Bande de fainéants…

Les gens sont tous des fainéants et qui plus est, ils ont aussi le défaut d’être non seulement avides d’argent mais en plus égoistes…(un égoiste, c’est quelqu’un qui ne pense pas à moi ). Les malades sont des irresponsables, n’est ce pas Mr Wauquiez?

« Le sujet sur cette histoire du délai de carence, c’est pas la fraude. C’est juste la responsabilisation. On comprend bien que si jamais, quand vous tombez malade, ça n’a aucun impact sur votre indemnité et votre salaire, ben le résultat quand même c’est que c’est pas très responsabilisant. Et que du coup on a un peu l’impression que la Sécurité sociale est quelque chose sur lequel on peut tirer sans que ça ait un impact (…). Donc dans le cadre de l’effort collectif qui doit être fait, c’est important qu’il y ait aussi ce signal de responsabilisation: « Attention, c’est pas gratuit! » L.Wauquiez

Loin de moi l’idée de faire de la politique ou de remettre en cause des décisions prises par des gens si intelligents et qui connaissent si bien les gens.. c’est une décision absurde parmi tant d’autres dans un monde absurde. ( et comme je ne veux pas émettre d’opinions trop personnelles, je ne dirai même pas que ma seule petite consolation, c’est de penser à tous ceux qui ont voté pour ce gouvernement et qui pour une fois se retrouvent visés par quelque chose qui les embête bien fort).

Donc, je voulais juste rendre compte de mon expérience à moi, moi qui ne doit pas être vraiment intelligente et qui ne doit pas connaitre les gens …

Parce que moi, mes patients, ils ne sont ni fainéants, ni égoistes, ni irresponsables…

Alors, oui, je l’accorde, il y en a quelques uns qui réclament des arrêts pour pas grand chose ou qui tirent un peu sur la corde ( « tant qu’à avoir perdu 3 jours , mettez moi la semaine tant qu’à faire »), et oui même, il y a quelques fonctionnaires qui se permettent facilement un arrêt sachant qu’il n’y a pas de perte de salaire (« On a le droit à 90 jours alors… »). Comme partout il y a des gens qui veulent profiter, mais, et je ne parle pas du fait que ces gens-là n’ont pas forcément la vie facile et que ce ne sont pas eux qui font le trou de la sécu, ces patients là sont vraiment très peu, ce problème est vraiment très marginal… Des demandes injustifiées de la sorte, je dirai que j’en ai environ une ou deux par mois…et il ne tient qu’au médecin de les refuser. Mais j’oubliais que les médecins aussi sont égoistes et irresponsables …

Donc, comme toujours, on pointe du doigt une minorité, pour rendre les gens coupables de problèmes qui n’ont rien à voir. Quand on sait que moins de 3% des indemnités journalières sont versées pour des arrêts de moins de 8 jours, alors que 60% des versements concernent des arrêts de plus de 3 mois, on mesure l’indécence qu’il y a à faire des patients des cibles…

Mais, surtout, moi au quotidien, ce n’est pas ça que je vis. Moi, au quotidien, je me bats avec les gens pour les arrêts de travail mais pour qu’ils les acceptent ! Et la plupart du temps je perds..

C’est fou ça mais les gens sont vraiment un peu irresponsables avec leur santé en effet: ils refusent les arrêts quitte à mettre celle ci en péril!

-Mme B. est gardienne, elle avait une tendinite du coude, elle a refusé à de nombreuses reprises mes arrêts que pourtant j’avais rédigé et lui avais donné. Elle ne veut pas s’arrêter, son travail c’est toute sa vie, elle est hyperactive. Elle a tenu le coup jusqu’à ce que le tendon se déchire et maintenant cela fait plus d’un mois qu’elle est en arrêt.

-Mr C. est chauffeur-livreur, il a une forte douleur d’épaule, j’ai réussi à l’arrêter deux jours quand vraiment il ne pouvait plus bouger mais pas plus. Sa raison: il ne peut pas laisser ses collègues dans l’embarras….

-Mme R. est déprimée, sa fille de 16 ans a été violée récemment , elle a besoin de la présence de sa mère et Mme R. est épuisée physiquement et moralement …en plus, elle a une angine. Je ne peux rien pour sa peine mais je pense que quelques jours de repos lui seraient bénéfiques. Elle refuse…financièrement, elle ne peut pas.

-Mr A. doit se faire opérer du genou depuis 2 ans, il attend toujours car cela implique un arrêt de travail de plusieurs semaines que financièrement il ne peut pas se permettre.

-Mme S. est ATSEM, elle a des lombalgies. Cette fois ci j’ai réussi à l’arrêter car vraiment elle était bloquée mais la plupart du temps, elle refuse, pour ses collègues, pour les enfants…en dépit du fait qu’elle soit fonctionnaire et qu’elle n’ait pas de jour de carence .

-Melle B. est serveuse, elle a un virus pour lequel on ne peut rien faire mais est pas bien du tout, elle n’accepte pas l’arrêt parce qu’il n’y a personne pour la remplacer et que son patron lui met la pression…

Je m’arrête là mais je pourrais continuer des heures..Si les patients qui profitent du système sont très occasionnels, je vois ceux-ci en une demi-journée, tous les jours, tout le temps …

Alors, ma patientèle n’est peut-être pas représentative, les habitants de la Seine-Saint-Denis sont peut-être des gens particulièrement courageux et avec une situation financière précaire, mais mes patients à moi ne sont ni fainéants, ni tires-au-flanc, ni irresponsables,ni profiteurs, et oui l’argent est un critère important mais dans le mauvais sens. Ce sont des gens courageux, honnêtes, travailleurs. Certains réclament des arrêts un peu exagérés mais beaucoup plus les acceptent par obligation avec contrariété ou les refusent. Ils les refusent parce qu’ils aiment travailler, parce qu’ils ont une conscience professionnelle, pour ne pas laisser leurs collègues dans l’embarras. Certains subissent une telle pression au travail qu’ils ne peuvent se permettent d’accepter l’arrêt. Certains aussi ne veulent pas justement profiter du système et être payés à rien faire. Beaucoup surtout, ne peuvent pas se permettre d’accepter l’arrêt, financièrement, trois jours de carence  cela fait près de 10%,quand on gagne le SMIC,c’est énorme, et rappelons qu’après ces trois jours, le salaire n’est payé qu’à 50%, sans parler du fait que le paiement arrive longtemps après. Certaines personnes ne peuvent tout simplement pas se le permettre.

Cela conduit à des retards de traitement, à l’aggravation de la situation médicale, et en tant que médecin et citoyenne, cela me désespère et me met en colère tous les jours et maintenant cela va être pire encore…

Les seules personnes avec lesquelles on n’était pas embêté par le problème financier, c’était les fonctionnaires et maintenant, même cela est remis en cause…

Et en plus, comme d’habitude, on monte les gens les uns contre les autres, au lieu de niveler la situation vers le haut en partant du fait que les acquis de la fonction publique sont une chose positive, on les fait encore une fois passer pour des fainéants et on les pointe du doigt comme responsables et au lieu de voter un progrès tel que la diminution du délai de carence à deux jours, on nivèle tout par le bas…et tout le monde est perdant: ceux qui ont eu l’irresponsable idée de tomber malade, ceux qui ont eu l’irresponsable idée de prendre un arrêt de travail et qui sont montrés du doigt, ceux qui ont eu l’idée encore plus irresponsable de les refuser et dont l’état de santé s’aggrave et coûte encore plus cher à la sécu…et moi qui assiste impuissante à tout ça ….

 

25 réflexions au sujet de « Bande de fainéants… »

    • Tu as aussi ma voix! 🙂
      C’est vrai que le monde dans lequel nous vivons est de plus en plus absurde! Mais tes post sont pertinents, et dommage, j’aurai aimé t’avoir comme médecin traitant 🙂

  1. Il me parle ton article..
    Parce que j’ai fait partie du privé puis du public, parce que j’ai fait partie de ceux qui refusaient de s’arrêter, puis de ceux qui acceptent.
    Quand j’étais dans le privé, avec plein de CDD par ci par là, ce n’était même pas l’argent qui posait souci (enfin ça en posait mais bon) c’était juste que je ne voulais pas m’arrêter, ben non c’était pas grave d’être chaque matin et chaque soir effondrée en larmes à avoir l’impression d’en crever parce que tiens ah oui je viens de prendre mon indépendance juste après avoir commencé à révéler l’inceste donc vlan tout explose…
    J’ai tellement même pas consulté de toubib à l’époque que je ne savais pas que c’était des crises d’angoisse, je serrais les dents et basta…

    Après je suis devenue fonctionnaire et j’ai tenu encore un peu plus d’1 an, à faire mes 18 bornes le matin dans ma voiturette sans permis, en partant effondrée en larmes au volant..
    Puis un jour après avoir dégusté une dizaine de xanax mon médecin a dit en gros « ça suffit les conneries » et j’ai commencé à comprendre qu’on allait pas m’applaudir et me remercier d’aller au taf en me détruisant. Hospi, CLM…
    Depuis en 6 ans j’ai dû bosser 4 ans…entre deux il y a des périodes d’arrêts, de CLM, de CLD dont j’ai hyper hyper honte, quand je vais le doc j’ose à peine dire que je suis pas allée bosser.
    Bientôt je verrais le médecin expert et je lui dirai que je ne tiens pas, que depuis 10 mois que j’ai porté plainte c’est plus gérable mais en lui disant ça je penserai que j’exagère, que je suis une feignasse,que les séquelles de l’inceste ont bon dos, que je profite du système, et que oui si j’étais mme X qui ne peut pas se permettre un arrêt , je serais bien obligée d’y aller au lieu de me plaindre.

    Et tu as raison, ils cherchent à monter privé et public les uns contre les autres, le pire étant que ça marche.
    Moi je suis pour qu’on donne au privé le meilleur du public et vice versa.
    J’ai bossé en privé, j’avais des primes qui comptent pour la retraite, des tickets resto, un 13ème mois et j’en passe, des trucs me faisant halluciner.
    Là, secrétaire dans l’éducation nationale , la prime qui évite d’être sous le smic ne comptera pas à la retraite, y a pas de CE, encore moins de 13ème mois ou d’arbre de Noël ou que sais-je , pas de tickets resto ou autre et on s’assoit sur les aides diverses pour une reconversion , pas le droit (en dehors des 12 mois rénuménérés à 85% du salaire brut si congé pro).

    Je ne coûte rien à la sécu en arrêt, je coûte à l’Etat mais comme l’Etat n’embauche pas de remplaçant (j’ai eu des arrêts de 9 mois, 1 de 15 mois, jamais remplacée, 1 collègue est absente aussi en même temps que moi, pas remplacée non plus ).

    Emilie Présidente 😉

  2. Honnêtement ici je « renégocie » à la baisse les demandes d’arrêts de travail.
    Ma patientèle le sait.Ce sont les nouveaux patients que je responsabilisent.
    Il y a une catégorie de patients que je refuse suivre comme MT:ceux qui relèvent des collectivités territoriales.
    Parce que je ne supporte plus de les voir poser leurs fesses dans le fauteuil en face de moi et de demander cash 1 semaine d’arrêt pour un rhume,ou autres broutilles.
    Et quand ils font minent d’insister,je leur rappelle que pour nous la carence c’est 90 jours.
    Et je leur dis au revoir ( en fait c’est adieu ).
    Sinon, je suis d’accord avec ton article 😉

  3. Yes.
    C’est bon quelqu’un qui admet que la grande majorité est loin d’être tire au flanc.
    Très positif.

    Quant à moi, je me résoudrai à voir ma journée d’arrêt de travail annuelle pour cause de gastro refilée par mes élèves non prise en charge…

  4. Bonsoir, Juste une remarque sur une tournure à CORRIGER SVP : Pour MMe S, sa fille ne se fait pas violer. Elle est violée. Nuance. Elle n’a aucune responsabilité dans ce qui lui arrive. Ce sont d’autres qui commettent ce crime sur la jeune fille. Il y a des mots qui sont tranchants. Je vous lis toujours avec beaucoup de plaisir et d’attention. Continuez 😉

  5. Bonjour,
    L’article est très intéressant, et surtout, réaliste.

    Félicitation aux médecins qui ne prescrivent pas d’arrêt systématique… (c’est un peu comme les antibiotique lol), néanmoins, certains patients ne devraient pas refuser les arrêts au risque de mettre leur santé en péril.

    Le fait d’ajouter une journée supplémentaire aux employés du secteur privé, va serte, mettre encore un frein aux arrêts abusifs, mais la sécurité sociale risque de se retrouver confronter à des pathologies beaucoup plus coûteuses à prendre en charge… Mais, nous le savons bien, les têtes pensantes ne sont pas sur le terrain…

    Redoubler de vigilance dans le contrôle des arrêts ? Lorsque le contrôleur n’appartient même pas au corps médical, c’est un peu difficile de justifier un arrêt… les médecins conseils ont déjà beaucoup de travail à traquer les fraudeurs en accidents de travail, il va leur falloir des journées de 72 heures pour contrôler en plus les personnes en arrêt maladie…

    1 journée de carence pour le secteur public… 4 journées pour le secteur privé ? et après ça on nous parle d' »équité » ? Nos têtes pensantes du gouvernement n’auraient-ils pas oublié la définition de ce mot, ou alors, leur dictionnaire date…, pour mettre tout le monde d’accord, il serait plus simple de mettre 3 jours de carence à tout le monde… Et pour les libéraux aussi ! (ils sont encore à 30 jours)

    Infirmier, j’ai longtemps remplacé dans différents service. J’ai soigné différentes classes sociales, il est vrai qu’il est effrayant de voir un malade avec 39 de fièvre conduire un bus… ou une nourrice garder des enfants avec un plâtre… par contre, il est effrayant de voir un employé de bureau insister pour avoir un arrêt maladie pour une entorse simple de cheville traité par un strapping….

    Il serait peut être judicieux de pénaliser les médecins qui prescrivent des arrêts maladie pour convenance personnelle avant de s’attaquer à ceux qui les prennent parce qu’ils en ont réellement besoin…

    Les inégalités sont bien réelles malgré la belle devise de la République : « Liberté, Égalité, Fraternité » !

  6. Merci beaucoup pour votre article qui me paraît très pondéré. Continuez être tout simplement humaine avec vos patients comme vous le faites déjà !

  7. Bonjour,

    Je suis fonctionnaire, en arrêt puis en retraite pour invalidité.

    1°) ce que dit S… est faux, 1 jour de carence pour les fonctionnaires n’aidera pas la SS car c’est l’Etat qui paie les IJ et c’est l’Etat qui touche la carence. Donc maintenant si je suis en arrêt, je paie 1/30 de mon salaire d’impôt et je n’aide en rien la SS
    2°) J’ai été en arrêt pour diverses maladies et 1 semaine d’arrêt = 15 jours d’heures supplémentaires (non payées et non récupérable bien entendu) pour rattraper le travail car pas remplacée, ni même remplaçable d’après mon directeur.
    3° donc (merci aux grecs d’avoir inventé la logique) Si maintenant je suis en arrêt, je payerais 1/30 de mon salaire, 30 heures supplémentaires à l’Etat sans aider la SS, sans que mon travail soit fait dans les délais toujours serrés mais mon médecin m’arrêterait quand même car je ne pourrais pas faire mon travail avec la meilleure volonté du monde.
    4°) conclusion, j’ai fini par être en retraite pour invalidité en perdant encore plus d’argent, en laissant trois pauvres contractuelles faire mon travail (en les aidant par correspondance car j’ai pitié d’elles car mon travail ne s’apprend pas dans les écoles)
    Les fonctionnaires qui sont montrés du doigt aimeraient que leurs conditions de travail n’empirent pas et c’est mal parti.

  8. Même constat : on se bat plutot pour que les gens s’arrêtent et on a du mal à leur faire comprendre qu’il vaut mieux s’arrêter 4 jours que de tirer sur la corde et de se retrouver en arrêt 1 mois (je pense en particulier aux troubles musculosquelettiques du travail qui explosent)

    Depuis 10 ans la sécu, avec l’informatisation, connait trés bien les gros prescripteurs d’arrêt maladie et les patients qui abusent, il s’agit ni plus ni moins d’une orchestrattion voulue en période electorale et qui comme quelqu’un l’a écrit monte les gens les uns contre les autres et fait plaisir à un certain electorat .

    Certains disent qu’il faut sanctionner uniquement le médecin prescripteur, mais c’est oublier que le patient peut tromper son médecin (cela m’est arrivé avec une lombalgie aigue)

    Par principe, je ne mets pas en doute la parole de mon patient et de sa plainte et je continuerai à le faire.

    Merci pour votre blog que j’apprécie

  9. Ca dépend vraiment des cabinets où je remplace… si ailleurs en grande majorité les gens sont loin d’être des tires au flan et qu’effectivement je doive souvent les pousser pour qu’ils s’arrêtent; là où je suis en ce moment je suis assez effarée… Je met pas vraiment convaincue 3 jours pour une grosse rhino, ils réclament la semaine en râlant… Parfois c’est à peine voilé « vous pouvez me mettre jusqu’à vendredi prochain, c’est le jour où je finis mon stage et comme je suis pas payée… »
    Et c’est triste, c’est effectivement à cause d’eux que ceux qui en ont vraiment besoin s’arrêteront encore moins…

  10. Ping : Le Monde | Journal de bord d'une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis

  11. « Vous coûter cher » voici des mots que j’en entendu par un médecin, alors que j’avais attrapé la grippe, et que je travaillais tantôt bien au chaud dans un bureau, et tantôt bien au froid, dehors, chaque fois qu’une machine quittait l’usine, et que je devais me précipiter pour fournir tous les documents nécessaires au passage en douane et pour le client, sans avoir eu le temps de mettre quelque chose sur les épaules.

    « Vous avez eu une tuberculose dans l’enfance, un anévrisme cérébral à 30 ans, non je ne vous arrêterai pas, prenez du Doliprane »……..les mots avaient sonné, j’étais donc coupable de tout cela…..cela ne m’avait pas effleuré.
    Je m’en retournais donc au travail, je n’avais pas le choix, seule avec mon gosse à nourrir.
    Les jours passaient, je maigrissais, j’avais de plus en plus de difficultés à respirer, des taches sombres devant les yeux m’obligeaient à ouvrir grand les carreaux à la recherche de l’air froid ; d’ailleurs, je prenais la route avec les vitres de la voiture grandes ouvertes. J’étais mal, je sentais que quelque chose clochait, mais j’étais coupable d’avoir été malade. J’étais tellement mal que je me décidais à appeler un de mes anciens médecins pour lui demander si mes symptômes étaient normaux.
    De suite il me répondit « file chez le Dr xxx, je le préviens afin qu’il t’attende…. »
    Un étage à monter pour arriver chez ce médecin, Dieu que c’était dur, le souffle me manquait…..Enfin j’y étais, il m’attendait.
    « Mais vous êtes asthmatique, vous ne pouvez plus respirer, vous devriez être hospitalisée…. » Je lui fis signe que non, et le soir même commençait les piqures de gammaglobulines. Mais j’étais tellement affaiblie, qu’il a fallu me mettre sous vitamines, et que je suis restée absente durant 2 mois.
    Effectivement, encore une fois j’ai coûté cher à la Sécu, mais il faut dire que j’étais tellement fainéante, qu’après être revenue de l’hôpital neurologique où l’on m’avait placé 3 clips sur l’artère cérébrale, j’ai supplié la Sécu d’accepter qu’elle me laisse sortir un peu dans la journée, puis qu’elle me laisse reprendre mon travail puisque je n’étais pas malade et que je n’avais plus d’épée de Damoclès sur la tête, que je n’avais mal nulle part….chose qu’elle a bien voulu m’accorder, mais seulement à mi-temps.

    Et comme je ne suis pas responsable, et toujours coupable, il aura fallu que je choisisse un médecin traitant qui me mette sous Agréal durant 16 mois. Oui, j’ai été coupable de l’écouter, et je ne me suis pas conduite en personne responsable lorsqu’elle m’a dite, à la première prescription de 6 mois, « faites bien comme je vous dit, il a été retiré en Espagne….! »
    Coupable de ne pas avoir posé de questions, coupable de ne pas avoir cherché à savoir pourquoi. J’avais confiance et j’ai fait comme elle avait dit. »

  12. Cela m’embete vraiment de la direction que prend la france. Ce gouvernement casse tous les acquis sociaux en montant tous les travailleurs entre eux. Alors qu’ils ne s’attaquent pas aux vrais problèmes: le bien etre au travail, la creation d’emplois débouchant sur un emplois pérenne pour les jeunes. Ces députés et sénateurs ne sont pas touchés par les lois connes qu’ils votent. Ils sont meme très bien payés pour le faire malheureusement. La population devrait leur demander d’oublier leurs privilèges(retraite a vie, cumul d’emplois, voiture de fonction et j’en passe. Qu’en est ce que la population retrouvera la vue pour savoir qui profite du système.

  13. Ping : Journal de bord d'une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis

  14. Bonjour,
    superbe article qui illustre bien la réalité de l’arrêt.
    Je souhaite ici faire part de mon expérience personnelle :
    suite à deux burn-out, dont un causé par du harcèlement moral (et l’autre par du surmenage lié à la pression), j’ai mis toute mon énergie à retrouver une situation stable.
    Je précise que je travaille depuis 15 ans, et en dehors de l’arrêt « long » (6 mois) qui a suivi le harcèlement moral pour trouver un nouveau poste (pendant lequel je passais 2 entretiens par semaine minimum), je n’ai été arrêté que lors d’un virus avec plus de 38,5 de fièvre (2 ou 3 fois en 15 ans) – je ne supporte pas d’être en arrêt.
    Aujourd’hui, les stigmates de ces surmenages me pourrissent la vie au quotidien, sans compter que mon nouveau travail a aussi demandé des phases de surmenage et de pression -hors les 6 mois d’arrêt ont été déjà très stressant : il fallait trouver une porte de sortie à un contexte agressif (cette fois, le harcèlement moral est absent).
    Lorsque je vais voir mon médecin et lui parle de ma fatigue (céphalées, cervicales douloureuses, douleurs de type TMS au niveau de l’épaule – je suis ingénieur informatique – élu cette année « collaborateur de l’année » – quelle ironie après avoir subi les remarques désobligeantes au sein de mon travail précédent pendat 2 ans), de mes problèmes gastriques depuis 6 mois, il semble qu’il mette cela sur le compte du stress (je suis suivi par un centre des douleurs chroniques et par une kinésithérapeute, mais la rééducation qui devrait pouvoir m’aider me permet tout juste de maintenir le branlant édifice : le stress et la pression encore présents au travail maintiennent l’organisme sous pression : d’une scéance à l’autre les progrès sont bien « minces »).

    Je sors tout juste de vacances et je suis épuisé, agressif envers ma famille, pas patient avec mes enfants mais je n’ose retourner le voir car je ne vois pas l’issue.

    Aujourd’hui, j’envisage de quitter mon emploi car je n’ai pas pu souffler depuis 2006, et après 3 ans de travail sous pression (avec des périodes de travail pendant 12 heures par jour), l’organisme n’en peut plus.

    Je serai heureux de lire vos conseils dans cette période ou sincèrement je suis à bout.

    Je voulais aussi apporter ma contribution vis à vis des jours de carence : en effet, une personne au chômage qui est malade, un rentier qui est malade n’est pas impacté par des jours de carence. A croire que le salarié en fait exprès d’attraper le virus de la grippe ou de la gastro, et le salarié lui paye pour pouvoir s’arrêter – salarié qui finance le système social, donc le chômage.
    Je trouve que les jours de carence sont donc une injustice, puisqu’ils ne pénalisent que les « actifs ».

    Voilà, si mon témoignage peut aider quelqu’un, ou si quelqu’un s’interroge concernant le harcèlement moral, le stress et ses dégats, je serai heureux de partager cette expérience.

  15. J’arrive longtemps après la bataille, mais comme j’ai ris quand ils sont revenus dessus… Pour les fonctionnaires, hein, pour diviser un peu plus…

    Une étude a montré que les arrêts courts ont largement diminués… Au profits des arrêts de moyenne et longues durées qui ont explosés et coûtent bien plus cher…

    A quand la même étude pour les salariés du privé ??? Qu’on soit tous au même niveau, pour une fois…

  16. Avec des années de retard, je tombe sur ce post et franchement, j’adore. Pour une fois que nous, les patients « fainéants » qui venons « pour nous mettre en arrêt » (et buller dans son canapé/refaire la toiture/partir en xeek-end, etc…) sommes défendus par un médecin, ça fait chaud au coeur…
    Je n’ai été arrêtée qu’une fois. Après avoir refusé de nombreuses fois des arrêts, pour les raisons invoquées plus haut (trop de travail, personne pour remplacer, patron qui met la pression, etc…), j’ai fini à l’hôpital. A trop tirer sur la corde, ça finit par casser… J’ai eu de la chance (pour moi une « simple » pneumonie), mais ce n’est pas le cas de tout le monde. A toujours pensez le pire des gens, à toujours les culpabiliser, voilà ce qu’on obtient. On est censés avoir le « meilleur système de santé » du monde et « l’accès aux soins pour tous »… Sauf qu’on nous formate pour penser que ces fameux soins, les autres y ont droit (et en profitent, regardez-moi ces en**rés de fonctionnaires qui sont tout le temps en arrêt…) mais pas nous. A tout hasard, je précise : je suis fonctionnaire, et j’ai eu 10 jours d’arrêt de travail en 16 ans d’activités.

  17. Je tombe par hasard sur ce site , et interpellée par le titre de ce billet je me suis donc lancée dans la lecture de celui ci , et je suis agréablement surprise , et heureusement qu’il y a des médecins comme vous (comme le miens également ) qui sont à l’écoute de leur patient malgré les recommandations , et ce billet est tellement vrai . j’ai été arrêté deux semaines il y a un an et demi de cela , j’ai repris le boulot au bout d’une semaine , car clairement à la maison je m’emmerdait même si je sais qu’à mon retour au boulot j’allais me prendre des réflexions ! Et a l’encontre de l’avis médical (tendinite et travail manuel ) j’ai repris ce travail , la pression au travail en plus j’ai choisi d’ignorer les douleurs et ce pendant des mois …. Puis un jour je n’ai plus réussi , moralement physiquement je ne pouvais plus …alors j’ai été voir mon medecin et ça fait maintenant des mois que je suis en arret avec de multiples examens médicaux et je me dit que j’aurais du écouter mon medecin des le début et suivre son avis , ces mois d’arret mon malgré tout permis de reconnaître qu’elle est compétente et que je peux lui faire confiance et plus jamais j’irais a l’encontre de son avis médical . en effet au début l’aspect financier compte évidemment on a une famille il faut assurer qu’elle vive bien , et puis en prenant du recul je me suis dir et merde ! Ma santé avant tout , ma famille n’ira pas mieux avec l’argent , elle ira mieux avec une maman qui se porte bien 🙂 bravo pour ce billet en tout cas

  18. Bonjour,

    Comme beaucoup je suis arrivé sur la medico-blogosphere par jaddo, je cherchais pourquoi les raisons du mécontentement du tiers payant généralisé à l’époque. J’ai découvert une communauté, des analyses et des réflexions qui vont me faire devenir exigeante avec mes soignants !!!!

    Ce billet me fait réagir, déjà parce que je me retrouve dans ces patients qui refuse l’arrêt de travail, enfin je sais que mon médecin, quand elle me propose un arrêt, il vaut mieux que j’accepte ! Et c’est ca que j’aime chez elle. Même pour mes nausées de grossesse (j’ai perdu 4kg le deuxième mois puis 6 kg le troisième mois, je faisais à peine 1 repas par jour et avait la joie d’inspecter mes toilettes tous les jours et pas qu’une fois), je suis allé bosser tous les jours, et si mon travail n’est pas physique j’étais épuisé ! (avantage par contre j’ai pas connu l’effet baleine : -10kg + 9kg … j’ai perdu 1kg sur ma grossesse !)

    Ensuite parce que je suis aussi coté employeur, en tant que secrétaire, et les arrêts c’est pas toujours facile, en avril cette année, sur 8 salariés … 4 en arrêt … (une cheville, une gastro, et deux médecins très à l’écoute des désirs de leurs patients …)

    Une collègue avait des arrêts renouvelé tous les mois, depuis 6 mois, le medecin en question est connu a plus de 100km pour « donner des arrets »

    Les jours de carence ne responsabiliseront personnes : la plupart des conventions collectives des salariés prévoit que les jours de carences sont à la charge des entreprises (selon ancienneté, la mienne prévoit 1 an) … Donc pas de différence financière

    Mais aujourd’hui, on ne sait pas combien « on coute » Mon fils est nés il y a deux ans, donc vaccins et mise en place longue de son nom sur les cartes de mutuelles, il me fallait des factures pour la mutuelle : 2 vaccins plus de 100€ !!! si je n’avais pas ce problème de mutuelle je ne l’aurais jamais su.
    A l’heure ou les mutuelles d’entreprise deviennent obligatoires, on parle de responsabiliser les gens en mettant des jours de carence … nos politique ont pris option humour à l’ENA !
    Je n’ai personnellement jamais reçu de relevé me disant madame on a déboursé tout ca pour vos soins/arrêt ou autre … et la j’aurais su ! et ca ca pourrait responsabilisé un peu les gens, certains, …

    Désolée du long et très décalé dans le temps commentaires, bonne continuation à vous et vos confrère du net ! J’espere un jour, même sans le savoir, rencontrer mon medecin 2.0 !

  19. Arrêtons là avec ce faux problème de trou de la secu et cette culpabilisation outrancière…Peu importe que les gens s’arrêtent ou non…Ce qui est clair c’est qu’on est dans un système qui monte les gens les uns contre les autres…Et c’est cela qui n’est pas normal.Qu’un médecin refus d’arrêter un patient,il en va m^me de sa responsabilité.Patient deprimé à outrance, medecin refuse l’arrêt,le patient se suicide.La question ne se pose m^me pas.Le medecin de complaisance ou l’arrêt de complaisance n’existe pas.Ce ne sont m^me pas des terme juridiques ou constitutionnels.Ce sont des termes extremistes qui evoquent surtout la jalousie.Voilà

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