To be or not to be anonymous ? ( et ta thèse ?)

Telle est la question !

Bien sûr, à l’instar de la plupart de mes confrères blogueurs, je me suis dit qu’il fallait respecter mon anonymat , secret médical, tout ça. Il est vrai que j’imagine mal que les patients aient accès à ce que j’écris.Même si le secret médical est respecté, ils pourraient perdre confiance et prendre peur que ce qu’ils confient soit raconté. D’autre part,c’est surtout moi qui n’aimerait pas savoir que ce que j’écris sera lu par des patients .

Déjà qu’il m’est difficile de me dire que beaucoup de gens que je connais vont lire tout ça,d’autant plus que j’ai écris beaucoup de choses en croyant ne jamais être lu. Je n’ai pas trop réfléchi avant de me lancer et je suis un peu dépassée par les évènements .Déjà 800 visites grâce à la solidarité twittérale. Maintenant que c’est lancé, c’est trop tard pour faire marche arrière et prendre le temps de me poser des questions fondamentales : Pourquoi ? Quelle drôle d’idée ? A quelle douce folie est-ce que cela répond ? et plus terre à terre :Anonymat obligatoire ? et sûrement bien d’autres qui viendront à fur et à mesure.

Quel est le problème avec l’anonymat me direz-vous?

Un problème majeur: il prive l’univers de ma thèse !! Bon pour restituer les choses , elle n’a rien d’exceptionnelle ( la médaille ne fut même pas d’argent ) c’est juste que moi je l’aime bien … Elle parle de choses dont personne ne parle et que mon petit côté militant aimerait partager .C’est comme quand on a envie que tout le monde voit son bébé comment il est beau et tout mignon même s’il est pas plus beau qu’un autre ( bon la mienne l’était mais c’est comme ma thèse il se peut que je manque d’objectivité ).

Et puis la gestation fut tellement longue que même si j’en ai fait qu’un , j’aurai eu le temps d’en faire plusieurs des vrais bébés pendant ce temps là. Je me rappelle que je disais que je m’y mettrai pendant mon congé maternité. La bonne blague, un peu plus ma fille aurait pu assister à ma soutenance tellement j’ai mis du temps ( et puis regarder les sept saisons de gilmore girls m’a pris tout mon temps libre) .Mais bon dernière licence de remplacement expirée et la menace de quadruplement de ma dernière année, il a bien fallu s’y mettre .

Tous ceux qui sont passés par là ont probablement eu a subir cette éternelle question : et ta thèse?

La phrase qui tue d’autant plus qu’elle peut s’étaler sur de nombreuses années quand comme moi on remet toujours à plus tard ce qu’on pourrait faire le jour-même. Maintenant que c est fini depuis plusieurs mois, cela parait loin mais c’est comme le permis de conduire, j’ai bien cru que cela n’en finirait jamais. Le plus dur fut de s’ y mettre et cela est d’autant plus difficile que la fin des études est loin et qu on a perdu l’habitude de bosser tout le temps. On se demande même comment on a pu passer autant d’années à ne rien faire d’autre. Ça parait fou.

Mais c’est une question d’endurance et une fois qu’on est reparti, on trouve même une certaine satisfaction à se servir à nouveau de son cerveau (c’est à dire pour autre chose que pour regarder des séries) , à produire quelque chose, à dire: « je peux pas , je bosse ma thèse …  » Et une fois qu’on est lancé, il vaut mieux éviter de reposer la fameuse question : et ta thèse? Car là, la réponse risque d’être longue , très longue car parfois il peut nous échapper que ce sujet puisse ne pas passionner notre interlocuteur.

Il est vrai que même si j’ai mis du temps à l’écrire , en partie par procrastination , en partie par perfectionnisme , j ‘y ai mis tout mon coeur. J’aurais pu choisir n’importe quel sujet que l’on nous propose lors des stages à l’hôpital, qui sont livrés presque clés en main,mais dont l’intérêt est juste celui, certes non négligeable,de se débarrasser de cette obligation. Mais j’ai eu envie de choisir un sujet qui me tenait à coeur,je l’ai trouvé toute seule, ai tout fait toute seule dans mon coin,j’y ai mis tout mon coeur et je suis avouons le ,fière de moi.Oui je ne me vante pas de grand chose dans la vie, mais de ma thèse je suis fière. Et pourtant, rien de transcendant, je ne sais pas si beaucoup de personnes ont eu le courage (en dehors des insomniaques ) de la lire en entier.

Car, en plus , elle est longue, très longue …

Et si c’était quelque chose dont j’aurais pu me vanter, je pourrais même dire qu’elle est remontée jusqu’à l’ Elysée lors d’un simulacre de rencontre avec huit médecins , dont a fait parti par un concours de circonstance mon directeur de thèse ( simple généraliste de banlieue ) avec Elisabeth Hubert et notre président au moment où celui ci faisait semblant de s’intéresser à la médecine générale …

Et aujourd’hui, j’ai tapé mon nom sur google (pour accéder à ma thèse ) ,et je suis tombée par hasard sur un article de la diffusion d’une interview sur Radio France Internationale donnée il y a plusieurs mois par un des membres de mon jury de thèse où il cite mon nom et parle de ma thèse …

Donc forcément maintenant tout le monde a envie de la lire. D’ailleurs je lui ai réservée une page sur le site en prenant bien soin de retirer la première page avec mon nom … Mais juste après j’ai réfléchi qu’avec le titre, on pouvait retrouver mon nom sur google puisqu’elle est en ligne et que niveau anonymat , cela n’est pas terrible …Donc au bout de quelques heures ( oui j’ ai un temps de réaction un peu long ) je l’ai retirée .

Je ne peux même pas dire de quoi elle parle parce que serait facile de la trouver …

Et là je me repose la question : mon anonymat vaut-il le prix de priver l’univers de ma thèse ?

En plus, je  ne pourrai même pas parler de la journaliste qui par un autre concours de circonstance est venue me voir la semaine dernière avec un photographe pour une double page dans un magazine que même s’ il est gratuit et peu connu je ne peux pas nommer ( euh c’est pas voici moi )

Je vois que pour préserver son anonymat , on peut refuser le plaisir de dédicacer son livre ou de faire une émission de radio .D’autre part , certains « éminents blogeurs  » ne sont pas anonymes. Cela pose -t-il problème ? Et à  partir du moment  où mon nom n’apparait pas sur le blog ?

Donc pour l’instant, tant pis… Si des fois dans ce que j’écris, il y a des passages qui semblent un peu plus sérieux ( pour ne pas dire ennuyeux ) , c’est que j’essaierai discrètement d’en passer quelques extraits ..

Et si certains de mes confrères sont intéressés ( ou insomniaques )  je peux éventuellement vous la donner en privé. Je n’ai pas de patients médecins alors c’est bon  ..

Je sais que mes confrères blogueurs ne manqueront pas de me donner leur avis et je les en remercie.J’en profite pour les remercier sincèrement ainsi que toute la communauté twittérale pour leur accueil, leur soutien, leurs retwetts , leurs commentaires encourageants, constructifs et surtout très gentils. J’en suis émotionnée et je vais peut-être finir par aimer un peu les médecins finalement …