Un an

 

Début août,il y a un an . Je suis en vacances. J’ai 30 ans, toutes mes dents…Ma vie est merveilleuse sur certains points, difficiles sur d’autres, comme tout le monde…J’ai l’impression que le côté difficile est plus difficile que la moyenne mais que le côté merveilleux l’est également alors je me dis que ça compense. Je caresse l’idée d’un deuxième enfant mais quelques raisons me font temporiser. Je suis dans une période de ma  vie un peu particulière qui se traduit en pratique par une écrivite aiguë, j’écris beaucoup et je présente une certaine logorrhée que je réserve à quelques personnes proches, les pauvres …Si seulement je pouvais avoir des gens, que je ne connaîtrais pas même mais avec qui je pourrais discuter jour et nuit…Il faudrait inventer un concept dans ce genre…

Côté professionnel, j’aime mon travail et j’ai conscience de la chance que ça représente. J’ai cependant conscience que dans ce choix qui fut le mien, la route est quasi finie, pas de grande carrière en attente, je n’aurai jamais le prix Nobel, aucune rue ne portera mon nom, je serai et je l’ai choisi simplement un médecin généraliste. De rares fois,cela m’attriste quelques secondes mais pas plus: »Passé 30 ans et je sais du moins j’imagine , je n’aurai jamais mon nom dans les magasines » dit Goldmann…

À ce moment, je vis dans l’obscurantisme… Je ne le sais pas alors , je m’en rends compte maintenant. De la même manière que la réplique des visiteurs: « il sait même pas qui est Michel Drucker » moi je ne sais même pas qui est Dominique Dupagne ….

Je suis en Bretagne, c’est joli la Bretagne! J’ai abandonné fille et mari pour faire une promenade au bord de la plage au coucher du soleil.J’éprouve le besoin dans cette période de trouble intérieur de « faire le point au contact des éléments » mais comme Bénabar, « tout ce que j’en conclu, jdois pas être une poète,c’est que ça doit être chiant, très chiant d’être une mouette »

Je suis prise d’une envie irrésistible de me baigner mais il fait nuit et je n’ai pas de maillot… Qu’à cela ne tienne, je pars me battre avec les grosses vagues pendant une grosse demi heure et rentre tard retrouver mon mari inquiet, après avoir traversé tout le centre ville et être passé devant les clients chics du casino et des terrasses des cafés me regardant  d’un drôle d’air, peut être à cause du jean trempé qui me colle aux fesses et du tête shirt mouillé transparent.

Je me sens mieux. Avant de  m’endormir, je vais un peu sur internet, je regarde le blog de Ciloubidouille que j’adore. En dehors de ce blog, de mes mails et de face book, je ne vais pas sur internet. Prise d’une inspiration mystérieuse, peut-être du fait que depuis quelques temps « j’écris » un peu sur mon travail, je tape « blog médecin » sur google et je tombe sur jaddo…

Et c’est le début de la fin de l’obscurantisme.

Je lis tout d’une traite,c’est tout simplement génialissime, elle fait partie de ces personnes qui ont le génie de l’écriture (dans lesquelles j’inclue mon amie Louise et dr who) et en plus, elle raconte des choses dans lesquelles je me reconnais totalement…Grâce aux liens, je découvre Fluorette, Borée…

Ils parlent tous de twitter… Je n’en connais que le nom, je ne sais même pas en quoi ça consiste…Cela éveille ma curiosité, et surtout vu que je suis devenue fan, je comprends que jaddo en personne et les autres « parlent » sur twitter.

Je m’inscris, j’essaye de comprendre comment ça fonctionne…Je passe une heure à essayer de prendre la coque de mon IPhone en photo histoire d’avoir un avatar et je réfléchis un dizième de secondes, malheur à moi, pour me trouver un pseudo.Tout ça avec un IPhone et un réseau tout pourri…

Et alors je comprends petit à  petit comment ça marche. En fait, c’est affreux twitter…y’a plein de gens qui parlent entre eux, qui sont drôles et spirituels et on n’en fait pas parti… Ça me rappelle l’adolescence et je twitte un truc dans le genre, c’est retweeté (j’apprends des nouveaux mots tous les jours) et je ne sais pas comment, Jaddo m’envoie un tweet de bienvenue. C’est l’intronisation!

Je suis dans la voiture, allant de la Bretagne en Normandie, je crie à mon mari « Jaddo m’a dit Bonjour, Jaddo m’a dit Bonjour! Comme une enfant… Ce soir là, mon téléphone ne cesse de vibrer. Et forcément,  quand Jaddo dit bonjour à quelqu’un, il y a un afflux de followers et de fil en aiguille, je deviens une twittos.

C’est le début de la fin…

Je rentre alors dans un monde parallèle et découvre toute la richesse de la blogosphère médicale. Et puisque j’écris déjà, je me laisse séduire par l’idée d’avoir un blog moi aussi. Je me demande ce que je pourrais avoir à dire d’intéressant et surtout je me dit que ça fait très copieuse quand-même… Mais je suis dans une période logorrhéique, je ne peux pas m’en empêcher. Je ne sais encore pas aujourd’hui comment j’ai réussi à construire le blog, toute seule, grâce à des tutoriels, des forums. Il y avait toujours un truc qui clochait, qui ne marchait pas, j’y ai passé deux jours, ou plutôt deux nuits.. Je me revois à 4 heures du mat  aller voir ma mère chez qui je dormais en pleurant parce que j’avais modifié un truc et que tout avait planté…Et je n’ai toujours pas réussi à mettre une photo au bon format pour la page d’accueil et puis surtout je  n’ai pas trouvé LA photo (à bon entendeur). Bref, ce fut infernal mais j’ai vaincu. Et le 17 août , j’ai lancé mon blog!

 

Un an plus tard… Je suis en vacances… Encore, mais c’est un peu la période en même temps, entre temps, j’ai travaillé. Je suis sur un transat au bord de la mer. L’année dernière j’en caressais l’idée, cette année je caresse mon ventre arrondi…enfin plus qu’arrondi, et puis qui bouge tout seul, comme si y avait un alien à l’intérieur…en même temps c’est un peu ça! Je n’ai plus vraiment d’écrivite aiguë (pendant cette semaine de vacances, je me surprends même à apprécier d’être éloignée de toute communication (pas totalement bien sûr) et j’expérimente le fait nouveau et étrange  de ne pas être obligée d’avoir mon téléphone toujours auprès de moi)  mais je me force à écrire car c’est quand-même une grande commémoration que celle ci. Je passe d’excellentes vacances, même si je me serais reposée davantage en restant au travail. Nous ne saurons décidément jamais passer des vacances à rien faire! Cet après midi plage sera le seul de la semaine qui a été bien remplie de visites, ballades, pas une seconde de répit, il y a trop de choses à faire. Bon, j’en peux plus en vrai, en plus ça grimpe, il fait chaud, j’ai mal partout et j’ai envie de faire pipi tout le temps…mais ces vacances au pied des remparts de Carcassonne resteront un excellent souvenir. Je me dis encore une fois que j’ai beaucoup de chance d’avoir tout ce que j’ai…Je ne peux même plus prétendre avec des côtés vraiment difficiles maintenant. Seulement, quand je pense qu’elle aurait aimé tel objet ou tel endroit, ou qu’elle n’aura jamais la chance de voir ou te faire telle ou telle chose, je me souviens que je n’ai plus ma maman pour aller pleurer à 4 h du matin  ou dire que je viens de voir le bébé de mon amie d’enfance, qu’on a fait la chambre du bébé ou que mon blog à un an. C’est la vie. C’est dur d’être heureuse malgré tout mais c’est une habitude que j’ai prise depuis longtemps !

Je pense à l’année écoulée, une année plutôt difficile, avec quelques joies aussi, mais surtout une année riche! Riche de tout ce que la blogosphère médicale et de ce que twitter m’a apporté! Au niveau personnel, j’ai découvert des gens formidables et passionnants. J’ai eu quelqu’un à qui parler jour et nuit! Pour partager des choses futiles ou pour trouver du soutien dans les moments difficiles. Un coup de blues: il suffit de le dire et une bouffée de réconfort nous rempli instantanément. J’ai eu tellement de soutien sincère dans les moments difficiles que si tout ça est un peu bizarre, tant pis, cela m’a aidé énormément. Merci encore à tous. Au niveau professionnel: cela a vraiment changé ma pratique. Et  la lumière fut je dirai! La meilleure FMC possible.. Des références, des articles rigoureux,  les dernières actualités, une nouvelle façon de réfléchir,avec Dominique Dupagne en chef de file. Et si j’ai une question médicale, je la pose et des réponses argumentées avec les références précises arrivent en quelques minutes. Un outil incroyable…

Et je suis tellement fière de faire partie de cette communauté (médicale mais pas que). Car je pense que je peux dire que j’en fais partie maintenant, et même que Jaddo jlui parle autant que je veux et que ça me fait plus crier de joie à chaque fois (même si elle reste la grande prêtresse et que ses articles et tweets sont toujours les plus spirituels), que Borée m’a adorablement fait parvenir un exemplaire dédicacé de son livre et que je tutoie Dominique Dupagne (mais pas Michel Drucker). Peut-être même qu’il y en a qui sauteront de joie parce que je leur enverrais un tweet. N’exagérons rien! Enfin, quand j’écris une grosse connerie genre je suis au ciné avec mes lunettes de ski au lieu des lunettes 3D, il y a potentiellement 840 personnes qui peuvent le lire… Mais si je dis que je suis fière, c’est parce que j’estime toutes ces personnes et les évènements récents m’ont fait prendre conscience du pouvoir que pouvait avoir notre communauté. La pétition lancée par Farfadoc a pris une ampleur phénoménale et est remontée rapidement jusqu’au ministère de la santé, ce qui est quand-même incroyable. Moi, je n’y suis pour rien ( Dr Couine non plus d’ailleurs) mais quand-même il est certain désormais que le web 2-0 est un outil incontournable, pour la médecine, pour tous les domaines, pour faire la révolution…et ouf heureusement,que je m’y suis mise….

Quant à mon blog, qui fête son anniversaire (oui vous avez compris j’âdore les célébrations), je suis contente de n’avoir eu aucune personnalité et de l’avoir commencé l’année dernière.

Si je fais le bilan, c’est quand-même en tout cas moi je trouve étourdissant, 70 articles (ah quand-même, en fait jviens de regarder c’est beaucoup je trouve) plusieurs centaines de personnes viennent chaque jour sur le site, il y a eu 120000 visites depuis le début mais surtout au delà des chiffres dont on  se fout, certains commentaires m’ont touché et m’ont laissé imaginer que ce que je disais pouvait parler aux gens, les toucher, les faire réfléchir, voire les aider ou en tout cas avoir un impact. Et ça c’est fou! Au delà du côté narcissique de la chose qui est assez évident, je suis heureuse de voir que ce je dis peut intéresser des gens, et que peut-être je réussi un peu à faire passer le message que la médecine générale, c’est bien, que la Seine-Saint-Denis c’est bien… Et d’autres encore …

Cela m’a aidé cette année d’écrire, et la cerise sur le gâteau, ce fut d’être lue! Et semble-t-il appréciée.

Alors merci à tous ceux qui ont rendu ce rêve possible (oui là je m’entraine pour la remise du Prix Nobel), je vais tenter de continuer, je n’aurai très probablement pas de rue à mon nom mais cette année j’ai eu mon nom dans les magasines:-)  Mon pseudo (ridicule) dans certains (et dans Le Monde grande fierté) et même mon vrai nom (pas terrible non plus d’ailleurs) dans d’autres…Comme quoi! La vie peut nous surprendre …

 

PS: en fait nous ne sommes plus le 17 août  depuis quelques  minutes et surtout je n’ai pas de réseau pour publier l’article… Ça m’énerve …

 

 

Par surprise

C’était presque une étrangère pour moi…

Pourtant j’ai plus de 30 ans, pourtant je suis médecin…

Mais non, je ne la connaissais pas tant que ça…

Côté personnel, malgré quelques rencontres trop fréquentes à mon goût ces dernières années, je l’avais accueillie avec la résilience adaptée à un phénomène qui est après tout de l’ordre des choses. Elle m’avait fait pleuré certes, bouleversée un peu, mais elle avait parfois été douce et malgré tout, la vie m’avait épargnée longtemps sur ce point.

Je l’ai quand-même trouvée un peu cruelle en s’en prenant à ma grand-mère tant aimée alors que je me trouvais à la maternité!

Encore que, je peux être reconnaissante pour ce moment de grâce d’avoir assisté à la rencontre de ma fille et de son arrière grand-mère (j’ai quand-même dû presque m’enfuir de la maternité avec mon bébé de même pas trois jours, vaincre une panne de voiture par là-dessus mais qu’importe).

Ces rencontres, même si trop fréquentes, ne m’ont pas familiarisé avec elle.

La mort restait une étrangère pour moi!

Pourtant, je suis médecin! Oui mais non…

La première fois que j’ai vu quelqu’un de mort, c’était à l’entrée en deuxième année de médecine: le passage obligé, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, par les dissections. C’était plutôt violent, de mon avis totalement inutile, et finalement assez vite je trouve, on oubliait que l’on parlait d’un être humain. C’était franchement dégoûtant et la seule chose que j’en retiens, c’est de ne jamais mais vraiment jamais donner son corps à la science. 

Ensuite, il y a eu les certificats de décès, quand interne de garde, on nous appelait pour signer le certificat de décès d’un patient la nuit. Pour moi, ils se comptent heureusement sur les doigts de la main. Inutile de dire que personne ne m’avait expliqué ce qu’il fallait faire, ni sur la façon de remplir la paperasse administrative, ni sur la façon dont j’étais censée constater… « Ah ben oui : là il est mort … » Pas besoin d’avoir fait des études de médecine!.. Alors quand on me laissait toute seule, j’attendais 5 minutes et puis je ressortais. J’avais regardé assez longtemps pour voir que oui il était vraiment mort (comme on pourrait dire sur twitter: « ….#PPCS  Il est mort #Diag ») Quand les infirmières restaient avec moi, je tentais quelques gestes très élaborés histoire de faire crédible, genre écouter au stétho pendant un ptit moment…et après quelques minutes d’un air inspiré,je déclarais « il est mort ».

Ça devenait par contre vraiment pas marrant quand il y avait une famille qui attendait Le Médecin pour poser des questions alors que bien sûr le petit interne de garde n’a jamais vu le patient, ni même lu le dossier avant d’être appelé. Cela doit faire aussi parti des « étapes incontournables ».

Ne voyez-pas de manque de respect dans mon récit, plutôt de l’auto-dérision par rapport à mon incompétence face à la situation. 

Depuis que je suis installée, je n’ai fait aucun certificat de décès. Une seule fois, en tant que remplaçante, j’ai été faire un certificat de décès pour un monsieur que je ne connaissais absolument pas. J’y suis allée à reculons en me disant que c’est comme ça qu’on apprend mais bon je n’en menais pas large… Tous les voisins devant la maison…heureusement sa femme avait l’air plutôt de bonne humeur (cela m’a fait pensé à une scène de Friends d’un enterrement où la veuve chante au piano) et m’a bien facilité la tâche! Loin de moi l’idée de la juger, chacun réagit à sa façon, et je suis la première à mon avis à surprendre les gens avec mes blagues pas toujours appropriées.
Et en ce qui concerne les personnes en fin de vie, j’ai eu une formation théorique de qualité mais je n’en ai aucune expérience! Je n’ai pas fait de stage, que ce soit externe ou interne, ni en soins palliatifs, ni en cancérologie, ni en gériatrie. J’ai dû assister de loin en médecine interne à la prise en charge de la fin de vie de deux ou trois patients, à peu près autant aux urgences, bref mon expérience dans le domaine est inexistante et c’est une vraie lacune.

Quand la grand-mère de mon mari est décédée, que son médecin était absent et que, bien évidemment, tout le monde à la maison de retraite savait que j’étais médecin, on me demandait en gros ce qu’il fallait faire, je n’en avais aucune idée! (merci à ma copine de promo qui elle est un super médecin, une vraie quoi, qui fait même des gardes de soins palliatifs, qui m’a conseillé à ce moment là). Quand une infirmière de ma ville m’a appelé pour prendre en charge une fin de vie à domicile, je n’ai pas osé refusé mais j’ai dit que je n’avais absolument pas les compétences requises, que je le ferais si vraiment elle ne trouvait personne mais quel soulagement quand elle m’a dit qu’un autre médecin avait accepté!
Bref, la maladie je connais, je suis même spécialisée dans la maladie compliquée dont on ne meurt pas, mais la mort ça non, je ne connais pas…je ne connais pas les signes avant-coureurs, je ne connais ni l’avant, ni le pendant, ni l’après!
C’est pour ça qu’elle m’a prise par surprise! C’est pour ça que je ne l’ai pas vu venir…et c’est pour ça que je l’ai regardé agir sans rien faire…
J’suis un peu nounouille mais j’ai pas compris. Pourtant, ce n’était objectivement pas une réelle surprise, on nous l’avait même annoncée il y a longtemps! Oui mais voilà, cela n’arrivait jamais, tellement de fois, ça aurait dû arriver, ça a failli arriver et puis non (et pourtant tout le monde y a mis du sien) que j’ai probablement fini par sincèrement croire que ça n’arriverait jamais. On peut appeler ça du déni, de la naïveté, de l’incompétence ou juste du manque de clairvoyance…mais elle m’a pris par surprise…
Sinon, bien sûr, j’aurais fait les choses différemment,
sinon bien sûr, j’aurais dit des choses différentes,
sinon bien-sûr, je l’aurai empêché…une fois de plus…cela ne serait pas arrivé… Mais je n’ai pas vu, pas compris…Si j’avais compris..
Avec des si…
Je sais que j’ai assez de circonstances atténuantes pour ne pas sentir trop coupable (pas trop quoi, juste un peu, de manière adaptée…), mais quand-même…
Il est difficile de ne pas avoir de regrets…
Si j’avais su…ce ne serait pas arrivé maintenant, pas comme ça…la rencontre cette fois ci n’aura pas lieu…
Si j’avais su, j’aurais pu me préparer! Mais peut-on vraiment se préparer à ça?
En tout cas, voilà, maintenant je sais…
Je rejoins le clan des gens, malheureusement très nombreux, qui savent …
Maintenant je sais que de toute façon, on ne peut jamais savoir.
Maintenant je sais que de toute façon, on a toujours des regrets.
Maintenant, je sais la longue et étrange attente du dernier souffle…
Maintenant je sais que je revivrai ces moments terribles…et maintenant je saurai…
Maintenant, je sais comment organiser un enterrement réussi et comment faire pleurer même les plus insensibles …
Maintenant je sais que le soutien des gens que l’on aime est une des choses les plus précieuses…
Maintenant, je comprendrai davantage les personnes, mes patients qui affrontent ce genre d’épreuves.
Maintenant, j’ai plein de questions dans ma tête, des si, des et maintenant, des questions métaphysiques, des questions terre à terre (sur ce qui se passe sous terre),des questions auxquelles je dois répondre …
Maintenant je sais que c’est naïf de croire que la mort est une délivrance, que la maladie et toutes les souffrances qu’elle peut entraîner n’est pas ce qu’il y’a de pire…
Maintenant je sais qu’il n’y a rien de pire que le vide et l’absence…                                  Maintenant, je pense que le pire est à venir…que ce qui est couillon avec la mort, c’est son caractère définitif!
Maintenant, je sais surtout que je ne sais rien…

Maintenant, la mort n’est plus une étrangère …et je dois apprendre à vivre avec elle…

La seule chose que je savais avant et que je sais encore maintenant, c’est que aussi insupportable qu’elle puisse être, il n’y a rien de plus précieux que l’amour d’une mère.

 

 

10 mois

et quelques jours…

Cette fois ci, j’étais bien décidée à ne pas l’écrire cet article, n’ayant rien à dire. De la même façon que j’avais décidé de lutter contre moi-même et de griller le fameux stop qui ne sert à rien ce soir (pour ceux qui se rappellent ici).

Mais il se trouve qu’une voiture a pris la rue en sens interdit et que en grillant le stop, j’ai failli me la prendre de plein fouet. A 1h du mat, sans un chat dans les rues, c’est tellement improbable que je ne peux faire autrement que d’ y voir un signe de l’univers (qui m’envoie des messages en ce moment oui oui oui!) qui me dit de ne pas lutter contre ce que je suis!

En tout cas, là tout de suite à 2 heures du matin, cette symbolique me parait tellement éclatante que je trouve primordial de partager le constat que comme le dit celle qu’il y a de nombreuses années à la même date (oui c’est ma semaine des célébrations personnelles et des dates anniversaires qui me font un peu disjoncter je crois) j’écoutais chanter au Stade de France : »on ne change pas, on met juste les costumes d’autres sur soi »

enfin moi jme comprends ….

Et en plus, moi qui adore les chiffres ronds, le compteur des visites vient de passer à  100  000! Jsais pas ce que ça représente mais c’est joli!

9 mois et une semaine

Personne ne s’est offusqué ni même aperçu de l’absence de célébration mensuelle mais moi ça me travaille et je ne peux pas continuer comme ça, il faut que je l’écrive ce billet inutile et rituel!

Mais que dire ?

9 mois, c’est à la fois très long et très court, toutes les femmes enceintes le savent d’ailleurs.

C’est comme si c’était hier que j’écrivais mes premiers mots sur ce blog. À l’époque, j’étais atteinte d’écrivite aigue, j’étais inspirée contrairement à aujourd’hui. Et en même temps, cela me semble faire une éternité, y’a-t-il eu une vie avant ?

Bref, 9 mois, comme la grossesse, à la fois court et une éternité…

J’en suis à la moitié de la mienne pour l’instant, j’ai  l’impression que ça fait des siècles que je suis enceinte et pourtant il ne se passe rien. Depuis une  semaine ou deux, quand-même ça se voit, alors ça devient plus réel, je peux faire ma blague préférée: repondre  » non je suis grosse » quand on me demande si je suis enceinte! C’est mignon de voir la sollicitude de mes patients , j’ai eu le droit à de nombreux « ah là c’est sûr ce sera un garçon », la forme du ventre toussa… des millénaires de science de la forme du ventre …j’ai presque failli y croire!

Oui aujourd’hui, j’ai su que je devrais faire le deuil du super prénom de garçon qui était trop bien et de la déco de chambre petit prince ( oui nous sommes un peu des obsédés du petit prince mon mari et moi, on en met partout, mon mariage était magnifique, avec des histoires d’apprivoisage,une pièce montée en forme d’avion, des moutons de toute sorte, même en méchoui …) mais en dehors de ça , je suis super contente parce qu’en plus elle a tout qui va bien et que j’ai tant voulu une fille la première fois que c’est logique que j’en ai au moins deux!

Et comme ça, ça prouve si tant est qu’il fallait le prouver, que la forme du ventre c’est niveau de preuve zéro!

PS: et si un jour,dans plein d’années,  elle lit ce qu’il reste de ce blog s’il existe encore, je fais plein de gros bisous à ma toute petite soeur dont ce sera l’anniversaire dans quelques minutes !…

 

8 mois

On est le 17, c’est mon billet mensuel obligatoire et de plus en plus ennuyeux.

Et comme il y en a un qui suit, je suis obligée de me lancer…

Oui mais voilà, je ne sais absolument pas du tout quoi dire….

Cela me met devant le constat affreux de mon manque de productivité sur le blog et ça me consterne.

Ce mois-ci, j’aurai au moins été utile en faisant découvrir à certains les mots des autres

Mon mari est devenu accroc à Georges et maintenant il attend comme nous tous la suite de ses aventures…

Voilà, cette fois ci, je vais vous épargner, je ne vais pas raconter ma vie…

Un mois dans une vie et plein de choses et rien à la fois : des patients, des gentils, des très gentils et quelques rares moins gentils,ma première rougeole, des prescriptions de stromectol pour la gale par caisses, un nouvel externe, une FMC interéssante, une écho du premier trimestre, une angine familiale quand on croyait enfin être sortie d’affaire au bout de 3 mois d’agonie, un enterrement de vie de jeune fille et un mariage ( pas le mien), trois anniversaires, une 2035…

Juste merci à tous ceux qui m’ont spontanément souhaiter mon anniversaire…je ne sais pas comment vous avez su!

 

7 mois

Pas le choix:on est le 17: je suis obligée de faire mon bilan mensuel, même si celui ci est accablant!

Je ne sais pas si quelqu’un a remarqué mais je n’ai pas été très productive ce mois ci!

Et cela m’embête vraiment! J’ai plein d’idées, plein de choses que j’ai envie de dire, d’écrire. Je lis les articles de mes confrères et cela m’inspire mais …

C’est comme quand je suis sur mon canapé en train de regarder ma maison en bazar: j’ai vraiment vraiment envie de me lever et de ranger mais ….

C’est comme quand toujours sur ce même canapé, j’ai soudain une envie irrésistible de gâteau au chocolat, et bien je suis à ça de me lever et de faire un gâteau à 22h mais bon…

C’est comme continuer le sport que j’étais tellement contente d’avoir repris…oui mais bon…

C’est comme quand ma fille me demande qu’on fasse de la peinture ou de la pâte à modeler et que je lui dis « oui d’accord!!…ou alors on pourrait regarder un DVD ! »

Voilà, je suis une loque, je lutte pour ma survie quotidienne, j’écoute un mec à la radio le matin qui ose chanter « Et le matin quand je me réveille, je me dis que quand-même: La vie est belle! » et j’hallucine!

Voilà je pourrais inventer plein d’excuses pour ne pas avoir écrit ce mois ci:

Je pourrais dire qu’en ce moment, j’ai le syndrome de la page blanche, je suis en rémission de mon écrivite aiguë, j’ai perdu mon envie….

Je pourrais dire que depuis que j’ai de manière incompréhensible (encore mes deux mains gauches) noyé mon iPhone dans les toilettes et que j’ai subi un sevrage d’internet et surtout de twitter, je me suis un peu éloigné de tout ça, et même si ça me manque, je suis un peu désintoxiquée …

Je pourrais même dire que j’ai eu un accident de voiture, que j’ai fait des loopings et que ça m’a perturbé (mais même pas en dehors du fait que je n’ai plus de voiture, et puis c était pas vraiment des loopings).

Bref, je pourrais trouver plein d’excuses, qui seraient même plutôt vraies mais pourquoi me fatiguer, alors que j’ai la meilleure de toutes les excuses: celle qui marche pour tout: le ménage, le sport, la peinture, le blog…et que je ne me prive pas d’utiliser à tout bout de champ :

Bref, je suis enceinte!

 

 

And I think to myself…

700 millions de chinois, et moi et moi et moi!                                                                     Avec ma vie et mon ptit chez moi,                                                                                       Mon mal de tête et mon point au foie                                                                                     J’y pense et puis j’oublie, c’est la vie, c’est la vie!
C’est tellement vrai!
Toute la journée, de consultations en consultations, je suis confrontée à de nombreuses situations difficiles: la maladie, la précarité, les soucis de la vie…
C’est difficile! Faire face à la détresse des gens continuellement est difficile!

J’y pense, et puis j’oublie (enfin pas complètement), c’est la vie, c’est la vie!

Cela me ramène au fait que ce monde est absurde et que la vie est difficile!
Ce n’est pas un scoop certes mais parfois c’est dur. Et on se demande parfois comment continuer ou comment peut-on faire des enfants dans ce monde là?

Je tiens la main de mon mari aux funérailles de son amie d’enfance.

Mais alors, je pense au sourire de ma fille et cela va mieux. Je pense à ces graines qu’elle ramassait partout et qu’elle essayait de me faire manger parce qu’elle était « prête pour un petit frère ou une petite sœur »

I see trees of Green    J’aperçois des arbres verts

Red roses too           Des roses rouges également

I see them bloom     Je les vois s’épanouir

For me and you          Pour toi et moi

And I think to myself…

 

Parfois, comme tout le monde, ma vie est difficile à porter.
Je me demande alors comment je vais réussir à assumer toutes mes responsabilités , je suis alors lasse et effrayée…
Dès fois, je me surprends à me demander comment aurait pu être la vie si la maladie n’avait pas frappée il y a très longtemps une des personnes que j’aime le plus au monde.
Parfois je pense à tous ces êtres aimés qui ne verront pas mes enfants grandir et ça me rend triste.

Mais alors j’imagine le jour où j’annoncerai à ma fille qu’elle va avoir un petit frère ou une petite sœur et ça va mieux.

 

The color of the rainbow     Les couleurs de l’arc-en-ciel

So pretty in the sky        Si jolies dans le ciel

Are also on the faces     Sont aussi sur les  visages

Of people passing by       De passants

I see friends shaking hands    Je vois des amis se serrer la main

Sayin’ How do you do        Se dire « comment vas-tu »

They’re really saying     En réalité ils se disent « je t’aime »

I love you

 

Je pense à tous les rêves que je ne réaliserai jamais
Je pense à tous les compromis que j’ai du faire avec moi-même
Je pense à toutes les difficultés que j’ai eu et que j’aurai à affronter
Je pense à cette partie de moi que j’essaie d’enfouir et de faire taire

Puis je pense à tous les gens que j’aime et qui m’aiment,
Je pense à la chance que j’ai d’exercer le métier que j’aime,
je pense à mon mari et à la chance que j’ai de l’avoir                                                            à Jean ferrat  et à Louis Armstrong chantant à notre mariage
Je pense à tous les enfants qui m’entourent et que j’aime

 

I hear baby cry     J’entends des bébés pleurer

I watch them grow    Je les vois grandir

They’ll learn much more  Ils apprendront bien plus

Than I’ll ever know     Que je n’en saurai jamais

 

Je pense au bébé dans mon ventre

 

And I think to myself

What a wonderful world

 

 

Sans trahir Louis Armstrong mais j’aime beaucoup cette version aussi

6 mois

J’aime bien les chiffres ronds.

Je fête mes anniversaires seulement tous les cinq ans mais je les fête à fond! J’ai tellement fêter mes 30 ans, tellement de fois et avec tellement de sérieux que j’en pouvais plus et que je crois que je ferai plus rien jusqu’à mes 40 ans.

Les chiffres ronds, c’est important, cela fait parti des choses avec lesquelles on ne plaisante pas. Et comme je célèbre aussi les moisanniversaires, 6 mois c’est un chiffre rond et c’est important!

Pour les 6 mois de ma fille, j’ai organisé ma première JPO ( journée porte ouverte), j’ai invité quasiment tous les gens que je connaissais à passer s’ils le souhaitaient au cours de la journée. C’était top!

Mais je ne pense pas qu’il soit raisonnable de faire ça…

Eventuellement, un blog clavier ouvert! Tous ceux qui le veulent peuvent écrire quelque chose que je publierai sur mon blog… Hein Docteur Who, hein!!! J’attends toujours…

Sinon pour célébrer ces 6 mois comme il se doit, je ferai 6 minutes de silence ( en fait j’en ferai 7:j’en rajoute une en mémoire de mon Iphone dont la chute dans les toilettes hier a fini par avoir la peau ) et après, le hasard fait bien les choses: je vais voir Mamma-Mia avec la boutonnologue!

Ça rend cette journée exceptionnelle!

En plus, ABBA et ce blog ont en commun l’aide qu’ils m’ont apporté! La thérapie par  l’écriture et l’ABBAthérapie ont été très importante pour moi ces 6 derniers mois et au moment où une nouvelle page de ma vie commence, je trouve parfait de célébrer tout ça de cette façon!

Je sens le scepticisme devant l’ABBAthérapie et j’entends vos murmures suggérant qu’une vraie thérapie ne me ferait pas de mal! C’est pas faux je vous l’accorde mais ne sous estimez-pas la puissance de ABBA.

Je vais m’arrêtez là sur ce sujet de peur de perdre toute crédibilité sur les choses sérieuses qu’il peut m’arriver de dire …

Donc mon bilan des 6 mois est positif et étrangement rempli de chiffres ronds (il manquerait plus que l’on soit le 11/11/11, je publierais l’article à 11h11 et ma joie serait totale!): 6 mois, 50 articles, 50 000 visites, 100 000 pages lues, 500 commentaires, 500 followers…

Merci à tous pour m’avoir soutenu et accompagné tout ce temps et comme dirait ABBA:

Thank you for the music, et comme je ne serai jamais une grande chanteuse malheureusement thank you for the writing, for giving it to me!

PS: Opale, j’aime ta confiance aveugle, mais lis cet article avant de le retweeter 🙂

 

 

Bon ben bonne année…

Non, ce serait trop facile d’écrire un billet juste pour souhaiter bonne année à tout le monde et éviter ainsi d’avoir à le souhaiter personnellement à chaque personne… Et tant pis pour ceux qui ne lisent pas mon blog (et il y en a !),ils ne méritent pas de passer une bonne année de toute façon… Et puis, en vrai, ça veut  pas dire grand chose cette histoire de bonne année, comme si souhaiter une bonne année ou quoi que soit d’autre à quelqu’un pouvait avoir une quelconque influence…à la limite il fallait le demander au Père Noèl la semaine dernière .

Bref, je n’aurais pas osé utiliser ce blog censé être un blog sérieux et professionnel pour faire mes sales petites affaires de souhaitage de bonne année. Mais ce soir, j’avais décidé:pas d’internet, pas de twitter, pas de téléphone (sauf urgences et bien sûr urgences il y a eu), j’ai conscience de mon addiction, et je voulais me recentrer sur ce qui est important et j ‘ai passé un excellent réveillon avec ma fille et mon mari, juste the    three of us et à une ou deux choses prêt, c’était parfait! Moi qui d’habitude ai le téléphone collé sur l’oreille à minuit et pendant des heures (jusqu’au 31 décembre suivant même,) j’attend demain pour souhaiter cette fameuse bonne année et répondre aux messages que j’ai reçu ( parce que j’ai regardé quand-même et Ils m’ont fait plaisir, faudrait même pour ceux qui ne l’ont pas encore fait me la souhaiter cette bonne année parce qu’on ne sait jamais sur un malentendu ça peut marcher …) .

Tout ça pour dire, que sevrage de communication toute la soirée, ça plus le fait que ma psy est en vacances et que en période de fêtes, on peut pas trop appeler toutes les cinq minutes les meilleures amies à qui on peut parler de ses petits soucis pendant des heures parce que y a rien à faire on a beau se soigner, on reste toujours aussi logorrhéique sur certains sujets, bref, il est deux heures du mat, et j’ai envie d’écrire:la preuve que en 2012 ma maladie n’est pas guérie, j’ai toujours ce besoin impérieux d’écrire parfois. En 2011, j’ai fait une belle poussée, j’ai écrit beaucoup … des mails, et puis il a fallu que j’arrête, on peut décemment pas inonder éternellement les pauvres gens de mails, je n’ai pas essayé comme on me l’a conseillé des lettres accrochées à des ballons remplis d’hélium mais c’est une très bonne idée  » comme un fou va jeter à la mer, des bouteilles vides et puis espère qu’on pourra lire à travers… », devant cette  écrivite aiguë, une amie m’a créé une boite mail que je ne pourrais ouvrir que dans 10 ans, alors j’envoie à la quadragénaire que je serai et qui rira bien de la naïve jeunesse des mails avec mes états d’âme …Et puis, il y a eu ce blog, où j’ai pu mettre une partie de ce que j’avais déjà écrit et qui m’a permis de transformer en quelque chose de positif,enfin me semble-t-il, cette impériosité d’écrire que j’ai toujours eu et qui arrive par crises…

Mais je sais bien que ce n’est pas le lieu pour déverser mes états d’âme à des pauvres innocents qui n’ont rien demandé, et qu’il ne faut pas tout mélanger, déjà que je m’offre ce petit plaisir une fois par mois…mais bon quand on est atteinte d’écrivite aiguë et d’une autre pathologie dont je ne connais pas le nom mais qui est qu’en plus parfois écrire ne suffit pas, on a en plus envie d’être lu, et qu’on a un blog…la tentation est grande…

Mais comme mes articles doivent avoir une thématique médicale, c’est quand-même le but, je vais utiliser ce qu’on appelle la mauvaise foi (je ne la pratique habituellement pas donc je risque d’avoir l’air peu convaincante) et justifier de deux manière ce billet :

– parler de cette maladie pas si peu répandue que ça, surtout dans le milieu de blogueurs qu’est l’écrivite aiguë et qui peut parfois avec de fâcheuses conséquences, par exemple : les crises étant souvent nocturnes:le manque de sommeil, moins de temps pour regarder des séries télé, l’ennui pour les lecteurs suite à des discours qui n’en finissent pas ,des digressions dans les digressions, les grandes difficultés de synthétiser, le harcèlement, la perte de dignité quand dans une relation amoureuse, on ne peut pas s’empêcher d’écrire, beaucoup et tout le temps ses moindres pensées, j’ai par exemple passer ma deuxième année de médecine à écrire des lettres, des tonnes de lettres avec des tonnes de pages, bref un vrai drame cette maladie…

– Autre expérience médicale qu’il serait égoïste de ne pas partager: ce soir j’ai presque mourru! Oui rien que çà ! En dehors de l’accouchement mais y’a un truc mystérieux qui fait que l’on oublie la douleur, je crois que je n’ai jamais eu une aussi forte douleur de toute ma vie… donc voilà tout ça n’était que l’introduction à ce passionnant sujet: à quoi j’ai pensé pendant la demi-heure où j’étais allongée par terre à hurler de douleur: ah non je veux dire à souffrir en silence: je suis une femme !

En gros, ça faisait deux jours que j’avais rien mangé, que j’ expérimentais les premières brûlures d’estomac de ma vie et là, j’ai mangé beaucoup d’un coup et très épicé…A la fin du repas, mon mari et moi on a dit en cœur « Je vais mourir  » Cinq minutes après je me roulais par terre en me disant: « Merde, je meurs vraiment? »

Avec du recul, c’était plutôt intéressant comme expérience. Je n’ai toujours pas envie de dormir et j’ai toujours des brûlures d’estomac alors je vais vous faire partager mes pensées de ces instants, je suis sûre que demain matin, quand vous lirez ça avec la gueule de bois, vous trouverez cet article passionnant et pas long du tout.

– Les cinq premières minutes, je n’ai rien pensé du tout à part je vais mourir, tellement j’ai eu mal, non mais à 9,5/10 je vous jure! Ensuite quand j’ai recommencé à penser

-Merde  jsuis en train de foutre en l’air le réveillon

-Gentil mari: apporte moi tel et tel médicament!

-Oui,c’est pathétique de se jeter comme ça sur les médoc

-Faut que je twitte que je suis en train de mourir

-Bon alors, c’est ça un ulcère…enfin là , il doit être au moins perforé…à moins que ce soit juste une gastrite ou même pas , c juste le repas et moi qui suis hyper douillette, non c pas possible là c’est au moins un ulcère, peut être même deux ou trois, oui je sais ça n’existe pas mais quand-même!

-Essayons toutes les positions: en boule sur le canapé, accroupie les fesses en l’air, sur le dos, AH non pas sur le dos, en chien de fusil par terre sur le tapis… En chien de fusil??? Merde, j’ai ptet une pancréatite?? Ou un cancer du pancréas? Ça expliquerait ces 20 kg que j’ai perdus.. Bon en même temps, ma lipase était normale la semaine dernière ( et oui j’ai fait une lipase: bilan d’hypochondrie, hi hi hi)

– J’ai bien fait, une fois n’est pas coutume , de passer l’aspirateur sur le tapis, vu le temps que je passe la tête dessus…

– Faut que je twitte que j’ai bien fait de passer l’aspirateur

-Bon tout le monde a disparu, j’entends ma fille jouer tranquillement dans la salle de jeux, mon mari est à l’étage sur l’ordi, c’est bon au moins j’emmerde personne…J’espère qu’ils vont pas me marcher dessus en passant …

– Bon, ben là, ça passe pas, va falloir que j’aille aux urgences, c’est un constat affligeant mais à falloir que j’aille aux urgences un soir de réveillon! En même temps, qu’est ce q’ils peuvent faire à part une perf d’IPP, que j’ai déjà pris… oui mais jpeux pas rester comme ça !

-Faut que je twitte que je vais aux urgences un 31 décembre….ptet que jtomberai sur Dr Foulard, il est de garde je crois, ça serait bien, on le prend parfois pour le brancardier mais moi je crois qu’il a toutes les qualités pour être un excellent médecin, et en plus on m’a dit qu’il était beau …

– Une pensée pour toutes les douleurs épigastriques pour lesquelles je n’ai peut-être pas assez compaties…j’avais jamais eu de douleurs d’estomac avant mais ça fait mal P…..Et mon pauvre mari avec sa gastrite chronique, je suis vraiment pas assez compatissante..Et puis sans lui,j ‘aurai pas les médocs…À sa prochaine crise, je serai plus compatissante….

-En même temps, il est chiant lui quand il a mal, c’est un mec, moi jsuis allongée en plein milieu du salon, j’ai un peu chaud d’ailleurs car il y a le feu qui crépite dans la cheminée à 50 cm de moi, c’est romantique un feu, et je dis rien, pas un mot , juste quelques dignes larmes coulent sur ma joue…

-Ils vont me trouver belle dans ma petite robe noire avec mes 20 kg en mois aux urgences…je me demande qui est le chef de garde!

– Par contre , avoir mis des collants rose fuchsia pour être assortie à ma fille du coup c’était moyennement une bonne idée!

-Bon, là ça passe pas, jsais pas quoi faire: bon ben faute de mieux je vais pleurer!

– Mon mari me dit que lui, cela n’a jamais duré aussi longtemps car il vomit et après ça va mieux,mais moi qui ait des nausées chroniques quotidiennes permanentes ( j’ai inventé ce terme car c’est quelque chose qui n’a pas l’air d’exister en médecine, si ça inspire qq…) je ne vomi jamais, c’est le drame de ma vie! Quand j’étais enceinte, j’avais des nausees matinales intenses qui duraient 24h, et lui, d’un coup il me disait « j’ai envie de vomir »,il vomissait et il me disait ça va mieux…je l’aurais tué!

-ah ben merde je vomis, mais du coup je sais pas faire, je vomis sur place, je fais quand même l’effort de viser le saladier qu’on m’a glissé en vitesse…

– ah tiens pas de sang, je pensais bien avoir un ulcère hémorragique …

-Redonne moi un médoc, je sais que faut pas, jsuis médecin, ce que tu me dis, c’est moi qui te l’ai dit: jm’en fous, redonne en moi un! Et puis ça strouve j l’ai vomi… ( encore de la mauvaise fois…)

– bon,ça va un peu mieux, je vais pas avoir besoin d’aller aux urgences, la soirée va ptet pas être foutue, je vais peut-être étre la pour la fin du monde, et si je tends le bras fort fort genre gogo gadget au bras, je pourrais attraper mon téléphone et aller sur twitter.

– bon,la c’est sûre, je suis complètement addict, faut que j’aille en rehab, penser à twitter dans un moment pareil!! Non mais faut se faire soigner… Oui mais d’une addiction à une autre, celle là est la moindre et à plein d’avantages et puis twitter est le symptôme, pas le problème, et c’est aussi parfois le remède, bref, j suis folle mais ce n’est pas la faute de twitter…

– NOËL NOËL: pourquoi y a ça qui cogne dans ma tête…Ah oui,j’ai voulu mettre des chants de Noël… Mais j’l’aime bien Josh Groban mais là: Ta gueueueule!!!

– je remplace par d’autre chansons dans la tête: « i am torn , lying naked on the floor » « M’étendre sur l’asphalte et me laisser mourir »

-Mais non je ne meurs pas…Ça commence à aller mieux…

-Merde le dessert avait l’air trop bon..

– Quelle symbolique quand-même, finir cette année plaquée au sol…. Sacrée 2011, je ne t’oublierai jamais …

Bon, je vais conclure ce billet fatiguant en vous épargnant mon bilan de 2011 et mes perspectives enthousiasmantes  ou effrayantes pour 2012, j ‘ai toujours mal à l’estomac mais mes yeux se ferment ( ouf général je sens !)

Et même si ça n’en à pas l’air, c sincère

A vous tous,

Et parce que sur un malentendu ça peut marcher:

Bon ben Bonne Année!!!