Le travail, c’est la santé…

Lundi – 25 patients – 19 patients en âge de travailler dont 3 femmes au foyer et 1 sans papier.

1 accident de travail.4 arrêts de travail.1 duplicata. 2 refus d’arrêt de travail par les patients

Mr N. jeune diabétique de 27 ans au suivi difficile, ancien militaire, me rapporte qu’il va demander une rupture conventionnelle car son travail de manutentionnaire est trop difficile en raison de son mal de dos suite à une fracture vertébrale après un saut en parachute et à ses nombreuses hypos…

Mme O. 45 ans vient pour son frottis. On discute mais elle est pressée, elle doit retourner au travail. Il est 15h30. Elle est femme de ménage, elle prend le premier RER le matin, fait plus d’une heure  de transport, travaille 3 heures, rentre chez elle, repart à 16h, revient à 21h passée…plus de 4 heures de transport pour 6 heures de travail payés une misère…Elle ne veut jamais d’arrêt.

Mme O.  vient pour sa fille de 2ans qui est constipée. « Elle n’a pas beaucoup mangé ces derniers jours, mon frère a failli mourir, il a été poignardé à son travail.. » Ah oui c’est ptet ça…

M. 17 ans est une ado compliquée dont l’avenir professionnel est plus qu’incertain…Elle est contente, elle a été au mac do,ils lui ont dit qu’ils voulaient bien l’embaucher..

Mme C. 59 ans vient d’être déclarée inapte par le médecin du travail pour une BPCO. Cela la précipite dans la retraite quelques mois plus tôt. Malgré un travail difficile dans la grande distribution, elle est perdue et triste de cette nouvelle. Que va-t-elle faire? La retraite est souvent un cap difficile .

Mr C. 35 ans, est en situation irrégulière. Il parvient à travailler ponctuellement au noir mais son histoire m’attriste et me révolte.

Mme B. 35 ans vient chercher un énième duplicata car la sécu a perdu son arrêt… Sans commentaire…Mme B. vit une histoire très compliquée de souffrance morale au travail à propos de laquelle on pourrait écrire un roman, conflits avec l’employeur, multiples épisodes, burn out, dépression, plaintes, licenciement…

Mme P. 40ans, auxiliaire de vie, a un lumbago, comme d’habitude refuse mon arrêt. Oui, c’est ça mon quotidien, les patients qui refusent mes arrêts…j’en parlais dans « Bande de fainéants »

Mr B. 40 ans, un de mes patients préférés, cuisinier, va littéralement se tuer au travail je pense. Il fait 70 heures par semaine, a de multiples pb médicaux et les seules fois où il a utilisé un de mes arrêts de travail, il a été travailler quand-même (sans être payé donc). Ce n’est pas que du fait de son employeur..Aujourd’hui, on aborde l’idée d’aller voir un psy…

Mme P. travaille dans une chaine discount de la grande distribution ou les conditions de travail sont particulièrement difficiles voire choquantes. Je ne crois pas lui avoir déjà fait d’arrêt de travail… Elle vient d’apprendre une grossesse longtemps désirée et est heureuse même si ce premier trimestre est physiquement très difficile. Pour éviter de porter des charges lourdes, elle a annoncé sa grossesse à sa supérieure qui d’abord s’est mise à pleurer, ensuite l’a raconté à tout le monde et depuis lui fait des réflexions incessantes, lui donne des horaires ou des postes difficiles. Mme P. dynamique et joviale arrive au bord des larmes, dans un état d’anxiété inhabituel, me raconte une altercation qui a été suivie d’une crise d’angoisse avec malaise sur son lieu de travail. Elle voulait tenir mais se sent incapable d’y retourner. Je lui explique que l’on peut déclarer son arrêt en accident de travail. Elle éclate en sanglot et entre deux sanglots me dit « Merci ». C’est un merci qui pour elle signifie que l’on reconnait l’injustice de ce qu’elle vit. Je lui explique l’avantage mais surtout les inconvénients de la déclaration en AT mais elle est sûre d’elle, elle est prête à « lutter »

Mme D. travaille en crèche, son travail lui plait, elle n’a aucun souci sinon de choper plein de microbes…

Une journée ordinaire, prise au hasard, sans tricher, des histoires comme ça, il y en a des tonnes, pas une journée ne se passe sans un accident de travail, sans pathologies liées au travail..c’est  le quotidien.

Quand j’ai débuté ce blog, une de mes motivations, un des sujets dont je voulais vraiment parler, c’était des pathologies liées au travail que je rencontrais au quotidien. C’est un sujet tellement important, tellement permanent qu’à la fois je pourrais écrire un livre entier sur le sujet et qu’en même temps, je ne sais pas comment en parler ici.

Les pathologies liées au travail, plus ou moins directement, c’est le quotidien d’un médecin généraliste.

Mes patients sont ouvriers, femmes de ménage, cadres, secrétaires, instits, profs, beaucoup travaillent à l’aéroport comme bagagistes ou autres avec des horaires décalés, assistantes maternelles, fonctionnaires,soignants, caissières, informaticiens, commerciaux, en recherche d’emploi, travailleurs sans papiers, femmes au foyer (un vrai travail!!)…

Mes patients consultent pour des problèmes cardio-vasculaires, pour des troubles musculo-squelettiques, pour des troubles digestifs, pour des pathologies intercurrentes, des viroses, pour des insomnies, du stress, de la dépression, de la fatigue…

Tous ces maux peuvent être attribués aux emplois ci-dessus.

Ces principaux motifs de consultation que l’on rencontre en médecine générale peuvent tous être plus ou moins liés au travail. Parfois c’est évident, comme une tendinite ou un mal de dos chez quelqu’un qui fait un travail physique, et cela n’est pas simple à prendre en charge pour autant et parfois il faut creuser, comme des maux d’estomac ou de l’insomnie qui sont en fait liées à une souffrance au travail qui parfois nous est confiée spontanément et parfois non. Même quand une pathologie médicale n’est pas liée au travail, comme une gastro par exemple, la question du travail avec la nécessaire justification d’absence pour l’employeur entre forcément dans la consultation.

Comme nous sommes parfois plongés au coeur de l’intimité, nous voilà alors plonger dans un quotidien d’un monde du travail qui nous est totalement inconnu et parfois difficile à appréhender.

Je suis tellement affligée  par les conditions de travail de mes patients,et impressionnée par leur volonté et leur résistance. Je serais incapable de faire la moitié de ce qu’ils font, de ces femmes courageuses qui se lèvent à l’aube pour effectuer des heures de trajet et un travail harassant ou de ces hommes près à tous les efforts et les compromissions pour nourrir leur famille, je suis révoltée par leur condition de travail, par ce qu’ils me racontent des relations avec les employeurs ou les collègues. J’ai entendu tellement d’histoires..

Mais mon rôle n’est pas celui de la compassion mais celui de les accompagner et de les soigner…sauf que ça, ce n’est pas dans les livres de médecine.

Je n’ai pas appris comment gérer médicalement les problèmes physiques liés au travail (notamment les douleurs telles que les tendinites, lombalgies etc que l’on appelle troubles musculo-squelettiques) et je n’ai pas appris à gérer les problèmes de souffrance au travail que l’on appelle RPS (risques psychosociaux). Surtout je n’ai pas appris toutes les subtilités administratives, je n’ai appris comment aider un patient au niveau social et administratif. Je n’y connaissais rien au droit du travail, je ne savais même pas ce que siginifiait le mot « rupture conventionnelle du contrat de travail », je ne savais pas comment intégrer le médecin du travail dans ma démarche de soins, ni comment répondre à nombreuses questions concrètes des patients notamment sur le montant des indemnités, je ne savais pas non plus qu’il existait dans les hôpitaux des services de pathologies professionnelles.

C’est un domaine qui m’intéresse énormément, au delà du fait que sa prévalence rend nécessaire de savoir s’y retrouver. Quelques petites années plus tard, par la force des choses et des situations rencontrées et grâce à des séminaires de formations continues  (du temps où les jours n’étaient pas limités et où l’on était rémunérés:petit clin d’oeil à l’OGC et au rapport de l’IGAS), j’ai l’impression de maitriser le sujet et c’est agréable de sentir que je peux aider mon patient de manière correcte.

Lors d’un séminaire sur accidents de travail et maladies professionnelles, j’ai appris beaucoup de choses qui m’aident au quotidien. Je sais peser les avantages et les inconvénients de faire une déclaration de maladie professionnelle (et j’ai été vraiment surprise de constater que ce n’était pas forcément dans l’intérêt du patient de faire une déclaration de MP). Lors d’un séminaire sur les arrêts maladie et l’invalidité, j’ai appris notamment l’intêret du partenariat avec le médecin du travail et notamment de la visite de pré-reprise. J’ai appris à comprendre quelque chose dans le système infernal des fonctionnaires, je sais gérer correctement un temps partiel thérapeutique. Grâce à des expériences personnelles et avec des patients, je connais maintenant le parcours menant à une inaptitude, les délais, les notions d’indemnités temporaire d’inaptitude, d’allocation tierce personne ou autres gros mots ne me font plus peur, remplir un dossier MDPH ne me fait plus blêmir, au contraire, c’est moi maintenant qui incite les patients à les remplir parce que je sais pourquoi (les mots RQTH ou PCH sont maintenant mes amis). Grâce à un séminaire sur la souffrance au travail, j’ai appris comment savoir la repérer et surtout aider les patients au mieux, j’ai appris que l’on pouvait faire une déclaration en accident de travail pour des évènements ayant conduit à une souffrance morale.

Bref, les pathologies liées au travail sont toujours aussi fréquentes, sont souvent une impasse, je me sans souvent impuissante,les récits de mes patients sont toujours aussi décourageants et révoltants, je souhaite toujours que le monde qui m’entoure change  mais je me sens plus armée pour les aider et les conseiller, c’est déjà ça…

Bon, ça fait longtemps que je voulais parler de ce sujet, je n’ai pas réussi à le faire comme je l’aurai voulu mais en cette journée de fête du travail où pour la première fois de ma vie, je n’ai pas suivi la tradition familiale d’aller acheter du muguet et ça me fend le coeur, où la pluie (et quant à moi la flemme surtout) nous a empêché d’aller à la manif, je voulais un peu vous parler de ces travailleuses et travailleurs que sont mes patients et de cette partie de notre métier…

 

Quelques documents

LE SITE ATOUSANTE: la santé au travail

Le site Souffrance et Travail avec notamment la liste des consultations de pathologies professionnelles

Liste des consultations de pathologies professionnelles d’ile de france

Le site de FMC MA-Form avec plusieurs formations sur le sujet

Le site TravaillerMieux notamment sur les TMS

Guide pratique sur les risques psycho-sociaux en entreprise

Lutter contre la souffrance morale au travail

 

 

Mon prix du poster

 

La semaine dernière, quand j’ai vu le nom de Mme B. sur mon agenda, je me suis dit: »oh non pas elle , pfff.. »  Sans raison particulière en plus, c’est juste que quand je l’avais vu les dernières fois, je m’étais un peu sentie coincée, obligée de lui faire un arrêt de travail. Mme B. est une patiente de ma collègue,de 28ans, jeune maman d’une petite fille de 2ans. Je l’ai vu ponctuellement, à 2 ou 3 reprises pour la prolongation de son arrêt de travail qui durait depuis plusieurs mois. Faire des arrêts ne me gêne pas, mais là je ne voyais pas le motif… »je ne me sens pas bien, jsuis fatiguée depuis mon opération de la thyroide il y a un an et demi  » Je sentais bien qu’il y avait quelque chose derrière, elle assurait ne pas être déprimée, que le moral ça allait bien. Ca m’ennuyait de juste renouveler l’arrêt sans comprendre la raison et sans projet derrière, une réorientation, une reprise à temps partiel, mais bon ce n’était pas ma patiente, j’ai essayé de poser des questions, le travail, la maison etc mais sans succès, peut-être et c’est légitime ne voulait-elle pas se confier à moi.

Quand je la revois, on parle déjà du sujet qui me braque. En fait elle a quitté son travail, abandon de poste pour se faire licenciée.J’avoue que j’ai encore quelque à priori, du genre « mais pourquoi » « que va-t-elle faire de sa vie ». Mais bon du coup, elle ne vient pas pour un arrêt de travail…pourquoi vient-elle d’ailleurs, je ne sais plus…pour une douleur abdo je crois. Ma collègue a noté « divorce en cours » sur son dossier la dernière fois. Après la discussion sur son avenir professionnel et ses projets (car elle en a), on aborde donc ce sujet. De fil en aiguille, sans que je ne lui tire les vers du nez, elle me confie qu’elle a réussi à jeter son mari dehors après un adultère qui fut la goutte d’eau qui a fait débordé le vase de 4 années de violences conjugales. Elle me raconte ces 4 années d’enfer,qui ont débutées le lendemain de son mariage, pendant lesquelles, au milieu d’un climat de terreur,elle assumait seule la maison , sa fille, le travail et juste à un moment le travail est devenu le truc en trop qu’elle ne pouvait pas assumer…Et elle ne peut pas y retourner car elle travaille avec la mère de son ex-mari…

Voilà…

Au moins une vingtaine de consultations chez un médecin pendant cette période, pour des motifs flous, qui moi en tout cas m’ont mis mal à l’aise…

Elle n’en a jamais parlé à personne…lui a-t-on posé la question? Moi non en tout cas.

Elle a réussi à s’en sortir toute seule, reconstruit sa vie. Elle a eu de la ressource pour y arriver seule. Cette patiente qu’on aurait pu penser tire au flanc est surtout extrêmement courageuse. Elle n’a semble-t-il plus besoin d’aide maintenant, je lui en ai proposé mais voit bien que c’est trop tard. Cela dit, je ne lui ai pas donné d’infos précises, ni dépliant, ni numéro de téléphone, ne les connaissant pas moi-même.

Lors de cette consultation, ma joie initiale « Putain je savais bien qu’il y avait quelque chose derrière », satisfaction de quand tu arrives enfin à comprendre ce qu’il y a derrière, a vite fait place à « Mais comment jsuis trop passée à coté!!!! »

Qu’aurais-je du faire?

Lui poser la question tout simplement….

C’est pour cela que je me suis arrêter longuement, frappée, devant un des posters du congrès de médecine générale la semaine dernière. C’est pour ce poster que j’ai voté (avouons le, j’ai voté mais trop tard donc ça a pas compté) car il a assurément déclencher quelque chose chez moi et va j’espère changer ma pratique.

Je n’ai pas demandé l’autorisation de le mettre sur ce blog. Je le fais pour promouvoir ce travail formidable mais si pas hasard, cela pose problème, je peux le retirer.

(par contre on voit presque rien: mais  vous cliquez ici:Poster mathilde palisse )

a

Thèse de Mathilde Palisse (REPERAGE PAR LE MEDECIN GENERALISTE DES VIOLENCES SEXUELLES FAITES AUX FEMMES)

EN GROS :

93,1% des femmes interrogées n’ont jamais été questionnées sur les violences sexuelles.

83,4% des femmes interrogées estiment que la prise en charge des violences sexuelles
fait partie du rôle du médecin généraliste et 13,8% qu’elle n’en fait pas partie.
23,4% des femmes ont subi des violences sexuelles dans leur vie
Un tiers des femmes a parlé de son agression à son médecin généraliste
Plus de deux tiers des femmes victimes auraient souhaité que leur médecin leur pose la
question des violences sexuelles
83% des femmes interrogées ont trouvé normal qu’on leur pose la question, 7% ont été mal à l’aise,2% ont été choquées.
Parmi les femmes victimes de violence, plus de 8 femmes sur 10 ont trouvé normal qu’on leur pose la question.
81%  des  patientes  ayant  participé  considèrent  qu’un  dépistage  par  le  médecin
généraliste donne la possibilité aux femmes victimes d’en parler. 53% pensent que cela

devrait être plus systématique. 8% trouvent le dépistage trop intrusif.

Parmi les femmes victimes: Neuf  femmes  victimes  sur  dix  considèrent  qu’un  dépistage  par  le  médecin généraliste  donne  la  possibilité  aux  femmes  victimes  d’en  parler.  Six  sur  dix pensent  que  cela  devrait  être  plus  systématique.  Deux  femmes  trouvent  le dépistage trop intrusif.
Voilà!! C’est un problème qui touche 1/4 des femmes au moins.
Le médecin généraliste doit poser la question de manière systématique, les femmes le souhaitent.
Une question systématique : « Avez-vous subi des violences dans votre vie? »
Si on veut creuser:
3 questions
1.  au  cours  de  votre  vie,  avez‐vous  été  victime  de  violences  verbales,  propos  sexistes, humiliants, dévalorisants, injures, menaces?
2.  au  cours  de  votre  vie,  avez‐vous  été  victime  de  violences  physiques?  Avez‐vous  reçu des coups, des gifles? Avez‐vous été battue, bousculée par un homme?
3.  au  cours  de  votre  vie,  avez‐vous  été  victime  de  violences  sexuelles  :  attouchements, viol, rapports forcés?
C’est si simple, pourquoi ne le fait-on pas?
Premièrement, il faut y penser!!
Ensuite, il faut oser!
Et après il faut savoir quoi faire!! Quand on se retrouve avec ça sur les bras et qu’on ne sait absolument pas quoi en faire !!!
(parce que avouons le, c’est plus simple de faire un renouvellement d’arrêt de travail que de gérer une femme battue…et puis ça prend moins de temps. La semaine dernière-décidément- en fin de journée j’ai passé 45 minutes avec une patiente qui me confiait également (ben oui vu le pourcentage de prévalence) des violences conjugales pour la première fois. C’était l’esclandre dans la salle d’attente. J’ai dit à la patiente suivante très mécontente « J’espère que si un jour vous en avez besoin, vous tomberez sur un médecin qui prendra le temps qu’il faut avec vous ». Mais quand-même, ça m’a bien plombé ma consult!!)
Encore un domaine (parmi tant d’autres et toujours parmi les plus importants) où l’on n’est pas formés.

Les résultats de la grande enquête auprès des étudiants en médecine font état d’un manque de connaissances global des étudiants sur le sujet des violences sexuelles mais également d’un désir de formation de la part des étudiants en médecine de deuxième cycle.

 

 

 

A nous donc, de nous  former tous seuls et pour cela il y a de nombreux outils pour nous aider.

Un court-métrage a été réalisé, je vous conseille de le regarder .


Professionnels, un rôle essentiel dans la lutte… par droitsdesfemmes

 

Pendant le congrès, j’ai assisté à une conférence sur ce sujet, très intéréssante, pendant laquelle notamment j’ai vu ce film. Il a été dit que lorsqu’une patiente provoque chez nous des émotions négatives, qu’elle nous énerve, bref que l’on se dit « Oh non pas elle » quand on voit le nom sur l’agenda, souvent, souvent, il y a une histoire de violences sous-jacente. (De même que les douleurs inexpliquées pour lesquelles on multiplie les examens complémentaires sans rien trouver). Ils nous ont dit « Vous pensez à quelqu’un là, n’est ce pas? » Je pensais à Mme B….

C’est l’alarme bidale de Jaddo

INFOS UTILES

Le praticien face aux violences sexuelles

Le site http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/

les associations prêt de chez vous

Dépliant violences conjugales

Guide violence conjugales:le rôle des professionnels

UN NUMERO UNIQUE : le 39 19

PS: j’ai parlé des femmes mais il y a des hommes aussi

PPS: désolée pour la mise en page pourrie, il y a un bug sur le saut des lignes…

2 ans 5 mois

Début janvier, c’est l’heure des bilans, de l’introspection, des bonnes résolutions….vous mourez tous d’envie que je vous fasse le bilan de mon année hein!!

Et ben non!! (Soupir général de soulagement je vous entend)

Jsuis trop fatiguée pour ça, et ces articles du 17 reviennent bien trop souvent, ça devient soulant hein?

Alors on passe ce mois ci?

Et puis jsuis occupée à trouver un nouveau nom pour mon blog! (ça tombe bien cela dit le nom est pas terrible terrible, j’ai pourtant passé au moins 30 secondes pour le choisir) Vous avez vu qu’ils veulent supprimer la Seine-Saint-Denis??!! Mais pourquoi donc?!!! Je comprends pas bien l’intérêt mais moi jserais bien triste ! Et je devrais dire « je suis médecin dans la grande couronne parisienne » pff c’est pourri!

Bref, sans transition aucune et pour que cet article ne soit pas totalement inutile, je vous invite fortement à lire cet article sur l’examen gynécologique en décubitus latéral gauche, pour ceux qui ne connaissent pas. C’est vraiment très intéressant comme concept et en plus jsuis hyper fière de connaitre la fille pas du tout crispée du périnée qui fait sa thèse dessus et que c’est trop ma grande amie que j’aime.

Et au fait bonne année quand-même!

Mais c’est Noël!!!!

« Jsuis venue aujourd’hui, même si ça fait que depuis un dixième de seconde que je suis malade parce que demain c’est Noël alors… »

« Oui docteur, vous savez, moi d’habitude je viens pas pour un simple rhume, mais là, c’est Noël, alors… »

« Faut absolument pour vous trouviez un truc pour me remettre en forme, parce que c’est Noël quand-même… »

« Elle a pas de fièvre, elle va bien, elle tousse juste un peu, mais comme demain c’est Noël, j’ai préféré venir vérifier… »

« Docteur, s’il vous plait, j’ai 25 personnes chez moi pour le réveillon…faites quelque chose pour moi…c’est Noël Docteur… »

AH!!! MAIS FALLAIT LE DIRE!! SI C’EST NOEL, C’EST PAS PAREIL

Si c’est Noël, je sors tous les médicaments  que je garde en cachette rien que pour moi toute l’année!! Ceux qui guérissent le rhume, qui enrayent la toux en moins de cinq minutes, qui redonnent la pêche en quelques secondes et surtout qui empêchent que ça tombe sur les bronches!!!!

Nan, mais jleur en veux pas aux patients de tenter leur chance! On passe notre temps (enfin surtout dans les téléfilms de M6 où les gens aigris ne croient plus au Père Noël, avant que la magie de Noël ne les fasse changer d’avis) à déplorer que l’esprit de Noël a disparu! Alors, c’est plutôt attendrissant de voir en ces périodes de fêtes que les gens gardent cet espoir fou au fond de leur coeur que le Père Noël existe et que le Docteur puisse guérir les rhumes…en tout cas au moins quand c’est Noël….

Mais le pire: vous savez c’est quoi le pire….c’est que moi, même si jpasse mon temps à râler que Noël, jm’en passerai volontiers..(.en fait c’est parce qu’au fond de moi, jsuis aigrie-comme dans les téléfilms d’M6-parce que jvoudrais retrouver les Noëls de mon enfance et puis que en fait maintenant que jsuis grande j’ai plus de cadeaux et du coup c’est quand-même moins marrant quoi…) , je suis restée une grande enfant qui a encore envie de croire au Père Noël et en plus comme je ne suis qu’empathie, les gens qui sont malades pour Noël, jtrouve ça vraiment, vraiment dur, alors pour peu qu’ils aient une angine, là je me dis qu’il faut vraiment que je fasse quelque chose!! C’est Noël merde!!!!!!

Alors, quoi!!! Vite, une idée!! Un arrêt de travail, ça c’est bien déjà, euh du doliprane, ah ben non ça c’est pour le reste de l’année, euh réflechissons, les pshitts pour le nez qui sont le mal absolu, sur liste noire mais qui débouchent si bien le nez, est ce que comme c’est Noël, ça se justifiera devant un tribunal? De l’homéopathie? Bon je veux bien croire au Père Noël, mais là, faut pas exagérer! Pourquoi pas faire une ronde dans la salle d’attente en chantant tous ensemble des chants de Noël pendant qu’on y est … Ah cela dit, la ronde dans la salle d’attente, c’est peut-être une idée à creuser (#DocsTocToc: que suggérez-vous comme chants de Noël pour faire une ronde dans la salle d’attente afin de remettre les gens sur pied pour Noël? Merci de vos réponses rapides!!!) Bon, sinon c’est peut-être le moment ou jamais de tester le mucomyst de Docteur Foulard, on a rien à perdre après tout…Réflechissons, si c’était moi…je prendrai quoi…corticoides? cocaîne? Comme c’est Noël, en arriverais-je à des extrémités comme prendre du miel alors que je déteste ça? Pire du Red Bull, alors que j’ai juré que jamais on ne verrait toucher à cette saloperie? Bon,en même temps, chez moi tout le monde vomit et je ne fais rien…Mais les patients, est-ce que je peux me contenter de faire comme d’habitude, de leur dire en leur tendant une ordonnance avec presque rien dessus et de leur dire que je ne peux rien faire pour eux mais qu’ils ont toute ma compassion…le coup de la compassion, ça marche plutôt bien d’habitude mais là c’est Noël…

Alors, je crois que y’a plus qu’une seule chose à faire…puisque c’est Noël …oh oh oh, je vais vous donner des antibiotiques ….

Soyons d’accord, les antibios ça sert toujours à rien dans les infections virales, Noël ou pas mais bon…

Mais le pire, c’est que je crois vraiment que vous en avez besoin…c’est l’esprit de Noël qui rentre en moi pour me faire entendre des foyers pulmonaires, me faire voir des tympans rouges…vraiment…

Vendredi, j’étais avec mon interne et on a constaté que (contrairement à d’habitude où je suis un médecin et un maitre de stage exemplaire),on a passé la journée à mettre des antibios…on a pris le temps de réflechir, on a même regardé sur antibioclic et tout mais ce patient là, on le sentait pas, celui ci y’avait un bruit en bas à droite « tu l’as entendu toi aussi hein? » (hallucinations collectives/magie de Noël), et puis, mieux vaut donner un antibio pour rien que de prendre le risque de pas en donner alors que c’est Noël, non ?

Et même le podologue du cabinet, est venu me voir avec une belle angine…Jlui ai fait un streptotest (alors que la voie de la sagesse de mon interne m’exhortait à ne pas le faire « lui fait pas, de toute façon on va lui en mettre des antibiotiques ») qui était négatif mais bon non seulement il avait une angine (compassion maximale!!), mais en plus il partait en Guyane!! ET C’EST NOEL!!! Triple combo, j’avais pas le choix hein! Imaginez qu’il fasse un phlegmon dans l’avion le jour de Noël et qu’ils doivent appeler un médecin dans l’avion!!

Voilà, si vous voulez des antibios, c’est demain ou jamais!! C’est cadeau!! C’est Noël quand même!! Et puis venez, en plus ça va être sympa, on fera une ronde dans la salle d’attente en chantant des chants de Noël!!!!

Joyeux Noël à tous…

 

 

 

2 ans 4 mois

Bon cette mois ci je fais la grêve de l’article mensuel.

Toute façon, seulement une personne a remarqué son absence (<3 Dr Selmer..bon au bout de 2 jours mais c’est déjà ça…c’est toujours mieux que mon mari ou tous les autres)

La minute caliméro étant passée, c’est que de toute façon, j’ai rien a dire de différent des autres années ( y a un an et y a 2 ans)

blablabla pas le temps, blablabla ambivalence, noël c’est bien,mais noël fait chier, blablabla bisous opale

et voilà

(et puis c’est vrai qd même, fait chier Noël non?

mais bon j’aime bien quand-même!)

Allez joyeuses fêtes et merci de votre soutien inconditionnel;-)

 

Une histoire de courbe

F. a 3 ans. Je la vois pour la première fois. Je suis sa grand-mère qui est très malade et progressivement je vois arriver au cabinet tous les membres de la famille. La vraie « médecine de famille ».

Elle n’a pas vu de médecin depuis longtemps,n’étant pas malade. Je n’ai pas le carnet de santé. Elle vient pour une infection ORL banale.

A la fin de la consultation, ,on prévoit une consultation bientôt pour faire un examen annuel systématique « le bilan des 3 ans » pour faire le point. Je sens qu’il y a beaucoup de choses à voir.

Je m’efforce dans la mesure du possible,c’est à dire en fonction de mon courage/envie et de la situation, notamment qui suit l’enfant (PMI, pédiatre, collègues, moi ou personne: dans ces 2 derniers cas notamment) de proposer ces consultations systématiques (j’en avais parlé ici). Je ne le fais pas tout le temps. Parfois, la plupart du temps quand-même, les patients viennent, parfois non. C’est un concept particulier quand-même. « Revenez me voir quand vous ne serez pas malade… »

F. est revenue comme prévu…J’ai fait le point…Développement psychomoteur, langage,scolarité, alimentation, courbes de poids, sommeil, comportement en général, dépistages sensoriels et un ptit chouia d’examen clinique.

De tout ça, j’ai ressorti principalement des troubles de l’endormissement (« elle ne s’endort que devant la télé avec un biberon » ) et surtout un gros problème de surpoids avec un Indice de masse corporelle (IMC) très au dessus de la courbe. Ce problème de surpoids étant de manière évidente liée à une alimentation complètement déséquilibrée. Après discussion, il apparaissait évident que tout cela s’intégrait dans un contexte d’un père absent et d’une maman qui compensait avec la nourriture et  laissant faire à sa fille ce qu’elle avait envie.

Nous avons repris les bases en discutant  à  trois avec F. surtout et aussi avec la maman.En expliquant aux enfants ce qu’il faut faire et que ce sont les parents qui décident, en leur donnant des objectifs « maintenant tu vas t’endormir dans ton lit le soir parce que c’est comme ça que l’on doit faire à ton âge, maman va te lire une histoire et après tu vas t’endormir comme une grande dans ton lit de grande », les parents entendent..Ils entendent le message « C’est les parents qui décident hein! » et puis du coup ils sont un peu coincés. Ils sont un peu obligés de faire ce qui a été dit devant l’enfant..C’est mon côté fourbe… »On va aller acheter un livre et ce soir je te lis une histoire et tu t’endors dans ton lit  » Et voilà….

La discussion sur l’alimentation est à la fois la reprise des bases, l’explication à F. et la prise de conscience de la maman qui en vient elle même à la conclusion que oui, le papa étant absent, elle a compensé, et que oui c’est un problème et qu’il faut que ça change…

Ces discussions font parties de celles que je trouve les plus dures..D’un côté, j’ai conscience que cela fait parti de mon travail, qu’il faut que j’en parle, et je suis convaincue que le médecin a des vertus thérapeutiques, la parole d’une tierce personne est importante  comme celle de  l’homme qui murmurait à l’oreille des enfants…

D’un autre côté je me sens à la fois moralisatrice et intrusive et à la fois découragée.

Moralisatrice: j’ai toujours du mal,par exemple quand je parle d’alimentation par exemple, surtout aux adultes: « faut faire comme ça et pas comme ci, et ça c’est pas bien » « faut prendre un ptit déjeuner et se laver les dents » « fumer c’est mal et ça tue et faut faire du sport ça c’est bien » J’ai du mal à parler de son surpoids à un enfant, probablement déjà complexé, surtout plus le surpoids est élevé et l’enfant grand..Quand c’est une première consultation, souvent je n’en parle pas. C’est un rôle que je n’aime pas…peut -être parce que moi -même je ne fais pas ce qu’il faut..Je préfère dire aux diabétiques que quand même dès fois ils peuvent manger du chocolat…la glycémie c’est bien, le moral aussi! Bref, je digresse..Des fois, je me demande au nom de quoi je donne des conseils éducatifs, moi qui ait une grande qui a fait des crise de colères pendant des années et un bébé qui prend encore des biberons la nuit à 14 mois. « Non, à un an, votre enfant n’a plus besoin de biberon la nuit…quoi faire? …si je savais… » J’ai un enfant d e6ans qui dormait encore avec ses parents « C’est pas bien! » Et puis je me suis rendue compte que ça gênait personne, ni les parents, ni l’enfant…alors pourquoi pas …La guidance parentale c’est bien, mais cela pose la question des référentiels. Pourquoi les miens seraient-ils meilleurs? Cela dépend beaucoup de la culture. Et ayant une patientèle riche de nombreuses cultures différentes, c’est très difficile pour moi de me situer.

Découragée: souvent…Devant les familles dysfonctionnelles, devant les erreurs éducatives manifestes, devant les difficultés sociales faces auxquelles on voit mal comment un enfant pourrait s’épanouir.Qu’est ce que moi je vais bien pouvoir changer à cela…Est ce que ça sert à quelque chose ce que je dis? Mon découragement principal, ce sont les problèmes de poids, surtout chez les enfants..Je me sens complètement impuissante…J’ai beau essayer, je vois les courbes de poids empirer, les fratries suivre le même chemin…Les difficultés sont multiples: les différences culturelles, la misère sociale, les noeuds qu’il y a à dénouer derrière un problème de poids et la prise en charge difficile…Faire prendre conscience déjà: aux enfants, aux parents…et puis faire changer les habitudes, c’est très difficile..Une prise en charge diététique et/ou psychologique est difficile à faire accepter et pour ma part, il y a le problème de l’argent car ce sont des consultations souvent payantes, pour des patients qui n’en ont pas toujours les moyens. Donc j’essaie mais j’ai l’impression d’être peu compétente dans ce domaine et de ne pas parvenir à aider mes patients…

Alors bon, comme je suis un bisounours, je réprime mon découragement néanmoins bien présent et je donne rendez-vous à F. 3 mois plus tard pour voir l’évolution, avec des objectifs à base de revalorisation du genre  » tu es une grande fille, je suis sure que tu en es capable », objectifs raisonnables bien sûr, on ne change pas tout d’un coup, on garde le biberon du soir par exemple, quelques mots d’encouragement à la maman…et je passe au prochain patient me demandant comme à chaque fois si j’aurai eu un impact ou pas ….

Je pourrais m’arrêter là car c’est le lot de beaucoup de consultations..ne pas savoir si on a eu un impact ..mais le lot de la médecine générale, c’est aussi d’avoir la suite…et c’est surtout le cas lorsque l’on est installé. Parfois, c’est difficile, il y a des gens qu’on aimerait bien ne pas revoir. Il y a surtout des cas difficiles que l’on ne sait pas résoudre que l’on aimerait bien ne pas revoir mais c’est surtout ce qui est chouette dans ce métier…alors …

Hier, j’ai fait le « bilan des 4 ans » de F. On a refait le point sur tout. Je l’avais revu 3 mois après la consultation dont je parlais, comme prévu et là je l’ai revu à l’occasion de petits boutons sur le front suite à une chute. J’en ai profité pour faire cette consultation comme je n’étais pas trop en retard.

F. est trop mignonne. Elle joue avec son petit frère, tout le monde est sage, elle répond à mes questions. Surtout je la félicite!! Beaucoup!  Depuis le jour de la première consultation, elle s’endort sans problème dans son lit. Depuis la deuxième, elle ne prend plus de biberon le soir. L’alimentation est à peu près équilibrée, plus de grignotages, elle mange à la cantine. Depuis l’année dernière, elle a beaucoup grandi et n’a pas pris un seul kilo. L’IMC est toujours au dessus de la courbe mais presque deux centimètres plus bas…Le papa est de retour à la maison et elle va bientôt avoir une petite soeur. Bref, tout va bien …

Cette courbe sur le carnet de santé qui chute à pic, c’est le reflet de l’impact que j’ai eu sur la vie de F. Ca fait un drôle d’effet..Et puis c’est pas si fréquent que ça marche comme ça,c’est même exceptionnel. Souvent, il n’y a pas de courbe pour quantifier nos impacts et on ne peut que sentir de manière imperceptible que l’on a aidé ou non une personne. Alors quand ça arrive, ça fait vraiment plaisir et ça illumine une journée…même au point d’en faire un billet de blog mièvre comme tout!

En plus, ça doit être l’approche de noel, j’ai vu aussi la maman de C.une ado en souffrance et en surpoids,avec une maman en surpoids et des soeurs en surpoids pour laquelle j’ai fait des consultations régulières sur le sujet. J’ai donné au moins 10 fois à C ou à sa maman les coordonnées de la diététicienne et celles de l’atelier de cuisine de la maison de quartier…En vain, tout le monde prend du poids, surtout les petites soeurs… Et puis hier, je vois sa mère, qui a perdu 5 kilos et qui me dit qu’elles sont toutes allées chez la diététicienne plusieurs fois et que tout le monde fait des efforts…Je continuais à répéter les choses mais je n’y croyais plus du tout ..comme quoi…

Alors je vais continuer…

Par contre, la première fois,j’avais rien pu faire pour son rhume, et là je sais pas ce que sont ses petits boutons sur le front…(enfin c’est pas grave, j’ai mis des dermocorticoides).. Jsuis pas très douée en fait …

Voilà,la conclusion de tout ça…ben c’est juste que je suis contente!

 

Evidemment

Y a comme un goût amer en nous
Comme un goût de poussière dans tout
Et la colère qui nous suit partout

Y a des silences qui disent beaucoup
Plus que tous les mots qu’on avoue
Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout

Évidemment
Évidemment
On danse encore
Sur les accords
Qu’on aimait tant

Évidemment
Évidemment
On rit encore
Pour les bêtises
Comme des enfants
Mais pas comme avant

Et ces batailles dont on se fout
C’est comme une fatigue, un dégoût
A quoi ça sert de courir partout
On garde cette blessure en nous
Comme une éclaboussure de boue
Qui n’change rien, qui change tout

Évidemment
Évidemment
On rit encore
Pour les bêtises
Comme des enfants
Mais pas comme avant
Pas comme avant

Imagine

Je ne suis pas une rêveuse.

Bien au contraire. Cela m’afflige moi-même mais il n’y aurait que des gens comme moi, l’humanité n’aurait jamais avancé et je ne sais même pas si on aurait découvert le feu.

C’en est affligeant, je prends les choses, les gens, comme ils sont. J’aimerai que les choses soient différentes mais je n’ai pas la foi…alors je m’adapte.

Quand je vote pour un programme utopique, au fond de moi je n’y crois pas, quand je pense aux choses telles qu’elles devraient être, je pense que ça n’arrivera jamais, alors je me contente des choses telles qu’elles sont .

J’ai un mari révolutionnaire dont j’épouse les idées et je l’admire d’y croire et d’agir pour que les choses changent. J’admire son militantisme, j’admire son investissement dans le syndicalisme mais moi je suis du genre à donner de l’argent aux SDF mais à me décourager à l’avance à l’idée que les choses puissent changer. Lui, toutes mes petites participations humanitaires et associatives, il trouve que c’est « donner de l’aspirine à un cancéreux » et qu’il faut changer les choses.

Même s’il m’agace, j’admire sa faculté à s’énerver tout le temps, à garder cette capacité de révolte, à se mettre en colère contre le dixième chauffard de la journée! Moi, je ne comprends pas, j’ai accepté depuis tellement longtemps qu’il y ait des cons sur la route comme partout ailleurs et que cela ne sert à rien de s’énerver.

J’ai une capacité de résilience extrêmement développée mais du coup cela va de pair avec une acceptation un peu trop facile et un manque de courage et de révolte. J’ai toujours pris avec reconnaissance ce que la vie m’a donné sans me plaindre excessivement des mauvais côtés et je ne suis pas une rêveuse. Je n’ai jamais imaginé plus d’une minute ce que la vie aurait été si ma mère n’avait pas été malade, elle l’était c’est tout. En première année de médecine, je ne me suis jamais permis plus de quelques secondes d’envisager d’avoir mon concours. Bref, je suis un peu fade et très cartésienne comme fille et ce n’est pas avec moi que ma fille apprend à rêver et à développer son imaginaire (heureusement que son père est parfait pour ça).

Le soir, souvent comme berçeuse, nous lui chantons Imagine

Imagine no possessions,
I wonder if you can,
No need for greed or hunger,
A brotherhood of man,
Imagine all the people,
Sharing all the world…
.

Oui, je profite de ma fille de 4 ans pour apprendre à rêver un peu …

J’ai toujours eu des idées politiques et une foi en l’humanité qui me classe plutôt dans le camp des rêveurs mais bien que inscrite sur les listes électorales et syndiquée, je n’ai, à ma grande honte, jamais rien fait de concret.

En ce qui concerne la médecine générale, je n’ai jamais eu d’activité militante dans les représentations étudiantes ou les différents syndicats.

Mon militantisme à moi, c’est de témoigner au quotidien de mon amour pour mon travail, pour la médecine générale, pour mon département.

Je le fais un peu dans la vraie vie. J’ai choisi un sujet de thèse qui me tenait à coeur. Je témoigne régulièrement (que ce soit dans certains journaux, voire télé ou que ce soit chez mon coiffeur) de mon plaisir à exercer ce travail et à l’exercer ici. Je suis maître de stage.

Et puis, il y a ce blog. J’ai régulièrement des témoignages qui montrent que ce que j’écris peut toucher des gens. Des petites gouttes d’eau dans l’océan.

Et ces petites gouttes d’eau, il n’y a pas que moi qui en produit. J’ai l’immense fierté de faire partie de cette communauté de soignants: médecins, kiné, sage-femmes,infirmières, auxiliaires de vie et même patients qui témoignent de leur amour de leur métier.

Moi qui suis découragée, écoeurée et sans aucune illusion du corps médical ou soignant, je retrouve de l’espoir, j’échange, je discute avec des personnes dont je partage la même vision des choses. Je suis parfois émerveillée quand je lis des phrases entières que j’ai l’impression d’avoir écrites moi-même.

Quand il a été question de choses plus concrètes comme les propositions que l’on a faites la semaine dernière, deux sentiments contraires se sont immédiatement confrontés en moi:

– C’est incroyable que nous nous entendions tous sur ces idées formidables, que l’on arrive à un consensus sur un texte aussi ambitieux.

– Mais quand-même, j’y crois pas un instant, pas aux idées en elles-même bien sûr (quoi que sur certaines je me dis que quand-même on a fait fort:-), mais sur le fait qu’elles pourraient être réalisées.

Je savais qu’elles seraient un peu entendues… mais à ce point!

Pour ceux qui n’ont pas suivi, car peut-être il a échappé à  certains d’entre vous que ces propositions ont été au centre de l’actualité médicale toute la semaine, vous retrouverez ici la revue de presse: télés (journal de France 3, LCI, journal de la santé), radios ( france inter, RTL, etc) et a peu près tous les journaux…

Toute la semaine, nous avons été submergés de demande d’interviews  et ma frustration de devoir refuser pour cause d’anonymat n’a eu de soulagement que le fait de ne pas me sentir à la hauteur pour soutenir nos idées.

Tout cela, je ne le dis pas pour faire preuve de prétention mais surtout pour dire que la partie de moi qui ne sait pas rêver et qui n’a pas la foi, en a pris un petit coup cette semaine.

Bien sûr, il y a eu des schtroumps grognons pour nous critiquer.

J’accepte tout à fait qu’on critique ces propositions, surtout certaines d’entre elles.

J’accepte moins certaines autres critiques ou attaques que je ne trouve pas légitimes mais passons.

( je mets juste à ce sujet le commentaire de Dominique Dupagne à l’article GéPride de Dzb17: tout est dit dans cette belle métaphore:

Et comme toujours,
Il y a ceux qui balancent des vannes homophobes,
Il y a ceux qui monteraient bien sur le char, mais qui n’osent pas
Il y a ceux qui disent « pour qui y se prennent ceux-là ?
Il y a ceux qui disent « moi, j’aurais pas supporté d’avoir un fils pédé »
Il y a ceux qui disent « c’est pas des vrais pédés, les vrais pédés ont autre chose à foutre que de monter sur des chars »
Il y a ceux qui disent « c’est pas des vrais hommes, les vrais hommes sont pas pédés, c’est pas naturel »
Il y a ceux qui disent « Faudrait les forcer à habiter à la campagne, y’en a trop à Paris »
Il y a ceux qui disent « Ouais, mais si t’es pédé, tu vas rater ta vie »
Il y a ceux qui disent « OK, mais à part pédé, vous faites quoi dans la vie »
Bref, ouais, la Gé pride, c’est exactement ça. )

donc

Certes il y a eu des critiques, certes nos idées ne vont pas être réalisées demain.

Mais elles ont été entendues de beaucoup, beaucoup de monde, c’est un évènement sans précédent et tous les syndicats, les instances ordinales, et même le gouvernement en ont pris connaissance.

Et le plus fort, c’est que le contenu même de ce texte avouons le audacieux n’a pas fait rire, il a même été pris au sérieux:

Certains points comme la mise aux enchères des postes sont discutés mais personne ne semble mettre en cause l’idée de proposer des postes de salariés de deux ans aux jeunes généralistes pour irriguer les déserts,alors que la grande nouveauté est là.

On critique et c’est légitime la possibilité de transformer les visiteurs en AGI mais personne (ou presque) ne s’oppose à l’idée de mettre en place du personnel pour dégager les médecins des charges administratives et plus fort, je n’ai pas pour ma part entendue grande résistance à l’idée d’interdire la visite médicale.
Des notions totalement novatrices comme les chèques emploi-médecins ont été introduites .
Bref, nos idées ont été entendues et pour certaines (dans les déclarations tout du moins ) validées.
Pour la suite, la balle n’est plus dans notre camp. Il faut lire à ce sujet  l’article sur Atoute : le buzz et après.
Et tout ça, moi ça me fait rêver…
et j’ai même la naiveté d’y croire un peu, de croire que quelque chose puisse découler de tout ça.
Comme Souristine a intitulé son article la semaine dernière:
You may say I’m a dreamer,
but I’m not the only one…
Je ne suis pas la seule à avoir rêvé cette semaine:
A lire absolument!!
Nous avons tous rêvé et j’aime à croire qu’on a fait rêvé les gens.

 

Voilà, je m’emporte un peu, mais mon gêne de la foi et du rêve a été réveillé cette semaine
Voilà, même que là tout de suite, j’ai envie de croire que les choses peuvent changer,
qu’un jour les blouses d’hôpital ne s’ouvriront plus dans le dos,
qu’un jour je travaillerai dans une MUST
et pourquoi s’arrêter là…
qu’un jour, il y aura la paix dans le monde et toutes les choses qu’il y a dans la chanson!
En tout cas, si un jour, il y a la révolution, je suis certaine qu’elle passera par twitter!
Pour finir (oui c’est bientôt fini)
Je suis heureuse et fière d’avoir participé à tout ça. Pas pour m’auto-congratuler.
Mais parce que je pense que la médecine générale a fait une petite avancée cette semaine.
Parce que pour une fois, des idées venant du terrain ont été entendues.
Parce que je pense que nos blogs sont des petites gouttes dans l’océan pour faire évoluer les mentalités.
Parce que cette vision de la médecine générale que j’aime, je suis honorée de la représenter un tout petit peu.
Parce que moi qui suis un peu lâche et qui d’habitude laisse les autres faire pour moi, pour une fois, j’ai, même si peu, un peu participé.
Parce que je participe à ce phénomène épatant qu’est la médecine 2.0.
Et parce que je l’ai fait avec des gens formidables, que je respecte, qui m’apportent beaucoup, et dans des conditions particulièrement étonnantes de partage et de respect mutuel.
Je suis fière de faire partie des 24 bikers et j’arrête la ma mièvrerie de bisounours …



Imagine there’s no desert
It isn’t hard to do
Doctors to treat or take care of
Around us, lots of MUSTs
Imagine all the doctors
Living life in peace

 

SURPRISE

Alors soyons clairs et je m’en excuse, cela n’a absolument rien à voir avec un article digne d’un blog médical, je raconte juste ma vie, alors qu’on n’est même pas le 17 du mois, je prends de plus en plus de liberté en ce moment!

En étant un peu de mauvaise foi, de la même manière que j’arrive à justifier de prescrire un médicament dans le cadre à 100% (genre, si vous étiez pas diabétique, vous n’auriez pas cette infection pulmonaire: et ça se défend), je pourrais aussi justifier cet article par quelque chose genre, cela parle de la relation entre médecins, de FMC , de la grossesse etc, mais en fait j’ai juste envie de l’écrire et c’est tout.

Par contre, si vous voulez du médical, du vrai, venez faire un tour ici ou ailleurs lundi prochain. Les médecins blogueurs ont préparé leur rentrée! #Teasing #PrivésDeDéserts

Ce week-end, ce n’était pas la grande forme: des choses pas très drôles à faire, tous les petits maux de la grossesse qui s’accumulaient,mon mari qui était de fort mauvaise humeur et qui a passé sa soirée sur son téléphone: il s’est mis à twitter beaucoup d’ailleurs ces derniers temps!!,  un ptit wedding blues…

Oui, comme je fête demain mon anniversaire de mariage, que docmaman se mariait, j’avais une petite nostalgie de mon mariage, il y a 3 ans. Un jour merveilleux avec tous les gens que j’aimais… Faut dire qu’il était top mon mariage: sur le thème du Petit Prince du début à la fin, tellement à fond qu’on a même fait un méchoui ( Décime-moi un mouton) parce que Le Petit Prince est un livre merveilleux que nous aimons beaucoup et qui      représente de nombreux souvenirs. Bref! J’avais le blues, j’avais mal partout et je passais une journée de merde!

Ma boite à bobos et ses médicaments n’étaient que d’une petite aide

 

 

J’étais en plein déménagement de la maison de feu ma mère,et en fin de journée, je repasse chez moi en coup de vent chercher quelque chose que j’avais oublié. Donc forcément, en jogging pourri, toute crado, pas coiffée et enceinte de 8 mois,au meilleur de ma forme quoi, et en arrivant je vois qu’il y a des gens chez moi à travers la porte!

Alors, comme d’abord, j’ai un peu peur et que en plus je soupçonne mon mari de me préparer une surprise, j’envoie mon frère en éclaireur. Oui, parce que petite digression, en plus de 10 ans, mon mari n’a jamais réussi à me faire une surprise, sans le vouloir, je le grille tout le temps.Il a failli réussir pour un week-end à Venise il y a 3 ans, mais il a laissé par inadvertance le guide du routard en évidence.Pourtant, moi qui fouille tout le temps, je fais tout pour pas savoir car j’adore les surprises, donc là, quand j’ai surpris deux ou trois indices qu’il se passait quelque chose, j’ai vite détourner les yeux et reposer son téléphone qui était arrivé dans ma main par inadvertance. Grand bien m’en a pris.C’eût été trop dommage.

Du coup, quand mon frère m’a dit: « Tu peux y aller, ce ne sont pas des hostiles », ce fut vraiment une surprise!!

Il y avait, tenez-vous bien dans mon salon et bien : Des Gens!

Plein de gens, que je ne connaissais pas!

Mais comme jsuis hyper intelligente, j’ai compris tout de suite! J’ai aussi tout de suite compris que ces gens étaient dans ma maison pas très bien rangée, que j’étais dans un état pas terrible et que j’avais laissé trainer des trucs qui foutent la honte mais c’est pas grave!

Donc, il y avait dans mon salon mes « twittamis », ceux que j’aimais, ceux que je lisais, ceux qui me soutenaient, ceux que j’admirais, ceux avec qui je partageais des choses au quotidien depuis plus d’un an sans avoir même imaginé les rencontrer un jour!

J’ai du jouer à deviner qui est qui et j’ai été super nulle, à cause de l’émotion toussa! En voyant les badges, je me disais: Oh putain, y’ a machin, oh merde y’ a lui aussi, et elle, et elle! Alors, en raison de l’anonymat, du secret médical, du secret défense et surtout du fait que je n’ai pas demandé leur autorisation, je ne dirai pas qui était là, mais jpeux vous dire qu’il y avait du beau monde et que je suis pas peu fière.

Il a fallu intégrer tout ça rapidement, d’autant plus que l’on m’a annoncé que tout le monde restait pour le week-end, dormait dans mon grenier et tout et tout. Il a fallu que j’arrête de répéter:il y a telle ou telle personne dans mon jardin et que je fasse comme si tout cela était parfaitement normal.

Ma fille était morte de peur, elle hurlait et allait se cacher: « Mais c’est qui ces gens? » « Mais jsais pas ma fille, jles connais pas » « Mais pourquoi ils sont là  »  « Mais je sais pas!! »

Mon mari avait tout organisé, préparé les matelas, à manger pour un régiment , d’autant plus qu’il avait invité tout twitter! D’ailleurs, petite digression, les invitations étaient larges, et à priori ce fut un peu difficile à organiser derrière mon dos, donc si quelqu’un se sent triste de ne pas avoir été invité, ce n’est qu’un zappage sans faire exprès (d’autant qu’il a même invité des gens que je ne connais pas) et il y a bien sûr, beaucoup qui n’ont pas pu venir mais dont la présence m’a manqué.

Bref, j’ai passé un week-end de folie, j’ai dormi trois heures comme quand j’étais jeune et j’ai rien compris à ce qui m’arrivais! Il y avait donc une quinzaine de personnes que je rencontrais pour la première fois et l’on avait l’air de se connaitre depuis toujours.Parce que en plus, à une ou deux exceptions près, mais non jdéconne, parce que sans aucune exception, je n’ai rencontré que des gens formidables et assez extraordinaires, ce qui me fait dire que vraiment y’avait un énorme biais de recrutement.

On a mangé des spécialités de toutes les régions, parce que en plus, ils venaient de loin les bougres ( bon y’en a qui ont laissé volontairement leur belle voiture chez eux ou qui ont fait un voyage en RER groupé à cause de TF1 et de ses reportages sur le 93:-)  et certains ont bien bu aussi! Bref, un week-end aussi agréable que surprenant.

Ah oui, et en plus, c’était pour aucune occasion, mais j’ai eu le droit à plein de joyeux anniversaire ce jour là sur twitter parce que semble-t-il il avait été dit que c’était pour ça (donc merci à ceux qui me l’ont souhaité mais n’oubliez pas de me le souhaiter aussi à la bonne date), mon mari a pour justifier le truc évoqué une baby shower, donc du coup, tout le long du week-end, j’ai eu des cadeaux, des surprises, une carte de non anniversaire, bref du grand n’importe quoi! Je me demande encore pourquoi!! Mais pourquoi!! J’espère que ce n’est pas parce que j’ai raconté un peu trop mes malheurs ces derniers temps! Si c’est le cas et bien je ne regrette pas de l’avoir fait!

En particulier, tout le monde avait préparé une vidéo pour moi: rien que ça. Le thème était de raconter le Petit Prince! Et là, ce fut énorme, énorme d’humour, de talent et d’émotion. Encore une fois,je me dis qu’il y avait un gros biais de recrutement à cette soirée parce que pour qu’il y ait un échantillon avec autant de personnes formidables, c’est statistiquement improbable! Rien que d’y penser, j’ai envie de rire et de pleurer à la fois!

Une des vidéos, avec une mise en scène et un décor époustouflant, m’a fait comprendre que St Exupéry était un visionnaire.

Effectivement  « On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux »

Nous nous sommes connus et appréciés avant même de nous voir, et pour ma part, je n’ai pas été trompée.

Il y a 3 ans, je le disais à mon mariage pour mon mari: Nous nous sommes apprivoisés et il est pour moi unique au monde. Après l’énorme preuve d’amour qu’il vient encore de m’offrir, c’est plus vrai que jamais. Je ne sais pas comment lui exprimer ma reconnaissance et mon amour.

Mais les mots du Renard ont pris une signification nouvelle pour moi: vous tous qui me lisez et surtout vous tous mes twittamis: nous nous sommes apprivoisés et nous avons besoin les uns des autres! Et c’est un grand bonheur!

Même si j’étais triste quand il sont partis..j’y gagne…à cause de la couleur du blé!

La vie nous réserve des surprises, parfois des mauvaises, mais parfois des bonnes!

Et des vraiment étonnantes quand-même!

Et si j’ai un ptit coup de blues: j’ouvre ma boite à bobos: je trouve toutes les bêtises que ces inconnus étranges ont laissé dedans, leurs petits mots et …mon Iphone pour twitter!!

 

 

Je vous fais le cadeau de partager avec vous la magnifique vidéo préparée par deux des participants. Vous pouvez retrouver ces talentueuses photos et bien d’autres sur le magnifique site tout et rien, avec un article sur cette rencontre écrit avec sa sensibilité habituelle!

Prenez-le temps :

11 mois

Je continue mon égrénage mensuel du temps qui passe depuis ce blog..

comme ci c’était un point de départ plus important qu’un autre…

comme si c’était un repère…

Alors qu’en fait , je pourrais faire le compte du temps qui passe depuis d’autres point de repère: depuis ma naissance, mes premières règles, mon premier je t’aime, mon concours P1, la rencontre avec mon mari, la naissance de ma fille,mon titre de « Docteur en Médecine », le début de ma grossesse, ou plein d’autres trucs étranges que je célèbre dans ma tête tous les jours …

Je pourrais prendre plein de repères et inconsciemment, c’est ce que je fais au quotidien…

mais en fait,désormais, il y a un autre compte que je fais dans ma tête: aujourd’hui, cela fait 17 jours…

17 jours que la vie continue mais que pourtant il y a un truc qui cloche…

et  quand soudainement cette idée se rappelle brutalement à moi, je pleure et je hurle intérieurement avant de continuer ce que je suis par obligation en train de faire…

j’ai l’impression qu’à chaque fois, une petite partie de moi de plus s’éteint…

bref, j’ai désormais entamé un nouveau compte dans ma tête, et chaque jour que je rajoute pèse lourd et m’effraie, le temps qui passe depuis ces 17 jours m’effraie.

mais aujourd’hui,c ‘est le compte mensuel que j’égrène …

je le fais car

-je sais maintenant qu’il y a au moins une personne qui le 17 du mois se connecte exprès

-c’est mon petit pêché mignon cet article mensuel, une excuse pour raconter un peu ma vie alors que ce blog est censé rester professionnel.Le passage entre le personnel et le professionnel est parfois mince et il est tentant de passer de l’un à l’autre, parfois même sans s’en apercevoir. D’autant plus quand la vie personnelle est remplie de maladie et d’histoires d’hôpitaux, qui pourraient faire d’excellents articles. Je pourrais remplir des pages sur mon découragement face aux médecins, aux hopitaux. Le mot découragement est faible d’ailleurs mais je ne veux pas avoir l’air aigrie et accusatrice. Je pourrais parler du dernier diagnostic que j’ai loupé il y a 17 jours … Je pourrais me servir de ce blog comme d’un éxutoire mais ce n’est pas son rôle, alors j’essaie au maximum de laisser les choses à leur place alors je me contente, en tout cas j’essaie de ce plaisir mensuel.

Et quand j’aurai retrouvé le courage et le goût des choses, je parlerai à nouveau de mon travail que j’aime, même si je l’ai trouvé extrêmement dur cette semaine , dur de faire abstraction …, je parlerai de mes patients que j’aime,( en majorité en tout cas) ,de leurs histoires, de mon département que j’aime, qui m’ a offert ce feu d’artifice ayant pour le thème les femmes et leurs combats, avec en introduction une pensée pour les ouvrières de PSA, et avec des chansons des femmes de tous les pays et un bouquet final sur Aretha Franklin .

Quand j’aurai retrouvé le courage…

et le gôut des choses ….

– En attendant, et c’est là surtout le but de cet article, je voulais en profiter pour dire Merci!

« Merci, c’est gentil » est une phrase que j’ai dite et écrite énormément mais vraiment merci!!

A mes proches qui lisent ceci et qui m’ont apporté énormément de soutien. A tous ceux  qui continuent à m’appeler même si je ne réponds jamais au téléphone. Merci et sachez que même si je ne réponds pas, vos appels me font très plaisir. A Gentil Mari. A mon frère que j’aime et avec qui j’ai marché main dans la main dans cette allée mais surtout depuis des années …

Mais surtout, je voulais remercier dans cet espace soit disant virtuel qui existe depuis presqu’un an tous ceux que je ne considère pas du tout comme virtuels. Depuis près d’un an que je suis sur twitter, j’y ai trouvé plein de choses mais récemment j’y ai trouvé soutien, réconfort et amour sincère et cela m’a beaucoup touché. D’aucuns trouveront ça bizarre, ceux à qui je m’adresse comprennent je pense de quoi je parle et savent que nous formons quelque chose de bien réel et de précieux. Les centaines de message que j’ai reçu dans les moments difficiles ont été une aide réelle et je vous en suis extrèmement reconnaissante, à tel point que je ne sais pas comment exprimer cette reconnaissance!

Et ce n’est tellement pas virtuel qu’un livre avec une dédicace écrite d’une vraie main a (malgré quelques péripéties) atterri dans mes mains 🙂

Donc merci vraiment pour tout ça…

« C’est gentil »