La sortie …

Pour ceux qui se poseraient la question,Highlander s’est tant bien que mal rétablie de tous ses maux et est finalement rentrée à la maison. Mais ça a dû les embêter de ne pas être parvenus à leurs fins car pour sa sortie ils se sont dit on va lui faire une dernière blague, on va faire tout à l’envers!

D’abord, il faut comprendre que cette sortie était prévue depuis une semaine: le jour, l’organisation etc…( organisation du côté d’Highlander, pas de l’hôpital bien sûr, eux ils n’organisent rien, on a eu le droit à elle sort tel jour sans se préoccuper du contexte)

Le jour J, j’arrive à 13 heures, bien avant l’ambulance, qui finalement n’a pas été appelée, rien n’est prêt pour la sortie, car on ne savait pas si une infirmière était prévue à domicile!! C’est vrai que nous ne l’avions dit que cinq fois, que la sortie n’était prévue que depuis une semaine et que de longues discussions n’avaient pas eu lieu à ce sujet … Donc dans le doute, il était logique de mettre tout en stand-by et de partir déjeuner, l’idée de me téléphoner pour me poser la question ne leur est pas venue à l’esprit, c’est logique.

Le temps de trouver un médecin au bout d’un téléphone pour qu’il donne son accord et de trouver quelqu’un qui se décide à appeler une ambulance, il s’est passé beaucoup de temps.. Puis de faire les papiers de sortie, attendre le compte rendu qui finalement n’ a pas été signé donc c’était pas la peine de l’attendre, ben il était déjà 17h…

Pendant ce temps, j’ai suggéré délicatement aux infirmières que peut-être avant que l’ambulance n’arrive, il serait judicieux de lui retirer sa sonde urinaire… J’ai eu le droit de la part des infirmiers à : » Ah elle a une sonde urinaire ? »  » Ah ben non, si on lui retire maintenant , elle ne peut pas sortir, il faut surveiller, il fallait lui retirer avant … »  Ben oui, je suis tout à fait d’accord justement mais bon …

Finalement , celle ci fut retirée une fois que les ambulanciers sont arrivés, ce qui leur a laisser le temps cela dit de retourner à l’autre bout de l’hôpital chercher dans leur ambulance une bouteille d’oxygène, puisque bien sûr, comme à chaque fois, on avait omis de leur dire qu’il fallait qu’ils l’emmènent…Ensuite ils ont été très patients le temps que tous les soins soient faits …Le médecin en me voyant attendre dans le couloir, s’est rappelé sa promesse faite plusieurs jours auparavant de mettre en place une hospitalisation à domicile, je ne l’avais cela dit pas attendu mais il se trouve que Highlander n’est pas assez malade, ce qui n’est pas vrai , donc il voulait insister (ce qui est la moindre des choses et aurait dû être fait il y a une semaine).Et il se décide donc à appeler au moment où les ambulanciers partaient … Du coup, j’ai fini par partir aussi, mais il a re re re noté mon numéro de téléphone, je suis sûr qu’il va m’appeler …

En tout cas, cette fois ci il ne manquait pas trop de médicaments sur l’ordonnance, il n’y avait que quatre erreurs, et il était même notifié « y compris week-end et jours fériés » sur l’ordonnance de l’infirmière, ce qui est assez exceptionnel pour mériter d’être souligné (mais bon depuis que les ordonnances sont toutes faites et informatisées, ça marche mieux !) .Et sur l’ordonnance , il y avait même noté : oxygène: maximum 4 litres : Bravo, ils ont enfin compris et veulent en faire profiter le pharmacien ( enfin, c’est plutôt 3 litres mais l’idée est là ).

Encore une fois, je ne veux pas avoir l’air trop critique, cela ne paraît peut-être pas , mais tous ces petits détails sont épuisants …et encore je laisse courir maintenant parce que je sais que je gère derrière mais pour les autres , ceux qui n’ont personne pour gérer derrière …( ben cela donne une insuffisance surrénale si l’interne oublie l’hydrocortisone …)

Et croyez le ou pas, mais quand highlander est rentrée chez elle, son chauffe-eau avait lui passer l’arme à gauche et sa salle de bain était innondée ….

PS: Pour rendre à César ce qui lui revient, je me dois de préciser que je viens d’avoir un message du médecin et un autre de l’hospitalisation à domicile, pour dire que ce n’était pas possible, mais quand-même …je fus mauvaise langue…je suis vraiment très mauvaise langue moi …

La solitude du parking d’hôpital!

Quand on est sorti de l’hôpital, on croit que c’est fini! Non il reste le parking.

Ceci est juste à message à caractère informatif, car hier soir j’ai appris quelque chose.

Je sors de l’hôpital où j’aime bien me promener quand je n’ai rien à faire, et devant moi une pauvre petite dame lutte avec ses béquilles,  une jambe dans le plâtre en se dirigeant vers sa voiture qui se trouve être à côté de la mienne…

Comme moi, je suis un peu bête mais que c’est plus fort que moi, je lui demande si elle a l’intention de conduire, car je suis vraiment très bête mais je croyais qu’on pouvait pas conduire avec un plâtre. En même temps je me suis jamais cassé la jambe et puis jsuis pas médecin , ah ben si mince mais je sais pas, ce n’était pas dans les mots clés de l’item fracture de jambe me semble-t-il . Je ne suis que généraliste, je n’ai peut-être pas bossé assez l’internat, je me souviens de anticoagulation adaptée , antalgiques, réeducation progressive etc mais je ne me rappelle pas de quelque chose du genre arrêt de la conduite automobile pendant 6 semaines ou au contraire reprise de la conduite automobile 10 minutes après le platrâge. Elle vient de se faire plâtrer aux urgences pour une fracture du péroné. D’après elle, il l’ont laissé partir sans lui demander comment elle faisait pour rentrer. Peut-être lui ont-ils proposer d’appeler un taxi, va savoir, ou peut-être encore une fois on peut conduire avec un plâtre et que c’est moi qui ne sais pas.

On a qu’a essayer alors, on va voir : ça a pas l’air très commode quand-même ( c’est le pied droit en plus ) et puis ça doit faire mal une jambe cassée ( encore une fois je ne sais pas, ça ne m’est jamais arrivé mais j’imagine).

Personne ne peut venir vous chercher, que je lui demande pleine d’espoir, ben non, voisine qui garde les enfants, voisin qui n’ a pas de voiture, bla bla bla etc …Il faut préciser qu’on est dimanche soir 20h, que le parking est désert .

Je commence à sentir le bon samaritain en moi qui me fait des signes :  « Vous habitez-où? » Je pourrais éventuellement faire un petit détour si elle habite le quartier d’à côté, je peux quand-même pas la laisser là avec son pied dans le plâtre! Ben non pas de chance , elle habite à près d’une demi-heure d’ici … Après quelques tergiversations et malgré la voix en moi qui me dit  « le dit pas, le dit pas », ben si je l’ai dit : « Je vais vous ramener.. » Mais finalement , elle ne voulait pas laisser sa voiture , voiture de fonction , bla bla bla , et moi qui ne suis pas si gentille que ça, j’ai refusé l’idée de conduire sa voiture jusqu’à chez elle, puis que son voisin me ramène  jusqu’à ma voiture etc etc ,je lui ai dit soit je la ramène et pour sa voiture elle se débrouille, soit elle se débrouille !

Ben elle s’est débrouillée et très bien puisque et c’est le but de ce message à caractère informatif : on peut conduire avec un plâtre !

Je voulais faire profiter de cette information ceux qui comme moi étaient dans l’ignorance et se coucheront moins bêtes ce soir .

PS : rien à voir mais c’est ma fête aujourd’hui et c’est une de mes petites bizarreries mais j’adore qu’on me souhaite ma fête!

PSS: Mince , l’anonymat …

PSSS: Un très joyeux anniversaire à Dr Who qui a eu la géniale idée (j’ai déjà dit qu’il était génial non?)  de naitre le jour de ma fête. Pleins de bisous à lui !

Le pardon

Je ne sais quoi penser.

Hier mon dimanche a été gâché, le mot est faible, par une succession d’erreurs médicales, d’erreurs humaines. Je l’ai passé au chevet de quelqu’un que nous appellerons highlander, car cette personne a tendance à résister à toutes les attaques du sort, de la maladie et quand cela ne suffit pas à l’acharnement innocent des soignants qui s’y mettent à plusieurs pour essayer de l’abattre…

Pour situer le contexte, highlander a toutes les maladies du monde même celles que personne ne connait, j’ai appris la médecine en la regardant. Pour vraiment comprendre, il faut imaginer une pièce avec plusieurs personnes dedans et une ampoule électrique qui tout d’un coup est éjectée de la lampe et fuse à toute allure à travers la pièce et atterri brulante pile poil sur l’ulcère de jambe d’highlander…voila tout  est comme ça.

A chaque fois que tout le monde est autour d’elle prêt à lui faire ses ultimes adieux, cette personne contre toute attente ouvre les yeux et demande si quelqu’un a pensé à arroser ses fleurs …

Du coup, cette fois-ci le personnel a dû se dire que nous n’étions pas très inquiets (moi j’avais foi en ses supers pouvoirs) que la situation n’avait pas l’air de nous émouvoir. Ils ont dû se dire, on va leur faire des ptites blagues …

D’abord on va jouer à combien de jours on peut tenir sans faire son pansement (pas un ptit pansement hein, un bien important du genre cause de l’infection qui est en train de l’abattre) avant que quelqu’un ( moi en l’occurrence )  râle vraiment très fort , ce qui est d’autant plus drôle que je ne sais pas râler …

Ensuite, on va jouer à combien de temps avant que quelqu’un se rende compte que l’oxygène est débranché. Sachant que de base highlander a besoin d’oxygène tout le temps, quelques heures après un choc septique ,c’est encore plus drôle. Cela donne la discussion suivante quand j’arrive : » -Quel joli bleu ces lèvres !  -Oui je respire mal  (je prends l’initiative, sans vouloir trop me la ramener de prendre la saturation en oxygène) -Ah oui 52% : tu respires mal , ah ben c’est normal le fil de l’oxygène traîne par terre (depuis longtemps à mon avis ) – pas de réponse : perte de connaissance.

Il y a aussi le chirurgien viscéral qui est très joueur , à partir du moment où il a décidé (par téléphone) que le syndrome occlusif n’était pas chirurgical, il joue à son jeu préféré : cache-cache et à non jamais je ne mettrai de mots dans le dossier .Et quand j’ai un peu râlé et réussi à voir l’interne, celui-ci a eu peur parce que je lui ai posé une question … il  a appelé son chef illico et a appelé le médecin des urgences pour dire que je l’agressais ( ce qui est très drôle car ceux qui me connaissent savent à quel point je suis agressive …), mais bon il a réussi à ne pas pleurer … Enfin je le note , pour un incompétent question = agression .

Il y a aussi la réa qui pour éviter toute possibilité de prise en charge correcte a décidé d’être fermée depuis 10 jours pour cause de microbe très dangereux , en même temps , j’aurai dû leur dire qu’à highlander ça lui fait même pas peur les microbes très dangereux ( même si sans faire exprès la dernière fois, le chirurgien lui a ripé la rate au passage ).

Des fois ils sont gentils, ils me laissent des indices, le dossier ouvert sur la prise de sang d’il y a 48 heures . C’est un peu comme une chasse au trésor … Ca y est j’ai compris , c’est à cause du potassium: il est à 3!  Dis moi gentil médecin du dimanche qui essaye de sauver la vie d’Highlander, tu crois pas qu’il faudrait lui recontrôler son bilan et lui donner un peu de potassium …enfin j’dis ça j’dis rien …

Pour être sûr que ça marche, devant un cas si complexe , on ne va pas faire de transmissions trop précises ,déjà on a de la chance , les équipes tournent tout le temps et en plus c’est le week-end , on va pas dire à l’équipe qu’elle a une machine ( VNI pour les intimes ) à lui mettre qui l ‘aide à respirer, on ne va pas leur expliquer ( car on a pas tout compris de toute façon ) les signes à rechercher , que quand elle devient agressive , c’est pas ( seulement en tout cas ) qu’elle est chiante et que ce n’est pas le moment de fermer la porte de sa chambre et que quand elle dort des fois ça s’appelle le coma (note pour moi -même faire une petite affiche : quand highlander dort bizarrement ,c’est le coma ) .

Et tôt le dimanche matin, en se disant que personne ne viendrait avant plusieurs heures (et ben râté ) , l’infirmière s’est dit ( jsuis méchante parce que ça partait d’une bonne intention ) qu’elle allait lui mettre l’oxygène à fond parce que quand même elle respirait pas bien et qu’elle était un peu « somnolente  » ( enfin c’est quand-même mieux que chiante ). Ce qui est dommage, c’est que précisément dans le cas d’highlander c’est ce qu’il ne fallait surtout pas faire .

Du coup, en arrivant de bon matin , une chance quand-même ,  j’ai trouvé highlander dans ce qu’on peut appeler une sorte de coma ( PCO2 à 102 c’est le coma hein ?) appelé également « somnolence » par certains , j’ai fait ce que je déteste faire , j’ai râlé, revendiqué, suggéré, ordonné même parfois, géré quoi ! C’est tombé sur mon préféré en plus, le plus gentil qui sortait de garde mais bon tant pis pour lui, il va peut-être falloir que quelqu’un se bouge le cul !

Et pour le coup tout le monde s’est donné du mal,même le grand chirurgien en chef a fait bien tout ce qu il fallait faire, et pour le coup il n y avait rien à redire. Je ne suis même pas sûre que l’on m’ait trouvée si pénible que ça et que l’on ait trouvé mes exigences inadaptées ( interne de chir mis à part ). Il faut dire que si d’aucuns me trouvent parfois exigeante , je trouve quant à moi que mes revendications sont rarement exagérées ( à bon entendeur…).Malheureusement, la situation ne s’améliorait pas et quand la PCo2 a atteint 132, je me suis même dit que cette fois ,c’était la bonne! Il a fallu prendre des décisions pas faciles . Le réanimateur sans réanimation (SRF)  est tout de même venu ce qui a permi de s’apercevoir qu’une Po2 à 348 n’était pas nécessaire et qu’il fallait baisser la FIO2 à 30% car 100% , c’est trop!  Vous ne comprenez rien, je ne comprends pas tout moi-même, en gros la machine ( VNI pour les intimes ) n’était pas bien réglée …

Du coup, avec les bons réglages, highlander s’est réveillée très rapidement !! Ils n’avaient quand-même pas osé aller jusqu’à lui couper la tête .

Tout ça pour ça , pour me faire des ptites blagues, pour me plomber mon dimanche …

Je ne sais pas quoi penser. Je vis un peu dans un monde de bisounours , j’ai beaucoup de mal à être en colère, à en vouloir aux gens. Je suis non seulement très compréhensive mais en plus très peu revendicatrice ( du genre excusez-moi de vous déranger, vous êtes sûre que vous ne voulez pas me réinjecter un peu de produit dans la péridurale qui ne fait plus du tout effet depuis deux heures , s’il vous plait ? Non , c’est pas grave merci quand-même !) D’autant plus quand c’est une situation médicale et que je ne veux pas me la ramener du genre je suis médecin . Enfin bref, je suis un peu con comme fille. Heureusement que je ne reçois pas les visiteurs médicaux, parce que non seulement je goberais tout ce qu’ils me disent mais je serais capable de prescrire leurs médoc par politesse .

Bref , je suis sûre que n’importe qui d’autre aurait fait un scandale, serait choqué, aurait peut-être même été impoli. Je pense que mon attitude calme ( question/agression de l’interne de chir exceptée ) et adaptée est la plus efficace et de cela je serai toujours convaincue, mais je ne sais pas ce que je dois en penser au fond de moi .

En dehors de certains incompétents ( vous l’avez reconnu, ne l’accablons pas ) ou fainéants ( oui même moi je dois l’avouer, même si c’est plus ou moins une copine , passer l’après midi à discuter et téléphoner et dire à la fin qu’on a pas eu le temps de faire le pansement, c’est moyen ) , la plupart des personnes de cette histoire ne sont pas mauvaises , elles ont cru bien faire .

L’infirmière qui a monté l’oxygène a cru bien faire, un tuyau qui se débranche ça arrive , l’état de santé d’highlander est complexe et pas adapté à une structure où tout le monde tourne tout le temps et n’a pas la possibilité d’effectuer une surveillance constante, les conditions de travail sont difficiles …

Une rate qui est abîmée pendant une opération , est-ce une faute ? J’ai tendance à penser que c’est un aléa thérapeutique. Ils ne l’ont pas fait exprès .

Il y a une différence entre la faute et l’aléa thérapeutique. Est considéré comme aléa thérapeutique l’accident médical survenu sans responsabilité d’un professionnel de santé .

Comment en vouloir au médecin qui a fait de son mieux toute la journée, a été vraiment gentil avec moi d’avoir mal réglé la machine ?

Je n’ai pas le jugement facile. Bien-sûr sans moi je pense qu’Highlander n’aurait pas survécu ( bravo encore une vie de sauvée, mais toujours la même !) . Mais y’a-t-il eu faute ? C’est une conjonction d’erreurs humaines dans une situation difficile.

Bon, dans ce cas, ils y ont vraiment été forts et même dans mon monde de bisounours, j’ai depuis longtemps une mauvaise opinion du corps médical. J’ai été confrontée trop souvent à des incompétents.

J’ai beaucoup moins d’indulgence pour les cons, ceux qui n’écoutent pas, qui ne prennent pas le temps ,qui se prennent pour les meilleurs, qui sont tout ce que je déteste .

Mais ceux et il y en a quand-même qui essaient de faire au mieux , qui sont loin d’être parfaits mais qui font quand même ce qu’ils peuvent .Faut-il leur en vouloir ?

J’ai d’autant plus de mal à porter un jugement que je ne suis moi-même pas à l’abri , à chaque minute de faire une erreur/faute , de tuer quelqu’un tout en ayant fait de mon mieux .

Il m’est très difficile de raconter cela mais puisque je me suis permis de taper sur les autres, il est juste de me taper dessus aussi .

Quand j’étais interne, il y a un patient pour lequel j’avais tout fait parfaitement et même plus. Je lui avais pris rendez-vous avec plein de spécialistes, j’avais fait plein de courriers , j’avais fait des belles ordonnances de ma plus belle écriture , je lui ai tout bien expliqué. Seulement de ma belle écriture, j’avais juste oublié de recopier son traitement principal ( de l’hydrocortisone ). Il a été réhospitalisé , a eu pleins de complications et puis à moyen terme , il est mort …

Qui suis-je pour juger? Je dois seulement prier pour que dans ma vie , je fasse le moins d’erreurs possibles et que pour celles que j’ai faites ou que je ferai, on me pardonne .

 

La solitude du couloir d’ hôpital

Tout le monde expérimente un jour la solitude du couloir d’hôpital!

Quelque soit la raison de sa venue, on se retrouve tous à un moment ou à un autre de sa vie dans un couloir d’hôpital. Il y a du monde qui s’agite tout autour, et pourtant on a rarement ressenti une si grande solitude. Chacun est tellement occupé et tellement résigné qu’il y a peu de place pour l’autre, on est focalisé sur sa propre histoire, sa propre attente, sa propre souffrance.

Je ne peux même pas imaginer le ressenti de celui qui se retrouve propulsé là pour la première fois. Quelle violence que ce couloir d’ hôpital pour l’innocent qui découvre ce no mans land sans y avoir été préparé.

Moi je connais chaque centimètre carré de ces couloirs. J ‘ai l’impression d’y avoir passé la moitié de ma vie. J’y ai fait soit en tant que médecin , soit en tant que patiente , soit en tant que proche, pratiquement tous les services. J’aimais tellement cet endroit, avant. J’y connaissais tout le monde. Deux heures après mon accouchement, je me promenais partout et quand ma fille était bébé, je l’emmenais se promener dans le service de pédiatrie en novembre en pleine épidémie de bronchiolite ( elle a dû y développer d’excellents anticorps, elle n’est jamais malade). Un jour, en plein milieu d’une garde de pédiatrie que je continuais à faire pour le plaisir, je me suis dit « Mais qu’est ce que je fous là? »  C’est comme le coup de vieux que j’ai eu il y deux jours quand je me suis trouvée à ne pas avoir envie de faire du grand huit alors que j’étais devant et qu’il n’ y avait pas de queue. Un jour j’en ai eu marre de l hôpital. Puis j’ y ai passé tellement de moments difficiles , de nuits d’angoisse, d’heures d’ennui que maintenant cet endroit me sort parfois par les yeux.

Me revoici à nouveau dans un couloir d’hôpital, impression de déjà vu …Néanmoins, dans ce couloir où le temps semble s’être arrêté, j’ai la chance d’être en territoire connu, je connais les gens, je connais les lieux, je connais la misère humaine qui gravite autour de nous et je comprends ce qui se passe. Et pourtant, je ressens une profonde solitude. Je suis résignée, j’attends que l’éternité de cet instant prenne fin.     Et j’ai de la compassion pour ceux qui m’entourent, propulsés dans un monde qu’ils ne connaissent pas. Je les regarde un à un, je ressens de l’empathie l’espace d’un instant, ressens leur souffrance puis je retourne à la mienne, à mon attente!

Soudain, une pensée me réconforte tout de même : je pourrais être l’interne de garde !