Mes externes

Il y a deux ans maintenant, je devenais maitre de stage et j’allais bientôt commencer à accueillir des externes.

Je parlais dans Mon externe de mes attentes, de mes peurs mais surtout de mon enthousiasme à cette idée.

Aujourd’hui, je voulais faire le bilan.

Après presque deux ans, j’ai accueilli 4 externes dans mon cabinet (il y a un trou à cause de mon congé maternité) et c’est un vrai bonheur.

Comme je le disais, j’ai toujours voulu être maitresse d’école ou prof et là je peux enfin avoir ce plaisir de l’enseignement, de transmettre. J’aime mon métier et j’aime le faire découvrir.

J’aime également le fait de ne pas être seule, de pouvoir discuter à deux d’un patient qui pose problème, d’avoir un autre éclairage sur un problème, d’avoir quelqu’un pour prendre la tension, de manger au restaurant et discuter des conditions actuelles de la formation médicale. C’est important de savoir comment ça se passe aujourd’hui, moi qui suis déjà si vieille. Oui c’est génial de faire plein de blagues ou de références et de se rendre compte que l’externe ne connait pas parce que mes références sont vieilles!!!!

Bref, avoir des externes me permet de rester jeune (mouarff) et me pousse à être meilleure, à me remettre en question et à donner tout le temps le meilleur de moi-même. Il y en avait un qui me disait tout le temps « Non, tu n’as pas besoin de mettre des antibios là,le streptotest est négatif! » C’est difficile de faire n’importe quoi quand il y a un témoin…Je ne peux pas dire sur un tympan rouge mais pas trop « C’est une otite,on va mettre des antibios » parce que je suis fatiguée et qu’il est tard et que j’ai envie de céder à la facilité. L’externe vérifie le tympan et nous voilà parti 10 minutes sur la sémiologie des tympans puis les indications d’antibiothérapie dans les otites et puis donc bien sûr on met pas d’antibios, alors on passe 10 minutes à donner des explications aux patients…Bref, c’est fatiguant d’avoir des externes …heureusement qu’ils prennent la tension!!
Malheureusement, il parait qu’on ne peut pas les exploiter à faire du secrétariat, scanner les courriers etc..semble-t-il que l’exploitation des externes soit une prérogative exclusivement hospitalière mais que en stage de médecine générale,on n’est pas comme ça..pff..tant pis…

En tout cas, contrairement à ce que je croyais, je n’ai pas trouvé difficile d’être observée et je ne me suis pas sentie jugée.

Je sais que je n’ai pas été le maitre de stage parfait, je me suis rendue compte que je n’ai pas laissé assez d’autonomie à mes externes, le tabouret n’était également pas aussi confortable que dans le cabinet parisien où ils étaient également en stage et j’ai également failli en tuer un dans un accident de voiture (encore désolée) mais j’espère que j’ai rempli correctement l’objectif de leur faire découvrir la médecine générale.

Car au delà de mon plaisir personnel, le but de ce stage est d’abord celui de faire découvrir la médecine générale aux étudiants avant que ceux ci ne choisissent leur spécialité. J’en ai déjà parlé à plusieurs reprises. Pour lutter contre le manque de médecins généralistes, il faut que les étudiants connaissent cette spécialité au même titre que les autres et pour moi il s’agit vraiment d’un acte militant envers la médecine générale de prendre des externes. Ce n’est pas la même démarche que de prendre des internes et je continuerai à prendre des externes si je le peux. Qu’à la fin du stage, la conclusion soit « Au moins maintenant je suis sûre que je ne veux absolument pas choisir la médecine générale » ou le contraire, l’objectif est atteint si l’étudiant a fait au moins un stage afin de faire son choix.

Pour voir si mon avis de croire à l’importance de ce stage en deuxième cycle était le bon, j’ai décidé de mener une étude scientifique de qualité menée de façon rétrospective en zéro aveugle avec un énorme biais de recrutement auprès de mes 4 externes.

Avec leur autorisation de publier leur réponses dans cette grande revue internationale qu’est ce blog, vous les trouverez à la fin.

En bonne future directrice de thèse,j’ai analysé leurs réponses de manière horizontale, verticale, diagonale et en tournant sur moi -même et j’en ai conclu que mon hypothèse était la bonne: mes externes sont les meilleurs, la médecine générale c’est génial, la Seine-Saint-Denis c’est génial. CE STAGE EST INDISPENSABLE! Il a un impact significatif (p<001) sur le parcours et il faut le promouvoir (OUI C EST UN SCOOP).

A tous ceux qui hésitent à se lancer, je dis allez-y, il faut des maitres de stage pour que les pauvres externes ne soient pas obligés d’aller dans le 93 faire des stages pour que tous les étudiants puissent avoir accès à ce stage. Et en plus, un externe, c’est tout ptit,tout gentil! Et ça prend la tension!

Vous ne le regretterez pas!

Quant à moi, dans quelques jours, j’accueille ma première interne pour 6 mois!!

Une nouvelle aventure qui commence!

Et ça mais ça me réjouit vraiment. Cela va être différent et complémentaire.

Je sais que ça ne va pas être facile ,cela me fait un peur au niveau de l’organisation, du temps que cela va prendre, du fait que l’on va passer beaucoup de temps ensemble et qu’il va falloir que l’on s’entende bien. Le plus dur va surtout être le fait de lui laisser de l’autonomie, de lui confier vraiment mes patients ce que je n’ai pas fait avec les externes et il va falloir que je travaille sur moi-même. Cela ne va pas seulement être de l’enseignement, lui montrer ce que moi je fais et attendre que l’interne fasse pareil mais l’accompagner dans l’apprentissage de son métier, à sa façon.

Oui, j’ai heureusement assisté à une formation il y a peu. On voit que j’ai bien écouté hein (apprentissage # enseignement), faut dire que l’animatrice était géniale!

Cette formation m’a donné envie de me plonger un peu (un peu hein) dans la pédagogie et surtout de m’investir plus à la fac..Je me lance dans le tutorat et puis on va voir…

Et je suis heureuse de lire seulement maintenant « Les Trois Médecins » de Martin Winckler. Cela me permet de remettre les choses en perspective, de mesurer le chemin parcouru. Quand on râle contre nos Départements de Médecine Générale, leur langage parfois opaque, à coup de RSCA ou de Marguerite Des Compétences, ou quand on râle que la formation initiale en médecine générale est insuffisante, cela me permet de voir d’où on est parti et les personnes formidables qui ont lutté pour qu’on en arrive là (j’ai d’ailleurs été très émue de trouver dans ce livre l’évocation de mon premier professeur de médecine générale). Cela me motive encore plus à continuer dans la voie que je suis en train de prendre!

Bref, bref, bref, si vous êtes vieux comme moi et que vous voulez voir ce que pense les ptits jeunes d’aujourd’hui, voici en exclusivité mondiale :

MON ETUDE SCIENTIFIQUE SUR MES EXTERNES:

Avant le stage, quelle était ta vision de la médecine générale (MG), l’image que tu t’en faisais?

« – Je pensais que la MG était une spécialité beaucoup moins variée, j’ai été réellement surpris par l’étendu de la médecine qu’on a pratiqué ensemble !

– Avant, pour moi, la MG était la fusion de plusieurs choses, d’abord l’image du médecin de mes parents, une dame qui évoque une impression de chaleur, de gentillesse, et de lenteur.

C’est à peu près l’opposé de la vision « technique » de la médecine que j’ai l’impression de voir depuis mon entrée à la fac. En fait dans ma tête c’est presque comme deux choses totalement différentes, comme s’il y avait « la médecine », qui correspond à ce qu’on nous apprend à la fac, et qui ressemblerait à des tas d’organigrammes, d’examens invasifs, de maladies graves et de situations urgentes à connaître par cœur ; et d’un autre côté, l’expérience personnelle que j’ai pu avoir des MG et qui reflétaient plutôt le calme, la temporisation, l’écoute.

– Peu de suivi dans ce que l’on effectue avec un patient => visite unique du patient et pas de renseignements sur le résultat, sur la suite de la prise en charge ou sur l’efficacité ou non d’un traitement (avant plusieurs mois du moins)

– La MG m’est ainsi apparue comme une spécialité qui, au final, nous permet une pratique de la médecine telle qu’on le veut. On a la patientèle qui nous correspond.

– Peu ou pas de patient présentant des pathologies sévères ou complexes

– Suivi de l’hypertension uniquement par un cardiologue, du diabète par un diabétologue, de la thyroïde par un endocrino, etc etc. Pas de modification ou d’instauration de ces traitements par le MG

– Peu de geste techniques possibles

– Relation médecin-patient de confiance, mieux développée qu’en hôpital, avec plus de temps à consacrer à chaque patient

– Honnêtement, grâce aux blogs médicaux, une assez bonne vision de la spécialité. Jaddo et ses remplacements, et surtout Borée m’ont donné une vision très positive de la MG. »

D’après toi, quelle vision de la MG est-t-elle donnée à la fac, pendant le cursus médical ?Est-elle bien présentée ou représentée au même titre que les autres spécialités ?

« – Elle est clairement mal représentée.

– On n’a pas de « cours de médecine générale », on ne nous parle pas de ce que c’est que la vie réelle dans un cabinet, ce qu’on y voit… On ne nous enseigne pas les aspects psychosomatiques, on ne nous apprend pas à écouter, à être attentifs aux besoins que le patient exprime derrière ses mots

– Je pense que la vision de la médecine G a beaucoup changée à la fac, les professeurs les rabaissent peu dans nos cas cliniques il n’y a pas plus de prise en charge de MG à critiquer que celles de spécialistes, d’une part parce que les doyens ont compris que les MG étaient la base de la médecine et d’autre part que la moitié des étudiants formés seront MG !!

Par contre la MG n’est pas trop présentée à la fac tout comme les autres spécialités. Notre connaissance des spécialités vient principalement des stages effectués … et comme il y a peu de stages en MG…

– Je crois qu’environ 50% des étudiants deviendront MG. Sur les 3 promos de D2, D3, D4, dans notre fac je crois savoir qu’il y a environ 17 postes par trimestre pour des externes. Donc sur 3 promos (environ 1100 étudiants) et sur la totalité de leur externat (12 stages), 204 étudiants pourront passer en MG, ça fait même pas 20% (alors que je crois que c’est censé être obligatoire selon le journal officiel).

– Fac, en général :- Sous-médecine, « punition » parce qu’on ne bosse pas assez, bête noire de l’ECN (juste après médecine du travail)- Diabolisation de la pratique à la campagne +++ – Absence de « cas intéressant », non nécessité d’apprendre la sémiologie complexe pour la pratique.

-A l’hôpital :- Médecine « tri » => comme un service d’urgence, beaucoup de personne venant pour « rien », beaucoup de demande d’arrêt de travail, de certificat, etc éclipsant le reste de la pratique – Compétence et nécessité des MG la plupart du temps reconnue.

– Je pense que , les autres spécialités médicales et chirurgicales dépeignent une image dévalorisante de la médecine générale. Il y a un énorme biais de présentation pour les étudiants en médecine, « étudiants hospitaliers » comme sont appelés les externes dans les textes de loi, puisqu’on reçoit à l’hôpital des patients mal traités en ville et donc forcément les commentaires du style « Le MG a fait n’importe quoi » sont très faciles à faire. Les patients ayant reçus une bonne prise en charge ambulatoire sont totalement invisibles pour nous, c’est logique quand on a une formation exclusivement hospitalière !

– je trouve que les départements de médecine générale ne font pas un assez bon travail du côté de la formation initiale des étudiants. Ils sont probablement trop peu nombreux et trop occupés à la formation des internes. Ils sont essentiellement (j’ai trouvé) invisibles dans notre formation initiale alors qu’ils devraient être en première ligne dans la prise en charge des pathologies fréquentes des spécialistes d’organes (typiquement, l’angine et l’otite en ORL).

– En fait, la vision personnelle que j’avais jusqu’à mon entrée en fac a progressivement été balayée et remplacée par les images émises par le milieu de la fac. Là, j’ai l’impression qu’il y a une norme, qui pour moi est assez violente et rigide, qui dit « ça c’est comme ça ; et tout ceux qui ne sont pas d’accord sont des crétins », et qui est bien reflétée par la structure hiérarchique et la vie qu’on mène à l’hôpital en tant qu’étudiant : c’est une évaluation permanente, les présentations de dossiers qui sont comme un examen oral, au lieu d’être une discussion autour de la situation d’un patient ; assorties des remarques sarcastiques qui n’ont même pas besoin d’être quotidiennes : on nous les a tellement bien inculquées qu’on se les dit à nous-mêmes dans notre tête, on se compare aux autres lorsqu’on ne sait pas suffisamment bien un truc, on se dévalorise lorsqu’on ne sait pas répondre à une question d’un chef et qu’il le relève avec un petit « tu ne sais même pas ça ? faut se sortir les doigts du cul et se mettre à travailler ». Progressivement on intègre une norme qui dit que plus on est haut dans la hiérarchie, mieux c’est. En haut c’est les spécialistes de l’hôpital et en bas c’est les médecins traitants. On finit par croire que la médecine est une accumulation d’automatismes sur « quoi faire dans telle situation », et que l’aspect d’écoute et d’empathie, « c’est très bien mais ça ne sert à rien ».

Le stage a-t-il changé ta vision de la MG ? Plutôt en positif ou en négatif ?

« – Oui, en positif

– Le stage a changé ma vision de la MG en bien, la variété, le fait de revoir des patients plusieurs fois (le suivi des patients quoi !!  ) sont des points positifs que je retiens de ce stage !

– Oui, bien sûr. En fait ma vision de la MG s’est surtout précisée. Il y a des points positifs qui sont apparus et des points négatifs aussi.

Du coup, la médecine générale m’a moins attiré après mon stage : parce que je ne pense pas que ce soit mon tempérament, tout simplement.

– En fait le stage m’a permis de voir un certain nombre de situations, et ça a participé à des changements dans ma vision des choses qui se font de manière continue, très progressivement, à mesure que j’observe. Le stage s’est inscrit à un moment de ma vie où ma vision changeait déjà, où je n’avais plus aucune confiance dans la norme édictée par la fac et l’hôpital, et où je cherchais surtout à voir « comment c’est en vrai ».

Quels sont les points principaux qui t’ont étonnés dans la MG que tu n’imaginais pas comme ça ?

« -La variabilité d’un médecin à l’autre dans la relation au patient.

-Le fait qu’on puisse orienter les entretiens selon ses goûts et que ça conditionne la patientèle qui nous consulte.

-Probablement je ne m’imaginais pas la charge de travail qu’ont les médecins généralistes. Faire des semaines avec 30 consultations par jour est usant. La solitude aussi, est pesante : le fait d’être toujours en consultation avec peu sinon aucune opportunité pour discuter de problèmes avec des confrères et ainsi s’améliorer …

– Aussi, je n’imaginais pas qu’il y avait autant de demandes de certifs-à-la-con. C’est quelque chose qu’il faudrait revoir, car certes ce sont des opportunités pour revoir son MG (et ainsi des opportunités de dépistage) mais ce sont aussi parfois beaucoup de pertes de temps…

– L’impression d’autonomie et de liberté.

– Flexibilité, adaptation de la pratique au praticien

– Suivi des patients, peu de perte de vue

– Les patients racontent vraiment leur vie tout le temps

-La vision bornée « le MG sert à appliquer des routines pour traiter des choses pas graves et détecter les choses graves qu’il envoie à l’hôpital » s’est substituée en : « le MG possède plein d’outils à sa disposition pour aider les gens, et il peut utiliser la stratégie qu’il préfère et l’approche en laquelle il croit le plus pour les aider ».

Quelles sont les choses que tu trouves bien dans l’exercice de la MG en cabinet ?

« – L’autonomie, la possibilité d’orienter les consultations vers ce qui nous plaît ; la large place du dialogue et de l’écoute, le fait que les gens semblent venir ici de leur plein gré pour demander conseil et qu’ils se sentent souvent aidés ; par rapport à l’hôpital où on a parfois l’impression que les patients font les choses pour obéir aux instructions du médecin, en se croyant eux-mêmes ignorants et souvent impuissants.

– La variété, le fait qu’on côtoie des personnes de différents milieux, des enfants, des personnes âgées ; et qu’on puisse faire au moins un petit quelque chose pour tous ceux qui viennent demander de l’aide ; contrairement à la spécialisation où l’on cible un population toujours plus restreinte.

– Flexibilité +++  => horaires  => type de pratique

 – Possibilité de garder un contact avec l’hôpital

 – Possibilité de faire de la psy, de la pédiatrie, de la gériatrie, de la gynéco, … => exercice varié et enrichissant

– Visites à domicile => aspect totalement inconnu, abord des patients différent dans leur cadre de vie, super intéressant aussi.

-On pratique la médecine comme on le veut.

– On voit les choses qu’on aime 

– On connaît et on suit ses patients. »

Quelles sont celles qui te déplaisent ?

« – Paperasse : arrêts de travail, poursuite d’arrêt de travail, accident de travail même si côté clinique/interrogatoire/relation avec le patient souvent intéressante dans ces cas là.

– Etre tout seul en cabinet…

– Les demandes de thérapeutique (atb) quand ils ne sont pas indiqués.

– Les certifs-à-la-con.

– La paperasse administrative.

– La potentielle solitude… (mais y a twitter)

 – Et j’aime bien voir les pathologies graves de l’hôpital…

– La répétiton de certains motifs de consultation, par exemple la toux, les rhinopharyngites, certificats de sport…

– Aussi, le sentiment d’impuissance dans plusieurs situations ; et le sentiment d’injustice par rapport à ce que vivent les gens ; mais ces choses n’ont rien de spécifique à la médecine, et font simplement partie de la vie quotidienne dans notre société. »

Considères-tu que le stage d’externe en médecine générale est intéressant ? pas plus que ça ? important ? indispensable ? une perte de temps par rapport au programme ECN ?

« – Oui, intéressant et important, pas forcément indispensable si choix trèèèèèès ancré dans spécialité hospitalière, mais comme dans la réalité pas mal de monde va se retrouver MG + même ceux qui veulent faire une spé envisage à terme une pratique en ville, ce serait mieux d’avoir plus de possibilité de faire ce stage = plus de terrains de stage.

-Indispensable !!!!! Parce que la moitié d’entre nous va devenir MG et parce que trop de gens ne connaissent pas cette spécialité !

– Permet de sortir du champ des idées préconçues de la fac et de l’hôpital par rapport à la MG.

– Oui, mais, vu le nombre de maître de stages encore trop insuffisant, il serait probablement plus judicieux de diminuer la durée de stage de MG pour faire découvrir la spécialité à plus d’étudiants. Le passage en MG est indispensable vu que la moitié d’entre nous finiront MG.

– Il m’a beaucoup intéressé, et c’est un de mes stages préférés depuis que j’ai commencé l’externat. Je crois qu’il est très important que tous les étudiants s’initient à ce qu’est la MG, et passent 1 voire plusieurs fois en cabinet, en institution, en école… bref dans plein de milieux différents qui nous permettront de voir des modes d’exercices variés et de nous ouvrir les yeux et les cerveaux.

– Par rapport au programme ECN… étant donné que je n’ai pas besoin d’avoir un super classement pour obtenir le poste que je désire, je n’ai pas envisagé les choses de cette manière, je n’ai pas d’avis. Mais c’est sur qu’on peut apprendre des choses, par exemple lorsqu’un patient se présente avec un symptôme c’est l’occasion de revoir l’item correspondant et de se remettre en tête la démarche diagnostique. Je dirais que c’est comme tout stage, ça dépend comment on le prend et de notre motivation.

 – Absolument pas de perte de temps par rapport à l’ECN puisque permet de balayer des items dans de nombreuses matières (ex : angine, douleur du dos, gale, psoriasis, fracture cheville, etc.) et de plus stimulant puisque soit pose du diagnostic directement (ex de l’angine), et poursuite du suivi si diagnostic déjà posé (ex : patient fracturé ayant été aux urgence) »

 Ce stage aide-t-il pour le choix futur de la spécialité ? A-t-il changé ton idée par rapport à l’éventuel choix de la MG ? dans un sens ou dans l’autre ?

« – Bien sûr ! Je sais qu’au final, si je fais médecine générale, je pourrais moduler ma pratique en fonction de ce que j’aime faire…

– Oui … et non !:) Ce stage m’a fait comprendre que quelque soit mon classement je trouverai une spécialité qui m’intéressera !! mais je ne suis pas à l’abris de trouver une autre spécialité qui m’intéresse…

– Oui, mais pas plus qu’un autre stage => permet de se rendre compte de la réalité de la spécialité de MG.

– Oui ! J’hésitais vaguement entre psy et MG, ou bien autre chose (neuro… ?). Maintenant je suis sûr que je ferai l’un de ces choix, ça m’a permis d’éliminer les autres, en fait ça m’a ôté l’envie de me spécialiser pour le moment.

– Oui. Plutôt dans un sens. Ou dans l’autre. Ça dépend du sens quoi. =p (m’a donné envie de faire de la MG donc 😉 Choix non définitif pour le moment, en attente de mes stages suivant !)

– Oui si je choisi la MG ce ne sera pas par défaut !!

– Cela a précisé mon choix. Je pense préférer la pratique hospitalière donc je pense que MG sera dans mon top 5 mais probablement 5ème choix !

Et bien sûr, je n’ai pas pu ne pas parler de la Seine-Saint-Denis…

Question inévitable: Qu’as-tu pensé de l’exercice de la médecine en Seine-Saint-Denis ?

« -Patients globalement agréables et sympathiques

 – Beaucoup de pédiatrie

 – Beaucoup de patients sous CMU ou AME, population différente des grands hôpitaux parisiens, soulevant d’autres problématiques. Oblige à réfléchir au coût de ce que l’on prescrit, à ce qui est remboursé ou non. Intéressant +++

 – J’ai beaucoup aimé l’exercice dans ton cabinet en SSD.

– Franchement (même si j’étais parfois pas très motivé à venir, surtout l’hiver !) j’ai beaucoup plus apprécié la pratique de la médecine générale en Seine-Saint-Denis qu’à Paris 15è arrondissement ! La pratique est en fait beaucoup plus intéressante car plus diversifée. Les patients ont plus de « vrais » problèmes que dans certains quartiers de Paris intra muros. Je dis pas que ceux là n’ont pas de problème hein. Les problèmes sont différents !! Bien sûr, la proximité avec les spécialistes libéraux ou hospitaliers à Paris (ou dans les grandes villes) font de la pratique de la MG quelque chose de beaucoup plus « accessoire », les gens ont tendance à aller directement vers le spécialiste, alors qu’en banlieue, et en milieu rural, le médecin généraliste est vraiment en première ligne. Et puis bon faire des visites à domicile en Seine Saint Denis c’est pas un truc que je me serais un jour imaginer faire !

– Etrange… les pathologies rencontrées étaient globalement les mêmes que chez mon autre MSU (paris 15ème) mais la population étaient plus jeune, et il y avait plus de traumato (travaux plus manuels)… parfois quelques pathologies tropicales bien intéressantes !

– J’ai vu une population différente : plus pauvre que chez les autres MSU (paris 7è et 15è). Aussi, c’était en secteur 1 alors que les autres étaient en 2, ce qui sélectionne encore plus la population. J’ai beaucoup aimé car je voyais davantage d’enfants et ça me plaît beaucoup ! On voit aussi des situations vraiment difficiles, de migrants ou de gens qui vivent avec très peu de revenus, ou se débrouillent pour survivre. Ça donne plein de choses à voir et à réfléchir. »

Quels sont les points principaux qui t’ont étonnés en Seine-Saint-Denis que tu n’imaginais pas comme ça ?

« – Je m’attendais à des barres d’immeubles et je suis tombé dans une zone pavillonnaire !

– Le problème de proximité de tous les examens complémentaires, et même des hôpitaux. La galère pour se déplacer de certains patients pour avoir accès à tout ça. Idem pour les spécialités hors MG et même pour les MG : patients font parfois pas mal de trajet pour aller voir un médecin.

– Le fait que la quasi totalité des femmes voilées m’ont laissé assister à la consultation (un seul refus en 3 mois!) !  Je pensais que cela aurait été plus difficile …

-La fragilité de la population… Passant du salarié en conflit avec son employeur pour des histoires d’arrêt de travail, au sans-papier ayant l’aide médical état (dont il faut maintenant payer, quoi 30€ pour faire la carte ?), mais aussi au type qui se débrouille plutôt bien et qui vient pour son angine !

– La gentillesse des patients!

Quelles sont les choses que tu trouves bien dans l’exercice en Seine-Saint-Denis?

 » -… La population croisée ?

 – Ah si, le fait de devoir bien être au courant de tous les trucs CMU, AME, la collaboration avec l’asso machintruc pour les gens qui ont des problèmes sociaux, c’était pas mal. Je trouve que ça aide à mieux comprendre le système de la sécu, à mieux prescrire (certains médocs non remboursables) et que ça aide aussi à faire valoir les droits qu’ont les patients par rapport à leur situation et à la sécu. Gestion des problèmes sociaux, aide pour la prise de rendez-vous, pour remplir la paperasse.

-La possibilité d’aider des gens qui appartiennent à des classes sociales moins favorisées ou défavorisées ; ça lutte un peu contre l’injustice générale ; ça montre aux gens qu’on a envie de les aider et de les soutenir pour qu’ils trouvent le moyen de s’en sortir. (En fait c’est vrai aussi n’importe où, pas qu’en SSD…)

– Les pathologies sont variées, il y a de tout, de l’infectieux, de la traumato, de la gériatrie, de la pediatrie, enfin bref une médecine générale quoi !

– A aucun moment je ne me suis senti en insécurité : les médecins sont très respectés.

 -Ce n’est pas si loin de Paris en plus !;)

– Il y a du boulot

– Les problèmes sont diversifiés

-J ’ai dit que les patients étaient gentils ? »

Quelles sont celles qui te déplaisent ?

« – Pas de choses en particulier.

– Le RER B!  Bon bah c’est sur que je suis parisien… C’est un peu loin de Paris quoi (30 min de RER !!! Mais c’est la campagne ! JE RIGOLE)

– C’est parfois un peu ghetto… Les visites dans les quartiers de traffic de drogue ça me rassure pas ! (mais ils laissent passer le docteur sans problème)

– Tous les trucs de la question au dessus impliquent un maaaaaax de paperasse :Gestion des problèmes sociaux, aide pour la prise de rendez-vous, pour remplir la paperasse => certains jours on aimerait bien un peu plus de médecine, y a du plus et du moins dans ça (notamment, difficulté à prendre des rdv parfois)

– Pas vraiment eu de déception !:)

Voilà, je ne mettrai pas les réponses à la dernière question sur la maitre de stage parce que ça ferait prétentieux:-)
mais les réponses m’ont touchées: à tous les 4, merci pour votre implication lors de ce stage et merci pour avoir répondu à ce questionnaire.

<3

 

Mon externe

Quand j’étais petite, je voulais être institutrice et quand j’ai été moyenne, j’avais comme projet d’être prof de maths. Je jouais à la maitresse tout le temps et au lycée et à la fac je donnais des cours de soutien. Bref, jusqu’à ce que soudainement et mystérieusement, je décide de faire des études de médecine, j’ai toujours eu la vocation de l’enseignement.

Je me suis dit que peut-être, dans la médecine, je pourrais aussi faire de l’enseignement, cependant la voie de la médecine générale n’est pas la plus pratique pour ça, bien qu’il y ait des enseignants de médecine générale et même des professeurs et des chefs de cliniques désormais, la filière universitaire n’est pas encore très développée et il s’agit dans ce cas d’un plus grand engagement que juste faire quelques petits topos à l’hôpital .

L’hôpital aurait en effet pu être le lieu de mon épanouissement pédagogique si j’avais fait des stages en CHU. Quand j’étais externe et que comme tous les externes, j’ai subi les ordres parfois ingrats de certains internes, j’imaginais comme je serai la plus cool des internes, la façon dont j’organiserai les choses…Le seul problème, c’est que j’ai fait tous mes stages dans des hôpitaux de périphérie, non universitaires , donc sans externes..j’étais déçue mais pas au point de délaisser mon ptit hôpital  au profit du grand et diabolique CHU. Mon seul stage en CHU, ce fut aux urgences gynéco, très mauvais souvenir soit dit en passant, l’interne de médecine générale était vraiment pris pour le larbin, j’ai eu plusieurs externes, ils changeaient d’un jour à l’autre, rien de vraiment fixe mais déjà ça, ça m’a fait plaisir, j’ai pu ressentir un peu le plaisir d’apprendre quelque chose à quelqu’un mais surtout ils me tenaient compagnie dans ma solitaire épreuve. Mes externes ont participé entre autres avec moi à mes péripéties de début  de grossesse et gardaient la porte pendant que je me faisais mon échographie hebdomadaire…Bref, c’était bien d’avoir des externes…

J’aurais bien aimé le rôle de chef de clinique, avec des internes, des externes, des P2 même…

Mais, en fait, bonne nouvelle, un médecin généraliste peut avoir des externes, des internes, des SASPAS, des remplacants, des collaborateurs, ça ne s’arrête jamais…

Je vais donc pouvoir allier mon amour de la médecine générale, mon amour de la Seine-Saint-Denis et mon envie jamais assouvie d’être maîtresse d’école…

A partir de la semaine prochaine, je vais avoir un externe. J’ai choisi d’être maître de stage à ma fac parisienne plutôt qu’à Bobigny, dans le but de faire venir des petits parisiens dans mon 93…Enfin, pas que ça bien sûr, mais c’est un petit plus.

Le but est d’avoir de nouvelles perspectives, de faire des rencontres, de s’améliorer au contact de quelqu’un, de se remettre en question, de partager son métier, d’avoir le privilège et la lourde tâche de faire decouvrir la médecine générale. Bien sûr, la partie militante en moi, est contente d’avoir l’occasion de partager ce que j’aime, et peut-être de faire aimer la médecine générale, peut-être même la Seine-Saint-Denis.

Mais je serai tolérante, si mes externes veulent devenir chirurgiens, je les aimerai bien quand-même…

Je sais que cela ne va pas être facile, d’avoir quelqu’un qui m’observe, de sentir le regard et un peu le jugement quand-même de quelqu’un d’autre. Moi qui suis timide..si si .. ça va me faire bizarre et puis cela va être difficile de faire tous les trucs pas bien que je fais, que je sais que c’est pas bien mais que je fais quand-même: genre prescrire des médicaments qui servent à rien, des antibiotiques quand je sens bien au fond de moi qu’il faut pas en prescrire, ne pas faire de streptotest parce qu’il est tard, que y a du monde et que j’ai la flemme, ne pas bien voir les tympans ou  les trouver un peu rouges mais pas trop et décréter que c’est une otite parce que c’est plus simple et que toute façon y’a personne qui va regarder après et dire que c’est pas vrai …ah ben si…Donc, il va falloir que je sois plus rigoureuse…

Je sais aussi que je ne suis pas très « examen clinique »: je ne fais pas assez déshabiller les patients, je ne sais pas palper un foie et je ne me rappelle pas la dernière fois que j’ai pris les pouls d’un patient. Je sais que les externes sont habitués à faire des examens cliniques complets, cela va faire bizarre à mes patients de se faire taper les reflexes: mince, il faut que je retrouve mon marteau à réflexe: où je l’ai mis ?

J’ai conscience de mes lacunes (enfin peut-être qu’il y en a dont je n’ai pas conscience).Je sais aussi que c’est une bonne occasion pour les corriger un peu, d’être plus rigoureuse,de réapprendre des choses oubliées, d’apprendre des nouvelles choses… mais bon j’espère que je serai à la hauteur…

Parce qu’en plus ces saletés d’externes, ils notent les maitres de stage et que y’en a un qui a 5/20 parait-il…et mon médecin ce héros, il m’a dit qu’il avait la meilleure note de la fac, ce qui ne m’étonne pas! Donc, c’est un peu la pression, pas de la note, ça je m’en fiche (enfin, pas un 5/20 quand-même), mais parce que les externes, cela va être la première fois qu’ils mettent les pieds dans un cabinet de médecine générale et que cette première impression va conditionner leur choix par la suite.

Je ne veux pas absolument que tout le monde aime et choisisse la médecien générale ( quoi que ..), mais je voudrais leur donner une première vision aussi enthousiasmante que le fut la mienne quand j’ai découvert la médecine de ville. Je sais que c’était quelque chose qui me plaisait mais avec le condtionnement que l’on a pendant nos études, et mon gôut pour d’autres spécialités et en particulier la gynéco, si je n’avais pas inventé mon stage d’externe en D2 en allant dans le cabinet de mon médecin ce héros, est-ce que le moment venu, j’aurai fait ce choix ..

Donc le stage d’externe en médecine générale est une chose très importante, un vrai progrès (vous pouvez lire un peu l’historique des stages en médecine générale dans cet article), et donc je trouve que ce n’est pas une mince responsabilité que d’avoir un externe.

Je sais aussi d’après mes copines qui ont des externes que ce n’est pas une partie de plaisir,qu’ils sont parfois peu motivés, mous, qu’ils connaissent rien, y’en a même des psychotiques, et que ce n’est pas toujours une partie de plaisir…je m’en fiche, pour l’instant, comme à mon habitude de bisounours, je suis contente…

Et en plus, mon futur externe, je le sais motivé (même si il ose prendre des vacances pendant son stage 😉 )pas contre l’idée de faire de la médecine générale, et maintenant qu’il a fait connaissance avec mon humour à la con, je sais qu’on va bien travailler et s’amuser…

Parce que j’écris ça avant que le stage ne commence et qu’on ne s’est pas encore rencontré, mais c’est un peu particulier parce qu’on se connait déjà virtuellement, qu’on se cotoie sur twitter, qu’il lit mon blog et que après je ne pourrai plus dire des choses sur lui.

Oui, c’est un peu particulier, et cette notion de twitter doit être un peu hermétique pour beaucoup de monde (et j’en profite pour digresser et dire que après quelques mois d’expérience,je trouve vraiment que twitter est une source pour moi d’enrichissement  professionnel et personnel et qu’il y a toujours quelqu’un sincèrement à l’écoute et que en période de fêtes,c’est encore plus appréciable, merci twitter ) et c’est une peu embêtant, on ne pourra pas (trop) twitter l’un sur l’autre, mais on est en 2012 bientôt, il faut vivre avec son temps..

Et ça fait plaisir à mon côté narcissique qu’ un étudiant parisien ait choisi de venir faire son stage en Seine-Saint-Denis chez moi,en sachant qui j’étais et après avoir lu mon blog. Bon, je suis réaliste, je sais qu’il n’avait peut-être pas beaucoup d’autres choix (il ne choisissait pas en dernier cela dit) mais j’aime à penser, que peut-être (peut-être hein), ce que j’écris a un petit impact sur la vision de mon métier et de mon département et que mon message est un peu entendu…C’est un début mais une petite victoire pour moi.

Et sur la vision de mon département, il y a du boulot: (désolé J. ( je peux t’appeler J.?) je vais encore me moquer, je m’en excuse), mais il semblerait que des interrogations et quelques craintes subsistent, merci « aux potes qui racontent des horreurs », et devant témoin je me porte garante une nouvelle fois de votre sécurité à toi et à ton Iphone…vous pouvez venir tranquille dans ma banlieue. Et en cas de dommage (sur toi et on Iphone, je prendrai tout à ma charge…)

Et, pour te prouver ce que je dis: je remets la photo de moi et mon (feu) Iphone (dont l’état n’a rien à voir avec la Seine-Saint-Denis) dans le RER B sains et saufs!

 

Enfin, fais quand-même une synchronisation…on sait jamais …