindiqués). Oui, il ne faut pas sous-estimer le bonheur de la femme enceinte de son troisième enfant dont les deux premiers sont malades et elle-même très enrhumée et épuisée qui ressort avec du pivalone et du tussidane en plus du doliprane, cela lui donne un espoir auquel elle ne pensait pas avoir droit!
Devant les discours parfois contradictoires des médecins, entre le généraliste, le gynécologue, le médecin un peu trop rigoureux et celui qui ne l’est pas assez, entre le lecteur émérite de Prescrire et le client émérite des labos, entre l’avis du pharmacien la plupart du temps de bon conseil, celui des notices des médicaments ou même du Vidal qui déconseillent la prise de à peu-près tous les médicaments sans l’avis d’un médecin, et l’avis de la voisine et de la boulangère: une seule façon de s’y retrouver et d’être certain d’avoir la bonne information: le Centre de Référence sur les Agents Tératogènes: le CRAT qui est comme son nom l’indique la référence et en qui on peut avoir toute confiance. Il suffit de regarder sur le site internet, de taper le nom d’un médicament et on a la vraie réponse!
Précisons que le CRAT donne aussi les informations pour les femmes qui allaitent et que tout ce qui a été dit est valable pour l’allaitement car peut-être même encore plus que pour la grossesse, les femmes qui allaitent sous souvent privées de traitement auxquels elles ont droit, que ce soit les premiers jours difficiles après l’accouchement ou les mois après celui-ci!
Donc le CRAT est mon ami, l’ami de tous les médecins et probablement aussi de certaines femmes enceintes même si je pense que de toute façon toute prise médicamenteuse doit être prise avec l’avis de son médecin.
Le CRAT m’a conforté dans ce que j’ai appris il n’y a pas très longtemps et dont je voulais parler ici car je me dis que si je ne le savais pas et même si il y a plein de choses que je ne sais pas, peut-être n’étais-je pas la seule.
L’année dernière, comme je le raconte ici, j’ai été amenée à prendre du Zophren, un anti-émétique (médicament contre les nausées et vomissements) puissant que l’on donne habituellement dans les chimiothérapies. Comparativement aux anti-émétiques classiques, il est beaucoup plus efficace. Comme tous les médicaments, il présente des effets secondaires qui sont principalement maux de tête et constipation mais pas de graves et après avoir beaucoup réfléchi à la question, je pense que si on le donne avec autant de parcimonie et sur des ordonnances d’exception, c’est probablement à cause de son coût. C’est en effet un médicament qui coûte très cher!
Je ne savais pas que l’on pouvait donner ce médicament pendant la grossesse. Et pourtant on peut!
J’ai pourtant une bonne formation en gynéco, j’ai fait un DU, j’ai fait un stage d’interne: pour les femmes qui venaient aux urgences pour vomissements incoercibles avec perte de poids etc, les « vomisseuses » comme on les appelle, je prescrivais le bilan recommandé, recherchais à l’échographie si ce n’était pas une grossesse multiple qui favorise ces symptômes et prescrivais le cocktail habituel: primpéran suppo et donormyl à fortes doses qui me valait souvent l’appel du pharmacien (quant à moi, je ne saurai jamais si le donormyl est efficace puisque à chaque fois que j’ai essayé d’en prendre, je me suis endormie! Quant au primpéran, déjà interdit chez l’enfant, et au motilium, ils font partis des médicaments dont la balance bénéfice-risque est en train de devenir défavorable et sont ils faut l’avouer peu efficaces chez la femme enceinte). Le cas échéant, la femme enceinte pouvait être hospitalisée plusieurs jours, pour être perfusée, et pouvait si vraiment rien n’y faisait être traitée par Dogmatil, un neuroleptique avec pour le coup des effets secondaires assez importants!
Dans beaucoup d’endroits, les femmes sont traitées par Zophren pendant leur hospitalisation, ce qui se révèle en général très efficace. Seulement, après quelques jours de traitement, on leur dit que l’on ne peut pas leur donner plus longtemps. Certains gynécologues disent que le traitement doit être de 10 jours maximum, ce qui est faux d’après le CRAT et d’après ce qui est fait dans certains endroits, d’autres disent que s’agissant d’un médicament à prescription sur des ordonnances d’exception, ils ne peuvent pas le prescrire, parfois ils renvoient chez le médecin traitant qui, il faut l’avouer, la plupart du temps (moi, y compris) n’est pas du tout compétent sur ce sujet. Et les femmes qui ont la chance de se le voir prescrire se trouvent souvent confrontées à devoir payer ce médicament très onéreux car non remboursé pour cette indication d’hyperemèse gravidique.
Car, que l’on ne se méprenne pas, je ne parle pas de prendre ce médicament dans le cadre des nausées matinales,ou pas d’ailleurs, de la grossesse, qui bien que difficiles n’ont pas de répercussions sur la santé. Je parle des femmes qui vomissent tout le temps,perdent dix kilos, sont hospitalisées etc, et il y en a. Certaines en viennent même à des extrémités comme celle de mettre un terme à leur grossesse pourtant désirée.
Pour ces femmes là, c’est un parcours du combattant, et le zophren pourtant efficace et me semble-t-il sans effets secondaires notables, reste méconnu.
C’est pourquoi je voulais faire cet article. Après mes propres recherches sur le sujet, je ne vois pas de raisons à cette réticence de prescription, mais je ne prétends pas avoir toutes les réponses et si quelqu’un a des informations que je n’ai pas, je serai très intéressée!
En attendant, je continue à me référer à mon ami le CRAT.:
Quel antiémétique utiliser en cours de grossesse et d’allaitement
Mise à jour : 3 février 2011
1- Grossesse
- On préférera si possible la doxylamine (Donormyl®), antihistaminique H1 très bien évalué en cours de grossesse.
En France, la doxylamine n’a pas l’AMM dans cette indication, mais au Canada c’est l’antiémétique de référence chez la femme enceinte.
- Si la doxylamine se montre peu efficace ou mal tolérée, le métoclopramide (Primpéran®) pourra être utilisé quel que soit le terme de la grossesse.
- En cas d’inefficacité de ces options, on pourra avoir recours à la métopimazine (Vogalène®) ou la dompéridone (Motilium®) quel que soit le terme de la grossesse.
- En cas de vomissements incoercibles, on pourra avoir recours à la chlorpromazine (Largactil®) ou au sulpiride (Dogmatil®).
- Si ces molécules s’avèrent également inefficaces, on pourra si nécessaire avoir recours à l’ondansétron (Zophren®), quel que soit le terme de la grossesse.
2- Allaitement
- On préférera la dompéridone (Motilium®) ou le métoclopramide (Primpéran®) en cours d’allaitement.
- En effet, leur passage dans le lait est faible et aucun événement particulier n’est rapporté chez des enfants allaités.
Seuls quelques noms de spécialités sont mentionnés dans ce site. Cette liste est indicative et n’est pas exhaustive.
CRAT – Centre de Référence sur les Agents Tératogènes
Hôpital Armand Trousseau, 26 avenue du Docteur Arnold Netter, 75012 PARIS
Tel/fax : ++33 (0)143412622 – www.lecrat.org
Ondansétron
Mise à jour : 3 février 2011
ZOPHREN®
L’ondansétron est un antiémétique, antagoniste des récepteurs 5-HT3 de la sérotonine.
ETAT DES CONNAISSANCES
- En clinique les données actuelles sont peu nombreuses mais aucun élément inquiétant n’est retenu à ce jour.
- L’ ondansétron n’est pas tératogène chez l’animal.
EN PRATIQUE
- Traiter une femme enceinte
- En cas d’échec des antiémétiques « classiques », l’ondansétron pourra être utilisé quel que soit le terme de la grossesse.
- Découverte d’une grossesse pendant le traitement
- Rassurer la patiente quant au risque malformartif de l’ondansétron.
- En cas d’échec des antiémétiques « classiques », l’ondansétron pourra être utilisé quel que soit le terme de la grossesse.
- Si une de vos patientes est exposée à l’ondansétron en cours de grossesse, nous vous invitons à prendre contact avec le CRAT pour contribuer à enrichir les connaissances sur ce médicament chez la femme enceinte :
Seuls quelques noms de spécialités sont mentionnés dans ce site. Cette liste est indicative et n’est pas exhaustive.
CRAT – Centre de Référence sur les Agents Tératogènes
Hôpital Armand Trousseau, 26 avenue du Docteur Arnold Netter, 75012 PARIS
Tel/fax : ++33 (0)143412622 – www.lecrat.org