Mon externe

Quand j’étais petite, je voulais être institutrice et quand j’ai été moyenne, j’avais comme projet d’être prof de maths. Je jouais à la maitresse tout le temps et au lycée et à la fac je donnais des cours de soutien. Bref, jusqu’à ce que soudainement et mystérieusement, je décide de faire des études de médecine, j’ai toujours eu la vocation de l’enseignement.

Je me suis dit que peut-être, dans la médecine, je pourrais aussi faire de l’enseignement, cependant la voie de la médecine générale n’est pas la plus pratique pour ça, bien qu’il y ait des enseignants de médecine générale et même des professeurs et des chefs de cliniques désormais, la filière universitaire n’est pas encore très développée et il s’agit dans ce cas d’un plus grand engagement que juste faire quelques petits topos à l’hôpital .

L’hôpital aurait en effet pu être le lieu de mon épanouissement pédagogique si j’avais fait des stages en CHU. Quand j’étais externe et que comme tous les externes, j’ai subi les ordres parfois ingrats de certains internes, j’imaginais comme je serai la plus cool des internes, la façon dont j’organiserai les choses…Le seul problème, c’est que j’ai fait tous mes stages dans des hôpitaux de périphérie, non universitaires , donc sans externes..j’étais déçue mais pas au point de délaisser mon ptit hôpital  au profit du grand et diabolique CHU. Mon seul stage en CHU, ce fut aux urgences gynéco, très mauvais souvenir soit dit en passant, l’interne de médecine générale était vraiment pris pour le larbin, j’ai eu plusieurs externes, ils changeaient d’un jour à l’autre, rien de vraiment fixe mais déjà ça, ça m’a fait plaisir, j’ai pu ressentir un peu le plaisir d’apprendre quelque chose à quelqu’un mais surtout ils me tenaient compagnie dans ma solitaire épreuve. Mes externes ont participé entre autres avec moi à mes péripéties de début  de grossesse et gardaient la porte pendant que je me faisais mon échographie hebdomadaire…Bref, c’était bien d’avoir des externes…

J’aurais bien aimé le rôle de chef de clinique, avec des internes, des externes, des P2 même…

Mais, en fait, bonne nouvelle, un médecin généraliste peut avoir des externes, des internes, des SASPAS, des remplacants, des collaborateurs, ça ne s’arrête jamais…

Je vais donc pouvoir allier mon amour de la médecine générale, mon amour de la Seine-Saint-Denis et mon envie jamais assouvie d’être maîtresse d’école…

A partir de la semaine prochaine, je vais avoir un externe. J’ai choisi d’être maître de stage à ma fac parisienne plutôt qu’à Bobigny, dans le but de faire venir des petits parisiens dans mon 93…Enfin, pas que ça bien sûr, mais c’est un petit plus.

Le but est d’avoir de nouvelles perspectives, de faire des rencontres, de s’améliorer au contact de quelqu’un, de se remettre en question, de partager son métier, d’avoir le privilège et la lourde tâche de faire decouvrir la médecine générale. Bien sûr, la partie militante en moi, est contente d’avoir l’occasion de partager ce que j’aime, et peut-être de faire aimer la médecine générale, peut-être même la Seine-Saint-Denis.

Mais je serai tolérante, si mes externes veulent devenir chirurgiens, je les aimerai bien quand-même…

Je sais que cela ne va pas être facile, d’avoir quelqu’un qui m’observe, de sentir le regard et un peu le jugement quand-même de quelqu’un d’autre. Moi qui suis timide..si si .. ça va me faire bizarre et puis cela va être difficile de faire tous les trucs pas bien que je fais, que je sais que c’est pas bien mais que je fais quand-même: genre prescrire des médicaments qui servent à rien, des antibiotiques quand je sens bien au fond de moi qu’il faut pas en prescrire, ne pas faire de streptotest parce qu’il est tard, que y a du monde et que j’ai la flemme, ne pas bien voir les tympans ou  les trouver un peu rouges mais pas trop et décréter que c’est une otite parce que c’est plus simple et que toute façon y’a personne qui va regarder après et dire que c’est pas vrai …ah ben si…Donc, il va falloir que je sois plus rigoureuse…

Je sais aussi que je ne suis pas très « examen clinique »: je ne fais pas assez déshabiller les patients, je ne sais pas palper un foie et je ne me rappelle pas la dernière fois que j’ai pris les pouls d’un patient. Je sais que les externes sont habitués à faire des examens cliniques complets, cela va faire bizarre à mes patients de se faire taper les reflexes: mince, il faut que je retrouve mon marteau à réflexe: où je l’ai mis ?

J’ai conscience de mes lacunes (enfin peut-être qu’il y en a dont je n’ai pas conscience).Je sais aussi que c’est une bonne occasion pour les corriger un peu, d’être plus rigoureuse,de réapprendre des choses oubliées, d’apprendre des nouvelles choses… mais bon j’espère que je serai à la hauteur…

Parce qu’en plus ces saletés d’externes, ils notent les maitres de stage et que y’en a un qui a 5/20 parait-il…et mon médecin ce héros, il m’a dit qu’il avait la meilleure note de la fac, ce qui ne m’étonne pas! Donc, c’est un peu la pression, pas de la note, ça je m’en fiche (enfin, pas un 5/20 quand-même), mais parce que les externes, cela va être la première fois qu’ils mettent les pieds dans un cabinet de médecine générale et que cette première impression va conditionner leur choix par la suite.

Je ne veux pas absolument que tout le monde aime et choisisse la médecien générale ( quoi que ..), mais je voudrais leur donner une première vision aussi enthousiasmante que le fut la mienne quand j’ai découvert la médecine de ville. Je sais que c’était quelque chose qui me plaisait mais avec le condtionnement que l’on a pendant nos études, et mon gôut pour d’autres spécialités et en particulier la gynéco, si je n’avais pas inventé mon stage d’externe en D2 en allant dans le cabinet de mon médecin ce héros, est-ce que le moment venu, j’aurai fait ce choix ..

Donc le stage d’externe en médecine générale est une chose très importante, un vrai progrès (vous pouvez lire un peu l’historique des stages en médecine générale dans cet article), et donc je trouve que ce n’est pas une mince responsabilité que d’avoir un externe.

Je sais aussi d’après mes copines qui ont des externes que ce n’est pas une partie de plaisir,qu’ils sont parfois peu motivés, mous, qu’ils connaissent rien, y’en a même des psychotiques, et que ce n’est pas toujours une partie de plaisir…je m’en fiche, pour l’instant, comme à mon habitude de bisounours, je suis contente…

Et en plus, mon futur externe, je le sais motivé (même si il ose prendre des vacances pendant son stage 😉 )pas contre l’idée de faire de la médecine générale, et maintenant qu’il a fait connaissance avec mon humour à la con, je sais qu’on va bien travailler et s’amuser…

Parce que j’écris ça avant que le stage ne commence et qu’on ne s’est pas encore rencontré, mais c’est un peu particulier parce qu’on se connait déjà virtuellement, qu’on se cotoie sur twitter, qu’il lit mon blog et que après je ne pourrai plus dire des choses sur lui.

Oui, c’est un peu particulier, et cette notion de twitter doit être un peu hermétique pour beaucoup de monde (et j’en profite pour digresser et dire que après quelques mois d’expérience,je trouve vraiment que twitter est une source pour moi d’enrichissement  professionnel et personnel et qu’il y a toujours quelqu’un sincèrement à l’écoute et que en période de fêtes,c’est encore plus appréciable, merci twitter ) et c’est une peu embêtant, on ne pourra pas (trop) twitter l’un sur l’autre, mais on est en 2012 bientôt, il faut vivre avec son temps..

Et ça fait plaisir à mon côté narcissique qu’ un étudiant parisien ait choisi de venir faire son stage en Seine-Saint-Denis chez moi,en sachant qui j’étais et après avoir lu mon blog. Bon, je suis réaliste, je sais qu’il n’avait peut-être pas beaucoup d’autres choix (il ne choisissait pas en dernier cela dit) mais j’aime à penser, que peut-être (peut-être hein), ce que j’écris a un petit impact sur la vision de mon métier et de mon département et que mon message est un peu entendu…C’est un début mais une petite victoire pour moi.

Et sur la vision de mon département, il y a du boulot: (désolé J. ( je peux t’appeler J.?) je vais encore me moquer, je m’en excuse), mais il semblerait que des interrogations et quelques craintes subsistent, merci « aux potes qui racontent des horreurs », et devant témoin je me porte garante une nouvelle fois de votre sécurité à toi et à ton Iphone…vous pouvez venir tranquille dans ma banlieue. Et en cas de dommage (sur toi et on Iphone, je prendrai tout à ma charge…)

Et, pour te prouver ce que je dis: je remets la photo de moi et mon (feu) Iphone (dont l’état n’a rien à voir avec la Seine-Saint-Denis) dans le RER B sains et saufs!

 

Enfin, fais quand-même une synchronisation…on sait jamais …

4 mois et un jour

Bon, je n’ai pas pu publier l’article le jour même cet article car ma journée du 17 à été très occupée ( j ‘ai entre autres participé à une formation très intéressante dont je ressors affligée  par les connaissances et réflexions effrayantes des participants mais j’hésite à écrire sur ce sujet car ce ne serait pas très confraternel ), j’ai donc écrit la nuit mais j’ai tout effacé sans faire exprès et ensuite j’ai pas eu le temps de recommencer car à trois heures du mat, ma fille à fait une crise d’urticaire, du coup j’ai été faire un tour voir mes copines des urgences et les lapins de l’hôpital qui ne sortent que la nuit pour lui chercher des medoc ! Petite ballade sympa …

Bref, je m’attendais à être assaillie de messages de toute part, genre mais que se passe-t-il ? On attend tous ta publication la plus passionnante du mois! T’est-t-il arrivé quelque chose? Je m’attendais à de l’inquiétude, des reproches, du désespoir même, j’étais triste à l’idée d’avoir gâcher la journée de tant de personnes ( statistiques du mois oblige:  30387 visites et 58155 pages lues! Si y en a un qui suit, il aura remarqué que cela a diminué depuis la dernière fois, c’est que cette fois ci, je me suis aperçue qu’il fallait enlever les robots et cocher la case « trafic humain » ). Mais, rien… Personne ne s’est offusqué, personne ne l’a même remarqué, rien … La plupart de mes lecteurs sont des robots…ceci explique cela !

Mais cette indifférence générale ne m’empêche pas d’écrire quand-même cet article: Tradition oblige ! Je ne manquerai pas cette occasion mensuelle que je m’offre de parler de moi!

Encore un mois de passé! La vie file à toute vitesse…Comme dirait le poète, je cours, je me raccroche à la vie, je me saoule avec les bruits des corps qui m’entourent…                  Moi qui suis de nature mollassonne, j’ai l’impression que je ne me suis pas posée depuis un mois, boulot, famille, anniversaire, activités de super maman, ciné, concerts (non que mes proches ne s’inquiètent pas, je ne disserterai pas à nouveau sur aznavour,zaz, ou même cendrillon…quoi que si je ne peux pas m’empêcher de prévenir un éventuel lecteur amateur d’Aznavour de ne jamais si l’occasion se présente le prendre en photo avec un flash) , et ce mois ci, j’ai même été nettement plus productive sur le blog ..!

Bref, je suis crevée… surtout que les journées ont des limites à l’extension que l’on peut leur donner…Tous les matins je me maudis d’avoir oublié que le matin précédent je m’étais détestée de m’être couchée si tard…surtout que je suis atteinte, polysomnographie à l’appui, d’une « hypersomnolence essentielle », c’est à dire en gros que j’ai besoin de beaucoup de sommeil. J’ai passé ma vie à dormir et à passer pour la fainéante de service mais ce mois-ci, la science m’a absout de ce pêché avec la découverte du gêne ABCC9 dont les différences d’expression expliquent que certaines personnes ont besoin de peu ou bien de beaucoup de sommeil. Enfin!!!

Donc, un mois productif, pour la science, pour moi …

L’année se finit, ça va faire un an que je suis installée, j’en suis très heureuse, personnellement cette année à été vraiment particulière et si on survit à la fin du monde de 2012, elle restera pour toujours spéciale dans mon cœur…

Les fêtes approchent, je suis comme d’habitude bien partagée…La petite fille qui est en moi chez qui résonne la nostalgie des Noëls de mon enfance se bat avec celle qui donnerait n’importe quoi pour que les fêtes soient déjà passées . Je vais bien être obligée de me mettre à faire mes cadeaux de Noël et le bonheur dans les yeux de ma fille le matin de Noël fera que le côté magique de Noël va gagner la bataille cette année encore.

Mais je ne peux m’empêcher de penser que, outre l’énergie et l’argent que l’on doit déployer, les fêtes sont juste l’occasion de rendre plus heureux les gens déjà heureux , et plus malheureux et seuls ceux qui le sont déjà! Je pense à tous ceux là et je leur envoie plein de courage!

Je fais particulièrement plein de bisous à Opale, qui est toujours là pour soutenir et réconforter tout le monde, je sais que c’est une période difficile pour elle mais je pense qu’elle sait aussi que dans ce monde parallèle pas si virtuel et imaginaire que ça , elle n’est pas seule.

Pour continuer dans les messages personnels, encore un joyeux anniversaire à la plus jeune et cool des quadragénaires ( oh le vilain mot quand-même ) !

C’est aussi l’anniversaire d’un de mes amoureux de colo mais là ça devient limite chiant n’est ce pas?

Quand-même, je voulais dire à quelqu’un que je l’aime, que je suis très heureuse, que je suis sûre qu’elle va être parfaite, que je serai la pour elle, que toute facon savoir compter c’est pas si important dans la vie et que FUCK BALI: Stupid Bali: ah ah ah!                         Bali 3 -moi (enfin) 1!!!.

Et pour prouver que même si j’essaie de faire ma rebelle, j’ai carrément l’esprit de Noël ( et pour prouver aussi que chez moi, c’est le bordel ) : voilà les gâteaux que j’ai fait pour l’école de ma fille!

Et joyeux Noel à tous !

 

 

 

Ouverture sur le monde

Métro, boulot, dodo… Le quotidien, les journées qui passent les unes après les autres font en tout cas pour ma part, que j’oublie qu’il y a autre chose que ce qui fait ma vie chaque jour. J’ai tendance le nez dans le guidon à penser, inconsciemment,que le monde se réduit à mon petit univers, sans me poser de questions…

Parfois, quand j’ai la chance de voyager dans d’autres lieux, d’autres pays, le fait que le monde est immense, qu’il y a d’autres univers à découvrir, des quantités d’autres vies que la mienne, que mon petit univers est en fait bien insignifiant , se rappelle à moi…

Quand je voyage, j’aime découvrir les gens, le monde et je me dis qu’il n’y a que les routes qui sont belles, qu’il faudrait passer sa vie à voyager pour voir une infime partie de ce qu’il y a à voir…

Mais le voyage prend fin, et la vie reprend son cours… Métro, boulot, dodo …et on reprend sa vie, dans son petit univers…

Il ne tient qu’à nous de ne pas oublier qu’il y a d’autres choses à découvrir, par la lecture, les expositions … Mais honnêtement au quotidien ,on ne le fait pas forcément…

Les gens que l’on côtoie en règle générale nous ressemblent, ont des histoires similaires, des préoccupations similaires, font parti de notre petit univers…

Moi, ce qui me permet de m’ouvrir sur le monde, c’est mon travail: c’est la médecine générale, et c’est la Seine-Saint-Denis…

Parce que chaque jour, mes patients sont le témoignage qu’il y a tout un monde que je ne connais pas. Je vois tellement de personnes d’origine, de culture différentes. Ils ont des histoires passionnantes à raconter, pour peu qu’on les écoute.

Je le fais de plus en plus. Avec le temps qui passe, certains patients que je connais de mieux en mieux , je me rends compte de plus en plus de tout ce qu’ils ont à dire, et j’ose de plus en plus facilement posé des questions…

Avec le patient malien de 30 ans qui est constipé, je réussis plus facilement à engager la discussion et face à ce jeune homme du même âge que moi qui me raconte son périple du Mali à la France en passant par la Chine, je me dis que je suis bien peu de choses …

Plus tard, c’est un patient qui est un artiste connu et qui a participé à une émission de téléréalité dans un pays d’Europe de l’est qui me raconte des histoires cocasses…

Ensuite, c’est un vieux monsieur algérien dont je soigne la bronchite mais en regardant les rides de son visage, j’entrevois une vie d’histoire dont j’ignore tout mais que peut-être la prochaine fois il me dévoilera un peu …

J’ai une chance inouïe, je n’ai pas besoin de voyager à l’autre bout du monde, le monde est sous mes yeux tous les jours… C’est un cadeau.

Il ne tient qu’à moi de saisir cette chance, en ne voyant pas les patients que comme des personnes présentant telle ou telle symptôme ou pathologie, mais comme un tout, et pour les soigner correctement , il me faut connaître leur histoire, comprendre qui ils sont, et cela est très enrichissant pour moi…

Mon métier est passionnant car il permet de decouvrir des tas de choses, de faire des choses diverses.

Par exemple, en plus du cabinet à proprement parlé qui est déjà une source de rencontres variées, j’ai ce mois-ci assisté à des consultations au planning familial, ce qui est pour le médecin et la femme que je suis une opportunité incroyable de découvrir la vie des femmes en dehors de mon petit univers à moi.

J’ai également assisté à des consultations dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance dont je suis officiellement le nouveau médecin en titre. Même si ce que j’y découvre est dur, c’est encore une expérience enrichissante.

Le mois dernier, j’ai passé une soirée au foyer de migrants qui se trouve pas trop loin du cabinet et dont nous soignons pas mal de patients, en majorité des maliens. Il y avait une soirée débat autour d’une projection sur un documentaire qui se nomme mémoire d’immigrés. Ce documentaire qui montre l’histoire de l’immigration et les conditions dans lesquelles on est allé recruter la main d’œuvre, nécessiterait à lui tout seul de longs commentaires et devrait soit dit en passant être diffusé dans les écoles. Ensuite, le débat tournait autour de l’histoire du foyer et des ses occupants. Peu à peu, les gens, certains mes patients, se sont mis à parler de leur vie, de leur histoire… J’ai découvert beaucoup de choses, sur ces patients que je côtoie, sur ces voisins que l’on ignore. Bien sûr, nous avons été très bien accueillis, je regrette juste que le buffet ait été offert par la mairie, j’aurai préféré partager leur maffé… mais j’aurai peut-être l’audace de me faire inviter une prochaine fois… En tout cas je sais que je serai accueillie les bras ouverts, aussi bien d’ailleurs si je voulais aller le manger au Mali même…

J’ai aimé cette soirée, j’aime le fait que mon travail me rappelle chaque jour que mon petit univers n’est pas le centre du monde, j’aime le fait qu’il me permette d’entrevoir au quotidien ce que je ne connais pas.

J’aime travailler en Seine-Saint-Denis.

Je pense que ce n’est pas propre à la Seine-Saint-Denis mais je pense que la spécificité de ce département fait que c’est quand même une mine d’or pour qui veut bien voir en chaque habitant de ce département une ouverture sur le monde ….

 

Je me suis couchée moins bête…et plus petite…

Après « on peut conduire avec un plâtre » , je continue dans la catégorie : « Information dont on se passerait sans mal mais pourtant j’ai décidé d’écrire un billet dessus ».

Parce que quand je donne cette information à mes patients, ils me prennent pour une folle. Je vois dans leur regard qu’ils pensent quelque chose du genre: « Mince, c’est le docteur qui me le dit, donc je suis censée la croire mais là quand-même, elle est pas tout à fait nette le docteur » ou « Mais oui docteur, et la marmotte… »

Je vois la compassion, la sollicitude, l’envie de me croire mais ils ont du mal…

Autant des fois les informations ont du mal à passer, que ce soit les histoires de virus, que ce soit « Si, pour un certificat pour le foot, j’ai besoin de vous examiner » ou des choses bizarres comme « il a mal au ventre à cause de son angine » ou le encore plus osé mais néanmoins pas toujours faux « il a mal à la tête parce qu’il est constipé » que je dois à un chef de pédiatrie qui faisait un normacol à tous les enfants ayant mal à la tête, autant cette fois ci, moi-même quand je le dis, je sais que j’ai l’air d’une folle!

Amis docteurs, et même amis patients, n’avez-vous jamais remarqué que la taille des patients varie … N’avez-vous jamais eu à dire à un enfant que vous mesurez régulierement et consciencieusement « Ah ben tu as rétréci ».
Quand j’étais remplaçante, je mettais ça sur le compte de la différence de pose de la toise entre les différents cabinets. De la même façon qu’à force de me peser sur toutes les balances de tous les cabinets dans lesquels je passe, je peux disserter sur leurs différences (et c’est d’ailleurs pour cela que je continue à faire des gardes à la maison médicale de garde, juste pour le plaisir de me peser sur la balance qui enlève deux kilos tout en faisant comme si je le savais pas), je sais avec certitude qu’entre la toise de mes deux collègues, il y a un centimètre de différence.
Mais maintenant que je suis toujours dans le même bureau, comment expliquer que les enfants rétrécissent d’une consultation à l’autre?

Alors attention l’info qui tue: « On rétrécit avec la pesanteur dans la journée »
On peut perdre 1 à 2 cm entre le matin et le soir …

Alors peut-être que tout le monde est au courant et que je suis la seule à trouver cette info passionnante, sûrement que les médecins un peu plus vieux que moi ont déjà fait cette constatation  depuis longtemps, peut-être que vous trouvez ça sans aucun intérêt, ce que je vous accorde bien volontiers, le cas échéant, passez votre route…

Sinon voici comment le docteur qui croit vraiment à ce qu’elle dit fait une dissertation pour se justifier: À chaque fois que je dis « vous mesurez un centimètre de moins que la dernière fois, c’est normal il est 18h… » devant le silence sceptique, je me sens obligée de rajouter:
« Oui je sais que là tout de suite, vous me prenez pour une folle, d’ailleurs moi aussi quand mon collègue me l’a dit ( parce que c’est grâce à toi B.  que moi et la plupart de mes lecteurs se coucheront moins bêtes ce soir, merci), malgré le respect et la confiance les plus totales que j’ai pour lui, j’ai eu quelques doutes sur la véracité de la chose.
J’ai fait des recherches sur internet qui m’ont confirmé que « la pesanteur encaissée tout au long de la journée par les disques vertébraux, véritables amortisseurs visco-élastiques situés entre chaque vertèbre, entraîne leur tassement progressif pouvant s’observer objectivement par une perte de 2 cm de hauteur entre le matin et le soir » Vlan: c’est internet qui le dit !
Ensuite, j’ai constaté moi-même en mesurant la même semaine une fratrie à deux moments de la journée: comment ça m’a fait plaisir de constater la différence de 1cm à trois jours d’intervalle: même la maman à dû s’incliner.
Donc je vous jure chers patients que je ne suis pas folle et que pour le coup, ce que je dis est vrai  »
Voilà et après mon petit discours, je les remesure et comme je me suis justifiée super longtemps, ils ont reperdu 1 cm….

Voilà, c’était l’info du jour qui valait vraiment la peine d’être dite n’est ce pas?

Quand au haut niveau de preuve de ce que j’annonce:
– c’est mon collègue qui me l’a dit
– c’est écrit sur internet
– niveau de preuve moi-même
– je rajoute le niveau de preuve Dr foulard qui après 24 heures de garde doit rerégler son rétro: merci à lui pour ce niveau de preuve supplémentaire.
Il ne manque pour que ma crédibilité soit totale que le sondage twittéral!

Je mets au défi quiconque de me contredire: mesurez-vous matin et soir, prenez une photo avec une preuve non trafiquée de l’heure à côté de vous et si c’est pareil , promis je n’écrirai plus jamais de posts qui ne servent à rien ….

PS: J’espère que pour cet article brillant, je vais à nouveau être citée dans Le Monde … ou dans L’Equipe peut-être 😉

J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle

Aujourd’hui , je n’étais pas d’humeur empathique. 
La fatigue peut-être ou plutôt une humeur un peu particulière suite à des préoccupations personnelles, je ne sais pas mais je n’avais pas envie d’être spécialement compatissante pour les graves rhinopharyngite J1.

 En fait, moi qui suis quand-même super douée pour être très aimable, empathique, quelque soit le motif de consultation, et qui suis quand-même dans la vie en règle générale hyperpolie voire même un peu hypocrite sur les bords, je  me suis retrouvée dans l’état qui m’arrive parfois où tout ce qu’il y a dans ma tête sort de ma bouche ! C’était plutôt drôle et reposant.
Je suis restée sympathique et professionnelle, j’ai soigné avec attention les patients qui en avaient besoin, c’est juste que je ne me suis donnée aucun mal pour faire croire aux autres que je pouvais les « guérir ».
Parce que quand-même, on a beau être empathique et bienveillant: des fois trop c’est trop!

Melle C. 33 ans, qui vient parce que depuis le matin, elle ne se sent pas bien, un peu mal à la tête, et un peu gênée dans la gorge et qu’elle a préféré quitter le travail pour voir un médecin pour éviter que ça s’aggrave!

Mme G. 60 ans, attendant une heure dans la salle d’attente, accompagné de son bienveillant mari, parce qu’elle tousse et parce que elle préférait venir avant que ça tombe sur les bronches!

Mr B. 25 ans qui vient expliquer pendant dix minutes de quelle façon ça le brûle par ci,  c’est bouché par là, et que c’est vraiment insupportable, sans prendre aucun recul sur ce qu’il raconte, vraiment convaincu que c’est un vrai problème.

Moi je veux bien ceux qui viennent en disant c’est chiant mais je sais que y a pire et qu’on peut pas faire grand chose: ceux-là je les aime bien, je ne sais pas bien pourquoi ils viennent cela dit mais on réussi toujours à trouver un intérêt á la consultation, mais ceux qui croient vraiment que c’est le problème le plus important que j’ai entendu de la journée, que non seulement je vais les guérir mais que heureusement parce qu’ils ne peuvent pas rester comme ça une minute de plus, ceux là même moi qui aime tout le monde, des fois, ils m’agacent un peu .

En temps normal, je reste aimable et diplomate, j’essaie d’éduquer patiemment et doucement, en glissant de temps en temps des mots comme viral et bonne nouvelle il n’y a pas de bronchite avec un grand sourire comme si c’était vraiment une bonne nouvelle!

Parce que dire à quelqu’un que « ça n’est pas tombé sur les bronches », c’est risqué:
 
Des fois, c’est pour eux un vrai soulagement: le pire n’est pas arrivé, ouf, ils ont bien fait de venir ! Et quand-même une rhinopharyngite, c’est pas rien ça !
« Qu’est ce que c’est alors Docteur? » « Une rhinopharyngite » « Ah! Je le savais! C’est ce que j’ai toujours, mon fils en a eu une la semaine dernière » ou à la personne à côté: « Tu vois, je te l’avais dit » 

Ceux-là, je les aime bien un peu quand-même… Ils sont rassurés, ils acceptent le verdict du traitement symptomatique ( le traitement symptomatique, c’est un traitement qui sert juste à calmer les symptômes le temps que ça passe tout seul, genre doliprane, pour ma part souvent de l’ibuprofène mais c’est parce que je suis un mauvais médecin, un pschi pschit pour le nez, et même des fois un « sirop pour la toux qui sert à rien », donc rien qui guérit et surtout:pas d’antibiotiques) et ont même l’air d’être contents d’être venus. 

Mais il y a ceux pour lesquels la phrase: « ce n’est pas tombé sur les bronches » est un véritable affront!
Adieu,veaux,vaches,cochons,antibiotiques…
Non seulement, s’ils sont aussi malades, c’est que c’est forcément tombé sur les bronches, mais en plus, ça tombe toujours sur les bronches! C’est bien pour cela qu’ils sont venus d’ailleurs…

Et là commence le combat, non les antibiotiques ne servent à rien, non les antibiotiques ce n’est pas automatique, des fois je pousse même jusqu’au « les antibiotiques,si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts. », bref j’explique plus ou moins patiemment: les virus, l’évolution naturelle des chose etc etc … Mais des fois y’en à qui s’arrêtent jamais, on dirait que c’est une question de vie ou de mort cette prescription d’antibiotiques. Il y a le classique « A chaque fois que ça m’est arrivé, j’ai du retourner voir mon médecin (parce que c’est étrange mais dans ces cas là, c’est souvent les patients d’autres médecins) et il a dû me mettre sous antibiotiques…/Moi il me faut des antibiotiques sinon ça ne passe pas/Ça fait déjà une semaine que ça dure/Aujourd’hui ça va mais peut-être que dans deux jours ça sera pire si je prends pas d’antibiotiques! »

Et précision importante:même si c’était « tombé sur les bronches », cela ne nécessiterait quand-même pas d’antibiotiques…Et oui!

C’est incroyable, cette incapacité des gens à intégrer qu’il n’y a rien à faire et qu’il faut juste attendre… On leur annoncerait qu’ils ont une maladie incurable et qu’il n’y a rien à faire,je comprendrais leur désarroi, mais là franchement…

En fait, c’est pas tant les antibiotiques en soi, les gens ont compris parfois l’histoire des virus et tout…c’est juste que si ce n’est pas les antibiotiques, qu’est ce qui va les aider à guérir,les aider à être en forme pour le truc super important qu’ils doivent faire le lendemain, à faire que cette toux sèche mais un peu grasse quand même ne dure pas les sept à dix jours prévus…?

C’est l’espoir et le fait de ne pas accepter sa situation, qui fait que l’humanité avance et progresse, mais c’est aussi cette caractéristique qui rempli les salles d’attente des médecins l’hiver: certains patients ne veulent juste pas accepter l’idée que des fois, y a rien à faire!

Souvent,je dis aux patients: « Je suis médecin, pas magicienne »

En même temps, c’est flatteur le pouvoir qu’on nous prête!

À Melle C., que je n’avais jamais vu et qui est arrivée à H3 pour empêcher que ça s’aggrave, j’ai dit « Ne bougez pas, je vous fais l’imposition des mains » mais je lui ai aussi dit que peut-être ça ne marcherait pas, que ça allait sûrement s’aggraver, que même je ne pouvais pas garantir que malgré sa visite préventive, ça ne tombe pas sur les bronches, et que dans huit à dix jours, ça irait surement mieux mais que la toux pouvait durer plus longtemps…

À Mme G, j’ai ajouté en plus que le sirop que je lui prescrivais ne servait à rien pour qu’il n’y ait aucun malentendu!

Entre deux patients,j’ai failli sortir mettre une affiche sur la porte disant « Je ne peux rien pour vous »

C’est d’ailleurs je pense la première phrase que j’ai prononcé à Mr.B quand il en a eu fini avec sa description de sa grave maladie…

Et je crois que j’ai réussi à ne pas lui parler de mon angine!

Quoi qu’il en soit, lundi je serai sûrement à nouveau patiente et compatissante, mais des fois ça fait du bien d’être juste franche:

« J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle: la mauvaise, c’est que je ne peux rien pour vous, la bonne, c’est que ça va passer tout seul… »

Du repos et du plaisir

Je dois être encore trop jeune et manquer d’expérience, mais j’ai encore du mal à laisser partir les gens sans ordonnance à la fin de la consultation. A mon avis, je prescris trop de médicaments, parfois même en sachant que ça ne sert à rien mais il est difficile de ne rien prescrire. Je m’y efforce, je progresse doucement …

Beaucoup de consultations se terminent par des conseils de bon sens, c’est de l’improvisation bien sûr et peut-être que de la même manière que je prescris probablement des médicaments à mauvais escient, mes conseils sont-ils parfois inadaptés. En tout cas, ils sont souvent utopiques.

Dans mes conseils de bon sens, je prescris beaucoup de repos, de détente, de loisirs même…

Il n’y a pas de recommandations officielles de la Haute Autorité de Santé sur la façon de vivre sa vie. Pourtant l’OMS définit la santé comme un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

Donc, je prescris selon mes propres référentiels.
Et moi, de plus en plus, mon credo dans la vie, c’est qu’il faut prendre du temps pour soi, du repos, de la détente, mais juste pour soi.
Il faut en fait un temps pour chaque chose, pour sa famille, ses enfants, un temps à consacrer à son conjoint, à sa vie amoureuse,un temps pour sa vie professionnelle, un temps pour ses amis, un temps obligatoire pour les tâches de la vie quotidienne, mais également un temps pour soi!
C’est ma conception à moi de la santé, d’une vie épanouie.

Mais force est de constater que peu de gens se payent ce luxe, pour des raisons matérielles ou psychologiques.
Beaucoup ont une vie difficile, de tristesse, de travail…mais beaucoup aussi ne prennent pas conscience qu’il faut prendre soin d’eux, ne s’en accordent pas la permission…        Je me sens le besoin, l’obligation de leur dire. Cela fait parti de mon travail de médecin me semble-t-il…
Cela dit j ai aussi ce défaut avec les gens qui m’entourent et qui ne m’ont rien demandé. Bref, j’aime bien donner des conseils à ceux qui ne m’en demandent pas.

C’est que ça me fait vraiment du mal de voir quelqu’un qui va mal, qui ne prend pas soin de lui et étant la championne du « un temps pour chaque chose » et en particulier pour la détente égoïste, un peu moins pour les tâches désagréables de la vie quotidienne, je me sens un peu missionnée.

J’ai une vie plutôt privilégiée mais j’ai comme tout un chacun mon lot de difficultés à gérer et ce n’est pas toujours facile, alors moi mon truc, c’est dès que possible de garder du temps libre pour moi, pour faire ce que j’ai envie: rester affalée sur le canapé sans être le moins du monde gênée par le bordel autour de moi, sécher le boulot pour aller m’enfermer en plein après-midi seule dans une salle de ciné, laisser ma fille à la cantine pour aller me faire un hammam avec une copine, déclarer que le samedi je ne bosse pas je m’occupe de ma fille mais ne pas hésiter à la laisser dormir régulièrement chez la nourrice pour sortir en amoureux avec mon mari…
La clé de tout ça, c’est de ne pas culpabiliser, de se laisser aller en se disant que c’est sain et que c’est bon pour tout le monde, que y’a pas que le ménage et le boulot dans la vie, que les enfants ont besoin de voir leurs parents amoureux et heureux, que les laisser pour faire quelque chose d’égoïste, c’est bien pour eux aussi, que la vie de couple c’est important aussi, que des fois juste ne rien faire, c’est bien aussi!
Le tout est de trouver le bon équilibre.

Alors,j’essaie de partager le concept un peu fou que la vie, si on veut la vivre longue, heureuse et en bonne santé, il faut prendre soin de soi physiquement,moralement et socialement …c est pas moi qui le dit, c’est l’OMS!
Et sinon, on fini avec des dépressions, des véritables troubles musculosquelletiques, des lombalgies, des vertiges, des chauderies hémicorporelles gauches….

Hier, j’ai vraiment prescrit des loisirs.

Mme B. me rend folle. Elle a 48 ans, elle a toujours travaillé très dur depuis sa petite enfance, il y a sûrement quelque chose qui vient de là. Elle travaille tout le temps et en dehors du travail ne se pose jamais, se lève à cinq heures du matin pour faire ses carreaux, ne fait jamais rien que l’on ou en tout cas que je peux qualifier moi de « loisir ». Elle a tellement tiré sur la corde que maintenant elle est en arrêt avec le bras immobilisé depuis plusieurs semaines. Médicalement, je ne peux pas faire grand chose pour elle alors pendant les consultations, j’oriente plutôt le sujet sur ce qu’elle fait de ses journées, puisqu’elle est en arrêt et qu’elle est censée se reposer… Mais quand on n’a jamais appris à se détendre, à prendre du temps pour soi, je crois qu’on n’y arrive pas comme ça…Je ne suis pas sûre que mes tentatives aboutiront à quelque chose. J’etais en train de lui suggérer d’aller au ciné, je sentais bien qu’elle n’irait pas, j’ai pensé alors que j’avais dans ma poche des places de ciné pour un film  qui sort la semaine prochaine (j’ai un frère qui bosse dans le domaine), alors je lui ai donné en me disant que du coup elle allait se sentir obligée d’y aller et que elle aura au moins fait une sortie en famille, en espérant que le film sera bien…déjà en voyant les acteurs sur l’affiche, elle a dit: « j’peux pas les voir eux! » C’est pas gagné!

En tout cas: voilà l’ordonnance que je lui ai remise!

J’ai aussi incitée Madame H. jeune maman au foyer de 3 enfants du genre, et il y en a beaucoup, qui fait tout à la maison et ne se sépare jamais de ses enfants, et en début de burn out évident, à les laisser en garde à quelqu’un, à les laisser à la cantine et se faire une journée rien que pour elle, et également à sortir avec son mari en tête à tête, à prendre du recul avec l’idée  d’être une mère parfaite, la perfection cela n’existe pas mais je pense qu’une bonne mère est une mère épanouie. J’ai aussi abordé le sujet du partage des tâches ménagères, ayant un mari qui en fait bien plus que moi et qui avait pris un congé parental de six mois à la naissance de ma fille cela me paraît naturel mais culturellement, c’est un message difficile à faire passer…

Ensuite, j’ai reçue Mme H. en consultation, patiente algérienne de 55 ans, que je voyais pour la deuxième fois.
La première fois, quand je l’ai vu arrivée avec ses douleurs aussi diffuses qu’imprécises, j’ai poussé un soupir de découragement, ensuite quand elle m’a décrit une authentique chauderie hémicorporelle gauche, j’ai souri intérieurement et ça m’a donné la force de prendre mon courage à deux mains pour essayer de faire du bon travail. Après avoir identifié les problèmes médicaux principaux, dont une tendinite évoluée de l’épaule gauche, lors de la deuxième consultation, j’ai surtout essayé de connaître un peu sa vie pour comprendre dans quelle mesure les traitements auront de l’effet, le traitement essentiel, le repos, étant souvent le plus difficile à obtenir. Effectivement, veuve, elle s’occupe de tout depuis toujours et le repos semble difficilement envisageable. Ses enfants de 19 et 22 ans ont semble-t-il pris l’habitude que leur super maman s’occupe de tout et cette super maman n’a jamais envisagé d’arrêter de laver leur sous-vêtements à la main…et maintenant étonnamment quand elle leur demande de l’aide, ils ne sont pas réceptifs…
Il y a beaucoup dans ma patientèle de patientes d’origine maghrébine, mères ou grand-mères, fatiguées, avec des douleurs articulaires, des tendinites, qui s’occupent de tout, de la maison, des enfants, des petits-enfants… J’ai du mal à les soigner. Comme ce n’est pas ma culture, j’ai du mal à trouver les mots je crois, j’ai peur d’être maladroite, je ne veux pas les heurter, ces femmes souffrent et pas que physiquement mais je ne sais pas comment les aider. Je prescris des médicaments, de la kiné, j’essaie de discuter, et je leur dit de se reposer…elles ne le feront pas …

J’ai remis à Mme H. cette ordonnance, pour qu’elle l’accroche sur son frigo et que ces enfants la voient.

Voilà, c’était mon billet rêveur du jour..

si pour une fois mes prescriptions étaient écoutées …

Le Monde

Bon, je me permets ce billet un peu narcissique parce que l’article ci-joint est tout d’abord très intéréssant mais surtout il faut l’avouer parce que je suis fière d’avoir été citée dans le journal « Le Monde », bien plus fière que ma prestation à i télé de la semaine dernière!

Par contre, si j’avais su quand j’ai choisi mon pseudo pour twitter, que premièrement je ferai un blog et surtout que je serai citée dans « Le Monde », j’aurais réfléchi plus de cinq minutes avant de le choisir …

Merci et bravo pour son article très juste à la journaliste Laetitia Clavreul qui m’a contacté suite à mon article sur les arrêts de travail et à Dominique Dupagne qui est semble-t-il encore une fois le  » cerveau  » derrière tout ça…

euh par contre, je plaide pas vraiment pour une sensibilisation aux conséquences des abus…ce n’est pas trop mon rôle, mais pour une non stigmatisation des malades oui ça c’est vrai …

Le Monde du 23/11/11

On m’aurait menti

Tous les jours en médecine, des certitudes peuvent voler en éclat!

Des choses que l’on pensait connaitre sans même remettre en question, genre prescription systématique de zymaduo à tous les nourrissons alors que le fluor est inutile, des domaines que l’on pensait maitriser. Quand on connait mal un sujet, on apprend des choses continuellement et on en est satisfait ,mais quand c’est un sujet qu’on croit bien connaitre et qu’on apprend quelque chose, on est surpris!

S’il y a un sujet que je pensais bien maitriser, c’est celui de la contraception. J’ai toujours aimé la gynéco. J’ai eu, je le pensais en tout cas, une bonne formation à la fac, j’ai fait un DU (diplôme universitaire:une petite formation en plus) de gynéco, j’ai fait un stage d’interne aux urgences gynéco, bref, c’est quand-même un domaine que je connais mieux que beaucoup d’autres.

Par contre, je n’ai pas fait de stage au planning familial et récemment j’ai rencontré à la thèse sur l’excision à laquelle j’ai assisté,Dr P. un médecin qui travaille au planning dans le 93, qui connait bien ce sujet et qui est assez exceptionnelle avec un caractère bien trempé et je me suis dit, ma collègue ayant fait une partie de son SASPAS chez elle me l’ayant conseillé, que j’allais assisté à quelques consultations… Grand bien m’en a pris, car déjà en une après-midi, j’ai appris plein de choses, surtout au niveau de la relation avec les femmes car ce médecin a vraiment une grande expérience et une approche sans tabous.

Au niveau médical, je connaissais heureusement pas mal de choses mais tout d’un coup, une patiente d’une vingtaine d’années arrive et dit: « je viens pour la piqûre  »

Alors moi dans ma tête, là je cherche bêtement: Rophylac ? un vaccin ? mais de quoi  elle parle ?

Dr P. a l ‘air de trouver ça évident, se lève et prépare l’injection…et cette scène se reproduisant trois ou quatre fois dans l’après midi m’a beaucoup intrigué et plongé dans de grandes réflexions…

Il s’agit en fait d’une injection de Dépo-provera 150, acétate de médroxyprogestérone de son petit nom, injection intramusculaire  de progestérone, contraceptif très efficace, qui nécessite une injection tous les 3 mois …

Je sors de la fac, j’ai fait un DU de gynéco, je prétends maitriser le sujet de la contraception, je savais vaguement que ça existait mais je ne savais pas même pas comment ça s’appelait…je suis partie avec une boite vide pour m’en souvenir ….

Je croyais que c’était réservé à des cas exceptionnels, des femmes « handicapées mentales » comme on dit …

Or,il s’avère que ce n’est pas le cas… Au planning où j’étais, et dans beaucoup d’autres endroits, c’est une méthode contraceptive au même titre que les autres….avec ses avantages et ses inconvénients …

Toute l’après-midi et encore maintenant, j’étais sous le choc, je répétais : Pourquoi ?

Pourquoi je ne suis pas au courant? Pourquoi on n’en parle pas dans les cours à la fac, dans la formation médicale? Pourquoi? Quel est le piège? C’est peut-être Dr P. qui fait des trucs bizarres? Pourquoi, pourquoi?

Du coup, je me suis renseignée, Dr P. m’a éclairée de manière objective, m’a envoyé des documents, j’ai fait une petite recherche biblio, petite car je suis pas douée pour ça, j’ai séché les cours à la fac sur le sujet, et petite parce qu’il n’y a pas beaucoup de documents sur le sujet, j’ai même été sur les forums de patientes. Je mettrai à la fin pour ceux que ça intéresse deux liens dont une thèse sur le sujet .

En gros, sans prétendre donner une information exacte, voici ce que moi j’ai compris :

Il s’agit d’une contraception progestative de même nature que l’implant contraceptif avec à peu-près les même avantages et inconvénients.

Principaux avantages:

– pas de contre-indication en dehors d’une insuffisance hépatique sévère: donc on peut en donner à tout le monde.

-discrétion: idéal pour toutes les jeunes filles qui ne veulent pas dire qu’elles prennent la pilule, qui ont peur que leurs parents fouillent dans leurs affaires,qui ne veulent pas que leurs parents tombent sur les rélevés de sécu, et en plus, même si c’est en ville et qu’elles doivent l’acheter (au planning c’est gratuit ) …

– …le coût!!!! c’est 2 euros et quelques l’injection , une fois tous les 3 mois ! Ceci explique peut-être cela, pas de marketing sur ce produit très ancien et qui ne vaut rien!

– observance: quand on pense à tous les oublis de pilule, à toutes les grossesses non désirées , à toutes nos patientes qui oublient la pilule, ne veulent pas de stérilet ou d’implants, quand je pense à tous les bébés microval en post-partum ( j’en ai un que j’adore et qui est trop beau mais quand-même) je me dis à nouveau : Pourquoi?

A cause des inconvénients?

Ils sont les mêmes que ceux de l’implant ou des micro-progestatifs ( microval et cérazette):

– des troubles du cycle: soit on n’a pas de règles, ce qui est en général le cas après plusieurs injection, soit on a des cycles à peu-près normaux , soit dans 1/3 des cas environ des saignements intempestifs appelés spotting. Ce qui est bien embêtant certes mais qui n’empêche pas que des milliers d’implants soient posés chaque année.

-il semblerait qu’il y puisse y avoir une prise de poids, un syndrôme dépressif

-contrairement à l’implant, spécifiquement pour la dépo-provera (dépo pour les intimes),une diminution de la densité minérale osseuse a été observée pour un usage supérieur à un an, dans une étude sans augmenter le risque d’ostéoporose  et de façon réversible.

– quand on arrête, l’effet est un peu prolongé et il peut y avoir un retour à la fécondité retardé, de quelques semaines à quelques mois.

– Et c’est une piqûre dans le cul tous les 3 mois !

voilà, voilà, et bien moi ça ne répond pas à ma question !!

Parce que si il y a des effets secondaires, ils ne semblent pas plus graves que pour les autres méthodes contraceptives voire moindres et ils ne semblent pas justifier qu’on élimine totalement ce moyen contraceptif des livres de médecine et des possibilités offertes aux femmes…

Alors pourquoi?

Je vais citer une thèse qui est en ligne. Je ne sais pas si cela se fait sans en demander l’autorisation à son auteure,si ce n’est pas le cas, je m’en excuse, mais comme je pense que le propos va dans son sens, elle ne pourrait pas en être contrariée (moi je donne autorisation à tout le monde de citer ma thèse!) . vous y retrouverez toutes les informations médicales détaillées .

http://www.bichat-larib.com/publications.documents/3431_100415-THESE-ANDLAUER.pdf

« C’est  l’image d’un contraceptif de masse, d’une méthode « coercitive », qui a été véhiculée en Europe dans les années 1990, du fait de son utilisation à grande échelle dans les pays en voie de développement, et certains praticiens y voient encore « un instrument idéal de contraception imposée. »

« Son utilisation en France est restée extrêmement péjorative, réservée pour beaucoup de praticiens à des patientes ayant des déficiences intellectuelles ou souffrant de pathologies psychiatriques, ou encore à une catégorie sociale et ethnique de femmes pour laquelle les médecins considèrent que la contraception relève de l’urgence. »

« En effet, lors de nos études médicales, les progestatifs injectables sont souvent oubliés de nos polycopiés, ou au mieux simplement cités sans détails. Il semble ainsi qu’une majorité demédecins généralistes ne connaisse pas le Depo-provera°, et qu’une petite minorité se sente assez à l’aise avec pour proposer sa prescription. »

« Pourtant aux Etats-Unis, suite à une grande campagne de lutte contre les grossesses non désirées chez les adolescentes, l’utilisation du Depo-provera° a été associée à un déclin significatif du nombre de ces grossesses. »

Alors pourquoi l’HAS dans les reco HAS de 47 pages sur la contraception, sur la dépo-provera: ne dit que ça:

« Pareillement la contraception progestative injectable n’est à considérer qu’en cas de difficultés d’observance ou dans des contextes socioculturels particuliers. La recherche d’une contraception progestative de longue durée d’action fera plutôt envisager l’utilisation d’un implant sous-cutané ou d’un dipositif intra-utérin (DIU) au lévonorgestrel (LNG). »

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/recommandations_contraception_vvd-2006.pdf

Pourquoi la dépo-provera ne pourrait-elle pas faire partie au même titre que les autres méthodes contraceptives des méthodes à envisager? Pourquoi ne pas le proposer de manière éclairée? Pourquoi ne la proposer que dans certains contextes sociaux particuliers?

Combien de femmes seraient-elles ravies d’avoir une piqûre tous les 3 mois et d’être tranquille le reste du temps ?

« Si l’on considère en dehors de tout préjugé médical, que la meilleure contraception est celle que la femme choisit, il paraît intéressant de proposer systématiquement cette méthode,au même titre que les autres, à toute femme consultant pour une contraception. »

Voici également un document canadien:

http://www.acsa-caah.ca/Portals/0/Member/PDF/fr/documents/depoprovera.pdf

Maintenant, s’il vous plait, ne me laissez pas seule avec mes pourquoi, donnez moi votre avis, vos remarques…

Et si personne ne me dit pourquoi ne pas prescrire de la dépo-provéra, en mon âme et conscience, je le proposerai à mes patientes: je commencerai avec Mme D. et ses multiples IVG, ses oublis de pilule et son refus du stérilet , et puis je le proposerai si besoin au même titre que les autres méthodes …

 

Bande de fainéants…

Les gens sont tous des fainéants et qui plus est, ils ont aussi le défaut d’être non seulement avides d’argent mais en plus égoistes…(un égoiste, c’est quelqu’un qui ne pense pas à moi ). Les malades sont des irresponsables, n’est ce pas Mr Wauquiez?

« Le sujet sur cette histoire du délai de carence, c’est pas la fraude. C’est juste la responsabilisation. On comprend bien que si jamais, quand vous tombez malade, ça n’a aucun impact sur votre indemnité et votre salaire, ben le résultat quand même c’est que c’est pas très responsabilisant. Et que du coup on a un peu l’impression que la Sécurité sociale est quelque chose sur lequel on peut tirer sans que ça ait un impact (…). Donc dans le cadre de l’effort collectif qui doit être fait, c’est important qu’il y ait aussi ce signal de responsabilisation: « Attention, c’est pas gratuit! » L.Wauquiez

Loin de moi l’idée de faire de la politique ou de remettre en cause des décisions prises par des gens si intelligents et qui connaissent si bien les gens.. c’est une décision absurde parmi tant d’autres dans un monde absurde. ( et comme je ne veux pas émettre d’opinions trop personnelles, je ne dirai même pas que ma seule petite consolation, c’est de penser à tous ceux qui ont voté pour ce gouvernement et qui pour une fois se retrouvent visés par quelque chose qui les embête bien fort).

Donc, je voulais juste rendre compte de mon expérience à moi, moi qui ne doit pas être vraiment intelligente et qui ne doit pas connaitre les gens …

Parce que moi, mes patients, ils ne sont ni fainéants, ni égoistes, ni irresponsables…

Alors, oui, je l’accorde, il y en a quelques uns qui réclament des arrêts pour pas grand chose ou qui tirent un peu sur la corde ( « tant qu’à avoir perdu 3 jours , mettez moi la semaine tant qu’à faire »), et oui même, il y a quelques fonctionnaires qui se permettent facilement un arrêt sachant qu’il n’y a pas de perte de salaire (« On a le droit à 90 jours alors… »). Comme partout il y a des gens qui veulent profiter, mais, et je ne parle pas du fait que ces gens-là n’ont pas forcément la vie facile et que ce ne sont pas eux qui font le trou de la sécu, ces patients là sont vraiment très peu, ce problème est vraiment très marginal… Des demandes injustifiées de la sorte, je dirai que j’en ai environ une ou deux par mois…et il ne tient qu’au médecin de les refuser. Mais j’oubliais que les médecins aussi sont égoistes et irresponsables …

Donc, comme toujours, on pointe du doigt une minorité, pour rendre les gens coupables de problèmes qui n’ont rien à voir. Quand on sait que moins de 3% des indemnités journalières sont versées pour des arrêts de moins de 8 jours, alors que 60% des versements concernent des arrêts de plus de 3 mois, on mesure l’indécence qu’il y a à faire des patients des cibles…

Mais, surtout, moi au quotidien, ce n’est pas ça que je vis. Moi, au quotidien, je me bats avec les gens pour les arrêts de travail mais pour qu’ils les acceptent ! Et la plupart du temps je perds..

C’est fou ça mais les gens sont vraiment un peu irresponsables avec leur santé en effet: ils refusent les arrêts quitte à mettre celle ci en péril!

-Mme B. est gardienne, elle avait une tendinite du coude, elle a refusé à de nombreuses reprises mes arrêts que pourtant j’avais rédigé et lui avais donné. Elle ne veut pas s’arrêter, son travail c’est toute sa vie, elle est hyperactive. Elle a tenu le coup jusqu’à ce que le tendon se déchire et maintenant cela fait plus d’un mois qu’elle est en arrêt.

-Mr C. est chauffeur-livreur, il a une forte douleur d’épaule, j’ai réussi à l’arrêter deux jours quand vraiment il ne pouvait plus bouger mais pas plus. Sa raison: il ne peut pas laisser ses collègues dans l’embarras….

-Mme R. est déprimée, sa fille de 16 ans a été violée récemment , elle a besoin de la présence de sa mère et Mme R. est épuisée physiquement et moralement …en plus, elle a une angine. Je ne peux rien pour sa peine mais je pense que quelques jours de repos lui seraient bénéfiques. Elle refuse…financièrement, elle ne peut pas.

-Mr A. doit se faire opérer du genou depuis 2 ans, il attend toujours car cela implique un arrêt de travail de plusieurs semaines que financièrement il ne peut pas se permettre.

-Mme S. est ATSEM, elle a des lombalgies. Cette fois ci j’ai réussi à l’arrêter car vraiment elle était bloquée mais la plupart du temps, elle refuse, pour ses collègues, pour les enfants…en dépit du fait qu’elle soit fonctionnaire et qu’elle n’ait pas de jour de carence .

-Melle B. est serveuse, elle a un virus pour lequel on ne peut rien faire mais est pas bien du tout, elle n’accepte pas l’arrêt parce qu’il n’y a personne pour la remplacer et que son patron lui met la pression…

Je m’arrête là mais je pourrais continuer des heures..Si les patients qui profitent du système sont très occasionnels, je vois ceux-ci en une demi-journée, tous les jours, tout le temps …

Alors, ma patientèle n’est peut-être pas représentative, les habitants de la Seine-Saint-Denis sont peut-être des gens particulièrement courageux et avec une situation financière précaire, mais mes patients à moi ne sont ni fainéants, ni tires-au-flanc, ni irresponsables,ni profiteurs, et oui l’argent est un critère important mais dans le mauvais sens. Ce sont des gens courageux, honnêtes, travailleurs. Certains réclament des arrêts un peu exagérés mais beaucoup plus les acceptent par obligation avec contrariété ou les refusent. Ils les refusent parce qu’ils aiment travailler, parce qu’ils ont une conscience professionnelle, pour ne pas laisser leurs collègues dans l’embarras. Certains subissent une telle pression au travail qu’ils ne peuvent se permettent d’accepter l’arrêt. Certains aussi ne veulent pas justement profiter du système et être payés à rien faire. Beaucoup surtout, ne peuvent pas se permettre d’accepter l’arrêt, financièrement, trois jours de carence  cela fait près de 10%,quand on gagne le SMIC,c’est énorme, et rappelons qu’après ces trois jours, le salaire n’est payé qu’à 50%, sans parler du fait que le paiement arrive longtemps après. Certaines personnes ne peuvent tout simplement pas se le permettre.

Cela conduit à des retards de traitement, à l’aggravation de la situation médicale, et en tant que médecin et citoyenne, cela me désespère et me met en colère tous les jours et maintenant cela va être pire encore…

Les seules personnes avec lesquelles on n’était pas embêté par le problème financier, c’était les fonctionnaires et maintenant, même cela est remis en cause…

Et en plus, comme d’habitude, on monte les gens les uns contre les autres, au lieu de niveler la situation vers le haut en partant du fait que les acquis de la fonction publique sont une chose positive, on les fait encore une fois passer pour des fainéants et on les pointe du doigt comme responsables et au lieu de voter un progrès tel que la diminution du délai de carence à deux jours, on nivèle tout par le bas…et tout le monde est perdant: ceux qui ont eu l’irresponsable idée de tomber malade, ceux qui ont eu l’irresponsable idée de prendre un arrêt de travail et qui sont montrés du doigt, ceux qui ont eu l’idée encore plus irresponsable de les refuser et dont l’état de santé s’aggrave et coûte encore plus cher à la sécu…et moi qui assiste impuissante à tout ça ….

 

3 mois

Bon, on ne change pas les bonnes habitudes…Je célèbre, je célèbre…

Et puis, je suis sûre que tout le monde se précipite le 17 du mois voir ce que je vais bien pouvoir dire pour justifier ce billet….

Alors,d’abord, cela va au moins avoir l’intérêt de faire du mouvement sur le blog, parce que il faut bien l’avouer, ces derniers temps, il y a du laisser-aller…

Il continue à y avoir des visites ( en tout 33000 visites et 58000 pages lues..) mais certaines doivent être déçues….

Je sais bien que ça fait longtemps que je n’ai pas publier quelque chose et ça me contrarie, mais cela ne veut pas dire pour autant que je n’ai pas d’idées en réserve, j’ai toujours pleins de choses à dire, il faut juste que je les écrive …

Pourquoi est-ce que je tarde?

D’abord, il faut l’avouer, je pense qu’une fois l’enthousiasme de la nouveauté passé, c’est quand-même difficile de garder le rythme.

Ensuite, ça a toujours été comme ça, il y a des périodes dans ma vie où j’ai un besoin impérieux d’écrire tout le temps, même n’importe quoi, à n’importe qui, à personne même, et des périodes où ça s’arrête, allez comprendre …

De plus, j’ai recommencé à dormir la nuit au lieu d’écrire, ce qui fait quand-même pas mal de temps en moins, et surtout le drame de ma vie, qui est avec dormir une perte de temps gigantesque: les séries télé: j’ai à nouveau été happée par la tentation de se mettre sur le canapé et se délecter à regarder toutes ces séries anciennes et nouvelles qui apportent une détente sans pareil, plutôt que d’être dans le vrai monde à faire quelque chose de productif …Un drame…

Et le vrai monde aussi m’a pris du temps, il faut le dire, il s’est passé pas mal de choses dans ma vie.

Et là, j’aimerais que ce blog soit aussi un blog personnel et pouvoir raconter ma vie, c’est aussi pour ça qu’une fois par moi je me permets ce petit travers et que je la raconte un peu quand-même: ce week-end, c’était les 4 ans de ma fille et j’ai joué à la super-maman (rassurez-vous cela n’a pas duré: j’ai repris mon rôle de mère indigne dès le lendemain en oubliant d’aller la chercher à la garderie) en invitant 18 enfants ( de 3 à 12 ans:cousins-cousines, amis les plus proches) à une soirée-pyjama sur le thème des sorciers/sorcières et des fées/magiciens, soirée déguisée avec repas à base de doigts de sorcières et d’yeux de crapauds, potions magiques, grand jeu de piste…et le lendemain une vingtaine d’adultes au repas en plus …C’était magique. J’aimerai mettre des photos de tout ça, pour une fois, je n’aurais même pas à rougir devant Ciloubidouille! Mes gâteaux sorcières et fées étaient tellement beaux qu’il va falloir que j’en fasse un blog dédié je crois …

Bref, je n’ai pas eu le temps de bloguer… Et là, je meurs d’envie d’écrire un article sur les arrêts de travail mais il faut que je prépare la soirée médiévale de dans 2 jours pour l’anniversaire de mon mari et que je prépare mon gâteau excalibur (mince spoiler…).

Et surtout, je profite aujourd’hui de ce billet pour lui souhaiter un joyeux anniversaire car il a 35 ans aujourd’hui: son anniversaire le fait déprimer, mais je voulais lui dire que c’est le meilleur des maris, que je l’aime et que c’est encore une demi-dizaine d’années merveilleuse passée à ses côtés : la meilleure même, et que pour l’occasion, je fais peu original: je lui offre le même cadeau que pour ses 30 ans, les bonnes idées, faut les recycler …

Et en ce jour, je pense aussi très fort à ma grand-mère ….