Du repos et du plaisir

Je dois être encore trop jeune et manquer d’expérience, mais j’ai encore du mal à laisser partir les gens sans ordonnance à la fin de la consultation. A mon avis, je prescris trop de médicaments, parfois même en sachant que ça ne sert à rien mais il est difficile de ne rien prescrire. Je m’y efforce, je progresse doucement …

Beaucoup de consultations se terminent par des conseils de bon sens, c’est de l’improvisation bien sûr et peut-être que de la même manière que je prescris probablement des médicaments à mauvais escient, mes conseils sont-ils parfois inadaptés. En tout cas, ils sont souvent utopiques.

Dans mes conseils de bon sens, je prescris beaucoup de repos, de détente, de loisirs même…

Il n’y a pas de recommandations officielles de la Haute Autorité de Santé sur la façon de vivre sa vie. Pourtant l’OMS définit la santé comme un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

Donc, je prescris selon mes propres référentiels.
Et moi, de plus en plus, mon credo dans la vie, c’est qu’il faut prendre du temps pour soi, du repos, de la détente, mais juste pour soi.
Il faut en fait un temps pour chaque chose, pour sa famille, ses enfants, un temps à consacrer à son conjoint, à sa vie amoureuse,un temps pour sa vie professionnelle, un temps pour ses amis, un temps obligatoire pour les tâches de la vie quotidienne, mais également un temps pour soi!
C’est ma conception à moi de la santé, d’une vie épanouie.

Mais force est de constater que peu de gens se payent ce luxe, pour des raisons matérielles ou psychologiques.
Beaucoup ont une vie difficile, de tristesse, de travail…mais beaucoup aussi ne prennent pas conscience qu’il faut prendre soin d’eux, ne s’en accordent pas la permission…        Je me sens le besoin, l’obligation de leur dire. Cela fait parti de mon travail de médecin me semble-t-il…
Cela dit j ai aussi ce défaut avec les gens qui m’entourent et qui ne m’ont rien demandé. Bref, j’aime bien donner des conseils à ceux qui ne m’en demandent pas.

C’est que ça me fait vraiment du mal de voir quelqu’un qui va mal, qui ne prend pas soin de lui et étant la championne du « un temps pour chaque chose » et en particulier pour la détente égoïste, un peu moins pour les tâches désagréables de la vie quotidienne, je me sens un peu missionnée.

J’ai une vie plutôt privilégiée mais j’ai comme tout un chacun mon lot de difficultés à gérer et ce n’est pas toujours facile, alors moi mon truc, c’est dès que possible de garder du temps libre pour moi, pour faire ce que j’ai envie: rester affalée sur le canapé sans être le moins du monde gênée par le bordel autour de moi, sécher le boulot pour aller m’enfermer en plein après-midi seule dans une salle de ciné, laisser ma fille à la cantine pour aller me faire un hammam avec une copine, déclarer que le samedi je ne bosse pas je m’occupe de ma fille mais ne pas hésiter à la laisser dormir régulièrement chez la nourrice pour sortir en amoureux avec mon mari…
La clé de tout ça, c’est de ne pas culpabiliser, de se laisser aller en se disant que c’est sain et que c’est bon pour tout le monde, que y’a pas que le ménage et le boulot dans la vie, que les enfants ont besoin de voir leurs parents amoureux et heureux, que les laisser pour faire quelque chose d’égoïste, c’est bien pour eux aussi, que la vie de couple c’est important aussi, que des fois juste ne rien faire, c’est bien aussi!
Le tout est de trouver le bon équilibre.

Alors,j’essaie de partager le concept un peu fou que la vie, si on veut la vivre longue, heureuse et en bonne santé, il faut prendre soin de soi physiquement,moralement et socialement …c est pas moi qui le dit, c’est l’OMS!
Et sinon, on fini avec des dépressions, des véritables troubles musculosquelletiques, des lombalgies, des vertiges, des chauderies hémicorporelles gauches….

Hier, j’ai vraiment prescrit des loisirs.

Mme B. me rend folle. Elle a 48 ans, elle a toujours travaillé très dur depuis sa petite enfance, il y a sûrement quelque chose qui vient de là. Elle travaille tout le temps et en dehors du travail ne se pose jamais, se lève à cinq heures du matin pour faire ses carreaux, ne fait jamais rien que l’on ou en tout cas que je peux qualifier moi de « loisir ». Elle a tellement tiré sur la corde que maintenant elle est en arrêt avec le bras immobilisé depuis plusieurs semaines. Médicalement, je ne peux pas faire grand chose pour elle alors pendant les consultations, j’oriente plutôt le sujet sur ce qu’elle fait de ses journées, puisqu’elle est en arrêt et qu’elle est censée se reposer… Mais quand on n’a jamais appris à se détendre, à prendre du temps pour soi, je crois qu’on n’y arrive pas comme ça…Je ne suis pas sûre que mes tentatives aboutiront à quelque chose. J’etais en train de lui suggérer d’aller au ciné, je sentais bien qu’elle n’irait pas, j’ai pensé alors que j’avais dans ma poche des places de ciné pour un film  qui sort la semaine prochaine (j’ai un frère qui bosse dans le domaine), alors je lui ai donné en me disant que du coup elle allait se sentir obligée d’y aller et que elle aura au moins fait une sortie en famille, en espérant que le film sera bien…déjà en voyant les acteurs sur l’affiche, elle a dit: « j’peux pas les voir eux! » C’est pas gagné!

En tout cas: voilà l’ordonnance que je lui ai remise!

J’ai aussi incitée Madame H. jeune maman au foyer de 3 enfants du genre, et il y en a beaucoup, qui fait tout à la maison et ne se sépare jamais de ses enfants, et en début de burn out évident, à les laisser en garde à quelqu’un, à les laisser à la cantine et se faire une journée rien que pour elle, et également à sortir avec son mari en tête à tête, à prendre du recul avec l’idée  d’être une mère parfaite, la perfection cela n’existe pas mais je pense qu’une bonne mère est une mère épanouie. J’ai aussi abordé le sujet du partage des tâches ménagères, ayant un mari qui en fait bien plus que moi et qui avait pris un congé parental de six mois à la naissance de ma fille cela me paraît naturel mais culturellement, c’est un message difficile à faire passer…

Ensuite, j’ai reçue Mme H. en consultation, patiente algérienne de 55 ans, que je voyais pour la deuxième fois.
La première fois, quand je l’ai vu arrivée avec ses douleurs aussi diffuses qu’imprécises, j’ai poussé un soupir de découragement, ensuite quand elle m’a décrit une authentique chauderie hémicorporelle gauche, j’ai souri intérieurement et ça m’a donné la force de prendre mon courage à deux mains pour essayer de faire du bon travail. Après avoir identifié les problèmes médicaux principaux, dont une tendinite évoluée de l’épaule gauche, lors de la deuxième consultation, j’ai surtout essayé de connaître un peu sa vie pour comprendre dans quelle mesure les traitements auront de l’effet, le traitement essentiel, le repos, étant souvent le plus difficile à obtenir. Effectivement, veuve, elle s’occupe de tout depuis toujours et le repos semble difficilement envisageable. Ses enfants de 19 et 22 ans ont semble-t-il pris l’habitude que leur super maman s’occupe de tout et cette super maman n’a jamais envisagé d’arrêter de laver leur sous-vêtements à la main…et maintenant étonnamment quand elle leur demande de l’aide, ils ne sont pas réceptifs…
Il y a beaucoup dans ma patientèle de patientes d’origine maghrébine, mères ou grand-mères, fatiguées, avec des douleurs articulaires, des tendinites, qui s’occupent de tout, de la maison, des enfants, des petits-enfants… J’ai du mal à les soigner. Comme ce n’est pas ma culture, j’ai du mal à trouver les mots je crois, j’ai peur d’être maladroite, je ne veux pas les heurter, ces femmes souffrent et pas que physiquement mais je ne sais pas comment les aider. Je prescris des médicaments, de la kiné, j’essaie de discuter, et je leur dit de se reposer…elles ne le feront pas …

J’ai remis à Mme H. cette ordonnance, pour qu’elle l’accroche sur son frigo et que ces enfants la voient.

Voilà, c’était mon billet rêveur du jour..

si pour une fois mes prescriptions étaient écoutées …

Le Monde

Bon, je me permets ce billet un peu narcissique parce que l’article ci-joint est tout d’abord très intéréssant mais surtout il faut l’avouer parce que je suis fière d’avoir été citée dans le journal « Le Monde », bien plus fière que ma prestation à i télé de la semaine dernière!

Par contre, si j’avais su quand j’ai choisi mon pseudo pour twitter, que premièrement je ferai un blog et surtout que je serai citée dans « Le Monde », j’aurais réfléchi plus de cinq minutes avant de le choisir …

Merci et bravo pour son article très juste à la journaliste Laetitia Clavreul qui m’a contacté suite à mon article sur les arrêts de travail et à Dominique Dupagne qui est semble-t-il encore une fois le  » cerveau  » derrière tout ça…

euh par contre, je plaide pas vraiment pour une sensibilisation aux conséquences des abus…ce n’est pas trop mon rôle, mais pour une non stigmatisation des malades oui ça c’est vrai …

Le Monde du 23/11/11

On m’aurait menti

Tous les jours en médecine, des certitudes peuvent voler en éclat!

Des choses que l’on pensait connaitre sans même remettre en question, genre prescription systématique de zymaduo à tous les nourrissons alors que le fluor est inutile, des domaines que l’on pensait maitriser. Quand on connait mal un sujet, on apprend des choses continuellement et on en est satisfait ,mais quand c’est un sujet qu’on croit bien connaitre et qu’on apprend quelque chose, on est surpris!

S’il y a un sujet que je pensais bien maitriser, c’est celui de la contraception. J’ai toujours aimé la gynéco. J’ai eu, je le pensais en tout cas, une bonne formation à la fac, j’ai fait un DU (diplôme universitaire:une petite formation en plus) de gynéco, j’ai fait un stage d’interne aux urgences gynéco, bref, c’est quand-même un domaine que je connais mieux que beaucoup d’autres.

Par contre, je n’ai pas fait de stage au planning familial et récemment j’ai rencontré à la thèse sur l’excision à laquelle j’ai assisté,Dr P. un médecin qui travaille au planning dans le 93, qui connait bien ce sujet et qui est assez exceptionnelle avec un caractère bien trempé et je me suis dit, ma collègue ayant fait une partie de son SASPAS chez elle me l’ayant conseillé, que j’allais assisté à quelques consultations… Grand bien m’en a pris, car déjà en une après-midi, j’ai appris plein de choses, surtout au niveau de la relation avec les femmes car ce médecin a vraiment une grande expérience et une approche sans tabous.

Au niveau médical, je connaissais heureusement pas mal de choses mais tout d’un coup, une patiente d’une vingtaine d’années arrive et dit: « je viens pour la piqûre  »

Alors moi dans ma tête, là je cherche bêtement: Rophylac ? un vaccin ? mais de quoi  elle parle ?

Dr P. a l ‘air de trouver ça évident, se lève et prépare l’injection…et cette scène se reproduisant trois ou quatre fois dans l’après midi m’a beaucoup intrigué et plongé dans de grandes réflexions…

Il s’agit en fait d’une injection de Dépo-provera 150, acétate de médroxyprogestérone de son petit nom, injection intramusculaire  de progestérone, contraceptif très efficace, qui nécessite une injection tous les 3 mois …

Je sors de la fac, j’ai fait un DU de gynéco, je prétends maitriser le sujet de la contraception, je savais vaguement que ça existait mais je ne savais pas même pas comment ça s’appelait…je suis partie avec une boite vide pour m’en souvenir ….

Je croyais que c’était réservé à des cas exceptionnels, des femmes « handicapées mentales » comme on dit …

Or,il s’avère que ce n’est pas le cas… Au planning où j’étais, et dans beaucoup d’autres endroits, c’est une méthode contraceptive au même titre que les autres….avec ses avantages et ses inconvénients …

Toute l’après-midi et encore maintenant, j’étais sous le choc, je répétais : Pourquoi ?

Pourquoi je ne suis pas au courant? Pourquoi on n’en parle pas dans les cours à la fac, dans la formation médicale? Pourquoi? Quel est le piège? C’est peut-être Dr P. qui fait des trucs bizarres? Pourquoi, pourquoi?

Du coup, je me suis renseignée, Dr P. m’a éclairée de manière objective, m’a envoyé des documents, j’ai fait une petite recherche biblio, petite car je suis pas douée pour ça, j’ai séché les cours à la fac sur le sujet, et petite parce qu’il n’y a pas beaucoup de documents sur le sujet, j’ai même été sur les forums de patientes. Je mettrai à la fin pour ceux que ça intéresse deux liens dont une thèse sur le sujet .

En gros, sans prétendre donner une information exacte, voici ce que moi j’ai compris :

Il s’agit d’une contraception progestative de même nature que l’implant contraceptif avec à peu-près les même avantages et inconvénients.

Principaux avantages:

– pas de contre-indication en dehors d’une insuffisance hépatique sévère: donc on peut en donner à tout le monde.

-discrétion: idéal pour toutes les jeunes filles qui ne veulent pas dire qu’elles prennent la pilule, qui ont peur que leurs parents fouillent dans leurs affaires,qui ne veulent pas que leurs parents tombent sur les rélevés de sécu, et en plus, même si c’est en ville et qu’elles doivent l’acheter (au planning c’est gratuit ) …

– …le coût!!!! c’est 2 euros et quelques l’injection , une fois tous les 3 mois ! Ceci explique peut-être cela, pas de marketing sur ce produit très ancien et qui ne vaut rien!

– observance: quand on pense à tous les oublis de pilule, à toutes les grossesses non désirées , à toutes nos patientes qui oublient la pilule, ne veulent pas de stérilet ou d’implants, quand je pense à tous les bébés microval en post-partum ( j’en ai un que j’adore et qui est trop beau mais quand-même) je me dis à nouveau : Pourquoi?

A cause des inconvénients?

Ils sont les mêmes que ceux de l’implant ou des micro-progestatifs ( microval et cérazette):

– des troubles du cycle: soit on n’a pas de règles, ce qui est en général le cas après plusieurs injection, soit on a des cycles à peu-près normaux , soit dans 1/3 des cas environ des saignements intempestifs appelés spotting. Ce qui est bien embêtant certes mais qui n’empêche pas que des milliers d’implants soient posés chaque année.

-il semblerait qu’il y puisse y avoir une prise de poids, un syndrôme dépressif

-contrairement à l’implant, spécifiquement pour la dépo-provera (dépo pour les intimes),une diminution de la densité minérale osseuse a été observée pour un usage supérieur à un an, dans une étude sans augmenter le risque d’ostéoporose  et de façon réversible.

– quand on arrête, l’effet est un peu prolongé et il peut y avoir un retour à la fécondité retardé, de quelques semaines à quelques mois.

– Et c’est une piqûre dans le cul tous les 3 mois !

voilà, voilà, et bien moi ça ne répond pas à ma question !!

Parce que si il y a des effets secondaires, ils ne semblent pas plus graves que pour les autres méthodes contraceptives voire moindres et ils ne semblent pas justifier qu’on élimine totalement ce moyen contraceptif des livres de médecine et des possibilités offertes aux femmes…

Alors pourquoi?

Je vais citer une thèse qui est en ligne. Je ne sais pas si cela se fait sans en demander l’autorisation à son auteure,si ce n’est pas le cas, je m’en excuse, mais comme je pense que le propos va dans son sens, elle ne pourrait pas en être contrariée (moi je donne autorisation à tout le monde de citer ma thèse!) . vous y retrouverez toutes les informations médicales détaillées .

http://www.bichat-larib.com/publications.documents/3431_100415-THESE-ANDLAUER.pdf

« C’est  l’image d’un contraceptif de masse, d’une méthode « coercitive », qui a été véhiculée en Europe dans les années 1990, du fait de son utilisation à grande échelle dans les pays en voie de développement, et certains praticiens y voient encore « un instrument idéal de contraception imposée. »

« Son utilisation en France est restée extrêmement péjorative, réservée pour beaucoup de praticiens à des patientes ayant des déficiences intellectuelles ou souffrant de pathologies psychiatriques, ou encore à une catégorie sociale et ethnique de femmes pour laquelle les médecins considèrent que la contraception relève de l’urgence. »

« En effet, lors de nos études médicales, les progestatifs injectables sont souvent oubliés de nos polycopiés, ou au mieux simplement cités sans détails. Il semble ainsi qu’une majorité demédecins généralistes ne connaisse pas le Depo-provera°, et qu’une petite minorité se sente assez à l’aise avec pour proposer sa prescription. »

« Pourtant aux Etats-Unis, suite à une grande campagne de lutte contre les grossesses non désirées chez les adolescentes, l’utilisation du Depo-provera° a été associée à un déclin significatif du nombre de ces grossesses. »

Alors pourquoi l’HAS dans les reco HAS de 47 pages sur la contraception, sur la dépo-provera: ne dit que ça:

« Pareillement la contraception progestative injectable n’est à considérer qu’en cas de difficultés d’observance ou dans des contextes socioculturels particuliers. La recherche d’une contraception progestative de longue durée d’action fera plutôt envisager l’utilisation d’un implant sous-cutané ou d’un dipositif intra-utérin (DIU) au lévonorgestrel (LNG). »

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/recommandations_contraception_vvd-2006.pdf

Pourquoi la dépo-provera ne pourrait-elle pas faire partie au même titre que les autres méthodes contraceptives des méthodes à envisager? Pourquoi ne pas le proposer de manière éclairée? Pourquoi ne la proposer que dans certains contextes sociaux particuliers?

Combien de femmes seraient-elles ravies d’avoir une piqûre tous les 3 mois et d’être tranquille le reste du temps ?

« Si l’on considère en dehors de tout préjugé médical, que la meilleure contraception est celle que la femme choisit, il paraît intéressant de proposer systématiquement cette méthode,au même titre que les autres, à toute femme consultant pour une contraception. »

Voici également un document canadien:

http://www.acsa-caah.ca/Portals/0/Member/PDF/fr/documents/depoprovera.pdf

Maintenant, s’il vous plait, ne me laissez pas seule avec mes pourquoi, donnez moi votre avis, vos remarques…

Et si personne ne me dit pourquoi ne pas prescrire de la dépo-provéra, en mon âme et conscience, je le proposerai à mes patientes: je commencerai avec Mme D. et ses multiples IVG, ses oublis de pilule et son refus du stérilet , et puis je le proposerai si besoin au même titre que les autres méthodes …

 

Bande de fainéants…

Les gens sont tous des fainéants et qui plus est, ils ont aussi le défaut d’être non seulement avides d’argent mais en plus égoistes…(un égoiste, c’est quelqu’un qui ne pense pas à moi ). Les malades sont des irresponsables, n’est ce pas Mr Wauquiez?

« Le sujet sur cette histoire du délai de carence, c’est pas la fraude. C’est juste la responsabilisation. On comprend bien que si jamais, quand vous tombez malade, ça n’a aucun impact sur votre indemnité et votre salaire, ben le résultat quand même c’est que c’est pas très responsabilisant. Et que du coup on a un peu l’impression que la Sécurité sociale est quelque chose sur lequel on peut tirer sans que ça ait un impact (…). Donc dans le cadre de l’effort collectif qui doit être fait, c’est important qu’il y ait aussi ce signal de responsabilisation: « Attention, c’est pas gratuit! » L.Wauquiez

Loin de moi l’idée de faire de la politique ou de remettre en cause des décisions prises par des gens si intelligents et qui connaissent si bien les gens.. c’est une décision absurde parmi tant d’autres dans un monde absurde. ( et comme je ne veux pas émettre d’opinions trop personnelles, je ne dirai même pas que ma seule petite consolation, c’est de penser à tous ceux qui ont voté pour ce gouvernement et qui pour une fois se retrouvent visés par quelque chose qui les embête bien fort).

Donc, je voulais juste rendre compte de mon expérience à moi, moi qui ne doit pas être vraiment intelligente et qui ne doit pas connaitre les gens …

Parce que moi, mes patients, ils ne sont ni fainéants, ni égoistes, ni irresponsables…

Alors, oui, je l’accorde, il y en a quelques uns qui réclament des arrêts pour pas grand chose ou qui tirent un peu sur la corde ( « tant qu’à avoir perdu 3 jours , mettez moi la semaine tant qu’à faire »), et oui même, il y a quelques fonctionnaires qui se permettent facilement un arrêt sachant qu’il n’y a pas de perte de salaire (« On a le droit à 90 jours alors… »). Comme partout il y a des gens qui veulent profiter, mais, et je ne parle pas du fait que ces gens-là n’ont pas forcément la vie facile et que ce ne sont pas eux qui font le trou de la sécu, ces patients là sont vraiment très peu, ce problème est vraiment très marginal… Des demandes injustifiées de la sorte, je dirai que j’en ai environ une ou deux par mois…et il ne tient qu’au médecin de les refuser. Mais j’oubliais que les médecins aussi sont égoistes et irresponsables …

Donc, comme toujours, on pointe du doigt une minorité, pour rendre les gens coupables de problèmes qui n’ont rien à voir. Quand on sait que moins de 3% des indemnités journalières sont versées pour des arrêts de moins de 8 jours, alors que 60% des versements concernent des arrêts de plus de 3 mois, on mesure l’indécence qu’il y a à faire des patients des cibles…

Mais, surtout, moi au quotidien, ce n’est pas ça que je vis. Moi, au quotidien, je me bats avec les gens pour les arrêts de travail mais pour qu’ils les acceptent ! Et la plupart du temps je perds..

C’est fou ça mais les gens sont vraiment un peu irresponsables avec leur santé en effet: ils refusent les arrêts quitte à mettre celle ci en péril!

-Mme B. est gardienne, elle avait une tendinite du coude, elle a refusé à de nombreuses reprises mes arrêts que pourtant j’avais rédigé et lui avais donné. Elle ne veut pas s’arrêter, son travail c’est toute sa vie, elle est hyperactive. Elle a tenu le coup jusqu’à ce que le tendon se déchire et maintenant cela fait plus d’un mois qu’elle est en arrêt.

-Mr C. est chauffeur-livreur, il a une forte douleur d’épaule, j’ai réussi à l’arrêter deux jours quand vraiment il ne pouvait plus bouger mais pas plus. Sa raison: il ne peut pas laisser ses collègues dans l’embarras….

-Mme R. est déprimée, sa fille de 16 ans a été violée récemment , elle a besoin de la présence de sa mère et Mme R. est épuisée physiquement et moralement …en plus, elle a une angine. Je ne peux rien pour sa peine mais je pense que quelques jours de repos lui seraient bénéfiques. Elle refuse…financièrement, elle ne peut pas.

-Mr A. doit se faire opérer du genou depuis 2 ans, il attend toujours car cela implique un arrêt de travail de plusieurs semaines que financièrement il ne peut pas se permettre.

-Mme S. est ATSEM, elle a des lombalgies. Cette fois ci j’ai réussi à l’arrêter car vraiment elle était bloquée mais la plupart du temps, elle refuse, pour ses collègues, pour les enfants…en dépit du fait qu’elle soit fonctionnaire et qu’elle n’ait pas de jour de carence .

-Melle B. est serveuse, elle a un virus pour lequel on ne peut rien faire mais est pas bien du tout, elle n’accepte pas l’arrêt parce qu’il n’y a personne pour la remplacer et que son patron lui met la pression…

Je m’arrête là mais je pourrais continuer des heures..Si les patients qui profitent du système sont très occasionnels, je vois ceux-ci en une demi-journée, tous les jours, tout le temps …

Alors, ma patientèle n’est peut-être pas représentative, les habitants de la Seine-Saint-Denis sont peut-être des gens particulièrement courageux et avec une situation financière précaire, mais mes patients à moi ne sont ni fainéants, ni tires-au-flanc, ni irresponsables,ni profiteurs, et oui l’argent est un critère important mais dans le mauvais sens. Ce sont des gens courageux, honnêtes, travailleurs. Certains réclament des arrêts un peu exagérés mais beaucoup plus les acceptent par obligation avec contrariété ou les refusent. Ils les refusent parce qu’ils aiment travailler, parce qu’ils ont une conscience professionnelle, pour ne pas laisser leurs collègues dans l’embarras. Certains subissent une telle pression au travail qu’ils ne peuvent se permettent d’accepter l’arrêt. Certains aussi ne veulent pas justement profiter du système et être payés à rien faire. Beaucoup surtout, ne peuvent pas se permettre d’accepter l’arrêt, financièrement, trois jours de carence  cela fait près de 10%,quand on gagne le SMIC,c’est énorme, et rappelons qu’après ces trois jours, le salaire n’est payé qu’à 50%, sans parler du fait que le paiement arrive longtemps après. Certaines personnes ne peuvent tout simplement pas se le permettre.

Cela conduit à des retards de traitement, à l’aggravation de la situation médicale, et en tant que médecin et citoyenne, cela me désespère et me met en colère tous les jours et maintenant cela va être pire encore…

Les seules personnes avec lesquelles on n’était pas embêté par le problème financier, c’était les fonctionnaires et maintenant, même cela est remis en cause…

Et en plus, comme d’habitude, on monte les gens les uns contre les autres, au lieu de niveler la situation vers le haut en partant du fait que les acquis de la fonction publique sont une chose positive, on les fait encore une fois passer pour des fainéants et on les pointe du doigt comme responsables et au lieu de voter un progrès tel que la diminution du délai de carence à deux jours, on nivèle tout par le bas…et tout le monde est perdant: ceux qui ont eu l’irresponsable idée de tomber malade, ceux qui ont eu l’irresponsable idée de prendre un arrêt de travail et qui sont montrés du doigt, ceux qui ont eu l’idée encore plus irresponsable de les refuser et dont l’état de santé s’aggrave et coûte encore plus cher à la sécu…et moi qui assiste impuissante à tout ça ….

 

3 mois

Bon, on ne change pas les bonnes habitudes…Je célèbre, je célèbre…

Et puis, je suis sûre que tout le monde se précipite le 17 du mois voir ce que je vais bien pouvoir dire pour justifier ce billet….

Alors,d’abord, cela va au moins avoir l’intérêt de faire du mouvement sur le blog, parce que il faut bien l’avouer, ces derniers temps, il y a du laisser-aller…

Il continue à y avoir des visites ( en tout 33000 visites et 58000 pages lues..) mais certaines doivent être déçues….

Je sais bien que ça fait longtemps que je n’ai pas publier quelque chose et ça me contrarie, mais cela ne veut pas dire pour autant que je n’ai pas d’idées en réserve, j’ai toujours pleins de choses à dire, il faut juste que je les écrive …

Pourquoi est-ce que je tarde?

D’abord, il faut l’avouer, je pense qu’une fois l’enthousiasme de la nouveauté passé, c’est quand-même difficile de garder le rythme.

Ensuite, ça a toujours été comme ça, il y a des périodes dans ma vie où j’ai un besoin impérieux d’écrire tout le temps, même n’importe quoi, à n’importe qui, à personne même, et des périodes où ça s’arrête, allez comprendre …

De plus, j’ai recommencé à dormir la nuit au lieu d’écrire, ce qui fait quand-même pas mal de temps en moins, et surtout le drame de ma vie, qui est avec dormir une perte de temps gigantesque: les séries télé: j’ai à nouveau été happée par la tentation de se mettre sur le canapé et se délecter à regarder toutes ces séries anciennes et nouvelles qui apportent une détente sans pareil, plutôt que d’être dans le vrai monde à faire quelque chose de productif …Un drame…

Et le vrai monde aussi m’a pris du temps, il faut le dire, il s’est passé pas mal de choses dans ma vie.

Et là, j’aimerais que ce blog soit aussi un blog personnel et pouvoir raconter ma vie, c’est aussi pour ça qu’une fois par moi je me permets ce petit travers et que je la raconte un peu quand-même: ce week-end, c’était les 4 ans de ma fille et j’ai joué à la super-maman (rassurez-vous cela n’a pas duré: j’ai repris mon rôle de mère indigne dès le lendemain en oubliant d’aller la chercher à la garderie) en invitant 18 enfants ( de 3 à 12 ans:cousins-cousines, amis les plus proches) à une soirée-pyjama sur le thème des sorciers/sorcières et des fées/magiciens, soirée déguisée avec repas à base de doigts de sorcières et d’yeux de crapauds, potions magiques, grand jeu de piste…et le lendemain une vingtaine d’adultes au repas en plus …C’était magique. J’aimerai mettre des photos de tout ça, pour une fois, je n’aurais même pas à rougir devant Ciloubidouille! Mes gâteaux sorcières et fées étaient tellement beaux qu’il va falloir que j’en fasse un blog dédié je crois …

Bref, je n’ai pas eu le temps de bloguer… Et là, je meurs d’envie d’écrire un article sur les arrêts de travail mais il faut que je prépare la soirée médiévale de dans 2 jours pour l’anniversaire de mon mari et que je prépare mon gâteau excalibur (mince spoiler…).

Et surtout, je profite aujourd’hui de ce billet pour lui souhaiter un joyeux anniversaire car il a 35 ans aujourd’hui: son anniversaire le fait déprimer, mais je voulais lui dire que c’est le meilleur des maris, que je l’aime et que c’est encore une demi-dizaine d’années merveilleuse passée à ses côtés : la meilleure même, et que pour l’occasion, je fais peu original: je lui offre le même cadeau que pour ses 30 ans, les bonnes idées, faut les recycler …

Et en ce jour, je pense aussi très fort à ma grand-mère ….

 

Mon médecin, ce héros

J’ai cotoyé des centaines de médecins, j’en ai cotoyé pas mal en tant que patiente, j’en ai cotoyé encore plus en tant que proche de patients, et bien sûr encore plus en tant qu’étudiante puis médecin, stagiaire ou remplaçante. Je pense que de ce fait , mon jugement sur la qualité d’un médecin est assez juste.

J’ai vu ceux qui travaillent sérieusement, ceux qui humainement sont méprisables, ceux à qui je ne confierais pas ma famille (la seule fois où j’ai adressé ma fille aux urgences: j’ai appelé l’interne de garde que je n’avais jamais vu pour être sûre que ce soit lui et pas le chef qui la voit), ceux qui aiment leur métier, ceux qui l’aiment mais qui sans s’en rendre compte ne l’exercent pas correctement, ceux qui n’aiment pas les gens, ceux qui changent la vie de leurs patients, ceux qui ont un égo surdimensionné.

Je l’ai déjà dit, mais je n’ai pas une grande estime pour les médecins en général. J’en ai vu tellement, tellement, qui ne sont non seulement pas à mes yeux des bons médecins mais surtout qui n’ont pas les qualités humaines qu’un médecin doit avoir. Car c’est un métier difficile, et pour moi, être un bon médecin est quelque chose de complexe, qui englobe les compétences médicales et humaines ainsi que la façon d’exercer. Je pense que chez les médecins comme pour le reste de la population, il y a une proportion notable de « cons » (mon frère n’aime pas quand je dis des gros mots, mais appelons un chat un chat), mais c’est plus embêtant que dans certaines professions. Tomber sur un médecin incompétent, désagréable, intolérant a pour certaines personnes des conséquences plus importantes que quand elles tombent sur un libraire ayant les mêmes défauts ( j’aime bien les libraires , j’en ai épousé un). Mais bon, on est tous le « con » de quelqu’un …

Pour la médecine générale, en ce qui me concerne, j’ai vu pas mal de médecins, entre ma vie, mes stages, mes remplacements et j’ai comme tout le monde entendu dire du mal de médecins.

Je ne vais pas rentrer dans le débat entre Martin Winckler et Borée sur les médecins maltraitants, il est facile et dans l’air du temps pour les patients de critiquer leur médecin pour un rien, ces critiques sont parfois injustes et infondées.

Mais quand-même, moi je ne pense pas avoir le jugement facile mais il y a des médecins qui n’en méritent pas le titre.

Sans réfléchir plus de dix secondes, je peux citer :celui que j’ai remplacé qui n’avait pas de dossiers et qui renouvelait les traitements sans voir les gens depuis plus d’un an mais en faisant passer la carte vitale; celui dans ma ville chez qui les femmes attendent des heures pour se voir prescrire un régime à base de coca light et d’advil, celui qui a gardé l’ordonnance de l’enfant fiévreux un samedi soir parce que sa patiente ne s’était pas aperçue qu’il n’y avait plus de chèque dans son chéquier, celui qui m’a prescrit la première fois qu’il me voyait des antidépresseurs alors qu’à 19 ans, je venais le voir en pleurs parce que je m’étais fait plaquer la veille, etc etc c’est sans fin et personne ne peut nier qu’il y en a malheureusement beaucoup des comme ça …

Après, il y a malgré tout et heureusement un grand nombre de médecins qui font correctement leur travail. Parmi ceux-là, j’ai mes petits critères de jugement à moi mais ce ne sont que des critères personnels qui me font dire que certains médecins ne sont pas forcément ce que j’appelle moi un bon médecin: des petites choses comme ne pas écrire dans le carnet de santé des enfants, ne pas être informatisé, recevoir les labos, prescrire des PSA, ne pas être sympathique, ne pas dans l’ensemble respecter les principes dont j’ai parlé précédemment…Après ce sont plein de petites choses mais c’est surtout le contact qui est important…

Donc avec tout ça, quelle est la probabilité de tomber sur un « bon » médecin,cette définition étant à la fois objective et subjective ? Elle est quand-même assez faible je trouve …

Et bien, moi, sans exagération aucune, j’ai le meilleur médecin généraliste du monde!

Un jour, à l’âge de 15 ans, j’avais une angine et ma mère a appelé le médecin de garde ( oui c’était une autre époque), il est devenu notre médecin et avec du recul, je me dis que j’ai eu une chance extraordinaire d’avoir eu cette angine.

Parce que je m’en rends compte seulement maintenant mais non seulement il est un médecin généraliste inestimable mais en plus il a été mon maitre de stage et a probablement jouer un grand rôle dans le médecin que je suis et que je deviendrai.

Donc, mon médecin à moi: il est compétent, il est rigoureux, il a établi des règles et faut pas imaginer se pointer sans carnet de santé ou à 19 heures pour un renouvellement de traitement, il est très sympathique ou parfois très désagréable quand il faut, il aime son travail et le fait bien, il est maitre de stage, a des externes et des internes et il a la meilleure note de toute la fac même s’il habite dans le 93, il est drôle, il parle aux enfants comme si c’était des adultes , il est heureux  et en plus il est beau !

Si je devais, je pourrais lui trouver des défauts: il n’est vraiment pas aimable quand il répond au téléphone, il n’avait même pas internet quand je bossais chez lui mais cela n’est plus le cas, euh … ah oui il ne fait même pas de streptotests pour les angines … mais bon, personne n’est parfait!

En D2, j’étais déjà attirée par la médecine générale, mais je ne savais pas ce que c’était, je lui ai demandé si je pouvais assister à sa consultation. Ce fut vraiment une confirmation de ce que je sentais : la médecine générale est vraiment ce qui me plaisait. Mais à la réflexion, je me dis que c’est peut-être l’image qu’il m’a donné de la médecine générale qui m’a fait choisir sans douter cette spécialité .

Ensuite, il est devenu maître de stage (j’aime à penser que c’est un peu grâce à moi) et j’ai fait une partie de mon stage d’interne chez lui. Outre le fait que j’y ai passé des supers moments, que j’ai appris pleins de choses, que c’était très formateur, que sa patientèle était très agréable, et que je me suis, il faut le dire bien amusée…je me rends compte maintenant que ce stage a inconsciemment formaté le médecin que je suis aujourd’hui. En fait, il est ma référence et mon modèle, et même si je ne lui ressemble pas du tout et que bien des compétences me manquent par rapport à lui, j’essaie d’exercer la médecine qu’il m’a apprise, que j’ai aimée. Et je pense qu’un des points les plus importants que j’ai pu ressentir avec lui : c’est qu’il est un médecin heureux !

Bref, je ne serais probablement pas tout à fait le médecin que je suis sans lui …

Mais au-delà de ça, la chose la plus importante, c’est que j’ai la chance de l’avoir comme médecin traitant .

Beaucoup ont été surpris quand j’ai dit l’autre jour que j’emmenais ma fille chez le médecin.

Mais je pense que même un médecin doit avoir un médecin, pour lui et pour sa famille, c’est plus sain je trouve et surtout quand on a la chance d’en avoir un très bien.

Il y a quelques années, j’ai eu quelques petits soucis de santé et au lieu de  faire trop d’auto-médication , de m’auto-prescrire des examens, je suis allée régulièrement le voir, et même si j’arrivais avec mes petites idées en tête, je m’en suis remise totalement à lui et cela est très important , même en temps que médecin,encore plus en tant que médecin même,de s’en remettre à quelqu’un en qui on a toute confiance. Je mettrais ma vie ou celle de ma famille entre ses mains sans problème, c’est ça un bon médecin …

En plus, il y a ce phénomène assez remarquable, qu’en dépit du fait que j’ai été son étudiante, sa remplaçante, qu’il ait été mon maître de stage, mon jury de thèse, le médecin d’autres membres de ma famille et que (peut-être que je m’avance), nous sommes en quelque sorte peut-être des amis aussi , quand je viens pour moi, je m’assois naturellement du bon côté du bureau  et  je suis la patiente et il est le médecin sans que rien ne vienne interférer dans la relation thérapeutique.

Certes pour des raisons pratiques et logiques, je n’emmène pas ma fille quand elle a une rhino ou une angine, ce qui lui arrive très rarement en plus, je la soigne dans ces cas-là, mais pour le suivi, les vaccins ou toute autre chose, je l’emmène voir P. Docteur, comme elle dit …

En plus, comme je l’ai dit, il est super, et le voir mener une consultation avec ma fille est  un vrai exemple pour moi .

Je l’ai emmené une fois l’année dernière et une fois la semaine dernière parce qu’elle était dans une période insupportable ou j’avais envie de la jeter par la fenêtre, n’écoutait rien, faisait des crises de colère interminables, lançait des trucs, tapait etc …Une consultation et depuis elle est transformée, bon peut-être que d’autres choses entrent en jeu, j’ai moi-même changer un peu de comportement, mais cette consultation était impressionnante…

Je suis sortie en me disant : «Je veux être comme ça quand je serai grande »

Des fois, j’essaie de faire «mon P. », avec les enfants : la dernière fois, le petit n’a jamais voulu me parler et m’a tourné le dos en souriant toute la consult …bon je me dis que j’y arriverai un jour …Il y a quinze jours, j’ai essayé aussi avec un petit de 5 ans qui vomissait et qui pleurait tous les matins pour aller à l’école, je lui ai parlé, lui n’a absolument rien dit. Je l’ai revu hier : je demande des nouvelles et la maman me dit que depuis notre consultation ,il n’y a plus eu aucun problème…

Alors, je garde un peu d’espoir…

De lui ressembler un jour …

Peut-être un jour, quand je serai grande et vieille comme lui, mes patients diront : «mon médecin, c’est la meilleure … » Parce que quand ce n’est pas dit à la légère, c’est quand même un des plus beaux compliments qu’on puisse faire …

Et patients, ne désespérez pas, les bons médecins sont peut-être rares, mais ils existent (cachés dans le fond du 93)!

Bon, ça m’embête bien un peu qu’il lise cette floppée de compliments, mais avec un peu de chance, il ne se reconnaitra pas ( bon avec  beau, drôle et désagréable au téléphone, tout le monde va le reconnaître) . Dans le cas contraire, tant pis, il sait déjà je pense tout le bien que je pense de lui, tout ce qu’il m’a apporté et ce n’est qu’une occasion de plus de le remercier…

De le remercier d’être mon médecin, le meilleur, de tout ce qu’il m’a apporté mais surtout d’être la preuve pour moi et pour tout le monde qu’un bon médecin, ça existe …et ça, pour moi c’est quelque chose ….