Deux thèses à partager

J’adore assister à des thèses, c’est comme les mariages.

Plus je grandis, plus mes amis sont mariés et thésés, plus je me dis que ça m’arrivera de moins en moins .

Mais on peut toujours compter sur les amis retardataires et sur les nouveaux amis ou les petits jeunes, internes ou autres dont on fait la rencontre…

L’année à venir va me donner la joie d’assister à la thèse d’amis twittos par exemple .

L’année passée, pour la première fois et à deux reprises, j’ai  même été dans un jury de thèse.

En dehors de ça, j’ai assisté à deux thèses que je voulais partager avec vous.

La première est celle d’une amie.

Elle a mis du temps pour sa thèse, beaucoup de temps , mais celle ci est d’une grande qualité.

Elle porte sur les erreurs médicales ayant abouties à des poursuites judiciaires chez des médecins généralistes et leur vécu .

C’est un sujet qu’on connait mal.

On a beaucoup parlé des erreurs médicales au moment de la publication de Etude esprit .

Sur twitter, on a parlé du site participatif (le site REX ) sur lequel on peut de manière anonyme partager ses expériences d’erreurs médicales .

Cette thèse aborde de manière plus globale le concept d’erreur médicale et celui plus méconnu du point de vue judiciaire. Elle est vraiment très intéressante.

Vous trouverez le texte complet ici: THESE

et un entretien avec elle sur ce sujet sur egora ici (pour ceux qui peuvent se connecter)

J’en profite pour féliciter à nouveau son auteure pour sa putain de thèse qu’elle a fini par terminer brillamment.

(parce que quand-même #CacaLaThèse)

Sur le sujet de l’erreur médicale : deux articles très intéressants  à lire absolument du blog « Chroniques d’un médecin quiquagénaire »

http://30ansplustard.wordpress.com/2014/12/21/gerer-lerreur-en-medecine-une-approche-moyenageuse/

http://30ansplustard.wordpress.com/2014/12/23/comment-diminuer-les-erreurs-en-medecine-generale/

-La deuxième thèse porte sur un sujet qui me tient à coeur : le centre de ressources pour mini-réseaux de proximité.

J’en ai parlé à plusieurs reprises :

Moi aussi j’ai une fée chez moi 

Des coursiers très spéciaux

Ce concept magique, de coordonnateur d’appui, est un concept qui se développe, que j’ai toujours du mal à expliquer.

Marine en a fait le sujet de sa thèse, et elle a réussi à l’expliquer très bien.

J’ai été ravie de faire partie des médecins qu’elle a interrogés et de pouvoir déverser tout mon enthousiasme sur cette association merveilleuse et qui change ma vie au quotidien, et celle de mes patients.

Vous pouvez lire cette thèse ICI  (THESE Marine Monet) pour comprendre ce concept qui doit être développé!!

 

 

Pour ceux qui n’ont pas le courage de cliquer

 Voici la conclusion de la première thèse 

Conclusion

L’épreuve d’un procès pour un médecin généraliste libéral est loin d’être indifférente, pouvant induire des réactions psychologiques successives dignes des 5 étapes du deuil… L’expérience diffère quelque-peu de celle de l’évènement indésirable médical sans suite judiciaire ; Il ne s’agit plus d’un simple conflit avec sa conscience, mais d’une accusation portée par l’ensemble de la société, représentée par les instances judiciaires. Est-ce que cela suffit à expliquer une disparition rapide du sentiment de sa propre responsabilité dans l’incident ? Et un bénéfice pédagogique pour le médecin plus limité que dans le cas d’un EIG ? La question pourrait être à creuser ultérieurement…

Deux moments semblent particulièrement sensibles dans un procès : pendant les premières étapes de la procédure, lorsque le médecin fragilisé, perdu entre des sentiments contradictoires, risque de refouler toute responsabilité en se sentant agressé. Et après le procès, dans le cas des médecins sanctionnés, avec risque d’installation d’une amertume durable, voire de l’abandon de l’exercice libéral.

Le retentissement psychologique peut en tout cas être relativement sévère, et une procédure judiciaire peut parfois suffire à induire un état dépressif caractérisé. Et dans ce cas, la honte diffuse encore attachée au procès poussera encore plus au repli un médecin libéral déjà peu enclin à consulter pour lui-même en général. Un médecin qui se plaindra amèrement de l’absence de confraternité, sans voir qu’il participe lui-même à sa solitude.

Les possibilités d’aides psychologiques connaissent pourtant actuellement un développement très net, dans un contexte de reconnaissance du burn out comme une source de souffrance fréquente dans la vie d’un médecin. Hélas les médecins dans leur majorité ignorent tout de ces louables initiatives. Il faut prévoir de développer la communication autour de ce type d’offre anonyme et gratuite : on peut imaginer l’envoi d’une plaquette par l’assureur dans le cadre d’un procès, le développement de l’information fournie par l’Ordre des Médecins, voire d’une plus grande implication de celui-ci dans l’état de santé de ses affiliés… Et enfin, réfléchir aux potentialités d’internet et des réseaux sociaux dans l’aide aux médecins isolés et fragilisés.

Mais comme on l’a vu, un praticien peut être difficile à aider, surtout dans le cadre d’une procédure judiciaire, et peut aller jusqu’à repousser les offres de soutien que l’on vient lui porter. Il y a sans doute encore beaucoup à faire au niveau du cursus universitaire pour faire accepter aux futurs médecins l’idée de leur propre vulnérabilité et les sensibiliser au bénéfice d’un suivi régulier assuré par un autre médecin, comme n’importe quel patient… Bref, pour sortir le médecin libéral de cette sorte de « cécité professionnelle » quand il s’agit de lui-même, et qui lui est si préjudiciable.

Mais dans le fond, cette anxiété du procès qu’on retrouve dans tous les travaux sur ce sujet, n’est-elle pas démesurée ? Pourquoi une telle difficulté à relativiser cet événement, qui risque de devenir de plus en plus banal ? Ainsi que le reconnaissent avocats, assureurs, et juristes, il s’agit en général plus de soulager le patient victime que de vilipender le médecin… Alors pourquoi les praticiens mis en cause ne peuvent-ils faire autrement que de le prendre si personnellement? Il faut sans doute faire en sorte d’aborder plus souvent les conséquences psychologiques sur le médecin d’un EIG et d’un procès pendant la formation initiale et continue, et non plus seulement leur prévention ;

Car une médecine parfaite est un pur fantasme; Et un médecin mieux préparé aux conséquences de ces propres imperfections sera capable d’en tirer des enseignements sans forcément remettre en question sa valeur et ses compétences. Sans en être la seconde victime.

 

 et le résumé de la deuxième thèse 

Introduction : La prise en charge des inégalités sociales de santé avec le développement des structures innovantes d’organisation des soins primaires, est une problématique actuelle de santé publique.

Objectif : Cette étude s’attache à décrire le Centre de Ressources pour la Coordination des Mini-Réseaux de Proximité (CRC/MRP), en expérimentation dans le département de Seine-Saint- Denis depuis 2008, qui vise à favoriser la prise en charge du patient complexe par le médecin généraliste et ainsi améliorer l’accès aux soins.

Matériel et Méthodes : Nous avons décrit le contexte historique et idéologique à l’origine de la conception de ce réseau, puis nous avons réalisé une étude qualitative auprès de 10 médecins utilisateurs du CRC/MRP. L’enquête s’est composée d’entretiens semi-qualitatifs avec chaque médecin.

Résultats : Les médecins généralistes interrogés expriment leur intérêt pour ce réseau innovant, qui vient apporter son soutien aux patients présentant des difficultés administratives et sociales. Le CRC/MRP est décrit comme un réseau social à la prise en charge élargie, qui vient combler un vide dans le système de santé. Les résultats apportés aux utilisateurs sont positifs, puisque le centre de ressources permet d’assurer la prise en charge globale des patients, tout en préservant un certain confort aux médecins. De plus, lors de cette étude, des modifications de la pratique quotidienne des médecins sont explicitées avec le sentiment d’améliorer leurs conditions de travail, la prise en charge médicale et la relation médecin/patient. Les Coursiers Sanitaires et Sociaux (CSS) piliers du CRC/MRP, sont décrits comme efficaces, disponibles et mobiles, et les médecins pensent qu’une formation sociale leur est nécessaire. La majorité des médecins interrogés semble d’accord pour généraliser le concept, Enfin, les médecins expriment des idées différentes et un sentiment partagé sur les modalités de financement de cette structure.

Conclusion : D’après les médecins utilisateurs, le CRC/MRP est un concept intéressant, ainsi qu’une structure alliant disponibilité et mobilité grâce aux CSS pour réaliser un travail social indispensable.

Des coursiers trés spéciaux

J’avais parlé dans un article « Moi aussi j’ai une fée chez moi » du concept de coursier sanitaire et social que je trouve particulièrement brillant et passionnant.

Un journaliste a découvert ce concept en lisant mon blog et a décidé d’en faire un article qui est paru cette semaine dans le Quotidien du Médecin.

Je suis heureuse que ce concept innovant puisse être connu et je suis fière de pouvoir participer à cette promotion.

Je remercie le journaliste pour avoir parlé de ce sujet qui m’est cher.

( Et pour son humour qui m’a valu de me cacher de honte, heureusement que l’entretien était par téléphone )

PS: le jeune médecin de Seine-Saint-Denis, c’est moi 🙂

Voilà l’article en question

Des coursiers très spéciaux

Une fée sociale au chevet patients… et des médecins

Inventé par des associations, le concept de « coursier sanitaire et social » permet aux médecins de déléguer à d’autres les souffrances de leurs patients qui ne relèvent pas du soin.

INSTALLÉ À MONTENOIS, dans la campagne franc-comtoise, le Dr Marc Giusti est parfois confronté à des situations difficiles, où se mêlent médecine et souffrance sociale. Il y a ce patient psychotique, sans emploi, qui vit chez sa mère invalide, dans une ambiance très conflictuelle ; cette petite dame isolée qui n’a plus le courage de se faire à manger ; cette femme atteinte d’un cancer, avec trois enfants en bas âge … Que font les médecins, dans ce genre de situation ? Comme ils peuvent, le plus souvent, passant des coups de fil entre deux patients, en quête d’une solution forcément limitée par leur manque de temps, de compétences et de connexions dans le domaine social.

Le Dr Giusti, lui, a une autre option : un numéro de portable, qu’il compose pour faire apparaître un coursier sanitaire et social. Une sorte d’ange gardien, ou de bonne fée, qui va très vite rencontrer le patient à son domicile, évaluer ses besoins, mobiliser les organismes et dispositifs adéquats, mettre en place les aides pour stabiliser la situation sociale et faciliter le traitement médical. « Le coursier n’intervient que sur la sollicitation du médecin et de son patient, avec un champ d’action très varié, du plus simple – rétablir quelqu’un dans ses droits sociaux – au plus complexe : surendettement, avis d’expulsion, enfants qui craquent et parents qui se déchirent … À chaque fois, en faisant le lien entre tous les professionnels concernés : aides-soignants, infirmières, assistantes sociales, Conseil général, MDPH, Sécu, employeur, bailleur, école … », résume Sarah Berjon, coordinatrice et coursier au Centre de ressources pour mini-réseaux de proximité, qui rayonne en Seine-Saint-Denis.

Plébiscite.

Cette association, financée à titre expérimental par l’agence régionale de santé (ARS), est d’ores et déjà intervenue auprès de 370 patients et de leurs médecins, bien au-delà de l’objectif de 200 dossiers initialement fixé, et ce malgré des moyens modestes (deux salariées et des stagiaires). Ailleurs en France, seuls les médecins de Franche-Comté peuvent, pour l’heure, s’en remettre à des coursiers sanitaires et sociaux. Grâce à une association, l’ARESPA, également financée par l’ARS, qui s’est déployée dans toute la région, où elle emploie aujourd’hui une dizaine de personnes. Ici encore, l’initiative est plébiscitée. « C’est d’abord un gain de temps énorme. Dans mon cas, deux à trois heures par semaine, en démarches et dossiers que je n’ai plus à faire moi-même », estime Marc Giusti. Les généralistes apprécient tout autant l’efficacité de l’aide apportée. « Pour moi, c’est du pain béni. J’avais la semaine dernière, dans mon cabinet, une vieille dame en pleurs, parce qu’elle ne se sentait plus capable de s’occuper de son mari malade à domicile, et que nous n’avions pas trouvé de place en EHPAD. On m’a parlé de l’ARESPA. En 48 heures, ils avaient obtenu une place en long séjour », rapporte le Dr Christophe Joly, médecin à Besançon. Soulagement est le mot qui revient le plus souvent. « Nous ne sommes plus seuls face à la détresse du patient. On peut se concentrer sur la partie médicale, sans craindre qu’elle soit rendue inopérante par les problèmes sociaux », souligne cette jeune médecin de Seine Saint-Denis, qui aborde le sujet dans son blog. « C’est vraiment le chaînon manquant. En France, on soigne bien dans un couloir, une filière. Il manque des portes entre les couloirs, et des gens pour les ouvrir », renchérit le Dr Jean-François Roch, à Besançon.

De leur côté, les ARS devraient prochainement mesurer l’impact de cette innovation sur le coût et la qualité des soins. « Nous avons fait, en interne, une étude auprès de 68 patients, suivis pendant 6 mois. Selon leurs médecins, les coursiers sanitaires et sociaux ont permis d’éviter 476 jours d’hospitalisation », indique Frédérique Le Marer, présidente de l’ARESPA. Il n’est donc pas exclu que les fées sociales essaiment. « Il y a aujourd’hui des projets à Paris, Bordeaux, Avignon et Lille », conclut Xavier Aknine, le président du Centre de ressources en Seine-Saint-Denis.

 

Moi aussi j’ai une fée chez moi ….

 Attention ! Après, ceci, tous les lecteurs médecins voudront venir s’installer en Seine-Saint-Denis, et même les malades voudront venir y vivre. Il va y avoir un exode vers la Seine-Saint-Denis.

Car, je l’ai déjà dit, la vie en Seine-Saint-Denis est parfois très agréable, il y a des atouts souvent méconnus à l’exercice dans ce département, j’y reviendrai, mais en Seine-Saint-Denis, nous avons quelque chose que personne n’a ailleurs : le centre de ressources pour mini-réseaux de proximité, et nous avons des magiciennes…

J’ai déjà dit qu’il y avait des personnes motivées en Seine-Saint-Denis, des associations et des initiatives admirables, du dynamisme. Moi, je connais une personne formidable, qui change ma vie et celle de mes patients.

Car le métier de généraliste est difficile. Il y a le côté médical qui est déjà un vrai défi en soi mais il y a tout ce qu’il y a autour, toute la prise en charge sociale. Il est vrai que cela dépend du type et du lieu d’exercice, mais à partir du moment où la maladie, le handicap, la dépendance apparaît dans la vie de quelqu’un, les problèmes sociaux ne tardent pas à suivre, et même les médecins généralistes ne travaillant pas dans des milieux défavorisés comme en Seine-Saint-Denis, ont je pense leur exercice médical souvent « parasité » par des problèmes non médicaux.

Le problème est surtout que lors de notre formation, nous avons été très peu formés pour gérer tous ces « soucis annexes » qui nous tombent dessus. L’autre problème est que la mauvaise organisation de notre société est telle que le médecin généraliste se retrouve seul pour gérer des choses qui ne sont pas de son ressort.

Quelques exemples :

-Mme B. 56 ans , très active, avec ses grands enfants à charge a depuis deux ans environ une maladie neurologique qui a tardé à être étiquetée qui s’avère être une sclérose combinée de la môelle et aussi une neurosarcoidose ( tant qu’à faire !). Elle a une perte d’autonomie progressive et ne pouvant plus se déplacer au cabinet de son médecin et  celui-ci ne faisant pas de visites à domicile, je deviens son nouveau médecin traitant. Rapidement ( aucun lien de cause à effet bien-sûr) les choses se dégradent, elle est hospitalisée, puis je suis appelée en catastrophe un vendredi alors qu’ils l’ont fait sortir sans penser qu’elle ne pouvait pas marcher ni faire ses sondages urinaires, sans savoir du tout ce qui se passait à domicile. Après un week-end catastrophique, lourd de conséquences psychologiques pour elle et ses enfants, je la refais hospitalisée ( son neurologue était dans ses petits souliers, il n’était même pas au courant de sa sortie ) et ensuite elle ira en maison de repos en attendant de mettre les aides à domicile au point. Les problèmes qui se posent devant une perte d’autonomie avant 60 ans sont nombreux. Pour que Mme B. puisse rentrer à domicile, il faut coordonner les aides à domiciles, soins  infirmiers , aides soignantes pour la toilette (mission quasi impossible). Mais il y a surtout un problème financier, prise en charge du maintien à domicile, son salaire qui n’est plus versé, loyer qui n’est plus payé, et moral : se retrouver dans une situation où l’on a plus l’énergie de gérer comme il faut tous les problèmes matériels, où tous ces problèmes financiers empêchent de se consacrer au plus important : se soigner. Il est difficile de se rendre compte tant que l’on ne l’a pas vécu de la détresse d’une telle situation. Et c’est le médecin généraliste qui se retrouve au milieu de tout ça, que faire ? Compte tenu de l’âge, on ne peut pas compter sur la mairie pour mettre en place l’APA (Aide personnalisée d’Autonomie) ce qui en général marche assez bien, il faut faire une demande de PCH ( Prestation Compensatrice du Handicap) à la MDPH ( ancienne COTOREP). Premier obstacle : il faut que le médecin généraliste connaisse (honnêtement je connais car j’y ai été confrontée dans ma vie personnelle), ce qui n’est pas gagné et surtout le délai est extrèmement long ( 6 mois minimum en Seine-Saint-Denis ) , et en attendant ? et pour tout le reste (loyer, employeur etc) ? Et bien, on est bien embêté ? On dit à la patiente, qui ne peut pas se déplacer ou à ses enfants de contacter l’assistante sociale du secteur (même s’ils trouvent l’énergie de le faire, ils auront par chez nous beaucoup de mal !) On compte sur l’hôpital ( ah ! ah ! ah ! ) …Bref, c’est une situation qui personnellement en plus du fait de prendre beaucoup de temps, dépasse mes compétences…et Mme B. est toute seule dans sa détresse.

-Mme D. 78 ans, vit avec sa fille handicapée sous curatelle, en dehors d’une dépression avec des crises hautes en couleurs régulières, médicalement je m’en sors. Mais souvent, elle me fait part de ses problèmes financiers, son téléphone est coupé, la curatelle ne lui donne pas l’argent de sa fille, il n’y a personne pour aller chercher les médicaments, elle ne peut plus acheter de quoi faire à manger, elle est  isolée.Elle demande à être mise sous curatelle : euh oui mais on fait comment ? ah oui faut que vous alliez au tribunal d’instance chercher un dossier : OK ?  Je renouvelle son ordonnance en majorant les anxiolytiques et je fais quoi ? Je lui dis d’appeler l’assistante sociale (qui ne répond jamais) elle va me répondre que son télephone est coupé…Bon ben salut, on se voit le mois prochain ….

-Mr D. pour ceux qui suivent (une matinée) qui n’a toujours pas d’aide médicale après 9 mois, il a bien déposé son dossier pourtant ! Il ne peut toujours pas se soigner et a des dettes pour ses consultations aux urgences.

Je pense que je ne suis pas la seule à être désarmée devant ce genre de situation et je pense que ce sont les patients qui en pâtissent le plus et qui restent dans des situations inextricables …

Enfin désarmée, moi je ne le suis pas ! Face à une telle situation, je prends mon télephone, le numéro que j’ai mis dans mes favoris, je laisse un message et c’est bon je peux aller jouer au golf (oui genre !) le problème est réglé ! C’est aussi simple que ça. Il y a une petite fée qui va venir s’occuper de tout …

Non, vous ne me croyez pas ! Et bien si !

-Pour Mme B., malheureusement son état médical ne s’améliore pas et elle est toujours en maison de repos mais entre temps, mais la fée est venue la voir à domicile plusieurs fois ou à la maison de repos. Elle a appelé la MDPH des dizaines de fois, la PCH a été accordée et quand un retour à domicile sera possible, elle organisera et coordonnera les divers intervenants, elle a contacté l’employeur et a fait toutes les démarches pour que soit obtenu le maintien de salaire en longue maladie ( et quand cela implique des détails comme aller chercher un papier, me le faire remplir, le renvoyer tamponné etc , et bien, elle le fait, elle se déplace), elle s’est arrangé avec le bailleur pour le loyer. Elle m’appelle pour me donner des nouvelles ou m’en demander, est à la disposition de Mme B. ou de ses enfants en cas de besoin. Je ne sais pas si on peut se rendre compte de l’impact de cette démarche, pour le médecin mais surtout pour Mme B. et ses enfants.Ca a changé sa vie, elle doit déjà gérer la difficulté de sa maladie mais maintenant c’est dans les meilleurs conditions possibles. L’aide matérielle certes mais avant tout morale est inestimable !

-Pour Mme D., elle s’est rendue à son domicile plusieurs fois, a harcelé le service social de la ville pour qu’ils prennent Mme D. en charge, a contacté la curatelle de sa fille et même si je ne dis pas de bêtises avec la permission de Mme D. a parlé à sa banquière. Elle va s’occuper de ses factures du mieux qu’elle peut et pour la demande de mise sous curatelle, m’a dit « je m’en occupe » , ah bon d’accord alors !!

-Elle s’est rendue au domicile de Mr D., a contacté ( le mot est doux pour le mal que ce fut ) la sécu pour comprendre pourquoi le dossier n’était toujours pas à jour (ne soyons pas mauvaise langue, mais il semblerait que ce ne soit pas inhabituel que les dossiers d’ AME trainent en longueur), s’est mise en relation avec l’assistante sociale de l’hôpital pour les factures des urgences, reste en contact avec eux etc…

Je ne sais pas si je vous fais sentir l’importance cruciale de son travail, mais personnellement si je trouve que j’ai pu apporter quelque chose à ces patients, c’est de les avoir mis en contact avec elle …

Cette fée s’appelle Ozgur et je n’ai pas encore le plaisir de connaitre son amie fée Sarah , j’écris ceci avec leur autorisation. Elle font parti d’une association qui se nomme : centre de ressources pour mini-réseaux de proximité en Seine-Saint-Denis. C’est une initiative originale et à mon sens brillante développée par quelques personnes dynamiques dont le principe est d’expérimenter une pratique de coordination des trajectoires de soins des patients en situation de crises et suivis par leur médecin traitant, expérimenter un nouveau métier : le coursier sanitaire et social avec une méthode d’intervention individualisée, déboucher sur la mise en place d’un service de santé polyvalent qui permette de réduire les inégalités pour l’accès au soin des patients en situation de crise.

voici une petite présentation de leur association qu’elles m’ont permi de publier ici :

Il faut comprendre à quel point cette association à la fois extraordinaire et en même temps semble tout à fait logique… Cela est tellement positif pour tout le monde que je ne comprends pas qu’elle doivent lutter énormément pour se développer et surtout pour obtenir des financements. Les financements m’ont-elles avouée risquent de ne pas être renouvelés … mais elles continueront à s’occuper des gens quand même …même sans financement … Je trouve qu’une telle initiative devrait être aidée, soutenue, facilitée et développée partout .En attendant , et pour combien de temps je ne sais pas , mais on ne trouve ces fées que chez moi …En Seine-Saint-Denis …Et je profite de cette occasion pour remercier Ozgur de toute l’aide qu’elle m’a apporté jusqu’à maintenant et surtout au nom de  Mme B. Mme D. et Mr D..et lui exprimer toute mon admiration …

Centre de ressources pour mini-réseaux de proximité en Seine Saint Denis

Bref historique :

Ce projet est à l’issue de plusieurs années d’expérimentations menées par Mme Sibel BILAL, avec une partie des médecins généralistes membres de l’ANGREHC (Association Nationale pour la Recherche et l’Etude sur les Hépatopathies Chroniques) mais aussi membres fondateurs des réseaux Ville Hôpital. Les résultats des actions réalisées ont aboutit aux modalités du système actuel.

Il part du constat principal qu’une grande partie de la population en situation de rupture sociale est du au fait d’accident de vie ou de maladie, et que ces situations créent aussi des conséquences sociales. Ces personnes en situation d’extrême fragilité sont emmenées à de multiples facettes de l’exclusion. Leur point commun est qu’ils sont quasiment tous en contact avec un médecin généraliste, un pharmacien et/ou un hôpital. La prévention sociale et sanitaire est donc importante.

1) Moyens et Objectifs

Le Centre de Ressources est une structure polyvalente de santé, mobilisée sur appel des médecins traitants, qui propose l’intervention d’une « équipe sociale mobile » constituée de « Coursiers sanitaire et social ». L’action a été financée dans un premier temps par l’URCAM puis par l’ARS dans le cadre du Fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins (FIQCS).

Elle vise à :

– coordonner les trajectoires de soins des patients en situation de crise et suivis par leur médecin traitant,

– mutualiser et coordonner les moyens humains,

Les coursiers agissent comme interface avec le système socio-sanitaire du patient, de son entourage et des professionnels de la santé. Ils vont à la rencontre des institutions et des différents dispositifs médico-social.

2) A qui s’adresse-t-il ?

– Aux patients de la Seine-Saint-Denis en situation de crise du fait de leurs facteurs de vulnérabilité socio-sanitaire ou d’un accident de vie (deuil, licenciement, séparation…) suivis par leur médecin traitant.

L’existence des différents services de proximité ne sont pas forcement connus ou parfois difficiles d’accès pour les personnes en situation de crise sanitaire et sociale. Immobilisée par la maladie, fatiguée ou dépassée, elles n’ont parfois pas la force d’effectuer les démarches nécessaires pour l’accès ou le maintien de leurs droits.

– Au médecin traitant, qui grâce à l’intervention des Coursiers Sanitaire et Social, permet de se libérer de la gestion des problématiques sociales, afin de se centrer sur la santé de son patient.

3) Prestations et services

– Bilan socio-sanitaire individuel

– Cartographie des réseaux du patient

– Lien avec les dispositifs médico-social

– Réunions de Concertation Pluridisciplinaire de Proximité

– Plan d’action individualisée avec le médecin traitant

– Dérogations tarifaires : Indemnisations des RCP et RCP 2

Définition de la Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) : C’est une réunion de concertation entre les différents intervenants autours du patient nommés par le patient pour la résolution de sa situation. Elle se tourne plutôt vers les professionnels de soins de ville mais, il est évident que les spécialistes sont invités si nécessaire.

Définition de la Réunion de Concertation Pluridisciplinaire de Proximité (RCP²) :L’ensemble des intervenants des RCP se réunit avec le patient avec pour objectif à la fois une alliance thérapeutique, et un effort d’harmonisation des décisions en s’appuyant sur le contexte environnemental (social, économique, psychologique, relationnel) des personnes malades et sur des référentiels de pratiques issue des conférences de consensus, recommandation de la HAS, du guide des alertes socio-sanitaires et du guide social des médecins.

Prise en charge de séance de psychothérapie (4 maximum)

4) En pratique: comment procéder ?

Le médecin généraliste :

repère une « situation de crise » et contacte le centre en temps réel, un Coursier Sanitaire et Social (CSS) se déplace immédiatement et/ou en différé sur RDV au domicile du patient ou au cabinet du MG ou un lieu au choix du patient (café…)

 

Rôle du CSS :

Effectuer un diagnostic socio-sanitaire ;

dresser une fiche d’intervention individuelle/patient

établir un plan d’action,

faire des démarches avec et/ou pour le patient

exemple: préparation de l’entrée des patients à l’hôpital et organisation de leur sortie ; mobilisation des services sociaux adéquats ; mise à disposition des MG des référentiels de l’HAS.

5) Partenaires Principaux adhérents du Centre de Ressources

– Réseau DIANEFRA 93 (prise en charge des patients diabétiques)

– Réseau Oncologie93

– Réseau Aulnay93 (VIH/SIDA – addictions-hépatite C)

– Hôpital R. Ballanger à Aulnay-sous-Bois

– Maison Médicale de Garde à Aulnay-sous-Bois

– ANGREHC (Appui technique/Hépatites B et C et Hépatopathies chroniques)

– Centres de santé et services sociaux

Le siège de l’association se trouve au 3, Place Tavarnelle 93220 Gagny. Présidé par le Dr X.AKNINE et le secrétaire/trésorier Dr P.GRUMBERG.

Vous pouvez nous contacter par mail : centrederessources-mrp93@orange.fr

ou par téléphone au 06 49 02 39 88 / 06 98 19 39 88