Quand j’étais petite, je voulais être institutrice et quand j’ai été moyenne, j’avais comme projet d’être prof de maths. Je jouais à la maitresse tout le temps et au lycée et à la fac je donnais des cours de soutien. Bref, jusqu’à ce que soudainement et mystérieusement, je décide de faire des études de médecine, j’ai toujours eu la vocation de l’enseignement.
Je me suis dit que peut-être, dans la médecine, je pourrais aussi faire de l’enseignement, cependant la voie de la médecine générale n’est pas la plus pratique pour ça, bien qu’il y ait des enseignants de médecine générale et même des professeurs et des chefs de cliniques désormais, la filière universitaire n’est pas encore très développée et il s’agit dans ce cas d’un plus grand engagement que juste faire quelques petits topos à l’hôpital .
L’hôpital aurait en effet pu être le lieu de mon épanouissement pédagogique si j’avais fait des stages en CHU. Quand j’étais externe et que comme tous les externes, j’ai subi les ordres parfois ingrats de certains internes, j’imaginais comme je serai la plus cool des internes, la façon dont j’organiserai les choses…Le seul problème, c’est que j’ai fait tous mes stages dans des hôpitaux de périphérie, non universitaires , donc sans externes..j’étais déçue mais pas au point de délaisser mon ptit hôpital au profit du grand et diabolique CHU. Mon seul stage en CHU, ce fut aux urgences gynéco, très mauvais souvenir soit dit en passant, l’interne de médecine générale était vraiment pris pour le larbin, j’ai eu plusieurs externes, ils changeaient d’un jour à l’autre, rien de vraiment fixe mais déjà ça, ça m’a fait plaisir, j’ai pu ressentir un peu le plaisir d’apprendre quelque chose à quelqu’un mais surtout ils me tenaient compagnie dans ma solitaire épreuve. Mes externes ont participé entre autres avec moi à mes péripéties de début de grossesse et gardaient la porte pendant que je me faisais mon échographie hebdomadaire…Bref, c’était bien d’avoir des externes…
J’aurais bien aimé le rôle de chef de clinique, avec des internes, des externes, des P2 même…
Mais, en fait, bonne nouvelle, un médecin généraliste peut avoir des externes, des internes, des SASPAS, des remplacants, des collaborateurs, ça ne s’arrête jamais…
Je vais donc pouvoir allier mon amour de la médecine générale, mon amour de la Seine-Saint-Denis et mon envie jamais assouvie d’être maîtresse d’école…
A partir de la semaine prochaine, je vais avoir un externe. J’ai choisi d’être maître de stage à ma fac parisienne plutôt qu’à Bobigny, dans le but de faire venir des petits parisiens dans mon 93…Enfin, pas que ça bien sûr, mais c’est un petit plus.
Le but est d’avoir de nouvelles perspectives, de faire des rencontres, de s’améliorer au contact de quelqu’un, de se remettre en question, de partager son métier, d’avoir le privilège et la lourde tâche de faire decouvrir la médecine générale. Bien sûr, la partie militante en moi, est contente d’avoir l’occasion de partager ce que j’aime, et peut-être de faire aimer la médecine générale, peut-être même la Seine-Saint-Denis.
Mais je serai tolérante, si mes externes veulent devenir chirurgiens, je les aimerai bien quand-même…
Je sais que cela ne va pas être facile, d’avoir quelqu’un qui m’observe, de sentir le regard et un peu le jugement quand-même de quelqu’un d’autre. Moi qui suis timide..si si .. ça va me faire bizarre et puis cela va être difficile de faire tous les trucs pas bien que je fais, que je sais que c’est pas bien mais que je fais quand-même: genre prescrire des médicaments qui servent à rien, des antibiotiques quand je sens bien au fond de moi qu’il faut pas en prescrire, ne pas faire de streptotest parce qu’il est tard, que y a du monde et que j’ai la flemme, ne pas bien voir les tympans ou les trouver un peu rouges mais pas trop et décréter que c’est une otite parce que c’est plus simple et que toute façon y’a personne qui va regarder après et dire que c’est pas vrai …ah ben si…Donc, il va falloir que je sois plus rigoureuse…
Je sais aussi que je ne suis pas très « examen clinique »: je ne fais pas assez déshabiller les patients, je ne sais pas palper un foie et je ne me rappelle pas la dernière fois que j’ai pris les pouls d’un patient. Je sais que les externes sont habitués à faire des examens cliniques complets, cela va faire bizarre à mes patients de se faire taper les reflexes: mince, il faut que je retrouve mon marteau à réflexe: où je l’ai mis ?
J’ai conscience de mes lacunes (enfin peut-être qu’il y en a dont je n’ai pas conscience).Je sais aussi que c’est une bonne occasion pour les corriger un peu, d’être plus rigoureuse,de réapprendre des choses oubliées, d’apprendre des nouvelles choses… mais bon j’espère que je serai à la hauteur…
Parce qu’en plus ces saletés d’externes, ils notent les maitres de stage et que y’en a un qui a 5/20 parait-il…et mon médecin ce héros, il m’a dit qu’il avait la meilleure note de la fac, ce qui ne m’étonne pas! Donc, c’est un peu la pression, pas de la note, ça je m’en fiche (enfin, pas un 5/20 quand-même), mais parce que les externes, cela va être la première fois qu’ils mettent les pieds dans un cabinet de médecine générale et que cette première impression va conditionner leur choix par la suite.
Je ne veux pas absolument que tout le monde aime et choisisse la médecien générale ( quoi que ..), mais je voudrais leur donner une première vision aussi enthousiasmante que le fut la mienne quand j’ai découvert la médecine de ville. Je sais que c’était quelque chose qui me plaisait mais avec le condtionnement que l’on a pendant nos études, et mon gôut pour d’autres spécialités et en particulier la gynéco, si je n’avais pas inventé mon stage d’externe en D2 en allant dans le cabinet de mon médecin ce héros, est-ce que le moment venu, j’aurai fait ce choix ..
Donc le stage d’externe en médecine générale est une chose très importante, un vrai progrès (vous pouvez lire un peu l’historique des stages en médecine générale dans cet article), et donc je trouve que ce n’est pas une mince responsabilité que d’avoir un externe.
Je sais aussi d’après mes copines qui ont des externes que ce n’est pas une partie de plaisir,qu’ils sont parfois peu motivés, mous, qu’ils connaissent rien, y’en a même des psychotiques, et que ce n’est pas toujours une partie de plaisir…je m’en fiche, pour l’instant, comme à mon habitude de bisounours, je suis contente…
Et en plus, mon futur externe, je le sais motivé (même si il ose prendre des vacances pendant son stage 😉 )pas contre l’idée de faire de la médecine générale, et maintenant qu’il a fait connaissance avec mon humour à la con, je sais qu’on va bien travailler et s’amuser…
Parce que j’écris ça avant que le stage ne commence et qu’on ne s’est pas encore rencontré, mais c’est un peu particulier parce qu’on se connait déjà virtuellement, qu’on se cotoie sur twitter, qu’il lit mon blog et que après je ne pourrai plus dire des choses sur lui.
Oui, c’est un peu particulier, et cette notion de twitter doit être un peu hermétique pour beaucoup de monde (et j’en profite pour digresser et dire que après quelques mois d’expérience,je trouve vraiment que twitter est une source pour moi d’enrichissement professionnel et personnel et qu’il y a toujours quelqu’un sincèrement à l’écoute et que en période de fêtes,c’est encore plus appréciable, merci twitter ) et c’est une peu embêtant, on ne pourra pas (trop) twitter l’un sur l’autre, mais on est en 2012 bientôt, il faut vivre avec son temps..
Et ça fait plaisir à mon côté narcissique qu’ un étudiant parisien ait choisi de venir faire son stage en Seine-Saint-Denis chez moi,en sachant qui j’étais et après avoir lu mon blog. Bon, je suis réaliste, je sais qu’il n’avait peut-être pas beaucoup d’autres choix (il ne choisissait pas en dernier cela dit) mais j’aime à penser, que peut-être (peut-être hein), ce que j’écris a un petit impact sur la vision de mon métier et de mon département et que mon message est un peu entendu…C’est un début mais une petite victoire pour moi.
Et sur la vision de mon département, il y a du boulot: (désolé J. ( je peux t’appeler J.?) je vais encore me moquer, je m’en excuse), mais il semblerait que des interrogations et quelques craintes subsistent, merci « aux potes qui racontent des horreurs », et devant témoin je me porte garante une nouvelle fois de votre sécurité à toi et à ton Iphone…vous pouvez venir tranquille dans ma banlieue. Et en cas de dommage (sur toi et on Iphone, je prendrai tout à ma charge…)
Et, pour te prouver ce que je dis: je remets la photo de moi et mon (feu) Iphone (dont l’état n’a rien à voir avec la Seine-Saint-Denis) dans le RER B sains et saufs!
Enfin, fais quand-même une synchronisation…on sait jamais …