abstraction

Certaines journées sont plus dures que d’autres .Pour être médecin généraliste, il faut pouvoir à chaque nouvelle consultation faire abstraction des ses propres problèmes , de ses propres sentiments. Il faut une certaine disponibilité du corps et de l’esprit pour consacrer à chaque consultation l’attention qu’elle mérite.

Pour le corps , c’est parfois difficile , quand la liste de patients est longue le matin au réveil, il faut vraiment une grave maladie pour ne pas y aller et encore plus de courage -sauf super secrétaire- pour annuler tous les patients. Donc rhume, angine, migraine, gastro, grossesse (oui je sais la grossesse n’est pas une maladie enfin quand-même ) ,rien de tout ça n’arrête le généraliste. Alors les journées sont longues, à écouter des gens se plaindre de la même chose ou de moins, à leur faire des arrêts ( je ne me plains pas, personne ne m’a empêchée d’être salariée, je suis jalouse c’est pas pareil) , à se concentrer pour faire son travail, patient après patient. L’avantage c’est que l’on peut partager ses expériences et ressentir de l’empathie pour le patient « oui , je connais les nausées du 1er trimestre, c’est affreux, horrible,plus jamais j’aurai d’enfants, et les hémorroides vous en avez ? non vous ça va ah bon… ». On peut se prendre en exemple « Vous voyez moi je vous tousse dessus depuis tout à l’heure , et bien je n’ai pas d’antibiotiques ! ». Bon être aphone, c’est plus difficile , et en plus je fais peur aux enfants , mais on se débrouille , quand on n’en peut plus, on ferme la porte , on pleure un bon coup et on fini par voir la fin de la journée.

Pour l’esprit, c’est plus difficile . Quand les soucis sont petits, ça va, au contraire,  parfois l’abstraction est telle qu’on n’y pense pas pendant toute la consultation .Rien de tel que de s’occuper des autres pour oublier ses propres problèmes. Mais quand la souffrance ou la préoccupation est telle qu’elle nous submerge, qu’on ne peut pas penser à autre chose, qu’on ne peut pas détacher ses yeux du télephone posé à côté, il se passe un phénomène un peu bizarre de détachement de soi, comme si on s’observait faire les choses (et les faire mal en plus) mais qu’on pensait à autre chose pendant ce temps ( Ma fille est malade , ma mère est en réanimation, est ce qu’il va m’appeler, ma meilleure amie est en train d’accoucher ).Comment s’occuper correctement des patients et de leur besoins quand on ne pense qu’à ses propres besoins ,envies et angoisses.

Alors je demande pardon aux patients, victimes de mon égocentrisme passager. Ont-ils remarqué aujourd’hui que mon but était d’en finir au plus vite ?( au point de ne même pas en faire payer certains ), ont-ils remarqué mon manque de zèle ,mon manque d’intérêt pour leurs problèmes? J’ai essayé de donner le change  mais bon…Et merci à tous ceux qui sont restés chez eux aujourd’hui…J’essaierai  de faire mieux la prochaine fois , mais même un médecin à le droit  d’avoir des problèmes personnels  ,d’être malade , triste amoureux ou inquiet …

Une histoire de la médecine

Aujourd’hui, pour mon anniversaire de mariage , je voulais juste faire partager à mes 2500 visiteurs un petit texte écrit par celui qui veut se faire appeler Dr Who ( oui je sais c’est un peu nul comme nom mais ça vaut bien DocteurMilie )

Donc, s’il y a quelque chose de précieux ( entre pleins d’autres choses bien sûr ) que j’ai gagné par ce mariage, c’est que le témoin de mon mari , j’aime à penser mon ami à moi aussi, a pris l’habitude ( qui se perd un peu je trouve ) quand je le provoque surtout, de m’envoyer des mails ou des lettres dont le génie n’a d’égal que le talent pour l’écriture.

Malheureusement, cela n’a généralement rien à voir avec la médecine, cela aurait peu d’intérêt que je cite le discours de notre mariage, je garderai pour moi sa reprise de la tirade des nez qui est une vraie pépite dont je ne suis pas encore remise, mais j’ai retrouvé une petite histoire de la médecine qu’il m’a écrite une nuit d’ennui ( je crois qu’il s’est d’ailleurs endormi avant de finir) …

J’espère que son écriture vous enthousiasmera autant que moi et que vos commentaires l’inciteront à apporter sa contribution à nouveau ( je le répète il a besoin qu’on le provoque). Enfin, pas trop non plus, c’est quand-même mon blog ! Déjà que je doute car sur les 2500 visites ( oui vous avez vu comment ça fait deux fois que je glisse qu’il y a eu 2500 , 2557 même ,visites en 10 jours sur mon blog, je sais pas si c’est bien cela dit, mais je trouve que c’est assez bien pour que je m’en vante discrètement deux fois – et oui je sais gentil mari que dedans il y en a 50 au moins de toi <3 ), il y en a très peu qui m’ont fait un commentaire positif ( et je les en remercie ).

Alors, un peu de culture pour aujourd’hui pendant que moi je vais …ah non je peux pas le dire,c’est une surprise  !

« Je pense qu’il serait plus constructif que tu demandes à ta fille de ranger sa chambre (parce que franchement, c’est le bordel ),que tu ranges ta voiture (parce que, franchement, c’est le bordel) pendant que je me nous consacre à…. un survol de l’histoire des grandes étapes de la médecine, par exemple, qui est la première idée qui vient de surgir de mon cerveau malade, alors ça tombe bien!
Souhaitons qu’à la fin de cet exposé, nous saurons enfin si la médecine est vraiment utile à la société.
—–MEDECINE DANS LA PREHISTOIRE.
Je ne sais vraiment pas ici s’il faut vraiment parler d’une véritable « histoire » de la médecine, dans la mesure où le seul acte médicinal de l’époque était connu comme étant  « le gros coup de massue dans ta gueule! », certes un peu brutal, mais qui avait le mérite de n’apporter aucune réclamations. Quand on pense qu’à notre époque, certains portent plainte parce que les médecins ont par mégarde oublié dans le ventre d’un malade une compresse, un scalpel, une clé de 12, où un Tampax usagé, on se dit que nous ne sommes pas si civilisés que l’on veut bien le croire. Rendons gloire à nos ancêtres donc, et tout particulièrement à Rahan, fils de Crao, qui inventât le premier antiseptique à base de bouse de chauve-souris séchée (les chauve-souris étaient très grosses à l’époque…), faites mariner, ajoutez une pincée de sel avec une dose d’urine convenablement conservée 10 jours, et prévoir un sac en plastique au moment d’appliquer la pommade parce que ça fait gerber.  En médecine, on appelle cela « les effets secondaires ».
—–MEDECINE DANS L’ANTIQUITE
Ah! L’ère des charlatans…
Démocrite, Pythagore, Thalès de Milet, Empédocle d’Agrigente, voila des noms prestigieux de la médecine que malheureusement le grand public connait davantage pour leur élaboration de théorèmes à la mords-moi-le truc-qui-pends (le mot « nœud » était encore inconnu du grand public à l’époque, l’argot Français n’ayant pas encore été inventé…), théorèmes qui font encore trembler les enfants de nos jours.
Personnellement, j’ai été ravi de les apprendre parce que j’ai toujours pensé qu’il serait important de connaître un tas de trucs inutiles pour savoir ce que je devrai oublier de mes études plus tard. Mais cela n’excuse pas que l’on laisse ces savants affoler les enfants sous prétexte qu’ils se sont tous fait voler la vedette par Hippocrate…
Hippocrate, d’ailleurs, quand on parle de charlatans! » Le père de la médecine moderne », comme ils disent!  Issu d’une longue tradition de médecins, il s’est contenté de reprendre des écrits et des théories déjà existants et de déposer un copyright, l’escroc! Mais bon, il savait parler, alors à une époque où le citoyen de base ne pouvait même pas compter les 6 doigts de sa main (eh oui, cons et analphabètes.), c’est sur que quand on tombe sur un mec qui prononce des mots comme « exacerbation, » « rechute », « convalescence », et « paroxysme », on le dresse au rang de Dieu Vivant!
Reconnu également pour l’identification et le traitement de l’empyème thoracique (suppuration de la muqueuse pleurale dans la cavité thoracique), il impressionne ses contemporains, qui n’entravent rien à toutes ces conneries et moi non plus d’ailleurs. Hippocrate terminera sa carrière de représentant de la Médecine en inventant un soir de cuite le fameux « serment d’ Hippocrate », que les médecins doivent aujourd’hui encore tous sans exception  réciter par cœur en obtenant leur diplôme, alors qu’il viennent de faire un dissertation avec plein d’images autour sur la présence des médecins dans le 93.
N’oublions non plus à cette époque Pline l’Ancien, qui se prétendait médecin et est mort sur les pentes du mont Vésuve, parce qu’il voulait regarder de plus près l’éruption qui réduisît en cendres Pompéi. Sans commentaires…
—–MEDECINE AU MOYEN-AGE
Entre les lépreux et la peste, voila une époque où l’on se demande vraiment ce que foutent les docteurs, à part se masturber sauvageusement dans leur bureau devant un caducée pendant que les enfants jouent à perce-bubons toute la journée.
Nous passerons donc ce grand moment d’absence de la médecine dans un moment ou l’on avait le plus besoin d’elle.
—–MEDECINE DANS LA CIVILISATION ISLAMIQUE MEDIEVALE
Dans la mesure où la médecine fonctionnait jusqu’alors au ralenti, comme nous venons de le démontrer avec brio dans les paragraphes, on décide alors d’aller voir ce qui se passe ailleurs avant que les gens ne se rendent compte que les prétendus médecins de l’époque n’étaient que des escrocs.
On se tourne alors vers d’autres civilisations. On y découvre alors que les Arabes ont développé les pratiques médicales grecques et romaines. Ils créèrent les premiers hôpitaux, et certains praticiens de renoms firent leur apparition entre deux prières :
*AL-KINDI, qui élaborât une échelle mathématique pour quantifier l’effet des médicaments sur un système ; on s’en bat les couilles…
*RAZI qui décrivit la rougeole et la variole, et prouva la fausseté de la théorie des Quatre éléments d’Aristote (mais bon, comme personne ne sait ce que c’est..)
*ABU AL-QUASIM, qui introduisit l’utilisation de nombreux instruments chirurgicaux tels que les pinces, les ligatures, les scalpels, et les introduisît tellement bien que comme nous le disions au début de notre exposé, les médecins modernes les laissent en hommage dans le corps de leur patient ;
*IBN AL-HAYTAM, qui fit l’étude et l’explication du processus de la perception visuelle dans son « traité d’optique » de 1021. Surement depuis ce connard que nos profs de biologie nous demandent de disséquer un œil de bœuf en classe de Seconde…
En fait, c’est toujours pareil : quand on est trop fainéant pour bosser soi-même, on va chercher des  Arabes pour le faire à notre place…
Pas besoin d’avoir fait Médecine pour ça!
—–Le XVIe SIECLE
On dit que les plus grandes inventions de l’humanité ne sont que le résultat du hasard : invention du téléphone par Graham Bell alors qu’il parlait bêtement dans un tuyau, de la Pénicilline par Alexander Fleming pendant qu’il observait de la moisissure sur un morceau de pain, et du lancer de nains par un de mes ancêtres particulièrement vicieux et inventif.
La médecine, science des charlatans par excellence, ne fait pas abstraction à la règle. Citons ici le cas d’un véritable psychopathe du nom de André Vasale, qui satisfaisait son goût du morbide en pratiquant de nombreuses dissections sur des suicidés où des condamnés à mort, dissections qui pouvaient durer jusqu’à ce que les chairs soient trop avariées pour la consultation ou la consommation.  De son sadisme découlât en 1543 un ouvrage, « DE HUMANI CORPORIS FABRICA ».
En France, un certain Ambroise Paré invente en 1552 la ligatures des artères, et empêche depuis lors  des milliers d’amputés qui ne lui avaient rien fait de se vider tranquillement de leur sang.
—–LE XVIIe SIECLE
La folie pure…
Le rital Gaspare Aselli pratique la vivisection sur des chiens en 1622 entre deux séances de Zoophilie et découvre les vaisseaux lymphatiques de l’intestin, tandis qu’ un certain William Harvey découvre en 1628 la circulation du sang. Cela débouchera sur une querelle stupide entre les « circulateurs » et les « anticirculateurs » qui durera 44 ans jusqu’à ce que Louis XIV, qui ne savait déjà pas quoi faire en attendant sa mort prévue pour 1715, organise un cours sur la circulation du sang en 1672.
L’une des plus grandes découvertes dont dépends la médecine moderne ne tient donc qu’à l’arbitrage d’un moutard couronné roi qui s’y connaissait autant en médecine que moi dans la reproduction des libellules dans le Grand Nord Canadien.
Citons également le Hollandais Antoni Van Leerwenhoeck, qui découvrit en 1677 les spermatozoïdes.
On retiendra de lui cette blague qu’il raconte à son de voisin de palier de l’époque après cette découverte :
« Arthur, tu connais le point commun entre une cordée d’alpinistes et des spermatozoïdes?
  D’abord il gravissent un col, et après ils vont se mettre au verre »
(Prononcez à voix haute cette blague si vous ne la comprenez pas)
A noter qu’à l’époque, on compte 200 médecins dans toute la France, et toujours pas un seul dans le 93.
Après des milliers d’années de progrès dans la pensée de l’homme, les traitements médicaux les plus connus de l’époque sont le lavement et la saignée…
—–LE XVIIIe SIECLE
L’épidémiologie, science ô combien importante en médecine, est inventée par…un médecin, me direz-vous de vos grands yeux ébahis par un exposé d’une telle clarté intellectuelle?  Eh bien non, bandes d’Homo-Sapiens Sapiens boursouflés d’ignorance crasse (Clin d’œil au maître Pierre Desproges) . C’est un économiste du nom de  Gottfried Achenwall qui mit cette discipline en place, prouvant encore une fois comme nous l’avons dit plus haut que ce n’était vraiment pas la peine de faire Médecine pour ça : un prénom et un nom à la con suffisent largement!
En 1721, Lady Mary Wortley Montagu s’amuse à inoculer à des sujets sains du pus de malade de la variole, et plus tard, en 1796 (un mardi-après midi), le prétendu « médecin « Anglais Edward Jenner finit quand même par soigner le petit James Phipps de la variole en lui inoculant du pus prélevé sur une paysanne infectée par la vaccine. La guérison du petit James fera oublier toutes les saloperies que ce salopard de Jenner lui avait injecté auparavant, et également le fait qu’il l’abreuvait d’alcool soit-disant pour ne pas qu’il souffre (eh oui, ni l’anesthésie, ni la coke, ni l’héroïne n’éxistaient, bandes d’ignares!), pendant qu’il lui faisait un toucher rectal en le tenant des 2 mains…
—–LA MEDECINE MODERNE
Charles Darwin, en publiant L’ORIGINE DES ESPECES en parallèle à ses études de médecine, expliquera que seuls les plus forts survivent, et  établira donc comme un fait certain que comme le dira le Philosophe Coluche plus tard, il ne fera pas bon d’être à la fois Noir, petit et moche.
En 1885, le pédophile Louis Pasteur réussit à attirer le petit Joseph Meister sur ses genoux sous le prétexte de lui administrer un vaccin contre la rage. Claquette, le chien de Pasteur, recevra le même jour un double ration de pâtée…
En 1868, Adolf Kussmaul crée la gastroscopie en s’inspirant des exploits d’un avaleur de sabres.  C’est bien la peine de faire de longues études pour faire des découvertes en amenant son môme au cirque…
Puis, lassée de la mort naturelle et de la mort des suites de longues maladies, la communauté des médecins se mit à chercher de nouveaux moyens de tuer efficacement les gens. C’est Wilhem Rontgen qui décrocha la palme d’or en 1898, lorsqu’il découvrit les rayons x et permit par sa trouvaille la création de pleins de petits cancers et donna l’idée à Mr et Mme Crozemarie de faire un enfant dont le premier-né portera le doux prénom de Jacques.
—–LE XXe SIECLE
En 1901, Alois Alzheimer identifiera une maladie dont personne n’avait jamais entendu parler. Tellement pressé de se faire un nom, il oubliera de nous parler du traitement. Comme évoqué plus haut, Fleming découvre la Pénicilline à l’heure du gouter, et un peu avant le milieu du siècle, un obscur Autrichien incompris fera fureur en  entreprenant une étude à grande échelle sur les effets cliniques de la privation de nourriture et d’eau sur le corps humain.
La lobotomie est également inventée, et sera utilisée jusqu’en 1970 :  après des milliers d’années d’évolution, on soigne des malades en leur tapant sur le coin du crâne.
Enfin, le SIDA, le Téléthon, et Mimi Mathy resteront les plus grandes trouvailles de ma médecine moderne 
JE SUIS CREVE! « 

Certifié certifié #CertifALaCon

Je crois que je suis coupable de faux et usage de faux !

En ce moment , c’est la mode des certif à la con et je crois que je ne suis pas la seule à trouver ça insupportable !

Qui suis-je en effet pour certifier que telle personne est apte physiquement et psychologiquement à la vie en collectivité, à la fonction d’enseignant ( oui ma cousine je sais que tu l’es et je suis sûre que tu seras la meilleure, enfin doucement quand même avec eux …) ou autre !

Est-ce mon diplôme de docteur en médecine, ma formation en biochimie , mon stage d’externe en psychiatrie qui me permet d’apposer ma signature sacrée donnant foi à la capacité de telle personne à exercer telle activité? Parce que pour une raison obscure, les certificats médicaux pour tout et rien sont très à la mode !

Certificat de non contre-indication au sport qui justifierait à lui seul une discussion complète sur laquelle je vais passer en lui accordant une éventuelle légitimité médicale ; certificat d’absence scolaire ou jours enfants malades, arrêt de travail: je passerai également sur l’absurdité de la nécessité de ma signature sacrée pour justifier une abscence d’une journée (ne pourrait-on pas juste considérer que les gens sont de bonne foi ? Quelle idée folle!) qui oblige les gens à consulter alors que le mal est déjà passé tout seul ( et tant pis pour le trou de la sécu et le surbooking des médecins); je n ai rien de mal à dire contre les certificats de coups et blessures ou d’agression en dehors du fait que faits par un généraliste, ils n’ont aucune valeur médico-légale et que si il doit amener sur des poursuites judiciaires, il faut réadresser le patient aux urgences médico-judiciaires; le certificat de décès bien que pas très joyeux est néammoins indispensable ( même si je dois l’avouer quand on m’appelait à l’hôpital la nuit et que l’on me laissait toute seule dans la chambre, je regardais de loin le patient visiblement très mort et ne vérifiais pas , j’espère que je ne suis pas passé à côté d’un faux mort !) ; j’aime bien faire les certificats de vaccination: si tout est fait comme il faut, les vaccins sont à jour ( je suis notons le pro-vaccination -oui il parait que l’on peut être contre-) et notés dans le dossier…

En revanche, les certificats d’aptitude pour un emploi ou à la vie en collectivité me laissent perplexe. Quel est la valeur d’un tel certificat? Pourquoi faire ? Et surtout quelles sont les contre-indications à cet emploi ou à la vie en collectivité que je suis sensée décelées moi le grand docteur ? Alors comme je ne sais pas pourquoi, en dehors du cas où c’est l’occasion de faire le point avec un patient qui ne vient jamais, je ne fais même pas de consultation ( je ne fais pas payer non plus ne cautionnant pas le coût inutile de ces consultations) , cela est d’un haut niveau du genre :et vous êtes apte? Ok alors ? J’ai vu récemment beaucoup de jeunes filles qui venaient pour avoir un certificat d’aptitude nécessaire pour animer le festival de l’été de la ville. Elles emmenaient leurs copines que je n’avais jamais vues : que dire ? vous êtes aptes ? Ou à la copine : elle est apte vous êtes sûre ? Tant qu’à faire des faux , autant arrêter de faire semblant de le faire sérieusement. Alors, si vous avez besoin d’un certif à la con , venez me voir, j’en fais sur simple demande …

Peut-être que je me trompe  et qu’il y a de bonnes raisons et des contre-indications à déceler lors de ces certificats? Si quelqu’un les connait, je suis preneur ! En tout cas, quand j’inscris ma fille de quatre ans à l’éveil musical et qu’on me demande un certificat médicale d’aptitude à la vie en collectivité, je me dis que l’absurdité est à son comble et que j’ai de la chance d’être médecin, je peux faire un faux avec usage de faux …

Un jour de congé

Comme tout le monde, il est nécessaire de temps en temps d’avoir un jour de congé pour se ressourcer.

Je pense qu’il y a des métiers ou plutôt des emplois ( car tout le monde n’a pas la chance d’exercer un métier qu’il a choisi mais la plupart des gens occupent un emploi par nécessité) bien plus difficiles que le mien. J’ai conscience tous les jours de la chance que j’ai: faire ce que j’ai choisi , exercer en libéral et choisir mes horaires , faire quelque chose qui n’est pas physique ( pour moi c’est précieux) , se sentir utile. Parfois, je l’oublie un peu mais jamais très longtemps et fréquemment je m’efforce de me souvenir de la promesse que je me suis faite de toujours être à la hauteur de cette chance et de ne jamais oublier que je suis privilégiée.

Donc loin de moi l’idée de me plaindre de mon travail ou de ma vie.

Mais quand-même, parfois ce n’est pas facile, c’est fatiguant moralement,consultation après consultation, il faut écouter, réfléchir, être empathique, faire abstraction de ses propres pensées , parler/écouter/réflechir/écrire dans les dossiers/faire abstraction de l’enfant qui pleure/twitter tout ça en même temps. Il faut quand on raccompagne le patient à la porte remettre les compteurs à zéro et recommencer encore et encore. Surtout, il faut porter sur ses épaules le poids de chaque histoire, de la maladie, de la souffrance, de la misère d’une part et d’autre part le poids de la responsabilité, de savoir qu’à chaque consultation d’une manière ou d’une autre ,on a la vie de quelqu’un entre ses mains.   Et des fois les journées sont longues et dures. Physiquement et moralement il faut tenir !

Donc quand-même, c’est pas toujours très facile et quand un jour de congé arrive, cela fait du bien. On en profite à fond bien sûr. On laisse tout derrière soi, on ne pense pas au patient qui va mal , on ne culpabilise pas du fait que si un patient a besoin de nous , nous ne sommes pas disponibles , on ne fait pas de paperasse, de compta, on ne s’arrache pas les cheveux tout un week-end à faire sa première 2035, on ne pense pas au cas qui nous a posé problème, on n’a pas de lecture médicale, on n’essaie pas de se former, on ne lit pas prescrire aux toilettes. On fait le vide total.

Prenons l’exemple d’une journée de congé où aucune vraie contrainte ne m’attend ( ce qui arrive disons le à peu-près jamais.Je passe sur toutes les tâches du quotidien (rangement,ménage,paperasse,courses etc ) que clairement je ne fais pas! Déjà,il faut l’avouer,je ne suis pas une parfaite femme d’intérieur/épouse/maman , mais en plus si par hasard il se trouve que j’ai une journée de congé, je ne vais quand-même pas la passer à faire tout ce que je n’ai jamais le temps de faire mais qu’il faudrait faire quand-même, je vais la passer à faire ce que j’ai envie ,c’est à dire rien. Donc imaginez que les moments manquants de ce récit sont comblés par le visionnage de séries télé, un bon bain et dans le meilleur des cas une sieste.

Donc, dans ce monde idéal où je n’ai rien à faire, je me dis que je vais enfin pouvoir faire la grasse matinée. A 9h, après avoir vaguement entendu mon parfait mari se lever pour préparer et emmener ma fille à l’école et avoir fait dans un demi-sommeil un bisous à celle-ci, j’entends un texto mais je fais la sourde oreille, puis la vibration à nouveau du téléphone qui sonne. Le texto,c’est une amie qui me demande si c’est normal qu’elle n’ait pas eu ses règles à l’arrêt de sa pilule et le coup de fil c’est l’adorable secrétaire de mon cabinet secondaire ( oui je suis comme ça moi, j’ai un cabinet secondaire!) qui ne sait pas que je ne travaille pas mais qui me demande si je peux faire une visite d’un patient que je connais bien dont le médecin est absent ( je dis non car je suis une mauvaise personne et que c’est mon jour de congé , et je répond non au texto aussi parce que ce n’est pas normal ) Gentil mari repasse parce qu’il a oublié quelque chose .Bon ça y est je suis réveillée, autant en profiter pour faire quelque chose ( c’est à dire rien). Pendant cette matinée à ne rien faire, je reçois quelques appels: le médecin de ma mère en visite chez elle veut savoir ce qu’il doit noter sur l’ordonnance, ma grand-mère très gentille m’appelle pour prendre des nouvelles ( honte sur moi que ce ne soit pas l’inverse ) et me raconte de long en large ses non-problèmes de santé en concluant comme à son habitude que « enfin ,ce n’est pas grave ,il y a pire  » et mon père veut savoir ce que je pense des gouttes pour les oreilles que le médecin a prescrit la veille à ma ( très) petite soeur.

C’est déjà l’heure d’aller chercher ma fille à l’école, ça passe très vite, j’arrive cheveux mouillés en courant. Je dis bonjour à la camarade de classe de ma fille qui est aussi ma patiente occasionnelle, et la maman de son copain préféré, mon amie par ailleurs, me rappelle de ne pas oublier de tamponner le certificat de colonie de son ainé. Je demande à la merveilleuse nourrice de ma fille sur qui je peux toujours compter et sans qui je ne survivrais pas de la prendre à 16h30 parce que moi j’ai un truc à faire ( ou pas), elle me dit que je prenne mes ordonnances  parce que un de ses fils tousse et que elle, elle a la rate qui se dilate ( non je ne me moque pas de son hypocondrie ) .

En bonne mère que je suis, j’emmène ma fille manger au quick, car je n’ai pas eu le temps de faire à manger, trop occupée à ne rien faire. Pendant qu’une de mes patientes (bon quand je dis mes patients, j’exagère un peu, je veux dire patients des 2 cabinets où je travaille depuis plusieurs années voire même des trois quatres autres des environs où j’ai travaillé et de l’hôpital en face où j’ai fait à peu près tous les services en tant qu’interne: du coup, ça fait beaucoup de monde mais ce ne sont pas littéralement mes patients ) me prépare ma commande, je regarde autour de moi voir combien de « patients » je vais rencontrer.Je pourrais aller au Mac Do mais c’est pareil, j’ai aussi une patiente qui y travaille et puis j’y suis allé hier,il faut équilibrer son alimentation. Pour faire le trajet jusqu’au manège de l’autre côté du centre commercial, c’est statistique je rencontre au moins un voire deux visages familiers. Ce qui est plus rare mais qui arrive quand-même , c’est de rencontrer un patient au rayon sous-vêtements .

Tout le monde à ce moment de la lecture est en train de se dire, mais il ne faut jamais travailler près de là où on habite. C’est vrai mais …

J’habitais la ville d’à coté mais j’ai voulu habiter cette ville car je l’aime vraiment bien, je voulais habiter à côté de ma perle de nourrice pour que ma fille aille à l’école ( taguée ) près de chez elle, parce que c’est un quartier chaleureux à l’opposé de mon cabinet et que si j’évite le centre commercial et les fêtes municipales, je suis à peu près tranquille .Et puis il y a probablement une partie de moi que ça ne gêne pas tant que ça .J’aime bien cette atmosphère petite ville où tout le monde se connait plutôt que anonymat des grandes villes .Et je pense que j’aime que mes patients sentent que je suis comme eux, on peut discuter de différentes activités proposées par la ville, on a des choses en commun. C’est juste un peu la honte quand ma fille pique le seau et la pelle d’une patiente au bac à sable.

Après avoir déposé ma fille à l’école, je vaque à diverses activités.Il n’est pas impossible que pour me détendre, je regarde une série médicale dont je ne me lasse jamais . Je reçois un texto pour un certificat d’aptitude au sport  et mon mari me demande si je peux rappeler son cousin qui s’inquiète parce que son bébé à de la fièvre.

D’ici le soir, j’aurai également rappeler une amie pour les résultats de prise de sang de sa belle-mère et reparler à mon père car ma soeur a toujours mal à l’oreille , lui d’ailleurs a toujours ses douleurs dans les jambes qui l’empêchent de dormir.

Et gentil mais douillet mari a un lumbago, il va encore trouver que je manque de compassion.

Je me dis que quand-même aujourd’hui, j’ai été un peu sollicitée mais cela me fait penser qu’il y a eu pire. Je me souviens de la fois  en troisième année de médecine dans le bus où mon père m’a lu les résultats de son échographie :c’est quoi un séminome ? ( un cancer qui n’en était pas un) , le repas chez ma tante où une voisine que je n’ai pas depuis plus de dix ans me montre dans la cuisine entre le fromage et le dessert son frottis dont les résultats étaient un petit peu cancéreux, la fois ou la grand-mère de mon mari a été enfin d’accord pour être hospitalisée mais seulement dans mon service, les décisions de ne pas réanimer, et tant d’autres  …

Cela est sans fin, bien évidemment, c’est parfois difficile à porter pour des petites épaules mais que ceux qui ont pu se reconnaitre m’excusent si j’ai donné l’impression de me moquer ou de me plaindre. Surtout, surtout , continuez à me solliciter , n’hésitez pas car non seulement je le fais avec la meilleure volonté du monde et en plus c’est souvent le seul moyen que j’ai pour vous rendre tout l’amour ou l’amitié dont vous m’entourez, pour me sentir moins redevable de tous les services que vous me rendez .Surtout , surtout ne m’enlevez pas ce plaisir…

Quant à ceux qui ont dans mon entourage été très malades, la difficulté d’avoir eu à assumer le rôle de médecin et de proche à la fois est compensée largement par tout ce que le fait d’avoir été médecin m’a permis de leur apporter, en terme de prise en charge, et de soulagement et par le lien que j’ai pu grâce à cela partager  avec eux .

En tout cas , cela fait du bien une journée de congé, de se vider la tête …Je vais pouvoir partir dormir chez ma mère malade détendue prête à aborder le nouveau challenge médical que la nuit viendra m’apporter …

 

 

To be or not to be anonymous ? ( et ta thèse ?)

Telle est la question !

Bien sûr, à l’instar de la plupart de mes confrères blogueurs, je me suis dit qu’il fallait respecter mon anonymat , secret médical, tout ça. Il est vrai que j’imagine mal que les patients aient accès à ce que j’écris.Même si le secret médical est respecté, ils pourraient perdre confiance et prendre peur que ce qu’ils confient soit raconté. D’autre part,c’est surtout moi qui n’aimerait pas savoir que ce que j’écris sera lu par des patients .

Déjà qu’il m’est difficile de me dire que beaucoup de gens que je connais vont lire tout ça,d’autant plus que j’ai écris beaucoup de choses en croyant ne jamais être lu. Je n’ai pas trop réfléchi avant de me lancer et je suis un peu dépassée par les évènements .Déjà 800 visites grâce à la solidarité twittérale. Maintenant que c’est lancé, c’est trop tard pour faire marche arrière et prendre le temps de me poser des questions fondamentales : Pourquoi ? Quelle drôle d’idée ? A quelle douce folie est-ce que cela répond ? et plus terre à terre :Anonymat obligatoire ? et sûrement bien d’autres qui viendront à fur et à mesure.

Quel est le problème avec l’anonymat me direz-vous?

Un problème majeur: il prive l’univers de ma thèse !! Bon pour restituer les choses , elle n’a rien d’exceptionnelle ( la médaille ne fut même pas d’argent ) c’est juste que moi je l’aime bien … Elle parle de choses dont personne ne parle et que mon petit côté militant aimerait partager .C’est comme quand on a envie que tout le monde voit son bébé comment il est beau et tout mignon même s’il est pas plus beau qu’un autre ( bon la mienne l’était mais c’est comme ma thèse il se peut que je manque d’objectivité ).

Et puis la gestation fut tellement longue que même si j’en ai fait qu’un , j’aurai eu le temps d’en faire plusieurs des vrais bébés pendant ce temps là. Je me rappelle que je disais que je m’y mettrai pendant mon congé maternité. La bonne blague, un peu plus ma fille aurait pu assister à ma soutenance tellement j’ai mis du temps ( et puis regarder les sept saisons de gilmore girls m’a pris tout mon temps libre) .Mais bon dernière licence de remplacement expirée et la menace de quadruplement de ma dernière année, il a bien fallu s’y mettre .

Tous ceux qui sont passés par là ont probablement eu a subir cette éternelle question : et ta thèse?

La phrase qui tue d’autant plus qu’elle peut s’étaler sur de nombreuses années quand comme moi on remet toujours à plus tard ce qu’on pourrait faire le jour-même. Maintenant que c est fini depuis plusieurs mois, cela parait loin mais c’est comme le permis de conduire, j’ai bien cru que cela n’en finirait jamais. Le plus dur fut de s’ y mettre et cela est d’autant plus difficile que la fin des études est loin et qu on a perdu l’habitude de bosser tout le temps. On se demande même comment on a pu passer autant d’années à ne rien faire d’autre. Ça parait fou.

Mais c’est une question d’endurance et une fois qu’on est reparti, on trouve même une certaine satisfaction à se servir à nouveau de son cerveau (c’est à dire pour autre chose que pour regarder des séries) , à produire quelque chose, à dire: « je peux pas , je bosse ma thèse …  » Et une fois qu’on est lancé, il vaut mieux éviter de reposer la fameuse question : et ta thèse? Car là, la réponse risque d’être longue , très longue car parfois il peut nous échapper que ce sujet puisse ne pas passionner notre interlocuteur.

Il est vrai que même si j’ai mis du temps à l’écrire , en partie par procrastination , en partie par perfectionnisme , j ‘y ai mis tout mon coeur. J’aurais pu choisir n’importe quel sujet que l’on nous propose lors des stages à l’hôpital, qui sont livrés presque clés en main,mais dont l’intérêt est juste celui, certes non négligeable,de se débarrasser de cette obligation. Mais j’ai eu envie de choisir un sujet qui me tenait à coeur,je l’ai trouvé toute seule, ai tout fait toute seule dans mon coin,j’y ai mis tout mon coeur et je suis avouons le ,fière de moi.Oui je ne me vante pas de grand chose dans la vie, mais de ma thèse je suis fière. Et pourtant, rien de transcendant, je ne sais pas si beaucoup de personnes ont eu le courage (en dehors des insomniaques ) de la lire en entier.

Car, en plus , elle est longue, très longue …

Et si c’était quelque chose dont j’aurais pu me vanter, je pourrais même dire qu’elle est remontée jusqu’à l’ Elysée lors d’un simulacre de rencontre avec huit médecins , dont a fait parti par un concours de circonstance mon directeur de thèse ( simple généraliste de banlieue ) avec Elisabeth Hubert et notre président au moment où celui ci faisait semblant de s’intéresser à la médecine générale …

Et aujourd’hui, j’ai tapé mon nom sur google (pour accéder à ma thèse ) ,et je suis tombée par hasard sur un article de la diffusion d’une interview sur Radio France Internationale donnée il y a plusieurs mois par un des membres de mon jury de thèse où il cite mon nom et parle de ma thèse …

Donc forcément maintenant tout le monde a envie de la lire. D’ailleurs je lui ai réservée une page sur le site en prenant bien soin de retirer la première page avec mon nom … Mais juste après j’ai réfléchi qu’avec le titre, on pouvait retrouver mon nom sur google puisqu’elle est en ligne et que niveau anonymat , cela n’est pas terrible …Donc au bout de quelques heures ( oui j’ ai un temps de réaction un peu long ) je l’ai retirée .

Je ne peux même pas dire de quoi elle parle parce que serait facile de la trouver …

Et là je me repose la question : mon anonymat vaut-il le prix de priver l’univers de ma thèse ?

En plus, je  ne pourrai même pas parler de la journaliste qui par un autre concours de circonstance est venue me voir la semaine dernière avec un photographe pour une double page dans un magazine que même s’ il est gratuit et peu connu je ne peux pas nommer ( euh c’est pas voici moi )

Je vois que pour préserver son anonymat , on peut refuser le plaisir de dédicacer son livre ou de faire une émission de radio .D’autre part , certains « éminents blogeurs  » ne sont pas anonymes. Cela pose -t-il problème ? Et à  partir du moment  où mon nom n’apparait pas sur le blog ?

Donc pour l’instant, tant pis… Si des fois dans ce que j’écris, il y a des passages qui semblent un peu plus sérieux ( pour ne pas dire ennuyeux ) , c’est que j’essaierai discrètement d’en passer quelques extraits ..

Et si certains de mes confrères sont intéressés ( ou insomniaques )  je peux éventuellement vous la donner en privé. Je n’ai pas de patients médecins alors c’est bon  ..

Je sais que mes confrères blogueurs ne manqueront pas de me donner leur avis et je les en remercie.J’en profite pour les remercier sincèrement ainsi que toute la communauté twittérale pour leur accueil, leur soutien, leurs retwetts , leurs commentaires encourageants, constructifs et surtout très gentils. J’en suis émotionnée et je vais peut-être finir par aimer un peu les médecins finalement …

 

Franchir la ligne

Chaque jour, j’espère l’arrivée de Mr G. venant m’annoncer la bonne nouvelle : sa régularisation. Je crois que ce jour là, il viendra me voir directement car paradoxe de la France, je joue un rôle dans cette démarche. Quel paradoxe en effet d’annoncer : «Mr G. ,vous avez une grave maladie, la bonne nouvelle, c’est que maintenant vous pouvez prétendre à une carte de séjour pour raison médicale . Vous êtes en France depuis 18 ans ,vous êtes travailleur, honnête et quelqu’un de formidable mais ça on s’en fiche , mais vous avez les uretères bouchés par la bilharziose ,ça c’est jackpot ! Et estimez-vous heureux car beaucoup aimeraient être à votre place mais leur maladie n’est pas assez grave »
J’ai rencontré Mr G. ,malien de 40 ans , il y a plusieurs années au début de mes remplacements. C’est un des premiers patients pour lequel j’ai eu à gérer moi-même une situation un peu complexe. Il se plaignait de fortes douleurs et de sang dans les urines depuis plusieurs années. Il se trouve qu’un parasite avait infesté depuis plusieurs années ses reins et sa vessie et que toute la « tuyauterie » était bouchée par des calcifications. Un stade avancé qu’on ne devrait jamais voir. Personnellement, je n’avais jamais vu cela ! Je l’ai adressé en urgence à un spécialiste qui a posé une indication opératoire.
Mais il est difficile parfois de comprendre les angoisses enfouies chez certains patients, d’autant plus quand ils ont une culture différente de la nôtre , et d’autant plus quand on est un chirurgien chef de service ( qui me faisait peur quand j’étais interne). Il se trouve que Mr G. qui n’avait pas eu peur de faire le chemin jusqu’en France , qui n’avait pas peur de se lever chaque matin pour affronter la vie difficile qui est la sienne , avait en revanche peur de se faire opérer. Plusieurs personnes de sa famille étaient mortes sur la table d’opération, certains pour une opération sans gravité , sa sœur je crois. Je n’ai pas trouvé les mots à ce moment là pour le rassurer.
Il ne s’est pas fait opérer.Il a continué à avoir mal .Il n’a pas eu ses papiers. En tant que remplaçante, je ne l’ai vu qu’épisodiquement une ou deux fois dans l’année. A chaque fois , les mêmes discussions , je lui ai refait une lettre pour le chirurgien à plusieurs reprises. Et on discutait de sa vie, de ses problèmes. Un médecin généraliste n’est pas habilité à faire un courrier pour la préfecture. Seuls sont habilités les médecins hospitaliers ou les médecins experts .Mr G. est allé voir un médecin expert , il lui a demandé 170 euros je crois, une somme impossible pour lui bien évidemment. Quel scandale ! Certains se débrouillent pour trouver cette somme ,pour rien la plupart du temps car leur espoir ne débouche sur rien , il faut vraiment être très malade et une maladie ne pouvant pas être soignée en Afrique ( ce qui exclu les maladies comme le diabète par exemple pour lesquels l’Afrique dispose de traitement , pour une minorité aisée certes mais elle en dispose ), mais cela n’empêche pas les gens de demander des certificats pour tout et rien. Je leur explique cela, qu’ils ne sont pas assez malades, qu’un tel certificat est inutile. Cela m’est arrivé de leur faire le certificat, en leur expliquant qu’il n’avait pas de valeur. Cela ne servait à rien mais ils s’accrochaient à cet espoir et cela leur évitait de se ruiner chez un médecin expert qui leur aurait délivré la même chose .
Il est difficile parfois de trouver ses propres limites avec les patients. On ne peut pas aider tout le monde, il faut se préserver et il faut rester à sa place .J’ai résister plusieurs fois à aller chercher les médicaments d’une petite mamie qui n’avait personne pour aller lui chercher ce jour là , j’ai résisté à rendre visite avec ma fille à une patiente très malade que j’affectionnais beaucoup quand je suis allée voir des amis dans son immeuble , j’ai résisté sans trop de difficultés je l’avoue à accueillir chez moi des patients SDF des urgences, je résiste à la tentation d’accepter la proposition d’un patient mécano de réparer ma voiture alors que je me ruine chez le garagiste, je décline toutes les invitations dans tous les pays du monde et tous les « pourboires » que l’on tient à me laisser. Il y a probablement une limite à ne pas dépasser. Mais comment la trouver ?

J’ai vu en stage mon médecin traitant, mon exemple absolu, le champion pour donner des limites et cadrer les gens , donner 50 euros je crois à une patiente pour envoyer à sa fille de 15 ans qui se prostituait en Afrique. C’était une exception ,il m’a expliqué qu’il n’avait fait ça qu’à de très rares reprises .
Un jour,alors que Mr G. me racontait ses galères ;le travail au noir se faisant de plus en plus difficile ,il n’avait aucun revenu et vivait sur la générosité de ses amis au foyer ; je n’ai pas pu m’empêcher de voir mon tiroir rempli de billets et de lui en donner quelques uns.   J ’ai surtout eu peur de le vexer. Il a refusé bien sûr mais il les a pris finalement. Cela n’a affecté en rien notre relation thérapeutique . C’est la seule fois où j’ai fait ça et je l’avais même oublié. C’est lui qui me l’a rappelé récemment, en m’expliquant que tout l’argent qu’on lui avait prêté, il l’avait noté consciencieusement et que quand il pourrait il rembourserait ses dettes à tout le monde, y compris à moi .Il a ajouté qu’au Mali, dans son village,on savait ce que j’avais fait pour lui.
Peut-être que j’ai dépassé les limites ? Peut être que ça m’arrive plus souvent qu’il ne faudrait. A la réflexion, il m’est arrivé d’emmener une patiente en voiture à la pharmacie, un autre aux urgences, je crois avoir déjà donné mon numéro de portable dans certains cas .J’accepte tous les cadeaux qui se mangent ou qui se boivent ( si quelqu’un veut du porto…) et je crois même avoir orienté en donnant mes goûts culinaires : « si vous tenez vraiment à me le faire ce tiramisu , sachez que je n’aime pas le café, mais aux fruits rouges, cela sera très bien,mais vraiment, je ne peux pas accepter … » « Non, je n’ai pas eu le temps de manger à midi, non c’est gentil, ne me rapporter pas à manger, oui j’adore le couscous »
Quand aux consultations gratuites que je ne compte plus, cela n’est pas dépasser les limites je pense . « Vous allez vous faire expulser la semaine prochaine et vous déprimez,ne vous inquiétez pas ,c’est normal : ça fera 23 euros s’il vous plait » Quand aux personnes sans couverture sociale , et surtout sans argent , parfois ils insistent et je prends, c’est important pour eux . Mais sinon je ne fais pas payer, ils paieront quand ils auront l’aide médicale ou jamais. La santé est un droit « Tu donneras tes soins gratuits à l’indigent »,c’est dans le serment d’hypocrate. Et c’est dans la loi française aussi .Toute personne en France depuis 3 mois peut prétendre à l’Aide Médicale d’Etat .Et pour les enfants, les femmes enceintes et en cas de soins urgents ou de péril imminent, ce délai est annulé. Ne pose donc problèmes que les étrangers avec un visa qui viennent faire un check up pendant leur passage en France, là c’est plus délicat , ceux en France depuis moins de 3 mois et ceux n’ayant pas fait la demande d’Aide Médicale par ignorance ou par peur d’être fiché.

Et bientôt s’ajouteront à cette liste tous ceux qui n’auront pas pu s’acquitter de la somme de 30 euros maintenant nécessaire à l’obtention de l’AME , somme énorme lorsqu’on n’a aucunes ressources .Un scandale encore , passé presque inaperçu , qui n’aura en plus aucun intérêt financier puisque les projections montrent déjà que le retard de soins occasionné entrainera des frais encore plus élevé que les recettes .
Petite précision , je ne passe pas la carte vitale du copain ou l’Aide Médicale du cousin ( sauf si c’est à mon insu mais cela arrive rarement et je ne suis pas flic je suis médecin ) , je fais un acte gratuit, c’est tout . Pour les médicaments c’est plus difficile, je ne marque que très rarement les médicaments au nom d’une autre personne, je le fais parfois quand le traitement doit absolument être pris , et quelquefois aussi il faut l’avouer alors que je ne le voudrais pas , un peu sous la pression . Autre précision ,non les gens ne font pas la queue devant chez moi parce que je suis le médecin qui ne fait pas payer .Ces patients ne sont pas des profiteurs, ce sont des personnes dignes et s’ils m’amènent ensuite leur ami, j’ose espérer que ce n’est pas tant pour le côté financier que pour mes qualités de médecins .
Mr G. a fini par utiliser un de mes courriers. Le remplaçant du chirurgien parti à la retraite a su trouver les mots, peut-être était-il prêt ? Il lui aura fallu plus de deux ans pour se faire opérer. Il est ravi et n’a plus mal .Maintenant il est suivi pour sa maladie et il attend la réponse de la préfecture .Moi j’attend de fêter ça avec lui avec la peur secrète que ce soit refusé .Mais je suis comme mes patients , je garde un naif espoir…

 

Ces petits riens

Il y a des jours où je n’ai pas envie de me lever (bon tous les jours en fait) mais aujourd’hui une petite victoire a justifié cet effort, ce fut mon petit plaisir de la journée.

Il y a un mois, un papa d’une quarantaine d’année, malgache, accompagne sa fille en consultation. C’est la première fois que je les vois. En se levant de sa chaise dans la salle d’attente, il fait tomber son paquet de cigarette de sa poche. Il n’en faut pas moins à mon côté moraliste anti-tabac de toujours pour faire ma petite réflexion sur le fait que ce n’est pas bien de fumer, sa fille acquiesce et lui aussi. C’est la dernière patiente de la journée, après la consultation, nous revenons donc sur le papa qui fume et qui a semblé réceptif à ma petite remarque. Une consultation (gratuite, pour l’arrêt du tabac c’est cadeau !) facile en fait puisqu’il est déjà dans la phase de contemplation et de préparation, il ne lui manquait qu’un petit déclic pour passer dans la phase de l’action. Il repart avec une ordonnance  de patchs, mais il est fortement dépendant  avec des signes de bronchite chronique débutante, ce n’est pas gagné .Peu doivent utiliser les ordonnances de patchs que je leur prescris .Mais cette fois-ci, j’ai quand-même un bon pressentiment.

Ce matin, il revient me voir, je mets quelques secondes à me souvenir de lui .Il revient pour le renouvellement de son ordonnance de patchs, et pour me choisir comme médecin traitant ! Il ne fume plus depuis un mois et il me remercie car c’est grâce à moi … Mais non, monsieur R., c’est moi qui vous remercie, non seulement vous avez fait tout le travail, mais en plus, vous me faites le plaisir de me faire croire que c’est grâce à moi.

Parfois, je me dis que je ne serai jamais un grand médecin qui fera des découvertes  qui changeront l’histoire de la médecine, je ne ferai jamais une opération compliquée qui sauvera la vie de quelqu’un, pas de trachéotomie avec un stylo, je n’ai pas la carrière de mes amis spécialistes trépidante, variée, avec des congrès au bout du monde. Non je n’aurai pas de carrière « extraordinaire », mais juste des petits riens ordinaires de tous les jours, mais peut-être que ce sont ces petits riens de tous les jours  qui sont les plus importants: « ces petits riens mis bout à bout »

C’est mon pari. J’ai choisi ce métier. Je crois que c’est pour cela que je suis douée. Avec mes deux mains gauches et mon sens de l’urgence totalement absent  (j’étais douée pour tenir les perf lors de mon stage au SAMU en me concentrant pour surtout ne pas gêner), c’est sûr que ce n’était pas ma voie, mais à l’inverse, être auprès des patients pour les petites choses de la vie, être un grain de sable dans leur vie, être à l’origine du petit détail qui peut-être  fera que …

Cette intimité, cet échange permanent avec les patients , des inconnus après tout qui viennent me confier des choses qu’ils ne disent pas à d’autres personnes , qui sont souvent à des périodes de souffrance dans leur vie , ou de joie parfois, quand ils m’amènent leur bébé pour la première fois par exemple , ce partage au quotidien est un enrichissement de chaque jour .

A la fin de ma journée parfois difficile et pénible, ce sont tous les petits riens qui me donneront l’impression que cette journée a été riche.

A la fin de leur journée, outre le fait que j’ai brillamment soigné la rhino du petit, peut-être qu’un petit détail de la consultation, un conseil, une parole, une écoute attentive les aura marqué.

Souvent, il s’agit d’un petit impact, mais parfois, un grain de sable germe et c’est ma petite victoire de la journée. Après tout, si monsieur R. dit que c’est grâce à moi, laissons le faire. Non, un médecin généraliste ne sauve pas des vies …quoi que …

 

 

 

Aucune personnalité!

Me voici dans la blogosphère, oui aucune personnalité! Ce n’est vraiment pas l’idée la plus originale de l’année .Je devrais peut-être continuer à écrire à la plume à la lueur de la bougie,au moins ce serait moins commun.C’est d’ailleurs plus ou moins ce que je faisais jusqu’à maintenant mais voilà j’ai appris pleins de nouveaux mots récemment (web 2-0,retweet, PPCS,wordpress!),j’ai découvert par hasard des blogs passionnants et la communauté twitterale médicale, une révolution pour moi.

J’imagine deux catégories de personnes lire ceci: ceux qui se demandent où j’étais tout ce temps et comment on peut vivre sans connaitre l’existence d’un flux RSS (si par le hasard de leur errance dans la blogosphère ils se retrouvent ici) et ceux qui me connaissent et qui viennent sur ce site parce qu’il savent qu’ils pourront y retrouver ma thèse qu’ils ont mystérieusement perdue les cinqs dernières fois où je leur ai envoyée et qui se demandent ce que signifient tous ces mots.(N’oubliez pas dans vos commentaires que je suis ici incognito histoire que mes patients ne me reconnaissent pas, c’est déjà suffisant de rencontrer tous mes patients à Carrefour en particulier au rayon sous-vêtements ou assez gênant quand ma fille pique les jouets d’une patiente au bac à sable).

Je me disais il y a quelques temps que mes journées étaient parfois un peu folles, que j’avais la chance de me trouver au milieu de tranches de vie faites d’histoires particulières et de problèmes universels.J’ai en plus la particularité d’exercer dans un département que personnellement j’affectionne une médecine qui n’est pas forcément tout à fait la même qu’ailleurs. Je me suis donc mise à prendre l’habitude d’écrire. Bon l’écriture est un peu un besoin impérieux que j’ai depuis toujours donc pour être plus précise je me suis donc mise à écrire à propos de mon travail. Je me suis dit qu’un jour soyons fous je pourrais en faire un livre (oui et la marmotte…) un peu descriptif, un peu militant aussi sur la médecine générale et sur la Seine-Saint-Denis,qui serait un peu le prolongement de ma thèse (j’ai déjà réussie à la placer deux fois en quelques lignes …)

Et puis il y a peu de temps, je suis tombée par hasard sur le blog d’une célèbre blogueuse généraliste qui porte des couettes.D’une part, j’ai adoré son blog bien sûr, mais du coup je me suis sentie toute petite et n’osait même plus écrire façe à un tel talent .Mais surtout ,de liens en liens, j’ai découvert la communauté des blogs médicaux et de twitter, un monde parallèle un peu étrange il faut l’avouer mais qui peut si on sait faire la part des choses apporter beaucoup. Alors de fil en aiguille, je me suis dit que je pourrais mettre ce que j’écris sur internet aussi. Pourquoi ?Je pense que ceux qui écrivent , que ce soit des livres, des blogs ou autre ont tous des raisons complexes de le faire.Je sais que pour moi, cela correspond à un besoin à une époque précise de ma vie ( euh non pas la trêve estivale des séries télé ..quoi que ) et que ça me fait du bien. Alors tant pis si cela n’est pas original, comme l’a dit récemment un autre membre éminent de la blogosphère médicale, il faut écrire pour soi,pas pour les autres.Et tant pis, si c’est consensuel,déjà vu et moins brillant et drôle que d’autres,et que ça ne deviendra jamais un livre, effectivement, c’est avant tout pour moi que j’écris …

Et puis j’ai réussi à venir à bout de tellement de difficultés informatiques pour en arriver là ( bon y’a encore du boulot ),car même si c’est facile au final, quand on n’y connait rien , faut le vouloir quand-même pour venir à bout des erreurs 530 ,403 ,404 etc( j’ai du mal à me rappeler la dernière fois que j’ai autant fait marcher mon cerveau et que j’ai eu au final une aussi grande satisfaction …ben ça devait être ma thèse ….) que maintenant y’a plus qu’à continuer … Donc j’ai quelques pages en réserve que je vais mettre progressivement histoire d’avoir le temps de me mettre dans le bain.

Mon premier tweet était pour dire que twitter me rappelait l’adolescence: observer un goupe de personnes drôles et populaires et se demander comment en faire partie, maintenant que j’ai été intronisée , c’est comme à l’adolescence, je copie :je blogue : aucune personnalité