Je lui dirais

J’ai tourné sept fois ma langue dans ma bouche et mes doigts sur le clavier par crainte de dire des bêtises dans le contexte d’actualité assez complexe au niveau médical. Beaucoup de choses me rendent perplexes.Je ne suis pas forcément d’accord avec certaines personnes ou certains groupes de médecins.Je ne me sens pas à la hauteur pour donner mon avis. J’ai des idées trop utopistes. Comme Farfadoc , j’ai la capacité d’analyse d’un enfant de 4 ans. Je suis naive et en même temps résignée (voir ici).

D’un côté, j’ai mes idées sur ce qu’il faudrait changer dans le système de santé actuel (pas que dans le système de santé d’ailleurs), je suis pour l’accès aux soins gratuits pour tous, contre les dépassements d’honoraires et une médecine à deux vitesses, pour un changement du déroulement des études et d’autres encore.

De l’autre côté, je sais que rien ne changera, en tout cas, pas dans le bon sens.J’ai conscience que c’est plus complexe que dans ma ptite tête. Dans le système actuel, je conçois que certains comme les chirurgiens soient amenés à faire des dépassements d’honoraires en l’absence de revalorisation tarifaire. Le monde ne sera jamais comme je voudrais qu’il soit et j’ai peu de foi en des changements d’envergure. J’attends seulement du gouvernement en place un moindre mal.

Il est bien plus facile de raconter des histoires sur ma petite vie, mais je me dis que dès fois, il faut quand-même dire des choses sérieuses.

Par exemple, si je me retrouvais en face du ministre de la santé:qu’est-ce-que je lui dirais?

Bien sûr, je n’aurais aucune légitimité à une telle rencontre. Je ne suis pas du tout qualifiée en économie de la santé, je n’ai pas fait de politique, ni de syndicalisme, je n’ai aucune idée de la réalité des choses.

Que pourrais-je lui dire qu’elle ne sait déjà? En tant que qui?

Peut-être parce que je suis authentique, une médecin de terrain, de la réalité, pas forcément représentative de la majorité des médecins, certes non, mais peut-être représentative d’une nouvelle génération de jeunes médecins, qui aiment la médecine générale mais ne veulent plus l’exercer comme leurs ainés.

Peut-être que justement, j’aurais un autre regard sur les choses, un témoignage différent des interlocuteurs avec lesquels elle a l’habitude de discuter. Peut-être qu’en tant que jeune médecin au profil « rare et recherché », c’est à dire qui veut s’installer en tant que médecin généraliste libéral dans une zone certes urbaine mais qui est considéré tout de même comme un désert médical, je pourrais avoir des choses à lui dire.

Rien de transcendant, ce que je dirais n’aurait rien de nouveau et ne semblerait n’être que des évidences.

Et pourtant, les lois et mesures prises depuis des années vont parfois à l’encontre de tout entendement. Quand on voit que pendant des années, les gouvernements ont mis en place un numerus clausus en partant du principe que moins il y aurait de médecins, moins il y aurait de dépenses de santé, on se dit que parfois l’absurdité n’a pas de limites.

Donc mes idées à moi, sur ce qu’il faudrait faire pour qu’il y ait plus de médecins qui s’installent semblent peut-être évidentes mais peut-être ne le sont-elles pas.

Quand j’étais petite, j’avais écrit ça sur ce qu’il faudrait faire pour qu’il y ait plus de médecins qui s’installent en Seine-Saint-Denis.

Je suis pas beaucoup plus grande, mais j’ai participé aux propositions des 24 blogueurs sur les déserts médicaux.

Alors, je ne me sentirais pas une totale légitimité, j’aurais peur de dire des bêtises ou des évidences mais voici ce que je dirais si d’aventure la ministre de la santé me demandait mon avis .

Je lui dirais que j’aime mon métier et que je me considère chanceuse de l’exercer. Je ne suis pas la seule, je connais, je côtoie des médecins généralistes qui aiment profondément leur travail. Beaucoup sont heureux, plus qu’on ne le pense, car ils ne se font pas entendre, et comme m’a dit une journaliste hier « on ne va pas faire un reportage sur quelqu’un qui dit que tout va bien »…Beaucoup par contre, sont à juste titre découragés et épuisés moralement et physiquement par les nombreuses difficultés auxquelles ils doivent faire face. Cette image, bien que réelle, participe à décourager les jeunes médecins qui ont me semble-t-il une vision partielle.

Je pense que plutôt que de prendre des mesures ponctuelles, des ptits trucs par ci, des ptits trucs par là, il faut d’abord prendre le problème à la source: faire en sorte que les médecins qui sont heureux, comme moi pour l’instant le restent et ne se découragent pas, que ceux qui sont dans la difficulté soient aidés, et encourager les jeunes médecins.

Les jeunes médecins ne s’installent plus. Pourquoi le feraient-ils?

Peut-être que premièrement s’ils connaissaient une autre vision de la médecine générale, ils seraient plus motivés et deuxièmement si les conditions d’exercice étaient moins difficiles, ils seraient peut-être même nombreux à faire la queue.

Il faudrait d’abord changer le déroulement des études de médecine.

Il faudrait changer le mode de sélection de la première année qui se fait d’après moi sur des critères absurdes et pas du tout sur des qualités qui pourraient participées à faire un bon médecin.

Le déroulement des études est ensuite totalement hospitalo-centré avec une méconnaissance totale que ce soit dans les cours théoriques ou dans les stages pratiques de la médecine générale,avec une dévalorisation de la médecine générale, qui est encore aujourd’hui souvent associée à la voie de l’échec. Quel jeune médecin généraliste n’a pas entendu au moins une fois « Mais pourquoi tu ne fais pas une spécialité? ».

Ce point là est très important, il mérite d’être approfondi mais je ne veux pas alourdir cet article fleuve: j’en ai parlé de manière détaillée ici.

Il faut donc modifier le cursus d’une part en deuxième cycle, avant le choix de la spécialité et d’autre part en troisième cycle, une fois le choix de la médecine générale effectué pour que les jeunes médecins ne s’orientent pas vers un autre type de médecine générale, vers la médecine d’urgence ou autre activité pouvant être pratiquée avec le DES de médecine générale.

Parce que les jeunes médecins à la fin de leur internat ont peu connus la médecine libérale, elle leur fait peur. Ils ont travaillé en équipe toutes leurs études, être seuls les effraie.On ne leur a pas appris à gérer une entreprise libérale.

En développant les stages en médecine libérale, en sortant les études de médecine du CHU, en faisant en sorte que l’enseignement mette en valeur la médecine générale, en promouvant son exercice, en donnant les moyens à la filière universitaire de médecine générale de se développer, une grande partie du chemin serait déjà faite .

Les départements de médecine générale, le CNGE sont très dynamiques et plein d’idées. Il faut juste leur donner les moyens de se développer, permettre la création de postes de chefs de cliniques, de professeurs de médecine générale, favoriser la recherche en médecine générale, au même titre que les autres spécialités. C’est une question de moyens financiers certes mais aussi de manque de considération de cette spécialité et de mentalités qui ont du mal à évoluer. Que l’on ne vienne pas se plaindre de manquer de généralistes si on ne se donne pas les moyens pour leur formation.

Et c’est là qu’arrivent les MUST (maisons universitaires de santé) qui seraient l’équivalent d’un CHU en ville, un lieu d’apprentissage de la médecine générale, avec des externes, des internes, des chefs de clinique et des médecins séniors. Je ne vais pas redétailler ici tout ce qui est clairement expliqué dans le lien.

Faire connaitre et promouvoir la médecine générale dans les études est la première chose. Améliorer les conditions d’exercice est la deuxième.

Oui, c’est un beau métier, non ce n’est pas un métier facile et non les jeunes médecins, ces égoistes ne veulent plus faire de leur métier un sacerdoce au détriment de leur vie de famille.

N’en déplaise à certains, à beaucoup même, régler le problème du manque de médecin passe d’abord par comprendre ça.

Non, les jeunes médecins ne sont pas des nantis, non ils n’ont pas eu des études gratuites et faciles, non ils ne sont pas des fainéants, bien au contraire, mais non ils ne veulent plus exercer la médecine générale comme leurs ainés: seuls, travaillant du matin au soir, 80 heures par semaine, les nuits et le week-ends, disponibles en permanence pour leurs patients, sacrifiant leur santé, leur famille.

Et personnellement, je trouve que c’est une bonne chose, que cela s’appelle le progrès, qu’un médecin heureux qui organise sa pratique comme il le souhaite est plus utile à ses patients qu’un médecin épuisé, qui n’en peut plus, qui y laisse sa santé et son amour du métier au passage.

A titre personnel, je travaille environ 30 heures par semaine, j’organise mon temps de travail comme je le veux, je gagne correctement ma vie, je suis heureuse.

Ces propos choquent!

Pourquoi?

Parce que cela sort du caractère sacerdotal qu’on se fait de la médecine, parce que les autres avant ont fait différemment, parce que l’on « doit » quelque chose à la société.

Je ne suis pas d’accord. J’ai cette possibilité, je la prends.Je profite de mes enfants en bas âge, de la vie. Plus tard, si j’en ai envie, je travaillerai davantage.

Bien sûr, il faut organiser les choses en pratique pour que les patients n’en pâtissent pas, ce ne sera pas toujours facile, ni même possible dans certains endroits, il faut réorganiser la permanence de soins, changer les modes d’exercice, et là j’en reviens à nouveau aux MUST, tout cela est primordial mais tant que l’on aura pas admis cette évolution et surtout que l’on verra ça comme un problème, on n’avancera pas.

C’est l’image du médecin qui doit être changée, quand j’entends les propos, quand je lis les commentaires, il y a de quoi être totalement découragé mais je tiens bon. La première des barrières est celle que l’on se met à nous-même.

Il faut organiser les choses différemment, il faut écouter les plaintes des médecins et faire en sorte que les difficultés soient moindres, de supprimer certaines absurdités comme les décrit genou des alpages. Cela est possible avec un peu de volonté et de logique et en partant du terrain.

Mais je ne crois pas que les jeunes médecins ne veulent pas s’installer en libéral, ils ne veulent pas s’installer en libéral dans l’état actuel des choses. Moi, j’aime le libéral, j’aime la liberté, le choix des horaires et les possibilités multiples.

Si on leur promettait des horaires moindres, si on les accompagnait pour les difficultés administratives, la découverte des méandre de l’entreprise libérale, si on les formait à ça (dans une MUST par exemple) et si on leur montrait la richesse et le plaisir de ce métier, je crois que je ne serais pas la seule à vouloir m’installer.

Des horaires moindres, allez-vous me dire, comment est-ce possible alors que l’on manque de médecins? Et bien, cela me parait logique: trois, deux ou même un médecin à mi-temps ( entendons sur mi-temps: un mi-temps de 70 heures, c’est en fait un 35 heures), cela fait tout de même plus que zéro médecin à plein-temps.

Et puisqu’il faut parler argent, bien-sûr, il faut revaloriser les actes, bien sûr il faut réflechir à d’autres modes de rémunération, bien-sûr les médecins ne travaillent pas pour la gloire et bien sûr il y a des réfléxions à mener sur ce sujet mais je pense profondément que l’argent n’est pas la motivation première et que l’on ne choisit pas ce métier pour l’argent.

Une fois que tout cela sera fait, et que l’on aura de nombreux médecins désirant s’installer, restera encore le problème des déserts médicaux. Et là, je ne prétend pas avoir de solutions miracles. Le problème de désertifications des campagnes va bien au delà des médecins:comment peut-on demander à un jeune médecin de s’installer quand il n’y a pas de commerces de proximité, pas d’emploi pour son conjoint, pas de crèches pour ses enfants? Y’a-t-il des solutions à cela?

Je l’ignore.

Ce que je sais, c’est que les mesures coercitives sont absurdes. Peut-on demander à un jeune étudiant de s’engager au début de ces études à exercer à un endroit donné quand il ne sait pas ce que sera sa vie dix ans plus tard. Peut-on demander à un médecin qui finit ses (difficiles et éprouvantes) études, qui a la trentaine, souvent un ou une conjointe et possiblement des enfants, de laisser sa vie pour partir là où personne ne veut aller. Il n’ira pas. Je me suis installée où personne ne veut aller parce que j’en avais envie, je n’aurais pas été ailleurs si on m’avait dit d’y aller. Ma vie privée ne me l’aurait pas permis. J’aurais fait autre chose! Je ne comprends pas ceux qui ne comprennent pas ça.

En tout cas, la coercition est absurde et je vois avec plaisir que la ministre ne va pas dans ce sens.

Quelles solutions? Vous ai-je déjà parler des MUSTs?

Je connais des jeunes médecins qui aiment ou aimeraient travailler dans les campagnes. Oui, il y en a. C’est un exercice avec de nombreux attraits. Je suis sûre que certains s’installeraient si les conditions étaient différentes et s’ils avaient connus cet exercice pendant leurs études. Il faut imaginer de nouvelles solutions, comme par exemple celles que nous proposons avec des salaires aux enchères.

Encore une fois, je n’ai pas de solution miracle. Faire connaitre, promouvoir, rendre attractif. Changer l’image. Et changer la pratique.

Cela peut sembler naif ou peu concret. Les propositions concrètes sont dans les deux documents ci dessus. Le reste ce ne sont que des évidences.

Donc, voilà ce que je lui dirais si la ministre de la santé me demandait mon avis.

Je lui dirais que je ne suis pas économiste de la santé, que je n’ai pas de connaissances politiques mais je lui dirais de commencer par là…

Et de trouver des solutions qui pour une fois iraient dans le bon sens, ne seraient pas absurdes et faire des changements d’envergure, pas des ptits trucs par ci et d’autres par là.

Je lui dirais que je préfère être à ma place qu’à la sienne parce que cela n’est pas simple.

J’essaie quant à moi, à mon petit niveau, local ou sur ce blog, en tant que maître de stage, de faire connaitre la médecine générale, de faire connaitre mon département.C’est tout ce que je peux faire. Et peut-être influencer une ou deux personnes…

Je pense que dans le système actuel, de grands changements ne se feront pas, qu’on dira qu’il n’y a pas les moyens.

Je ne fais pas de politique mais je pense que de l’argent il y en a et qu’il faut le prendre ailleurs que chez les patients et ailleurs que chez les médecins (je laisserai gentilmari l’expliquer un jour).

Je pense surtout qu’il faut décider des moyens que l’on veut se donner. Veut-on-des médecins oui ou non?

Voilà, je n’aurais aucune légitimité mais voilà ce que je dirais si on me le demandait.

Vous allez me dire, heureusement que ça n’arrivera pas …quoi que …

 

 

 

 

 

 

17 réflexions au sujet de « Je lui dirais »

  1. Merci docteurmilie tu me remontes le moral! J’ai le même type d’exercice que toi pour les mêmes raisons que toi et je m’y plais bop.
    Je suis aussi maître de stage et j’adore montrer à mes internes (qui sont toujours surpris) qu’on peut s’épanouir en libéral en étant généraliste.
    Mais… et oui il y a un mais, ma bonne volonté a été bien sapée dernièrement et le pire c’est que ce sont les chefs de mon DUMG qui en sont à l’origine. J’ai eu l’impression que tout ce que je pense et que tout ce que je lis dans vos blogs a été foulé aux pieds par ce côté « prise de pouvoir » qui accompagne souvent les réformes. Le fait que la médecine générale devienne universitaire et reconnue est une bonne chose mais cela provoque chez certains médecins une « ambitionnite aiguë ». Et c’est ça le plus dur pour moi: lire vos supers blogs et me dire que tt est possible et me confronter à la réalité et voir que chez les généralistes aussi y a de sacrés c… (je sais c’est évident mais bon ça me soule!)

    • Merci pour ce commentaire. tout à fait d’accord, je ne connais pas bien ce milieu mais j’ai eu également par d’autres l’écho que dans les DUMG ce n’était pas toujours facile. Et quant aux sacrés c… effectivement malheureusement c’est aussi mon avis, les commentaires ces jours-ci sont assez durs et montrent leur étendue. Merci donc …

  2. A titre personnel, je travaille environ 30 heures par semaine, j’organise mon temps de travail comme je le veux, je gagne correctement ma vie, je suis heureuse.
    Ces propos choquent! Pourquoi? Parce que cela sort du caractère sacerdotal qu’on se fait de la médecine, parce que les autres avant ont fait différemment, parce que l’on « doit » quelque chose à la société.
    Je ne suis pas d’accord. J’ai cette possibilité, je la prends.Je profite de mes enfants en bas âge, de la vie. Plus tard, si j’en ai envie, je travaillerai davantage.

    Justement, les citoyens, ceux qui cotisent et abondent les budgets par leur impôts veulent que les médecins continuent à travailler comme leurs aînés au lieu de glander trois demi journées par semaine, refuser les gardes et pleurnicher qu’ils n’ont pas le temps pour leurs enfants entre deux voyages dispendieux et générateurs de CO2. Il convient donc de modifier les critères de sélection dans ce sens: exigence d’engagements ou remboursement d’études, diminution de la proportion de femmes, numerus clausus des conventionnements limité à un pour 700 habitants ( approximation à préciser) sinon absence de conventionnement ( et taxe pour exercer), le tout permettrait d’avoir une qualité de service qui serait honorée par des consultations à 56 euro pièce.

    • « engagement ou remboursement des études, moins de femme….. »Stop les conneries mec , car je suppose que t’es un male.La femminisation de la profession n’est pas le problème et il faut arréter avec ses histoires d’études gratiutes. D’abord les études sont pas gratuites-je les ait faite , mes filles y sont , c’est tout sauf gratuit- et ensuite je te rappelle que toutes les études à la fac sont « gratuites », donc selon toi tous les étudiants ont des compte à rendre?

  3. Salut Docteur Milie,

    Un petit mot pour te dire que ce blog est vraiment un grand bol d’air frais. Je suis un jeune MG installé depuis peu (2 mois!) à la campagne…

    Je pense que le post précédent est un troll, mais il me donne quand même envie d’y répondre… pour le plaisir 😉
    -« veulent que les médecins continuent à travailler comme leurs aînés »
    Il s’avère donc que vous pensez qu’un médecin doit travailler beaucoup (en nombre d’heures), faire des consultations inutiles (rhinopharyngites et autres gastro-entérites), ne pas avoir le temps de se former et recevoir les visiteurs médicaux… Comme nos aînés? Nous nous pensons au contraire que le médecine est trop importante pour l’exercer comme ça.
    -« au lieu de glander trois demi journées par semaine » Ça c’est votre façon de voir les choses, sur le modèle productiviste. Quand on n’exerce pas une activité rentable, alors on glande. Mais la société évolue l’ami. On travaille moins et parfois mieux, c’est plutôt une bonne chose. Sauf pour nous?
    -« refuser les gardes » Les gardes sont une obligation déontologique
    -« pleurnicher qu’ils n’ont pas le temps pour leurs enfants entre deux voyages dispendieux et générateurs de CO2. » Plait-il? On se connaît? Non, parce que autant de clichés à la seconde ça justifierait une reconversion dans la photographie! Désolé, mais moi quand je suis pas au taf je suis avec ma famille, à cultiver mon potager, à me balader en cherchant des champignons, etc.
    -« exigence d’engagements ou remboursement d’études » Certes, mais alors que ça s’applique pour tous! Au fait vous faîtes quoi vous dans la vie?
    -« diminution de la proportion de femmes » En bon français on appelle ça du sexisme!
    -« numerus clausus des conventionnements limité à un pour 700 habitants ( approximation à préciser) sinon absence de conventionnement ( et taxe pour exercer) » Malheureusement il s’avère que vous ne connaissez pas le problème et que vous donnez votre avis. Faites ça et les jeunes ne s’installeront plus, c’est tout. Ils trouveront un job salarié dans un CH et plus personne pour les soins de premiers recours! Moi à titre perso, je signerais pour être un généraliste salarié de premier recours (dans une maison de santé par exemple). Mais la coercition en exigeant un médecin par village n’a aucun intérêt. Tout simplement parce que la médecine ne se conçoit plus du tout comme un travail solitaire.
    – » le tout permettrait d’avoir une qualité de service » Oui parce qu’une fois de plus vous jugez la qualité du service par le nombre d’heures. Moi je crois au contraire que la population obtiendrait une bien meilleure qualité de service par un médecin qui ferait moins d’heures de consultation, plus de formation, plus de coordination avec les autres professionnels de santé et aussi plus de temps libre.

  4. Docteurmilie,
    Je crois que tu as oublié de dire que pour pouvoir travailler 30 heures et vivre bien, tu étais collaboratrice dans un cabinet où tes associés assuraient la grande partie de la gestion matérielle et de l’ organisation du cabinet.
    Après 25 ans de médecine générale, je suis tout à fait d’accord qu’il faut s’organiser pour travailler moins, j’ aime toujours ce que je fais et ne souhaite pas arrêter.

    • Non, je n’ai pas oublié de le dire.
      Je ne l’ai pas rappelé dans cet article, car ce n’était pas le propos. Je ne voulais pas parler de moi, je voulais parler du fait que les jeunes médecins ne veulent plus (en majorité) travailler ainsi, qu’il fallait comprendre ce postulat pour organiser les choses en fonction sinon il n’y aura plus d’installation. Marisol Touraine l’a dit elle-même, quelque soit ce qu’on en pense, c’est une évolution sociétale.
      Et le problème, c’est que c’est le principe même qui choque!
      De la même façon qu’à l’hôpital certains chefs critiquaient le repos de garde en disant « nous, de notre temps etc »,le discours est le même avec le libéral.
      Une fois que l’on a admis et assumer ce postulat, il faut trouver l’organisation qui convient: collaboration,association à deux mi-temps pour faire un plein temps,MSP. J’en connais même qui sont tous seuls et ne travaillent que 3 jours.
      Quant à mon cas personnel, j’ai souvent dit qu’il n’était pas représentatif mais juste la preuve que c’est possible.
      J’ai expliqué souvent mon statut de collaboratrice en particulier ici: http://www.docteurmilie.fr/wordpress/?p=553 dans l’article « Jusqu’ici tout va bien » qui porte bien son nom.
      Effectivement, ce sont mes collègues qui gèrent l’organisation du cabinet.C’est très confortable et je leur en suis reconnaissante. Mais cela ne rentre pas en compte dans les 30 heures dont je parlais. Je parlais d’heures de consultation, de jours travaillés. D’ailleurs, en jours de consultations, une de mes associées n’en a pas beaucoup plus que moi.Elle fait plus de choses autour et s’occupe en plus de la gestion du cabinet mais cela est autre chose.
      La gestion du cabinet libéral est lourde et fait partie des freins à l’installation. Ce sont des difficultés que je ne connais pas encore et je n’ai pas prétendu le contraire. J’apprends progressivement, j’apprends déjà à me gérer moi même, ma compta,mon urssaf, mes patients etc…et c’est déjà bien.
      D’où l’intérêt de ce statut intermédiaire qui est un contrat et donc est censé convenir aux deux parties.Je n’aurais pas pu ni voulu dans l’état de ma situation personnelle d’une installation classique et je ne pense pas que mes collègues auraient trouvé dans l’état de la démographie actuelle un médecin pour s’installer à plein temps. Grâce à ma présence, elles peuvent travailler moins. J’ai donc l’impression mais peut-être qu je me trompe que tout le monde y trouve son compte.
      Donc, oui actuellement,j’ai une situation idéale avec ce statut et j’en suis consciente mais ce ne sera pas toujours le cas. Un jour, je serai plus grande, je travaillerai dans une autre structure et je gèrerai davantage les choses.J’aurai peut-être moi-même un collaborateur et je gèrerai le cabinet et pas lui mais nous travaillerions quand-même chacun 30 heures ou dans l’idéal je travaillerai dans une MUST et l’agent de gestion et d’interfaçage gèrera tout pour moi, ou je n’aurai pas trouvé la solution idéale et je serai en burn-out…je ne sais pas, je dis juste que travailler moins, c’est possible, et que je ne suis pas le seul exemple et que moi en tout cas, c’est mon choix.
      Et même, si c’est mal perçu, je continuerai quand-même de le dire, car je sais que ça motive quelques jeunes médecins.Au pire,ils deviendront collaborateurs, c’est mieux que rien …

  5. ….Je suis un jeune MG installé depuis peu …Moi je crois au contraire que la population obtiendrait une bien meilleure qualité de service par un médecin qui ferait moins d’heures de consultation, plus de formation, plus de coordination avec les autres professionnels de santé et aussi plus de temps libre.

    Hum, tu as oublié de préciser que la population tirerait grand avantage et obtiendrait une bien meilleure qualité de service si les médecins étaient mieux payés, avaient une préséance pour les inscriptions de leurs enfants en crèche et une caisse prioritaire au Super U. Et un Mars aussi?

    • Tu as bien raison l’ami, le fait qu’un médecin assure une formation continue de qualité ou qu’il participe à des actions de coordinations avec les autres professionnels de santé est exactement la même chose que d’avoir la priorité pour ses enfants en crèche ou une « caisse prioritaire au Super U »… Je vois qu’on peut débattre avec toi de manière constructive!

  6. Ping : 2 ans et 1 mois | Journal de bord d'une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis

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