J’avais parlé dans un article « Moi aussi j’ai une fée chez moi » du concept de coursier sanitaire et social que je trouve particulièrement brillant et passionnant.
Un journaliste a découvert ce concept en lisant mon blog et a décidé d’en faire un article qui est paru cette semaine dans le Quotidien du Médecin.
Je suis heureuse que ce concept innovant puisse être connu et je suis fière de pouvoir participer à cette promotion.
Je remercie le journaliste pour avoir parlé de ce sujet qui m’est cher.
( Et pour son humour qui m’a valu de me cacher de honte, heureusement que l’entretien était par téléphone )
PS: le jeune médecin de Seine-Saint-Denis, c’est moi 🙂
Voilà l’article en question
Des coursiers très spéciaux
Une fée sociale au chevet patients… et des médecins
INSTALLÉ À MONTENOIS, dans la campagne franc-comtoise, le Dr Marc Giusti est parfois confronté à des situations difficiles, où se mêlent médecine et souffrance sociale. Il y a ce patient psychotique, sans emploi, qui vit chez sa mère invalide, dans une ambiance très conflictuelle ; cette petite dame isolée qui n’a plus le courage de se faire à manger ; cette femme atteinte d’un cancer, avec trois enfants en bas âge … Que font les médecins, dans ce genre de situation ? Comme ils peuvent, le plus souvent, passant des coups de fil entre deux patients, en quête d’une solution forcément limitée par leur manque de temps, de compétences et de connexions dans le domaine social.
Le Dr Giusti, lui, a une autre option : un numéro de portable, qu’il compose pour faire apparaître un coursier sanitaire et social. Une sorte d’ange gardien, ou de bonne fée, qui va très vite rencontrer le patient à son domicile, évaluer ses besoins, mobiliser les organismes et dispositifs adéquats, mettre en place les aides pour stabiliser la situation sociale et faciliter le traitement médical. « Le coursier n’intervient que sur la sollicitation du médecin et de son patient, avec un champ d’action très varié, du plus simple – rétablir quelqu’un dans ses droits sociaux – au plus complexe : surendettement, avis d’expulsion, enfants qui craquent et parents qui se déchirent … À chaque fois, en faisant le lien entre tous les professionnels concernés : aides-soignants, infirmières, assistantes sociales, Conseil général, MDPH, Sécu, employeur, bailleur, école … », résume Sarah Berjon, coordinatrice et coursier au Centre de ressources pour mini-réseaux de proximité, qui rayonne en Seine-Saint-Denis.
Plébiscite.
Cette association, financée à titre expérimental par l’agence régionale de santé (ARS), est d’ores et déjà intervenue auprès de 370 patients et de leurs médecins, bien au-delà de l’objectif de 200 dossiers initialement fixé, et ce malgré des moyens modestes (deux salariées et des stagiaires). Ailleurs en France, seuls les médecins de Franche-Comté peuvent, pour l’heure, s’en remettre à des coursiers sanitaires et sociaux. Grâce à une association, l’ARESPA, également financée par l’ARS, qui s’est déployée dans toute la région, où elle emploie aujourd’hui une dizaine de personnes. Ici encore, l’initiative est plébiscitée. « C’est d’abord un gain de temps énorme. Dans mon cas, deux à trois heures par semaine, en démarches et dossiers que je n’ai plus à faire moi-même », estime Marc Giusti. Les généralistes apprécient tout autant l’efficacité de l’aide apportée. « Pour moi, c’est du pain béni. J’avais la semaine dernière, dans mon cabinet, une vieille dame en pleurs, parce qu’elle ne se sentait plus capable de s’occuper de son mari malade à domicile, et que nous n’avions pas trouvé de place en EHPAD. On m’a parlé de l’ARESPA. En 48 heures, ils avaient obtenu une place en long séjour », rapporte le Dr Christophe Joly, médecin à Besançon. Soulagement est le mot qui revient le plus souvent. « Nous ne sommes plus seuls face à la détresse du patient. On peut se concentrer sur la partie médicale, sans craindre qu’elle soit rendue inopérante par les problèmes sociaux », souligne cette jeune médecin de Seine Saint-Denis, qui aborde le sujet dans son blog. « C’est vraiment le chaînon manquant. En France, on soigne bien dans un couloir, une filière. Il manque des portes entre les couloirs, et des gens pour les ouvrir », renchérit le Dr Jean-François Roch, à Besançon.
De leur côté, les ARS devraient prochainement mesurer l’impact de cette innovation sur le coût et la qualité des soins. « Nous avons fait, en interne, une étude auprès de 68 patients, suivis pendant 6 mois. Selon leurs médecins, les coursiers sanitaires et sociaux ont permis d’éviter 476 jours d’hospitalisation », indique Frédérique Le Marer, présidente de l’ARESPA. Il n’est donc pas exclu que les fées sociales essaiment. « Il y a aujourd’hui des projets à Paris, Bordeaux, Avignon et Lille », conclut Xavier Aknine, le président du Centre de ressources en Seine-Saint-Denis.