Des principes…mais pourquoi au fait ?

Des fois, je me dis que c’est con d’avoir des principes.

Quand j’ai commencé à être médecin, je me suis imposé moi-même des principes  auxquels je ne dois pas déroger. Ben oui si on commence à faire des exceptions , ça devient n’importe quoi !

Y’a le grand principe qui dicte tout , promesse que j ai fait quand j ai eu mon concours , genre me rappeler que j’ai de la chance d’être médecin, toujours faire de mon mieux , ne pas mal tourner comme tous les autres et autres niaiseries que je m’efforce de suivre.

Et puis, y’a tous les principes plus pratiques que je m’impose.

Pourtant, dans la vie, je ne suis pas une fille de principe. D’ailleurs, je n’en ai aucun.

Réfléchissons, si : je ne me gare pas sur les places handicapées, et je ne mens pas aux impôts. Je mens à d’autres administrations mais pas les impôts. Quand une fois que j’ai fini ma déclaration, mon mari a trouvé une lettre qui traînait du conseil général qui me rappelait de déclarer les 50 euros par mois que j’ai reçu pour frais de garde et que ça faisait passer mes impôts de zéro à 200 euros, et bien, j’ai hésité et j’ai refait ma déclaration : payer des impôts est un privilège, cela veut dire qu’on gagne de l’argent.

Bref, à part ces deux principes, je n’en vois pas d’autres. Les gens me donneraient le bon dieu sans confession, mais pourtant rien ne m’arrête, ma vie est bordélique, je suis bordélique, je téléphone au volant, j’ai déjà trompé, volé, menti, bref pas de principes dans la vie mais au travail …

Ah mais si, grosse digression, j’ai un énorme principe dans la vie, qui me gâche la vie !! Ne pas céder à ma fille, avoir une ligne de conduite qui ne change pas, des règles éducatives, pas strictes mais de bon sens ( genre on met pas les pieds sur la table, on tape pas sa mère, c’est papa et maman qui décident et surtout on ne cède pas en cas de caprice), mais qui me rendent la vie infernale vu la furie qui me sert de fille. Et ce serait tellement plus facile si je n’avais pas ces principes…Tu veux pas manger ma chérie, tiens mange une glace devant la télé et ensuite t’iras te coucher avec nous, on s’endormira en regardant Dora…et il restera une glace dans le frigo pour te calmer la prochaine fois que tu fais une crise ou pour te récompenser si tu as bien lavé tes dents ou mangé tes légumes ou quand j’aurai envie de te faire du chantage !! La belle vie quoi ! Mais non, pour je ne sais quelle raison obscure ( la raison peut-être) je ne fais pas tout ça (même si je fais pleins d’autres choses pas bien par ailleurs )

Et bien, au travail c’est pareil, j’ai pleins de principes stupides qui me rendent la vie compliquée:

–  je ne mens jamais sur un document médical. Ca parait la moindre des choses et logique comme tout, oui mais quand même, cela implique beaucoup de complications : pas d’arrêt de travail de complaisance même de petite complaisance, pas de certificats de tout et de rien de complaisance.Et pas d’antidatage : ça c’est hyper dur !

–  je ne fais pas de certificats en particulier de sport, y compris des gens de mon entourage sans examiner la personne.

–  je ne fais pas payer de consultation ( ou ne fait pas passer la carte vitale si 100% ou CMU ) si je ne vois pas la personne ( oui cela parait normal aussi mais vu l’étonnement des patients, d’autres ne doivent pas s’en priver ) et je ne fais pas dans le mesure du possible ou seulement en dépannage et en expliquant bien le caractère exceptionnel de la chose, de renouvellement de traitement  pour des patients que je ne vois pas.

–  je ne prends pas la carte vitale de quelqu’un d’autre ou ne prescrit pas au nom de quelqu’un d’autre sauf cas exceptionnel (c’est vrai que ce n’est pas un principe immuable) je fais plus facilement des actes gratuits. Par contre, et ça c’est plus par idéologie et je pense que sur ce coup là, je ne ferai pas l’unanimité, si cela est médicalement sans risque, je prescris facilement des médicaments pour des personnes au pays.

– je ne fais pas de certificat pour dire qu’un enfant nécessite une circoncision ( et donc que celle ci soit rembourser) et des fois c’est pas facile de refuser aux patients que l’on connait bien .

–  et en règle général, c’est moi qui décide, pas les patients…( comme avec ma fille…on croirait presque que j’aime ça moi avoir le pouvoir de décision !)

Bref, tout ça parait normal, de bon sens et logique. Et ça l’est. Mais ce n’est pas si logique que ça pour les patients et pour certains médecins et ça ne me facilite pas la vie.

Le plus difficile, c’est pour les proches, parce que c’est encore plus difficile d’être rigoureux en dehors du cadre du cabinet et parce que c’est encore plus dur de dire non. Je fais de mon mieux pour ne pas déroger à mes principes, j’ai fait déplacer ou je me suis déplacée de nombreuses fois pour examiner les gens pour ces p…. de certif de sport et l’autre jour, je me suis fait avoir, prise au dépourvu par la nourrice de ma fille qui est venue chez moi, tard le soir (car besoin pour le lendemain) pour que je tamponne la licence de son fils que j’ai déjà examiné et de son mari … et putain je n’en dors plus la nuit tellement j’ai des remords mais je l’ai fait : alors qu’il a 40 ans et qu’il fume et qu’il devrait peut-être même faire une épreuve d’effort. Je vais aller dès que possible lui prendre sa tension et écouter son cœur mais ça me mine, non pas qu’il lui arrive quelque chose (je lui ai déjà dit qu’elle porte pas plainte) mais parce que j’ai dérogé à mes sacro-saints principes et que pour une raison que j’ignore, ça me contrarie énormément .Parce que pour cette fois où j’ai cédé, combien de fois j’ai tenu bon, alors que c’était dur. Refuser un arrêt à une amie parce qu’elle a des problèmes de garde pour son fils, faire venir des gens ou me déplacer  parce que je veux faire les choses bien. Il m’est arrivé de faire un faux certificat enfant malade pour une amie qui venait d’accoucher pour que son mari reste avec elle un jour où elle n’en pouvait plus, ça me contrarie un peu mais je n’ai pas menti :j’ai mis que l’enfant (ma filleule)  avait besoin de la présence de son père auprès d’elle et c’était vrai !

Au cabinet, quand on est comme moi et qu’on ne sait pas dire non, c’est dur aussi.

Il y a sûrement des fois où j’ai cédé surtout pour des histoires d’arrêt antidaté, je sais qu’il ne faut pas le faire, mais des fois les gens sont de bonne foi, c’est le médecin qui était absent et ne pas le faire les met vraiment dans la merde.

Il y a des fois où même si cela est faux, il n’y a que le certificat du médecin qui peut les aider :

3 exemples où j’ai réussi à dire non, vous me direz que c’est normal mais pour moi c’était dur :

– « avant-hier, j’ai fait un malaise en allant passer une épreuve de mon BTS , je suis un peu neuneu, je suis rentrée chez moi et puis c’est tout , et ils m’ont dit que pour rattraper l’épreuve, il me faut un certificat médical sinon je perds une année » Ben oui mais non …

– « mon mari a loupé son RDV à l’ANPE la semaine dernière et il leur a dit qu’il était malade, sinon il va être radié (c’est vrai c’est des chacals à l’ANPE) » ben oui mais non…

– » la sécu m’a contrôlé hier, je n’étais pas chez moi ou même je crois que c’était j’étais chez moi mais je n’ai pas entendu, pouvez-vous me faire un certificat disant que j’étais chez vous » ben oui …mais non

Nous, médecins, nous avons un pouvoir très important avec notre tampon qui permet de certifier des choses très importantes, des choses qui peuvent avoir de graves conséquences, et il faut donc je pense être rigoureux et avoir des principes. Cela est rare, mais les problèmes arrivent, les morts subites en faisant du sport, ça arrive, les médecins qui se font radier parce qu’ils ont fait un arrêt antidaté sans le voir à quelqu’un qui a commis un délit ce jour là, beaucoup d’autres, mais pour moi ce n’est pas par peur, c’est plutôt par respect de ce rôle que j’ai, je dois le faire correctement … bref question de principe.

Alors, surtout quand c’est gros comme ça, je tiens le coup, mais faudrait me voir dire non:  » j’aimerai bien mais jpeux point, vraiment ça m’embête de vous dire non, mais je peux pas…(et ça dure dix minutes comme ça) »  j’ai même été jusqu’à expliquer cette histoire de principes …

C’est pathétique hein même si je m’efforce de suivre les conseils de Yannsud et de faire un non affirmé.

Et il y a mon argument le plus nul: moi je ne peux pas mentir mais vous, vous n’aviez qu’à mentir, la prochaine fois faut me mentir que je vous fasse votre arrêt en toute bonne foi (en même temps y’en a une qui m’a fait ça, je l’ai très mal pris …)

Quand c’est un patient que l’on ne connait pas bien, c’est plus facile mais c’est vraiment difficile quand c’est un patient qu’on connait très bien, notre patient.

Hier à mon arrivée,un de mes patients que je connais très bien, m’attend dans la salle d’attente, c’est sans rendez-vous donc il y a plein de monde, il se lève et me dit devant tout le monde: « c’est juste pour un certificat enfant malade pour ma fille » …bêtement je lui demande « et elle est malade? » ( parce que honnêtement je pense que je l’aurai peut-être fait, le fait d’être malade ne justifie pas forcément une visite chez le médecin et je pars du principe que mes patients sont honnêtes, la preuve), « non mais aujourd’hui on va dans le nord visiter une maison ( je connais l’histoire ils déménagent etc) et j’en ai besoin pour mon travail » Ben oui mais non là … et puis en plus devant tout le monde pendant qu’on y est comme ça ils pourront passer le mot…

Souvent comme je disais, le principe c’est que c’est moi qui décide, par par ego, ou par soif de pouvoir ou un truc dans ce genre, je ne sais pas pourquoi, parce que c’est important pour la relation thérapeutique , parce qu’ il faut que j’aie la sensation que je contrôle la consultation , je ne sais pas comment l’expliquer mais sinon je me sens mal .

Si le patient arrive en disant « il me faut des antibiotiques », déjà ça va m’énerver et je vais chercher toutes les bonnes raisons de ne pas lui en donner.

Les patients sont peu demandeurs d’arrêt de travail et c’est moi qui passe mon temps à essayer qu’ils s’arrêtent, j’y reviendrai, mais quand il arrive rarement que certains me demandent un peu plus que ce que moi je voudrais et que parfois je le fais, je me sens mal.

J’ai une patiente de 60 ans, cassée de partout, qui est femme de chambre dans un hôtel, je lui propose tout le temps des arrêts, elle ne les accepte que rarement. Récemment, elle vient en consultation, pour toutes ses douleurs et ses problèmes rhumato. Déjà elle réclame sa boite habituelle d’anti-inflammatoire ce qui m’embête un peu à chaque fois, et puis elle me dit qu’elle veut un arrêt cette fois ci (je suis d’accord la pauvre elle devrait être à la retraite!) « jusqu’au 18 ». Ah ben ça fait 20 jours quand-même…Pourquoi le 18 en plus, elle a l’air d’avoir bien préparé tout ça, déjà je trouve ça un peu bizarre, en plus ça fait trop long à mon avis pour les mêmes symptômes que d’habitude ( en même temps, je me contredis puisque je pense qu’elle ne devrait plus travailler du tout) et puis mince ( orgueil, sensation de ne pas controler, je ne sais pas) c’est moi qui décide. Je lui explique que ça fait beaucoup d’un coup, je l’arrête 9 ou 10 jours, la fin de semaine et la semaine d’après et je lui dis que si ça ne va pas, elle revienne et que l’on réévaluera. Je pense ne pas avoir trop mal fait mais je ne suis pas hyper sûre. Et puis quelques minutes après, elle revient avec son fils qui n’est pas content du tout, et pas très agréable non plus, je lui réexplique tout ça dans la salle d’attente, que l’on reverra à la fin de l’arrêt, il me dit que c’est pour lui faire repayer une consultation etc …bref comme je disais pas très sympathique …pff…pour une fois que je dis non ( à raison ou à tort, je ne sais pas )…

La semaine dernière, je vois le mardi soir un homme de 35 ans, rhino J1, déjà ça m’énerve un peu (beaucoup même), il a été travaillé, mais il a l’air de trouver que sa rhino est un motif de consultation normal. Je lui explique que je peux rien faire pour lui, juste donner quelques petits trucs pour le soulager un peu le temps que ça passe tout seul ( bref une rhino quoi) et que ça va durer une semaine. Il a l’air satisfait de mes explications mais me dit d’un air naif  « il faut que je m’arrête une semaine alors » , il a l’air de sincèrement croire que sa rhino l’empêche de travailler… et moi je suis trop nulle des fois, et comme il est particulièrement pénible ,au lieu de lui dire: « ca va pas la tête mon gars, c’est pas parce que t’as le nez qui coule que je vais t’arrêter la semaine », je lui dis et là ce fut mon erreur  « je vous arrête demain et si ça ne va pas, vous me rappelez et on verra » ( j’avoue, cette phrase était lâche et évasive). Le jeudi, je ne travaille pas ( yes demain c’est jeudi et c’est sport, hammam et après midi à Paris, j’adore le jeudi ), et le vendredi, j’avais un message: Mr B. veut un arrêt pour aujourd’hui et hier..ça m’a trop énerver, le lundi, il envoie sa femme chercher l’arrêt…mais bien sûr…et la marmotte …Ensuite, il m’a appelé, je lui ai expliqué que d’accord je lui avais dit de rappeler et qu’on verrai mais que puisque je n’étais pas là, il ne fallait pas tenir comme acquis que j’allais accepter, que quand son médecin (qui n’est pas moi d’ailleurs) n’est pas là, on va en voir un autre ou on va travailler, même si on a une grave rhino, que j’avais dit que je réévaluerai et que ce n’était pas à lui de décider mais que comme j’avouais qu’il y avait eu un malentendu ( j’avoue que ma phrase était ambigue), je voulais bien lui faire quand-même exceptionnellement (oui c’est pas bien, mais j’ai pas été bien sur ce coup)…il est pas venu chercher l’arrêt …je sais pas si je le reverrai …mais mince c’est moi qui décide quoi !!!

Je dois avoir l’air méchante un peu là, mais je suis tellement gentille pourtant habituellement…Aujourd’hui, je m’en veux, j’ai été méchante:

Une patiente de ma collègue, que je ne connais que pour avoir accompagné son mari que je connais bien et qui ne m’est pas sympathique mais bon, vient accompagnée d’une amie. Elle me dit d’emblée : »Je viens pour un arrêt de travail, demain je dois partir en Algérie car ma belle-soeur est décédée » Là, j’ai mon alarme à principe qui s’est déclenchée: je peux pas, présenté comme ça, c’est pas possible, cela fait parti des choses que je m’interdis de faire: « et en plus j’ai pas le droit madame, si la sécu me contrôle, pas le droit de partir en Algérie etc » …Je sais très bien que présenté autrement, cela aurait été différent: elle m’aurait dit: ma belle-soeur est décédée, ça ne va pas du tout, en plus je ne sais pas comment faire pour y aller..je l’aurai probablement arrêté, en lui expliquant qu’elle n’a pas le droit de partir sans autorisation , après elle fait ce qu’elle veut , j’ai déjà fait pour des décès…Mais peut-être qu’elle l’était sous le choc, son amie me dit à la fin « mais de toute façon, elle peut pas travailler, elle est pas bien » ben oui mais bon, fallait me dire ça, moi et mes principes à la con, on a décidé dès la première phrase que l’on ne pouvait pas ( pourquoi moi et mes principes on est comme ça je ne sais pas) et ça m’a empêcher de mener le reste de la consultation peut-être comme il l’aurait fallu.. « Mais je suis désolée pour votre belle-soeur hein … » Peut-être que ma colègue, son médecin traitant, lui fera demain ( si elle a bien compris mes messages hypocrites et subliminaux, elle va y aller en lui disant qu’elle est déprimée) .

Merci pour les avis twittéraux sur ce coup-là, ça fait du bien d’en discuter quand on est pas sûrs de soi, et voir que les avis sont divergents est plutôt rassurant. Ca montre que c’est complexe, on essaye de faire de son mieux, c’est pas toujours facile, des fois probablement on se trompe, dans un sens ou dans l’autre, et comme on m’ a dit tout à l’heure: « de toute façon, qu’on signe l’arrêt ou pas, après on a mauvaise conscience… ». C’est vrai.

On m’a aussi dit que les patients ne devraient pas nous mettre dans de telles situations, ça c’est vrai aussi des fois ..

En tout cas, ça serait tellement plus facile de faire tout ce qu’on veut : de lui avoir fait son arrêt, de prescrire les antibios, de renouveler l’ordonnance du mari sans râler, de tamponner la licence du grand sans avoir à se retaper l’examen , et de rentrer donner des glaces et mettre Dora à ma fille …

Parce que au final, pourquoi des principes?

 

18 réflexions au sujet de « Des principes…mais pourquoi au fait ? »

  1. de la difficulté quotidienne du principe et de la contingence :superbe traité !
    un petit texte dans le bulletin de l’ordre de ce mois intéressant: revaloriser la signature du mèdecin

  2. coucou je suis rien qu’une Simone alors pas d’avis particulier , sauf que je te trouve « droite dans tes bottes » dans ce que tu expliques mais qu’en même temps ça semble ( de l’extérieur) parasiter le bon déroulement de ta consult si tu te braques illico.

    Toujours de ma place de patiente, je trouve que le « non » pour l’histoire du BTS c super hard, mais bon j’suis pas toubib.

    Quand j’arrive pas à aller bosser et que j’appelle pour prendre rdv , parfois j’ai rdv 2 ou 3 jours après…et connement j’attends, je dis rien à la secrétaire parce que d’un côté je suis pas une urgence , je vais mal c pas un rdv urgent qui va changer ça…mais j’ai pas l’idée d’aller voir un autre doc, parce que ben..il ne me connaîtrait pas, penserait peut-être que j’en rajoute, que j’en profite, tout ça tout ça…
    J’ai du bol mon doc antidate sans prob j’avoue….je lui dis « j’y suis pas allée » et je me planque 15 mètres sous terre de honte..

    Bon, commentaire un peu inutile peut-être mais en rajoutant des bisous, il devient utile 😉

  3. Je suis sage-femme, avec quelques principes aussi, mais moins droite que toi je pense…
    J’avoue avoir antidaté des arrêts moi aussi, mais en avance (« et surtout vous ne l’envoyez pas avant la date qui est marquée là, sinon c’est moi qui prend, hein ! »)
    Pour des prolongations, parce que le médecin ou la collègue qui l’a arrêtée la première fois a dit « on se revoit dans N jours et on verra » et parce que le seul rendez-vous disponible était dans N-3 jours avec moi et pas avec l’autre. Et pour éviter à la dame de revenir, parce qu’elle a 20 minutes de route, des contractions, les jambes lourdes, les grands à caser…
    Et parce que des fois je suis trop gentille. Et parce que des fois, je vois bien qu’elle me prennent pour une conne mais bon, elles ont la route, les contractions, les varices, les autres gosses… Alors, je prescris du repos, du spasfon, du salbu, des bas de contention, un rdv avec l’assistante sociale pour une aide à domicile.
    C’est difficile de dire non, de se dire ensuite « elle me déteste mais j’ai eu raison ». Très rarement, je me suis cachée derrière le Gynéco : « ah oui, mais non, ce certificat/arrêt/papier-là, je n’ai pas le droit, il faut aller demander au Dr Machin ». Et oui, j’ai refilé le paquet pour me débarrasser de la demande tordue ou injustifiée.
    Alors, chapeau pour les principes ! Il est moins compliqué parfois de laisser mon fils faire un caprice, que de dire non à mes patientes…
    Bravo pour ce blog et ses « états d’âmes » (au sens non péjoratif du terme)

  4. Alors là moi je suis absolument d’accord avec ton post !! Et je fais pareil, même si parfois les patients me hurlent tellement dessus que ça me pourrit un peu la journée…Pas plus tard que ce matin ( et c’est marrant je venait juste de te lire) : une demande de certificat enfant malade pour la semaine dernière car la cantine étant en grève et la maman n’a pas pu aller bosser. Le soucis est que cette maman est aussi une amie. Grand moment de solitude quand je lui ai dit non. Mais si on dit non à un patient, on dit non à tous; pas de favoritisme qui soit. J’ai, dans la même veine, refusé un arrêt maladie à la femme du podologue avec qui je bosse qui avait pris une place pour un concert mais son patron refusait de lui donner sa nuit ( elle travaille comme infirmière de nuit). Je pense que le plus simple est de systematiquement refuser de faire de faux certificats, on se met surement plein de monde à dos ( dont les voisins, les amis,….) mais c’est plus facile après que de refuser une demande inacceptable quand on a eu l’habitue d’accepter les petits arrangements….Bravo pour ton blog : j’adore !!!

    • Merci beaucoup! et ça fait plaisir de voir que je suis pas la seule avec des principes à la con ( et la femme de ton collègue la c hard …et en même temps abusé de sa part )

  5. Les principes, ça fait chier, mais comme tu dis, « tout pouvoir » comme on est, on se doit bien d’en avoir !
    Des principes qui pourrissent l’ambiance d’une journée de travail quand l’aide-soignante te demande un renouvellement d’ordonnance d’anti-épileptique et que « bah non, je veux dire je te connais pas et c’est pas anodin ce medoc-là », et que du coup elle te prend pour un futur requin qui n’aide les gens que contre une consultation grassement payée…
    Des principes par-dessus lesquels j’aimerais bien sauter quand on me demande un renouvellement de pilule et que je détourne en leur disant d’aller à la pharmacie à laquelle ils sont fichés parce que la pilule avait déjà été prise chez eux et que du coup ils ont droit de demander un dépannage en attendant le RDV de gynéco et l’ordonnance…
    Des principes qui m’empêchent même en temps que patiente d’accepter un certificat médical d’aptitude au sport si on ne m’a pas examinée avant (des fois que…). Ben vous me croirez ou non mais je cherche encore mon médecin qui me demandera mes antécédents, aussi…
    C’est con les principes, mais si on fonctionnait sans, on fonctionnerait pas. Même si ça nous donne des faux-airs de sainte-nitouche qui se prend pour le grand manitou…

  6. en tant que patiente, avoir un médecin qui a ce genre de principes est plutôt rassurant, parce qu’il y a un côté « honnêteté intellectuelle », et que je suppose par extension qu’il aura aussi des principes quant aux soins. Genre « pas de certif de complaisance » supposition associée « n’enverra pas voir un collègue parce que c’est un copain mais parce qu’il est compétent dans son domaine » … Ou ne prescrira pas telle pilule miracle parce qu’il aime bien le visiteur médical associé, mais bien parce que la-dite pilule est adaptée à mon cas .

  7. This is my first time i visit here. I found so many interesting stuff in your blog especially its discussion. From the tons of comments on your articles, I guess I am not the only one having all the enjoyment here! keep up the good work.

  8. Suis presque totalement d’accord avec toi sauf pour les médocs aux pays.
    Je peux les prescrire s’ils sont non trouvables, au nom du véritable patient et donc non remboursable. c’est anormal que des êtres humains n’est pas accès au soin je suis d’accord. Mais cela n’a pas à peser sur le système de solidarité francais qui est déjà trop en difficulté, je laisse donc la solidarité familiale agir. Après je peux militer et avoir des engagements politiques mais je pense que prescrire des médocs pour le pays d’origine n’est pas une solution car les abus réguliers des médecins et des patients mènent notre système vers un poids de plus en plus lourd pour les ménages et le risque est d’accentuer les difficulté d’accès aux soins en France. C’est mon avis, je juge pas ton choix, chacun son mode de fonctionnement.

    Sinon pour l’antédatage j’ai décidé que en cas de raison valable je pouvais antédater d’un jour.

    Sinon quand on me fais une demande abusive type certif enfant malade qd pas malade ou arrêt maladie qd pas maladie j’explique au gens que ce n’est pas mon role, je comprend qu’il soit dans la merde au niveau financier et que bla bla bla il ne puisse pas se permettre de perdre une journée de salaire, mais c’est pas ca mon travail, je suis médecin. Quand il en vienne a l’affect je leur explique qu’ils me font de la peine. mes patients, ceux auquels je suis attachés essayent, mais aucun n’a jamais insisté. Si un patient insistait, » j’en ai déja eu qui essayaient vraiment de me forcer la main » une fois installée, je refuserai d’être leur médecin en faisant une lettre à l’ordre en précisant la demande abusive et que cela est contre mon éthique personnel.

    Et comme toi plus on insiste plus je refuse, exemple d’une patiente qui m’a demandé d’antédaté un arrêt alors que j’etais la et dispo tout l’aprem la veille. Pas de réponse quand je lui ai demandé pourquoi elle n’avait pas consulter la veille…. Et elle a vraiment été lourde et insistante mais je n’ai pas cédé!!

    l’important c’est de pouvoir se regarder en face

    Et surtout bravo ton blog est super et c’est très courageux d’exprimer son opinion comme tu le fais.

  9. J’adore tes principes, j’ai à peu près les mêmes. Et ce n’est pas toujours facile!

    J’ai même dû réexaminer une jeune femme vue par mon remplaçant 6 semaines avant pour un certificat de sport car il n’avait pas écrit « en compétition » et qu’il ne revenait pas au cabinet avant 10j alors qu’elle en avait besoin pour 3 jours après. Elle a très bien compris, m’a remerciée du coup de l’avoir pris entre deux !

    Là j’ai fait un certificat enfant malade pour 2 jours car la petite avait été retrouvée dans la rue alors qu’elle était sous la surveillance de sa nounou. Déjà la semaine précédente elle s’était fait une plaie du visage mal expliquée qui, seule, ne posait pas plus de soucis que ça, mais là les parents n’avaient plus confiance en la nounou et je peux comprendre. Du coup ils devaient la garder avec eux les 2 jours avant leurs vacances et étaient en train de chercher une nouvelle nounou.
    Et là encore je n’ai pas menti, j’ai dit que l’enfant nécessitait la présence de sa mère à ses côtés, ce qui est vrai.

  10. Ping : Cent balles et un mars: ma version | Journal de bord d'une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis

  11. Ping : Médecin émerite…un jour | Journal de bord d'une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis

  12. Rien à dire sauf qu’on doit vous tirer le chapeau pour tout ce que vous dites…. j’ai bien aimé le « tout » que je viens de lire…. très bon courage… 🙂

  13. Bonjour, j’ai une question. J’ai des soucis de santé depuis maintenant deux ans. On m’a vite catalogué psy !!
    On a réussi à me faire prendre des antidépresseurs.
    J’ai arrêté, mes symptômes sont toujours là, On m’a fait faire plusieurs examens, toujours normaux. Bref, je bataille pour qu’on trouve ce que j’ai mais tout est normal.
    Du coup j’ai beaucoup d’arrêt de travail malgré moi, par contre maintenant quand je vais chez un médecin pour un arrêt de travail, il ne m’ausculte même plus (même pas la tension), et me fait payer la consultation. Je me demandais si les médecins avaient le droit de faire payer une consultation juste pour rédiger un arrêt de travail ? Merci

  14. Bravo madame la decideuse, vous connaissez les gens mieux qu’eux se connaissent. Ils hestiment etre incapable de faire leur travail dans cet etat et vous le signifie, mais vous ho grande decideuse vous etes contre, juste par principe, parce qu’il l’a demandé… quelle honte.
    Grace a une femme comme vous ,suite a une chute dans des escaliers, elle m’a renvoyé au travail (plombier) avec une hernie discale qui quelques jours apres a necessité 6 mois d’arret et une reconversion professionnelle. C’etait rien selon elle…
    Heureusement que mon medecin n’est pas comme vous,sinon je me demande ou j’en serais aujourd’hui.

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