Tu es vraiment suuuuuure?

Voici un texte que m’a envoyé une future médecin…Je la remercie de tout coeur de son témoignage…

Beaucoup de nous ont vécu ça, mais non les choses ne changent pas…

Cela se passe aujourd’hui, et si l’on ne fait rien, demain, nous serons tous #PrivésDeMG

 

« Septembre 2013, veille des choix déterminant ma future spécialité et ville. J’aimerai faire de la médecine générale. Depuis la quatrième année, je le sais, et mon stage en médecine générale en cinquième année m’a conforté dans ce choix.  C’est ce que je voulais, j’en étais sûre, certaine, je ne me voyais rien faire d’autre, je ne voulais rien faire d’autre.

Et pourtant, ils m’ont fait douter. Oh, pas longtemps, mais quand même, ils m’ont fait douter.

Tous :

Les potes « allez, dis nous maintenant que t’as finis si bien classé, que t’as pas bossé pour faire que de la médecine générale, tu vas prendre une spé ! »

Les médecins hospitaliers « De la médecine générale ? T’es sûre ? Mais non, ca serait du gâchis, prends une vraie spé ! »

Les cas cliniques « Mr X a été pris en charge par son médecin traitant (…) et Mr X n’a pas survécu. »

Et même la famille « Mais t’es vraiment suuuure de vouloir faire ça, parce que la, avec  ton classement, tu pourrais vraiment faire touuuut ce que tu veux ! »

Ce que je veux faire, c’est de la médecine générale. Mais j’ai douté, un peu… Heureusement pas trop,  parce qu’il est, je pense, bien facile de se laisser influencer.

Dès le début de la préparation de l’ECN, nous avons des cas cliniques, où, si l’énoncé met en jeu le médecin traitant du patient, forcément, celui-ci n’a pas fait le bon diagnostic, ou la bonne prise en charge. Même pas besoin de réfléchir, c’est le médecin traitant, il a tort. On nous bourre la tête de mots clés, pour finir bien classé à cet ECN… Sinon ? La punition ultime : on sera obligé de faire de la médecine générale (dans la creuse, bien sur).  Certains bossent alors d’arrache pied, apprenant encore et encore ces mots clés, pour un classement, qui leur permettrait de prendre « une vraie spé » et surtout pas de la médecine générale (Quelle horreur !).

Heureusement, dans ces moments là de doutes, j’avais mon réconfort : ton blog, Dr Milie. Je venais et re-lisait qu’il était possible de faire de la médecine générale comme je l’entends, de la médecine de qualité, d’être au centre de la prise en charge du patient, mais aussi d’être épanouie dans son métier et de l’aimer. Merci pour tout ça.

Un jour, j’ai répondu « je sais pas trop, j’hésite encore » quand on m’a demandé ce que je voulais faire, parce que je savais que OhleGrandProfesseur n’aimait pas trop ça, ces externes qui voulaient faire de la médecine générale, franchement, ils manquaient vraiment d’ambition !

Alors j’espère. J’espère qu’un jour la médecine générale ne sera plus dévalorisée dès le début de nos études, et que  ceux qui veulent faire de la médecine générale pourront le dire sans avoir peur de passer pour un incapable sans motivation ni ambition.

Bien sur tout le monde n’est pas aussi critique envers la médecine générale, je ne fais pas de généralité, je pense que la vision des gens sur les généralistes s’est amélioré et va en s’améliorant, et que cette année plus de personne ont choisi la médecine générale par choix que l’année dernière et qu’encore plus la choisirons l’année prochaine.

Mais j’aurais aimé, quand mon classement en poche j’ai dit que je ferai bel et bien de la médecine générale, qu’on me félicite, comme on félicite quelqu’un qui dit qu’il va faire de la cardio ou de la néphro, pas qu’on me demande si « j’étais vraiment sure parce que bon quand même je peux faire autre chose ». Ton blog, et pas mal d’autres, votre volonté de vouloir faire avancer les choses, toutes vos bonnes idées, m’ont aidé à leur dire, que oui j’étais sure, sure, certaine, je serais interne de médecine générale en novembre. »

 

L'avenir de la MG, un thème d'actualité, c'est aussi sur tous ces blogs, à toutes ces bonnes adresses:

11 réflexions au sujet de « Tu es vraiment suuuuuure? »

  1. Idem pour la PACES, j’ai pris pharmacie par choix. Et les autres étudiants des fillières pensent qu’on est tous les nuls et qu’on les jalouse d’avoir pris médecine/kiné etc… Pourtant moi ce que je fais me plaît, c’est mon truc. Et finalement même si parfois c’est énervant de se faire prendre pour une « ratée » on s’y fait et on se moque de ces gens qui prennent la grosse tête.

  2. Pour moi, ça avait commencé dès le lycée. J’étais bonne en maths, le prof ne comprenait pas que je ne veuille même pas faire de dossier pour une classe prépa. « Tu ne vas quand même pas aller… à la fac!!! ».
    Ben si.
    Et rebelote au moment de choisir l’internat. « tu peux faire ce que tu veux! »
    Ben oui. C’est ce que j’ai fait, d’ailleurs.
    Je ne regrette pas mon choix une seconde. La médecine générale, c’est mon meilleur métier du monde à moi.
    Pour d’autres, c’est plombier, ou pilote d’avion, ou ingénieure en électronique, ou boulanger…
    Peut-être qu’un jour on arrêtera de vouloir choisir pour les autres, peut-être qu’un jour on arrêtera de vouloir hiérarchiser la valeur de tout un tas de métiers alors que tout ce qui compte c’est que chacun y trouve son bonheur.

    En attendant, plein de voeux de bonheur à cette future généraliste! Bienvenue dans la famille!
    (ça fait un peu mafieux, dit comme ça, non?)

  3. C’est curieux, j’ai presque la même histoire personnelle: Envie de faire de la médecine générale depuis la D1-D2, stage d’externe (A St Denis!) en D3 ayant conforté cette envie, bon classement à l’ECN, et pourtant: Jamais ou presque jamais de réaction négative sur mes projets, que je n’ai jamais cachés.

    En visite dans les stages très spécialisés de CHU (en médecine quasiment toujours, j’ai fui les stages de chirurgie), les Chefs, CCA, PU-PH, internes, co-externes me tenaient plutôt un discours du type: « C’est bien, c’est courageux », « Si c’est par choix, ça fera des bons médecins généralistes », « ah, c’est bien mais c’est difficile, on ne le dit pas assez ».

    Les « Pourquoi donc? » étaient rarement méprisants, pas de jugements, plutôt une vraie curiosité: Qu’est ce qui te pousse à faire ça?

    Et beaucoup de « Tu ne regrettera pas » ou « Ca te correspond bien », venant de pas mal de gens différents.

    On m’a bien sur demandé: « Et si tu est très bien classé, tu ne va pas changer d’avis et prendre une spé? » Mais je n’ai pas l’impression que ça cherchait à me démotiver.

    Lors des confs/Cours/stages, beaucoup de remarques du style: « c’est important, ça, si vous êtes médecins généralistes vous en verrez beaucoup ». Certes au milieu des cas cliniques ou les médecins traitants sont toujours les incompétents, recyclés d’années en années et des cours sur des patho extra-spécialistés. Mais c’est l’ECN qui veut ça. On m’a menacé de finir à Limoges, de finir médecin du travail (spé beaucoup plus dévalorisée dans nos études), mais de finir médecin généraliste non.

    Oui, les profs connaissent mal la médecine générale. Comment leur en vouloir, ce n’est pas leur spécialité à eux! Mais la fac a fait de réels efforts pour qu’on aie des profs généralistes (rares mais ça existe)

    Beaucoup des mes ami(e)s ont pris médecine générale aussi. Sans pression.
    Est ce que je suis toujours tombé sur les bonnes personnes? Est ce que je ne vois que les commentaires positifs, ou est ce que les choses changent VRAIMENT? Je ne sais pas.

    Mais quand même, à part les habituels commentaires des non médecins du type: « ah, vous voulez être généraliste? mais après vous ne voulez pas vous spécialiser? », qui sont plus de l’ignorance sur le système actuel, le seul qui ai vraiment désapprouvé ma décision ouvertement c’est mon médecin généraliste:
    « Oh, mais vous êtes brillante, vous pouvez faire une spécialité! Une tranquille, sans gardes. Dermato par exemple, c’est bien pour une femme, non? »
    Ceci dit, il concluait toujours par « Vous verrez, c’est le plus beau métier du monde »

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