Cent balles et un mars: ma version

J’espère que Dr Foulard ne m’en voudra pas d’avoir emprunté le titre de son dernier article. Il sait que j’adore son blog et que je me retrouve beaucoup dans ce qu’il écrit.

Pour le coup, j’ai plus de mal que lui à réclamer le règlement des consultations, c’est pour ça qu’en dépit du fait que je ne quitte jamais mes chaussettes, j’ai un peu du mal à renouveler mon stock et que je suis obligée ces temps-ci de mettre des collants rose fuschia. (je me rends bien compte que cette phrase semble n’avoir ni queue ni tête, c’est parce que Dr Foulard utilise sa paye pour acheter des chaussettes, enfin, bref je me comprends).

Donc!

Donc, je ne ferai pas l’énumération de toutes les situations où je donne cents balles et un mars à mes patients!

Attention, je ne suis pas complètement conne, et je ne me laisse pas faire: j’ai mes principes!

Je prendrai juste l’exemple de Mr M, 38 ans.

Je le connais depuis plusieurs années, c’était un patient de mes remplacés qui étonnamment m’a suivi dans mon cabinet!

Il travaille le matin jusqu’à 15h, je pense, donc il vient directement après chez le médecin!

Sans rendez-vous! Jamais!

Le matin, c’est sans rendez-vous, mais il travaille, et je crois, après réflexion, qu’il est pour des raisons obscures, incapable de prendre son téléphone et de prendre un RDV. C’est vrai qu’il parle un français incertain, je ne sais pas quelle langue il parle parce que c’est un mélange assez inaudible. Pourtant, il est d’origine malienne, en France depuis des années et tous les maliens de son foyer parlent correctement le français, je ne sais pas, peut-être un problème neuro sous-jacent en fait! Bref, je crois qu’il ne peut pas (ou qu’il se fout de ma gueule pensez-vous tout fort!). J’ai tout essayé, j’ai même écrit le numéro de téléphone dans son calepin!

Du coup, à chaque fois que je le vois, c’est la bataille, je m’énerve, lui fait la leçon, lui dit que non je ne le prends pas cette fois-ci, qu’il se moque de moi… je ferme la porte…et je la rouvre et lui dis: « Bon, je vais vous prendre mais c’est la dernière fois!! »

Pourquoi? Cela m’est arrivé une ou deux fois de le refuser quand j’avais beaucoup de monde mais il réussi le tour de force de toujours, à chaque fois, venir au moment où il n’y a personne dans ma salle d’attente, il vient alors qu’on m’a posé un lapin et que je suis bien à l’heure. C’est quand-même plus difficile de refuser quelqu’un dans une salle d’attente vide!

Les principes? Oui mais il n’est pas méchant, il n’a pas la vie facile, et on ne sait jamais il a peut-être vraiment la maladie du « je suis incapable de prendre RDV  » Dans le doute..

Bien-sûr, il ne faut pas faire ça avec tous les patients mais lui de toute façon, je ne le changerai pas…c’est presque amusant finalement.

Ensuite, encore plus drôle, à la fin de la consultation, il ne me paye jamais, non jamais!

Il a payé une fois ma collègue qui l’a forcé à revenir le lendemain. Pourtant, je lui fais le tiers-payant, il est remboursé par sa mutuelle des 6.90 euros qu’il ne paye pas. Pourtant, j’ai tout essayé, y’a rien à faire, il ne paye pas, il raconte des histoires toutes plus acadabrantesques les unes que les autres, c’est son frère qui prend tout son argent etc

Maintenant, je lui fais une facture pour son frère: 7 consultations (depuis que je suis installée, avant tant pis) x 6.90  et à chaque fois je rajoute …

Dans le dossier, j’ai écrit des dizaines de fois: vient sans RDV et ne paye pas …comme d’hab!

Je sais qu’il profite un peu de moi, je sais qu’il faut des limites, mais je ne suis pas sûre quoi qu’il arrive, même avec quelqu’un d’autre qu’il soit capable de se plier à ces limites, il faut parfois savoir s’adapter et au moins cela lui permet d’être soigné.

Mr M. est ma bonne action.

Et à la fin de la consultation, je fais la méchante pas contente du tout!

Et je lui propose un chocolat….

 

L’homme qui murmurait à l’oreille des enfants

J’ai déjà raconté ici comment mon médecin savait parler aux enfants.

Je l’avais remarqué en stage, et je l’ai vu parler à ma fille. Je suis venue en consultation deux fois ( j’aurai bien voulu venir une troisième fois mais il exagère, il n’a pas voulu me recevoir en urgence la veille de Noël ) parce qu’elle avait des problèmes de comportement. Il lui a parlé et elle est devenue sage, enfin un moment ….

Depuis que j’ai observé, ébahie, le spectacle quasi magique se déroulant devant moi, j’essaie de suivre cette voie…

J’ai essayé une première fois, puis une deuxième et une troisième et devant le peu de réception de la part des enfants en face de moi, je me suis dit que n’était pas chuchoteur qui veut…

Il y a d’abord eu la maman de M. 4 ans. Elle est venue me voir seule, épuisée, me racontant qu’il faisait des colères atroces, qu’il tapait, qu’il insultait etc… Ce discours à forcément entrainé une empathie en moi vu que j’ai la même à la maison des fois. La première difficulté était donc de ne pas ramener à ma situation personnelle, de ne pas dire justement « j’ai la même à la maison » et d’entamer une discussion de « copines ». Il est difficile parfois de garder sa place de médecin et je ne le fais pas toujours. Il est d’ailleurs possible que j’aie parlé de ma fille et peut-être même que ça a aidé, l’expérience personnelle et l’improvisation  est une grande source d’aide face aux lacunes de notre formation, il faut juste savoir l’utiliser avec mesure. En l’occurrence, cela m’a aidé à comprendre la situation, à savoir que ce n’est pas que la faute des parents (hein!), à avoir des idées sur ce que je pouvais répondre…

La maman a comme c’est souvent le cas, formuler sa demande de la sorte: « Je pense qu’il faut qu’on l’envoie voir un pédopsychiatre ».

Je lui ai proposé si elle le souhaitait de venir me voir lors d’une consultation dédiée, en prévenant M. de la raison de sa venue, sans bien entendu présenter cela comme une punition. Et j’ai parlé…il n’a pas voulu m’adresser la parole, il m’a tourné le dos avec un sourire moqueur mais j’ai parlé…toute seule, un bon moment…

Je lui ai parlé comme à un adulte en lui disant que je savais qu’il comprenait ce que je disais, je me suis mise à sa hauteur, je lui ai dit qu’il avait le droit de ne pas être content des fois mais qu’il y avait des choses qu’il n’avait pas le droit de faire , qu’il avait le droit de donner son avis mais que c’était papa et maman qui commandaient, plein de choses, pas de menaces ni de culpabilisation, juste de l’information …

Je me suis inspirée de la consultation de mon médecin avec ma fille, et je me suis dit que c’était pas gagné, mais que peut-être un jour j’y arriverai et que au moins il avait entendu…

Peu de temps après, la maman de M. 5 ans est venu me voir parce qu’il vomissait tous les matins…En creusant un peu, on est arrivé à la constatation que c’était seulement les jours d’école, que d’ailleurs depuis quelque temps il pleurait devant l’école pour ne pas y aller et que la maîtresse avait noté qu’il y avait un souci avec un camarade je crois…Ok! Bon le diagnostic est fait, ce n’est pas le lait, il va bien, ce sera 26 euros et voyez avec l’école ou un  pédopsy ou votre belle mère ou votre coiffeuse, ce que vous voulez….Parce que moi c’est pas ma compétence…bon d’accord, je vais essayer: parlons un peu tous les deux…non je parle toute seule alors, j’ai l’habitude… Je sais plus trop ce que j’ai dit, du genre: »tu sais,des fois, il y a des choses qui ne se passent pas comme on veut, ça peut même donner mal au ventre, mais tu peux en parler à ton papa et ta maman ou à moi ( la bonne blague), tu seras écouté et aidé etc… »

Il y a aussi E. 4 ans ( oui, ils ont toujours 4-5 ans ces petits là) qui souvent se comporte mal pendant la consultation, même si ce n’est pas pour lui…Je lui fait à chaque fois mon petit numéro …

Mais je me disais vraiment que ça ne marchait pas avec moi,que je ne serai jamais le grand P. Docteur …

Quelques semaines plus tard: M. 4 ans, le premier, celui dont la famille était épuisée par des colères quotidiennes, est venu pour une virose…Je demande innocemment…

« Et comment ça va M. à la maison? »

« Ah docteur! Depuis la consultation de la dernière fois, il a totalement arreté ses crises et tout va très bien… »

…..

Elle dit ça pour me faire plaisir, hein, ou pour que j’arrête de lui prendre la tête  avec ça et que je me contente de faire mon travail et de soigner sa rhino…

Je l’ai revu plusieurs fois M. et il va bien, et surtout je ne manque pas de le féliciter….

Quand j’ai revu M. 5 ans et que j’ai pris des nouvelles de ses vomissements, la maman m’a répondu :

« Depuis le jour où on est venu, il n’y a plus eu de souci »

C’est la caméra cachée?

Bon, ça marche pas à tous les coups, E. tape toujours ses parents devant moi en consult mais ils ne sont pas encore venu pour une consultation dédiée et il paraît que la dernière fois, il a répété à sa grande sœur tout ce que je lui avais dit, et qu’il etait interdit de taper, et juste après il l’a tapée….

Donc, les enfants ne me parlent pas, mais ils m’entendent….

J’ai essayé avec un ado aussi, j’ai pas de retour pour l’instant…

Forte de ce succès miraculeux, hier je me suis fixée une nouvelle mission, je ne sais pas ce qui m’a pris d’ailleurs…

K. 2 ans est venu pour toux. Ce sont des patients de ma collègue mais je l’ai vu plusieurs fois. Dès qu’il me voit il pleure…Je regarde le dossier, la dernière fois, j’ai noté: Hurle!!!! Oui, je m’en souviens maintenant…Je demande, il hurle aussi avec ma collègue, ça va alors…

Et là, je ne sais pas pourquoi, j’ai décidé qu’il ne pleurerait pas aujourd’hui, j’en ferai une affaire personnelle, c’est l’avant dernier patient, je prendrai le temps qu’il faudra mais il ne pleurera pas…

Je l’ai laissé près de sa maman et des jouets, on a parlé, je l’ai fait rire, j’ai écouté le cœur du mouton, de la vache, de la poule, du cheval, du chien, de maman et de K? Non bon alors du mouton, de la vache et de K? Oui! Auscultation avec le tee shirt pour aujourd’hui mais c’est pas grave, on entend quand même…Avec le renfort des petits jouets de médecins en bois,K. m’a aidé à soigner les animaux et puis ensuite, j’ai regardé les oreilles de la poule, du mouton, de la vache, et elle fait comment la vache,de maman, de K. non toujours pas…. Les oreilles du mouton sont bleues et celles de K. sont quelle couleur? Bon, ça a pris du temps, on a pesé les animaux, un par un, j’avoue il a ouvert la bouche tellement peu de temps qu’en fait j’ai rien vu (mais il l’a ouverte!), il a voulu emmener ses copains les animaux en partant mais il a fini par les rendre….Sans pleurer!!

Ça a pris du temps et de l’énergie, je ne ferai pas ça tous les jours (enfin je le fais mais pas à ce point), ça avait peut-être pas tant d’importance que ça au fond mais moi j’étais fière de moi…

Bref, j’apprendrai peut-être avec le temps à murmurer de mieux en mieux à l’oreille des enfants…

Merci à celui qui m’a montré la voie.

Rien de magique en fait…

Il faut parler aux enfants (et aux parents bien entendu)

Les enfants ont juste besoin qu’on murmure à leur oreille…

 

 

 

 

 

 

J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle

Aujourd’hui , je n’étais pas d’humeur empathique. 
La fatigue peut-être ou plutôt une humeur un peu particulière suite à des préoccupations personnelles, je ne sais pas mais je n’avais pas envie d’être spécialement compatissante pour les graves rhinopharyngite J1.

 En fait, moi qui suis quand-même super douée pour être très aimable, empathique, quelque soit le motif de consultation, et qui suis quand-même dans la vie en règle générale hyperpolie voire même un peu hypocrite sur les bords, je  me suis retrouvée dans l’état qui m’arrive parfois où tout ce qu’il y a dans ma tête sort de ma bouche ! C’était plutôt drôle et reposant.
Je suis restée sympathique et professionnelle, j’ai soigné avec attention les patients qui en avaient besoin, c’est juste que je ne me suis donnée aucun mal pour faire croire aux autres que je pouvais les « guérir ».
Parce que quand-même, on a beau être empathique et bienveillant: des fois trop c’est trop!

Melle C. 33 ans, qui vient parce que depuis le matin, elle ne se sent pas bien, un peu mal à la tête, et un peu gênée dans la gorge et qu’elle a préféré quitter le travail pour voir un médecin pour éviter que ça s’aggrave!

Mme G. 60 ans, attendant une heure dans la salle d’attente, accompagné de son bienveillant mari, parce qu’elle tousse et parce que elle préférait venir avant que ça tombe sur les bronches!

Mr B. 25 ans qui vient expliquer pendant dix minutes de quelle façon ça le brûle par ci,  c’est bouché par là, et que c’est vraiment insupportable, sans prendre aucun recul sur ce qu’il raconte, vraiment convaincu que c’est un vrai problème.

Moi je veux bien ceux qui viennent en disant c’est chiant mais je sais que y a pire et qu’on peut pas faire grand chose: ceux-là je les aime bien, je ne sais pas bien pourquoi ils viennent cela dit mais on réussi toujours à trouver un intérêt á la consultation, mais ceux qui croient vraiment que c’est le problème le plus important que j’ai entendu de la journée, que non seulement je vais les guérir mais que heureusement parce qu’ils ne peuvent pas rester comme ça une minute de plus, ceux là même moi qui aime tout le monde, des fois, ils m’agacent un peu .

En temps normal, je reste aimable et diplomate, j’essaie d’éduquer patiemment et doucement, en glissant de temps en temps des mots comme viral et bonne nouvelle il n’y a pas de bronchite avec un grand sourire comme si c’était vraiment une bonne nouvelle!

Parce que dire à quelqu’un que « ça n’est pas tombé sur les bronches », c’est risqué:
 
Des fois, c’est pour eux un vrai soulagement: le pire n’est pas arrivé, ouf, ils ont bien fait de venir ! Et quand-même une rhinopharyngite, c’est pas rien ça !
« Qu’est ce que c’est alors Docteur? » « Une rhinopharyngite » « Ah! Je le savais! C’est ce que j’ai toujours, mon fils en a eu une la semaine dernière » ou à la personne à côté: « Tu vois, je te l’avais dit » 

Ceux-là, je les aime bien un peu quand-même… Ils sont rassurés, ils acceptent le verdict du traitement symptomatique ( le traitement symptomatique, c’est un traitement qui sert juste à calmer les symptômes le temps que ça passe tout seul, genre doliprane, pour ma part souvent de l’ibuprofène mais c’est parce que je suis un mauvais médecin, un pschi pschit pour le nez, et même des fois un « sirop pour la toux qui sert à rien », donc rien qui guérit et surtout:pas d’antibiotiques) et ont même l’air d’être contents d’être venus. 

Mais il y a ceux pour lesquels la phrase: « ce n’est pas tombé sur les bronches » est un véritable affront!
Adieu,veaux,vaches,cochons,antibiotiques…
Non seulement, s’ils sont aussi malades, c’est que c’est forcément tombé sur les bronches, mais en plus, ça tombe toujours sur les bronches! C’est bien pour cela qu’ils sont venus d’ailleurs…

Et là commence le combat, non les antibiotiques ne servent à rien, non les antibiotiques ce n’est pas automatique, des fois je pousse même jusqu’au « les antibiotiques,si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts. », bref j’explique plus ou moins patiemment: les virus, l’évolution naturelle des chose etc etc … Mais des fois y’en à qui s’arrêtent jamais, on dirait que c’est une question de vie ou de mort cette prescription d’antibiotiques. Il y a le classique « A chaque fois que ça m’est arrivé, j’ai du retourner voir mon médecin (parce que c’est étrange mais dans ces cas là, c’est souvent les patients d’autres médecins) et il a dû me mettre sous antibiotiques…/Moi il me faut des antibiotiques sinon ça ne passe pas/Ça fait déjà une semaine que ça dure/Aujourd’hui ça va mais peut-être que dans deux jours ça sera pire si je prends pas d’antibiotiques! »

Et précision importante:même si c’était « tombé sur les bronches », cela ne nécessiterait quand-même pas d’antibiotiques…Et oui!

C’est incroyable, cette incapacité des gens à intégrer qu’il n’y a rien à faire et qu’il faut juste attendre… On leur annoncerait qu’ils ont une maladie incurable et qu’il n’y a rien à faire,je comprendrais leur désarroi, mais là franchement…

En fait, c’est pas tant les antibiotiques en soi, les gens ont compris parfois l’histoire des virus et tout…c’est juste que si ce n’est pas les antibiotiques, qu’est ce qui va les aider à guérir,les aider à être en forme pour le truc super important qu’ils doivent faire le lendemain, à faire que cette toux sèche mais un peu grasse quand même ne dure pas les sept à dix jours prévus…?

C’est l’espoir et le fait de ne pas accepter sa situation, qui fait que l’humanité avance et progresse, mais c’est aussi cette caractéristique qui rempli les salles d’attente des médecins l’hiver: certains patients ne veulent juste pas accepter l’idée que des fois, y a rien à faire!

Souvent,je dis aux patients: « Je suis médecin, pas magicienne »

En même temps, c’est flatteur le pouvoir qu’on nous prête!

À Melle C., que je n’avais jamais vu et qui est arrivée à H3 pour empêcher que ça s’aggrave, j’ai dit « Ne bougez pas, je vous fais l’imposition des mains » mais je lui ai aussi dit que peut-être ça ne marcherait pas, que ça allait sûrement s’aggraver, que même je ne pouvais pas garantir que malgré sa visite préventive, ça ne tombe pas sur les bronches, et que dans huit à dix jours, ça irait surement mieux mais que la toux pouvait durer plus longtemps…

À Mme G, j’ai ajouté en plus que le sirop que je lui prescrivais ne servait à rien pour qu’il n’y ait aucun malentendu!

Entre deux patients,j’ai failli sortir mettre une affiche sur la porte disant « Je ne peux rien pour vous »

C’est d’ailleurs je pense la première phrase que j’ai prononcé à Mr.B quand il en a eu fini avec sa description de sa grave maladie…

Et je crois que j’ai réussi à ne pas lui parler de mon angine!

Quoi qu’il en soit, lundi je serai sûrement à nouveau patiente et compatissante, mais des fois ça fait du bien d’être juste franche:

« J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle: la mauvaise, c’est que je ne peux rien pour vous, la bonne, c’est que ça va passer tout seul… »

Du repos et du plaisir

Je dois être encore trop jeune et manquer d’expérience, mais j’ai encore du mal à laisser partir les gens sans ordonnance à la fin de la consultation. A mon avis, je prescris trop de médicaments, parfois même en sachant que ça ne sert à rien mais il est difficile de ne rien prescrire. Je m’y efforce, je progresse doucement …

Beaucoup de consultations se terminent par des conseils de bon sens, c’est de l’improvisation bien sûr et peut-être que de la même manière que je prescris probablement des médicaments à mauvais escient, mes conseils sont-ils parfois inadaptés. En tout cas, ils sont souvent utopiques.

Dans mes conseils de bon sens, je prescris beaucoup de repos, de détente, de loisirs même…

Il n’y a pas de recommandations officielles de la Haute Autorité de Santé sur la façon de vivre sa vie. Pourtant l’OMS définit la santé comme un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

Donc, je prescris selon mes propres référentiels.
Et moi, de plus en plus, mon credo dans la vie, c’est qu’il faut prendre du temps pour soi, du repos, de la détente, mais juste pour soi.
Il faut en fait un temps pour chaque chose, pour sa famille, ses enfants, un temps à consacrer à son conjoint, à sa vie amoureuse,un temps pour sa vie professionnelle, un temps pour ses amis, un temps obligatoire pour les tâches de la vie quotidienne, mais également un temps pour soi!
C’est ma conception à moi de la santé, d’une vie épanouie.

Mais force est de constater que peu de gens se payent ce luxe, pour des raisons matérielles ou psychologiques.
Beaucoup ont une vie difficile, de tristesse, de travail…mais beaucoup aussi ne prennent pas conscience qu’il faut prendre soin d’eux, ne s’en accordent pas la permission…        Je me sens le besoin, l’obligation de leur dire. Cela fait parti de mon travail de médecin me semble-t-il…
Cela dit j ai aussi ce défaut avec les gens qui m’entourent et qui ne m’ont rien demandé. Bref, j’aime bien donner des conseils à ceux qui ne m’en demandent pas.

C’est que ça me fait vraiment du mal de voir quelqu’un qui va mal, qui ne prend pas soin de lui et étant la championne du « un temps pour chaque chose » et en particulier pour la détente égoïste, un peu moins pour les tâches désagréables de la vie quotidienne, je me sens un peu missionnée.

J’ai une vie plutôt privilégiée mais j’ai comme tout un chacun mon lot de difficultés à gérer et ce n’est pas toujours facile, alors moi mon truc, c’est dès que possible de garder du temps libre pour moi, pour faire ce que j’ai envie: rester affalée sur le canapé sans être le moins du monde gênée par le bordel autour de moi, sécher le boulot pour aller m’enfermer en plein après-midi seule dans une salle de ciné, laisser ma fille à la cantine pour aller me faire un hammam avec une copine, déclarer que le samedi je ne bosse pas je m’occupe de ma fille mais ne pas hésiter à la laisser dormir régulièrement chez la nourrice pour sortir en amoureux avec mon mari…
La clé de tout ça, c’est de ne pas culpabiliser, de se laisser aller en se disant que c’est sain et que c’est bon pour tout le monde, que y’a pas que le ménage et le boulot dans la vie, que les enfants ont besoin de voir leurs parents amoureux et heureux, que les laisser pour faire quelque chose d’égoïste, c’est bien pour eux aussi, que la vie de couple c’est important aussi, que des fois juste ne rien faire, c’est bien aussi!
Le tout est de trouver le bon équilibre.

Alors,j’essaie de partager le concept un peu fou que la vie, si on veut la vivre longue, heureuse et en bonne santé, il faut prendre soin de soi physiquement,moralement et socialement …c est pas moi qui le dit, c’est l’OMS!
Et sinon, on fini avec des dépressions, des véritables troubles musculosquelletiques, des lombalgies, des vertiges, des chauderies hémicorporelles gauches….

Hier, j’ai vraiment prescrit des loisirs.

Mme B. me rend folle. Elle a 48 ans, elle a toujours travaillé très dur depuis sa petite enfance, il y a sûrement quelque chose qui vient de là. Elle travaille tout le temps et en dehors du travail ne se pose jamais, se lève à cinq heures du matin pour faire ses carreaux, ne fait jamais rien que l’on ou en tout cas que je peux qualifier moi de « loisir ». Elle a tellement tiré sur la corde que maintenant elle est en arrêt avec le bras immobilisé depuis plusieurs semaines. Médicalement, je ne peux pas faire grand chose pour elle alors pendant les consultations, j’oriente plutôt le sujet sur ce qu’elle fait de ses journées, puisqu’elle est en arrêt et qu’elle est censée se reposer… Mais quand on n’a jamais appris à se détendre, à prendre du temps pour soi, je crois qu’on n’y arrive pas comme ça…Je ne suis pas sûre que mes tentatives aboutiront à quelque chose. J’etais en train de lui suggérer d’aller au ciné, je sentais bien qu’elle n’irait pas, j’ai pensé alors que j’avais dans ma poche des places de ciné pour un film  qui sort la semaine prochaine (j’ai un frère qui bosse dans le domaine), alors je lui ai donné en me disant que du coup elle allait se sentir obligée d’y aller et que elle aura au moins fait une sortie en famille, en espérant que le film sera bien…déjà en voyant les acteurs sur l’affiche, elle a dit: « j’peux pas les voir eux! » C’est pas gagné!

En tout cas: voilà l’ordonnance que je lui ai remise!

J’ai aussi incitée Madame H. jeune maman au foyer de 3 enfants du genre, et il y en a beaucoup, qui fait tout à la maison et ne se sépare jamais de ses enfants, et en début de burn out évident, à les laisser en garde à quelqu’un, à les laisser à la cantine et se faire une journée rien que pour elle, et également à sortir avec son mari en tête à tête, à prendre du recul avec l’idée  d’être une mère parfaite, la perfection cela n’existe pas mais je pense qu’une bonne mère est une mère épanouie. J’ai aussi abordé le sujet du partage des tâches ménagères, ayant un mari qui en fait bien plus que moi et qui avait pris un congé parental de six mois à la naissance de ma fille cela me paraît naturel mais culturellement, c’est un message difficile à faire passer…

Ensuite, j’ai reçue Mme H. en consultation, patiente algérienne de 55 ans, que je voyais pour la deuxième fois.
La première fois, quand je l’ai vu arrivée avec ses douleurs aussi diffuses qu’imprécises, j’ai poussé un soupir de découragement, ensuite quand elle m’a décrit une authentique chauderie hémicorporelle gauche, j’ai souri intérieurement et ça m’a donné la force de prendre mon courage à deux mains pour essayer de faire du bon travail. Après avoir identifié les problèmes médicaux principaux, dont une tendinite évoluée de l’épaule gauche, lors de la deuxième consultation, j’ai surtout essayé de connaître un peu sa vie pour comprendre dans quelle mesure les traitements auront de l’effet, le traitement essentiel, le repos, étant souvent le plus difficile à obtenir. Effectivement, veuve, elle s’occupe de tout depuis toujours et le repos semble difficilement envisageable. Ses enfants de 19 et 22 ans ont semble-t-il pris l’habitude que leur super maman s’occupe de tout et cette super maman n’a jamais envisagé d’arrêter de laver leur sous-vêtements à la main…et maintenant étonnamment quand elle leur demande de l’aide, ils ne sont pas réceptifs…
Il y a beaucoup dans ma patientèle de patientes d’origine maghrébine, mères ou grand-mères, fatiguées, avec des douleurs articulaires, des tendinites, qui s’occupent de tout, de la maison, des enfants, des petits-enfants… J’ai du mal à les soigner. Comme ce n’est pas ma culture, j’ai du mal à trouver les mots je crois, j’ai peur d’être maladroite, je ne veux pas les heurter, ces femmes souffrent et pas que physiquement mais je ne sais pas comment les aider. Je prescris des médicaments, de la kiné, j’essaie de discuter, et je leur dit de se reposer…elles ne le feront pas …

J’ai remis à Mme H. cette ordonnance, pour qu’elle l’accroche sur son frigo et que ces enfants la voient.

Voilà, c’était mon billet rêveur du jour..

si pour une fois mes prescriptions étaient écoutées …

Médecin de famille

J’ai gardé 45 minutes pour une patiente qui a eu l’amabilité de me poser un lapin, alors pour passer le temps (autrement qu’en faisant comme à mon habitude la liste de ce que j’ai à faire voire en commençant à faire les choses de ma liste), je vais faire un petit billet de rien du tout juste pour dire (encore et toujours) que j’aime la médecine générale.

Tout à l’heure, j’ai eu une consultation qui je trouve représente l’essence même de la médecine générale.

Je ne suis pas médecin depuis très longtemps donc je ne peux pas encore savoir ce que ressent le médecin qui voit en consultation les enfants (petits-enfants?) de patients qu’il a connu enfant. Je ne touche encore que du bout du doigt la relation que l’on peut avoir avec des patients que l’on connait depuis des années.

Quand on découvre la médecine générale, quand on est interne, on s’enthousiasme déjà quand on voit revenir la même personne plusieurs fois de suite et que l’on commence à tisser un lien. C’est déjà un énorme changement par rapport à l’hôpital, on voit notre prat qui connait tout plein de choses sur ses patients et on est admiratif. Un jour, on voit le bébé d’une femme que l’on a vu enceinte, on sent qu’il y a quelque chose de vraiment beau dans ce métier …et le temps passe et on commence à créer des liens avec les patients, à voir les enfants grandir, à connaître les familles entière et si dès le début les consultations au cabinet nous ont plu, c’est tout un autre aspect qui se dévoile à nous au fur et à mesure .

Je suis installée depuis moins d’un an mais cela fait 5 ans que je remplace (euh officiellement pour l’URSAFF ça fait 4 ans et demi, ne me dénoncer pas hein) de manière régulière dans le même cabinet ( qui s’est séparé en deux donc j’ai mon cabinet et mon cabinet secondaire ) et si je n’ai que 22 patients dont je suis le médecin traitant officiel ( j’ai reçu la liste ce matin , je sais que c’est très peu et que je ne gagnerai que très peu d’argent avec le CAPI ou autre rémunération à la performance, mais moi je trouve ça hyper cool) travaillant dans un cabinet de groupe comme remplaçante ou maintenant collaboratrice, j’ai avec de nombreux patients commencer à tisser ce genre de lien.

Une consultation ce matin m’a fait prendre conscience de ça, que petit à petit, je devenais un vrai « médecin de famille » et que ça c’était vraiment une particularité exceptionnelle de ce métier. C’est un exemple parmi tant d’autres de plus en plus nombreux: celui de la famille S.

Une consultation avec de la fluidité, du naturel, des plaisanteries, comme quand l’on est en terrain connu. Ce ne sont pas mes patients, mais ceux du médecin que je remplace depuis plusieurs années et qui viennent me voir régulièrement quand il n’est pas disponible, bref ce sont un peu mes patients quand-même.

Ils sont venus tous les quatre , les parents et les deux enfants.Trois consultations.

– le père ne consulte pas , cela me fait tout de même plaisir qu’il soit venu, car je vois qu’il ne m’en veut pas : c’est à lui que j’ai refusé le certificat enfant malade pour sa fille pas malade …ce qui montre que quand on est juste, même si on n’accède pas à leur demande, les patients ne nous en veulent pas. J’ai été un peu gênée au début du coup mais finalement, ça a été…

– le fils : il a une angine, rien d’exceptionnel sauf que quand la maman me raconte qu’elle a été aux urgences pour fièvre à 40° à J1, je ne soupire pas, je ne me dis pas que c’est n’importe quoi… parce que je la connais, parce que je les connais, parce que je sais qu’il fait des crises convulsives quand il a de la fièvre et que pour sa grande sœur, ils ont passé des années à l’hôpital pour une épilepsie sévère (je la connaissais quand j’étais interne en pédiatrie d’ailleurs) , qu’ils sont tous les deux sous traitement anti-épileptique et que je comprends pourquoi la maman est un petit peu angoissée en cas de fièvre et préfère consulter rapidement . Et même que pour son angine, je ne lui fait pas de streptotest , je le mets sous antibios …

– la fille : elle a une angine également , c’est rapide, je la connais bien , une consultation récente de suivi a été faite. On discute surtout d’un autre membre de la famille :

– le lapin : oui c’est ça être médecin de famille : on connaît même le lapin : « Comment va le lapin ? » parce que preuve par photo ( c’est affreux !!) , le lapin a perdu ses oreilles, c’est lui qui avait eu les oreilles attachées et elles sont tombées.. Voilà ,c’est ça la médecine générale, même si celle-ci est affreuse, on a toujours la suite de l’histoire, même pour un lapin …et quand on connaît bien les gens et qu’ils font tomber les oreilles d’un lapin, on peut se permettre de rigoler…et de les réprimander aussi !!

– la mère : une rhinopharyngite mais quand on connaît les patients, la rhinopharyngite n’est pas juste une rhinopharyngite sans intérêt, c’est l’occasion de prendre des nouvelles du reste, que ce soit médical ou les nouvelles de la vie. Et elle est là la clé !! Tellement de personnes dénigrent la médecine générale en disant « Merci, soigner des rhinos toute la journée … » Moi aussi, j’en ai marre des rhinos des fois : quand ce sont des patients que je ne connais pas, quand je me force à essayer de trouver d’autres choses médicales à dire ou à faire pour que cette consultation ne soit pas complètement inutile. Mais des rhinos comme ça, c’est bien agréable.. du côté relationnel, on prend des nouvelles : donc le déménagement c’est samedi, et vous avez trouvé une maison, et patati et patata…peut-être même que la raison pour laquelle les patients consultent si facilement pour une rhino, c’est juste pour le plaisir de venir voir leur médecin et papoter avec lui (en tout cas, personnellement je serai prête à emmener ma fille pour une rhino juste pour le plaisir de voir le mien) ; et du côté médical on prend des nouvelles des vraies maladies, car croyez-le ou non, il y a aussi des vraies maladies en médecine générale. « Donc qu’a dit la spécialiste ? » « Que je continue le plaquénil ( traitement de fond d’une maladie inflammatoire rhumatologique en l’occurrence) » « Quoi, vous ne lui avez pas dit que vous ne l’aviez pas pris ??? » « Ben si je l’ai pris, depuis la dernière fois …quand vous m’aviez expliqué…je l’ai pris …et ça va bien je n’ai plus de symptômes… » voilà, j’aime la médecine générale et j’aime les rhinos … Sans cette rhino, je n’aurai pas su que mon intervention avait eu un impact, sans cette rhino, je n’aurai pas pu lui dire qu’elle avait maigri ( après avoir pris énormément de poids suite à un traitement par cortisone), sans cette rhino, je n’aurai pas pu les revoir tous avant leur déménagement et leur dire au revoir, je n’aurai pas pu me moquer du fait que en ayant passé deux jours dans leur nouvelle région au nord, ils sont tous revenus malades, je n’aurai pas pu lui dire de passer me faire remplir ou de m’envoyer le PAI des enfants pour leur nouvelle école parce que c’est plus simple, moi je les connais…sans cette rhino, je n’aurai jamais su à quoi ressemblait un lapin sans oreilles ( remarquez il aurait peut-être mieux valu ) …

Voilà, quand cette famille que je ne verrai peut-être plus est sortie du cabinet, je me suis dit que c’était bien chouette d’être médecin de famille …

PS : Finalement , erreur de secrétariat, ma patiente pour qui j’avais gardé 45 minutes est venue une heure plus tard, heureusement qu’il y en a une qui avait une heure d’avance, mais bon vlà le bordel !

Parfois c’est drôle aussi!

Je pourrais céder à la facilité et raconter encore des choses pas très drôles, ce ne sont  pas les sources d’inspiration qui me manqueraient. Mais, par défi, par égard pour les potentiels lecteurs ou peut-être pour forcer le destin , je me suis dit que j’allais aujourd’hui écrire quelque chose de drôle .

Car il faudrait peut-être le dire un peu plus haut et un peu plus fort: La médecine générale, c’est drôle aussi ! …des fois !

Oui mais voilà, n’est pas drôle qui veut ! J’aime à penser que je suis drôle  mais c’est un humour souvent incompris, et généralement non apprécié à juste valeur . Et être drôle sur commande n’est pas facile !

Si c’était un blog personnel, je pourrais me servir de tout ce qui est drôle dans ma vie (ah ah, là je me fais rire toute seule ) , mais c’est un blog professionnel, il faut donc que je trouve des sources de rigolade chez les patients .

Et là , quand même ce n’est pas ce qui manque, car les patients en sont une source inépuisable , bon souvent on rit jaune, même très jaune, mais ils sont drôles quand-même.

Malheureusement, toutes ces pépites, tous ces moments de rires, je n’ai pas eu la présence d’esprit d’en faire un recueil. J’aurai dû, d’ailleurs je m’y mets dès aujourd’hui, et quand j’en aurai assez, j’en ferai un post digne de ce nom … Toutes ces années de perdues dans les méandres de ma mémoire, les gardes aux urgences étant à elle seules une mine d’or. Celle qui me revient à l’esprit, là comme ça, c’est ce patient d’une vingtaine d’années qui venait pour brûlure, parce qu’il avait voulu repasser un peu son tee-shirt (bonne idée en soi ) mais n’avait pas pris le temps ou n’avait pas cru utile de le retirer d’abord …

Ah c’est sûr que parfois on rigole bien, certaines situations sont drôles, certains patients ont de l’humour, d’autres sont drôles malgré eux, et quand ils ne le sont pas et que l’envie m’en prend, je le suis pour deux. Souvent, quand je suis fatiguée, me vient la drôle d’idée de mettre l’ambiance, de faire pleins de blagues, souvent incomprises. Je crois qu’une fois, face à mon humour ( le nommer comme ça est un parti pris que j’assume ) pince sans rire, du genre je dis une grosse bêtise avec un air très sérieux , j’ai fait pleurer quelqu’un …Je ne sais plus exactement quoi mais ce devait être du genre il va falloir annuler vos vacances là .Oui je sais, ce n’est pas drôle ! Mais dès fois, à la fin de la journée, il y a quelque chose qui déconnecte, ce doit être le surmoi, la chose qui me permet dans la vie sociale de contenir cette partie de moi qui est …différente .Hier, j’ai demandé très sérieusement 46 euros pour avoir fait à la même personne deux certificats de sport …Voilà ,c’est pas drôle mais ça m’occupe. Dès fois c’est d’un plus haut niveau quand-même, du genre ah je vois que vous venez pour un problème à la jambe à quelqu’un qui arrive avec une attelle à l’épaule …

Mais ce n’est pas vraiment de ma faute, c’est l’héritage de mon père ( avec le double menton), classiquement appelé par ceux qui étrangement n’adhèrent pas  » l’humour des (mon nom de famille)  » . C’est aussi la faute de mon généraliste, le plus beau, le meilleur, parce qu’il m’a en tant que médecin et maître de stage appris à exercer la médecine avec rigueur mais aussi avec humour, je pense que lui aussi m’a influencé et je l’en remercie. J’ai passé vraiment de très bons moments dans son cabinet. Ces moments font partis des meilleurs souvenirs de mes études et je pense qu’ils ont en partie façonné le médecin que je suis. C’est un médecin qui aime ce qu’il fait et qui me rappelle que quand-même, même si on passe tous notre temps à râler, c’est un magnifique et agréable métier .Tout ça pour dire que la médecine générale, c’est souvent très gai quand-même. Je n’ai pas d’arguments concrets pour aujourd’hui, il faudra donc me croire sur parole …

Pour aujourd’hui, j’ai eu une petite journée et je n’étais pas particulièrement en mode « on s’fend la poire  » alors je n’ai pas beaucoup d’exemples en ma faveur :

Il y a Mme M. ,patiente de 35 ans, tellement poisseuse que ça en devient drôle. Elle a tellement de problèmes de santé (entre autre une thyroide incontrôlable) que maintenant elle prend un rendez-vous une fois par semaine, au cas où il lui arrive quelque chose , le rendez-vous est pris … et bien le rendez-vous est toujours utile, et à chaque fois qu’elle me raconte sa nouvelle mésaventure, et bien moi j’éclate de rire (c’est pas très déontologique peut-être) , aujourd’hui , énorme réaction allergique à un médicament qui ne donne pourtant que très rarement des allergies… A peine remise de sa sinusite, toujours en convalescence pour son lumbago,ne pouvant toujours pas manger à cause d’une mycose buccale évoluant depuis 3 mois, sans parler de sa thyroide et de ses multiples symptômes, ni de son cambriolage … et j’en passe … Et bien, je ris franchement quand elle me raconte!

Mme L. haitienne de 40 ans m’a bien fait rire aussi. Elle venait pour sa fille de 5 ans qui est en surpoids très évident. Je discute « règles hygiéno-diététiques » comme on dit , très basiques, mais dès fois même le très basique qui semble évident vaut la peine d’être dit! J’ai ri intérieurement devant la naive exclamation d’étonnement quand je lui ai dit que les choses sucrées n’étaient pas bonnes pour la santé  » Ah bon!!! Oh » , « les frites non plus  » Ah!Oh! » « Et les légumes non plus?  » « Ah si les légumes c’est bon au contraire » « Ah bon  » Je passe le reste de la conversation où ce ne fut que révélations pour elle ,surtout la grande révélation que le surpoids n’était pas bon pour la santé. Ce qui a dérivé sur la question suivante que je résume un peu : « C’est à cause de la graisse alors que j’ai fait une crise de nerf à l’enterrement de mon père parce que à ce moment là je pesais 95kg? » Et la dame de me raconter à grands renfort de cris et de gestes, l’enterrement de son père il y a deux ans à Haiti où elle s’est mise à hurler après tout le monde, à étrangler son frère , à frapper sa mère, mettre tous les hommes par terre… Et bien, ce n’est sûrement pas bien, mais quand elle en est arrivée à me mimer l’apogée de ce qui est peut-être une bouffée délirante aigue ou tout du moins un moment dramatique, le moment où elle frappait le pasteur qui était en train de chanter, et bien moi je riais aux éclats ..

Et puis il y a les enfants… C’est quand-même une partie majeure du charme de la médecine générale, les enfants… On passe des moments formidables avec les enfants…Et non je ne suis même pas ironique, je suis en mode bisounours donc je ne suis pas ironique: je ne parle pas de G. qui m’a arraché le papier peint de ma porte, je ne parle pas de K. qui a hurlé toute la consult. tout à l’heure, je ne parle pas de M. 4 ans,que sa maman avait expressément amené pour que l’on parle de ses colères et qui a passé 20 minutes à me tourner le dos avec un sourire moqueur sur les lèvres pendant que je parlais toute seule, ni de L. 3 ans qui m’a tiré la langue. Travailler au contact des enfants, c’est vraiment drôle, rafraichissant, agréable, joyeux quoi! Il y a le côté mignon de ceux qui  font des sourires, des câlins, qui ne veulent pas partir de mon cabinet à la fin de la consult. Il y a les mini-docteurs qui font comme moi avec leur stéthoscope et leur seringue en bois. Il y a les bavards qui me racontent tout plein de choses, y compris sur leurs parents, un peu comme à l’école des fans, ou un peu comme ma fille quand elle dit au mari de ma nourrice: et ben maman moi elle dort toute nue…Il y a les terreurs , il y a ceux qui dès qu’on les lâche se ruent vers la porte dans une tentative désespérée d’évasion. Il y a les parents qui racontent les dernières bêtises ( tout à l’heure, K. 11ans a attaché pendant 3 jours les oreilles de son lapin ensemble, et elles ont fusionnées) et moi qui doit me retenir très fort (pas assez fort dès fois) de ne pas en rire. Les enfants sont source de sourires et de rires.

Bref, même si je n’ai pas étayé mon discours de beaucoup d’exemples concrets,j’espère que  je suis parvenue à faire passer mon message: la médecine générale, c’est parfois drôle aussi!

Une matinée

On m’a fait remarqué et à juste titre que je m’étais un peu éloigné du cabinet pour me centrer sur ma vie. Que l’on me pardonne cet accès d’égocentrisme, les blogueurs comprendront aisément je pense la tentation de se servir de l’écriture à visée thérapeutique et de s’en servir d’exutoire.

Je vais donc me recentrer et raconter une matinée au cabinet, prise arbitrairement aujourd’hui, pas spécialement représentative, juste une matinée de médecine générale.

Je ne parlerai pas de ma vie privée mais il faut garder en tête que celle-ci rentre toujours en compte, on est toujours plus ou moins pressé, angoissé, préoccupé et cela influe sur le déroulement de la journée .

Habituellement, je ne travaille pas le mercredi matin, je n’ai pas encore réussi à passer le cap de travailler tous les jours comme les vrais gens. Je trouve l’idée de travailler systématiquement tous les jours terrible. Je me suis donc installée en tant que collaboratrice libérale et j’ai plusieurs demi-journées de libre, pendant lesquelles je fais parfois  des remplacements dans ce que j’appelle mon cabinet secondaire. Bref mon emploi du temps change tout le temps, mes patients  me cherchent d’un cabinet à l’autre, il n’y a pas de routine, je peux faire l’école buissonnière quand j’ai envie, j’aime ça .

Généralement donc, je ne travaille pas le mercredi matin, j’ai donc accepté de travailler dans le cabinet où je suis la remplaçante en titre depuis 4 ans. Il faudra que je me rappelle pour l’année prochaine que quand on a la possibilité de rester couché le mercredi de la rentrée, on le fait.

Première étape, se garer dans le parking souterrain sans abîmer encore ( trois fois de suite au même endroit ) la voiture plus du tout neuve. Presque un succès, sauf qu’en partant j’ai trouvé un mot sur mon pare-brise de ne pas se garer sur l’emplacement des autres : oups je me suis trompée de place! C’est toujours mieux que l’amende que j’ai eu hier, les policiers sont entrés dans le cabinet chercher le fautif mais personne n’a pensé que c’était le médecin qui était mal garé !

Ensuite, j’ai la bonne surprise de me souvenir que j’étais toute seule ( cabinet de trois médecins) et que mon emploi du temps était déjà complet. Heureusement que dans ce cabinet, il y a D. la secrétaire qui en dehors d’avoir l’avantage d’être une vraie personne ( en opposition au secrétariat à distance de mon cabinet ) est une personne super que j’adore.

L’emploi du temps de la journée comporte des répétitions, les membres d’une même famille viennent par deux ou trois, ouh ça sent les certificats ça!

Première consultation, personne… Cela commence bien, bon ça me laisse du temps pour aller voir twitter et mon blog, la narcisse ou l’insecure en moi, au choix, est toute émotionnée par le commentaire d’un grand monsieur qui me fait me dire que finalement ce que j’écris en vaut peut-être la peine.

Les voilà finalement avec dix minutes de retard mais il y a trois enfants pour deux rendez-vous…trois certificats bien-sûr…Je recadre mais je n’ai pas la force de caractère de demander à la maman que je connais bien de choisir parmi ses enfants.

La consultation pour les certificats de sport est un moment très agréable, on parle de la vie, de l’école, on fait de la prévention: vaccins, vitamine D,vision, alimentation… Ce serait même presque les plus agréables … si ce n’était pas concentré dans la même période et si ce n’était pas à la chaîne toute la journée. Trois enfants de la même famille, cela veut dire, faire exactement la même chose trois fois de suite: peser, mesurer, écouter le coeur, les poumons, prendre la tension, regarder les oreilles, évaluer la vision, regarder le dos, ne pas faire faire de flexion, s’en sentir délivré et ne pas culpabiliser, s’occuper d’un problème surajouté, écrire tout l’examen dans le carnet de santé,écrire tout l’examen dans le dossier informatique, repeser, remesurer car on a oublié les chiffres qu’on n’a pas noté tout de suite, faire les courbes de poids, de taille et d’indice de masse corporelle, entamer une longue discussion si il y a un problème de poids comme ce fut le cas pour 5 enfants aujourd’hui, faire façe souvent à des motifs de consultation surajoutés, vérifier les vaccins, prescrire des vaccins, de la vitamine D, des traitements le cas échéant, imprimer les certificats, en plusieurs exemplaires, en changeant le nom du sport, faire passer la carte vitale,poser l’opération 6.90+6.90+7.80, attendre le règlement, faire une consultation à l’arrachée pour les parents qui puisqu’ils sont là ont besoin de quelque chose  et tout ça en essayant de ne pas confondre les enfants, les prénoms et avec une certaine animation dans le cabinet. Donc non ce n’est pas « juste un tampon  » et ça y’est j’ai 25 minutes de retard.

Deuxième consultation, une femme enceinte de 7 mois, qui revient de vacances, a une sinusite, une diarhhée depuis 15 jours, et des champignons sous les seins. Rien de particulier sauf que maintenant même à 7 mois je n’ose plus dire « vous êtes enceinte? » avant de vérifier dans le dossier depuis quelques gaffes malvenues de ma part.

Pendant la consultation, D. frappe à la porte, me demande de mettre le répondeur, car elle ne se sent pas bien, et ne peut pas répondre au téléphone. Courageuse mais pas téméraire, je mets le répondeur car le téléphone n’arrête pas de sonner et que je ne peux pas avancer dans la consult.

Je vais vite la voir après ma consult mais le grand médecin que je suis n’est pas capable de grand chose à part de prendre une tension, de la faire allonger et d’appeler le SAMU. Je n’en dirai pas plus pour le secret médical mais si elle lit ceci je lui réitère mon affection et mon plaisir à travailler avec elle (enfin d’habitude …).Elle va bien cela dit .

Je suis obligée de transférer la ligne au secrétariat à distance qui fonctionnera encore tellement mal que je subirai aujourd’hui un afflux de personnes venant directement prendre RDV au cabinet, dans le meilleur des cas ou insistant pour être pris tout de suite. Le certificat pour le sport ressemble un peu au subutex aujourd’hui, il le faut aujourd’hui, c’est le dernier jour des inscriptions, ils ont fait le tour de tous les médecins, les plages disponibles que je peux leur donner le lendemain sont  pendant l’école, un vrai casse-tête. Je suis obligée de refuser cruellement , de refuser la cystite, l’éruption qui commence à se déshabiller dans la salle d’attente, j ‘accepte le certificat de vaccination qui bien-sûr prend plus de temps que prévu et gratuitement en plus.

Je déteste refuser, je le fais rarement, mais là avec le SAMU qui est dans le bureau d’à côté et mon heure de retard, je n’ai pas le choix. Heureusement Mme W.  arrive un peu plus tard et je ne fais pas l’erreur de refuser cette patiente, qui fait partie des gens du voyage qui sont généralement je trouve des gens adorables, venue en bus de deux villes plus loin, ayant monté les 6 étages à pied pour cause de claustrophobie, attendant patiemment dans la salle d’attente avec une infection pulmonaire et une vraie symphonie dans les poumons. Quand je pense que j’aurai pu refuser de la voir.

Ensuite Mme S. qui vient me montrer un résultat de prise de sang et que je trouve dans un fauteuil roulant me raconte, c’est normal, les 2 mois de péripéties médicales suite à une fracture de la jambe .

Une grand-mère amène sa petite fille, avec un mot très gentil de la maman disant que sa fille a besoin d’un certificat pour le poney et qu’elle a des vaccins en retard ( si peu : 6 ans pour le ROR, 2 ans pour le revaxis), si c’était éventuellement possible de lui prescrire,sinon c’est pas grave elle reviendra. Allez soyons fous, je vais lui prescrire aujourd’hui, ce sera fait! Je me retiens d’écrire apte à la pratique du poney, au pas, au trot et au galop.. Encore une fois aujourd’hui, malgré tous les certificats pour la danse, je me dégonfle à suivre les pas de mon confrère blogueur aux joyeux certificats.

Une consultation sympathique pour un lumbago, c’est bien les lumbagos, enfin pour moi, pas pour les gens , mais c’est facile, reposant, j’ai même des ordonnances et un discours tous faits. (les lumbagos c’est facile, pas les lombalgies, nuances).

Une patiente vient pour un renouvellement d’ordonnance. Une patiente avec un diabète déséquilibré mais qui n’a pas fait sa prise de sang, du coup on ne peut pas changer ou adapter le traitement, bref consultation qui ne sert à rien en dehors du fait qu’elle a fait ses courses, une feuille blanche devant elle avec produit vaisselle, papier toilette, ah non c’est de l’autre côté: gaviscon , doliprane, quelque chose pour les moustiques, ordonnance de kiné , vaccin pour sa fille ( explications sur la nécessité de faire un tubertest avant le BCG qui prend cinq bonnes minutes ) bas de contention , ordonnance podologue etc …et sinon pourquoi je suis fatiguée me demande -t-elle …

RDV pour deux: ils sont trois, une petite peur mais non en fait c’est pour deux dont une consultation qui n’en est pas une mais qui a eu la courtoisie juste pour une prescription de lotion pour du psoriasis du cuir chevelu de prendre RDV. Et je ne fais pas de zèle, je lui prescris la lotion et c’est tout ( je sais que c’est pas bien mais c’est comme ça: gratuitement quand -même)

Une consultation longue et compliquée mais qui justifiera à elle seule le fait de m’être levée ce matin:

Mr D. à 50 ans, il est yougoslave, lui et sa femme (ils ne sont pas mariés d’ailleurs ce qui fait que lui n’a pas de papiers) sont des gens d’une gentillesse et d’une correction sans faille. Malheureusement pour eux, ils ont le handicap d’avoir un nom finissant par ic , ce qui entraîne des préjugés fréquents. Il a vécu en France pendant de nombreuses années, bénéficiait de l’aide médicale d’état (AME) ou même de la CMU peut-être car je crois qu’il avait des papiers en règles, il était soigné pour de lourds problèmes cardiaques et bénéficiait d’une machine pour respirer la nuit pour un syndrôme d’apnées du sommeil.

Suite à des problèmes que je n’ai pas bien saisi de conflit à propos d’une maison, ils sont repartis vivre quelques temps en Yougoslavie. Il est revenu il y a 8 mois. Je l’ai vu il y a 5 ou 6 mois lors d’un remplacement. Devant l’ampleur de la prise en charge médicale à effectuer, j’ai mis en route le minimum et ai tempéré le temps qu’il ait récupéré l’AME )  .

J’ai vu sa femme il y a un mois. Elle m’a raconté que leurs ennuis ont repris ( tout n’est pas clair dans cette histoire je le répète) , ils se sont fait attaquer dans leur maison en présence de leurs enfants. Ils ont appelé 7 fois la police qui n’est pas venue, ont appelé le commissariat de la ville d’à côté qui a envoyé quelqu’un mais trop tard. Mme J., pour se défendre, a pris le fusil de chasse familial et a tiré en l’air. Elle a passé trois jours en garde à vue et elle est venue me voir pour avoir un certificat expliquant que son mari avait un problème de santé et  devait prendre un traitement. Encore une fois, je ne cautionne pas leur acte, je ne connais pas les circonstances mais ce que je sais, c’est que ce sont des gens gentils et attachants, qu’ils n’ont pas voulu arriver à cette extrémité et qu’ils ne méritaient peut-être pas le traitement qui semble leur avoir été infligé en garde à vue. Bref, je les aime bien et j’ai été heureuse de savoir que grâce à mon certificat, une heure plus tard, Mr D. était sorti de garde à vue. Pour une fois qu’un de mes certificats est utile!

Aujourd’hui, Mr D. vient pour son renouvellement, après 6 mois, il n’ a toujours pas l’AME, il dit qu’il a rempli le dossier 3 fois, ce qui m’étonne mais me semble vrai. Il paye ses médicaments, les prises de sang, le cardiologue. N’a toujours pas son appareil pour dormir et de nombreuses choses n’ont toujours pas été faites.Il a été deux fois aux urgences pour les douleurs à la poitrine qu’il a très fréquemment . Ils lui auraient dit qu’il faudrait l’hospitaliser mais qu’il n’avait pas de sécu …Il a reçu une facture de plusieurs centaines d’euros. Et cette situation ne choque que moi! Que ce soit une erreur de la sécu, ou une difficulté des patients à faire les démarches, cette situation perdure…

Alors, je mets en oeuvre trois idées en parallèle en me disant que trois précautions valent mieux qu’une:

– Une lettre pour demander à la mairie de donner rapidement un rendez-vous avec une assistante sociale, une lettre pour la dite assistante sociale et une attestation de suivi dans le cabinet servant de preuve à sa présence en France depuis plus de trois mois.

-Les coordonnées, une lettre et une photocopie des éléments médicaux pour le COMEDE: comité médical pour les exilés, au Kremlin-Bicêtre, qui prend en charge administrativement et médicalement les personnes sans couvertures sociale, et qui fait un travail incroyable. J’ai une amie, ancienne co-interne qui y travaille.

– Un coup de téléphone à une personne magique qui est devenue depuis peu la personne indispensable de mon carnet d’adresse. Elle fait partie d’une association que je détaillerai plus tard si elle m’en donne l’autorisation tant elle mérite à elle toute seule un post spécial. Cette troisième idée était la bonne , elle m’a rappelé quelques minutes plus tard. Elle se rendra chez eux, s’occupera de l’aide médicale, des factures de l’hôpital, éventuellement d’une aide juridique et de tout autre problème le cas échéant. C’est une fée , et moi son intermédiaire …

Je suis très en retard, je n’ai pas fait payer la consultation , mais au moins je me suis sentie utile …

La dernière patiente, une enfant que l’on avait rajouté en plus n’est pas venue, ouf !Je les connais,ça ne m’étonne pas .Heureusement que j’ai eu deux lapins dans la matinée.

Je suis épuisée, pourtant si on compte, je n’ai pas vu tant de monde que ça.

C’était juste une matinée en médecine générale.